Dieu et mes sous

LE VRAI PROPRIÉTAIRE (1)

(1) Important : Ne pas aborder ce chapitre sans avoir lu attentivement la parabole de l’intendant malhonnête, chapitre précédent.

Nous n’avons rien apporté dans ce monde comme il est évident que nous ne pouvons rien emporter.

1 Timothée 6.7

Notre appartement vibre de babils joyeux car nos petits enfants sont venus nous rendre visite. Pour calmer leur exubérance, je distribue en abondance du papier – les petits savent en consommer ! – et confie une boîte de crayons de couleurs à la plus grande avec mission d’en faire bénéficier ses jeunes frères. Les chaises sont tirées et chacun s’installe bruyamment autour de la table, dans la joie. Hélas ! Elle ne dure guère. Une brusque explosion de cris m’oblige à les rejoindre. Le spectacle en dit long : Les deux garçons tirent les manches de leur grande sœur, laquelle, couchée sur la boîte de crayons, défend âprement ses couleurs, tel un chien qui veut sauver son os.

– Prête-moi un rouge.

– Passe-moi donc un vert !

– Ils ne sont pas à toi.

Et la sœur de s’obstiner :

– Ces crayons ne sont pas pour vous. On me les a donnés, pour moi…

Mademoiselle ose parler en propriétaire alors que ces crayons m’’appartiennent, mon désir étant que les trois puissent en user à volonté. Je tente d’intervenir mais les cris redoublent. Et parce que personne ne veut céder, à regret je dois confisquer ce qui aurait pu être un instrument de paix et de distraction pour tous. C’est dommage !

Cette histoire banale – quels parents ne l’ont vécue – me rappelle une parabole de Jésus fort étrange et dont le sens échappe à beaucoup de chrétiens. En effet, dans l’évangile selon Luc, au chapitre 16, le Sauveur donne en exemple un homme qui est loin d’être exemplaire. C’est un escroc. Il vilipende à son profit le bien d’autrui et use en propriétaire d’une fortune dont il n’est que le gérant. Découvert, destitué de son emploi, ce filou, en homme réaliste, songe à préparer son avenir. Il rend visite aux débiteurs de son maître et, pour gagner leur faveur, réduit généreusement leur dette. La sympathie de ces gens-là lui sera précieuse à l’heure de la misère. Chose étrange l’intendant opère au vu et au su de son patron … et celui-ci trouve bon de le féliciter ! Inouï !

Cet escroc peut-il donc nous être donné en exemple ? Peut-on tirer un enseignement valable d’une conduite si éloignée de la ligne évangélique ? Sans aucun doute puisque Jésus, l’auteur de la parabole, se permet d’en tirer un : « Et moi je vous dis : Faites-vous des amis avec les richesses injustes, pour qu’ils vous reçoivent dans les tabernacles éternels, quand elles vous feront défaut. » (v. 9).

Et d’abord de quelles richesses s’agit-il ici ? Des biens temporels sans aucun doute, puisque ces richesses nous feront défaut. L’heure sonnera inexorablement où je serai dépossédé de tout. Le dicton a raison, qui déclare : « Les chemises des morts n’ont pas de poches ». Ce que confirme en plusieurs endroits les Ecritures :

Nu je suis sorti du sein de ma mère, et nu je retournerai dans le sein de la terre. (Job 1.21).

Quand un homme s’enrichit, … il n’emporte rien en mourant. Sa fortune ne descend pas à sa suite. (Psaume 49.17, 18).

Comme il est sorti du sein maternel, il s’en retourne nu comme il était venu. (Ecclésiaste 5.14).

Nous n’avons rien apporté dans ce monde et il est évident que nous ne pouvons rien emporter. (1 Timothée 6.7).

Que faut-il entendre par ce terme de « richesses » ? Tout ce qui constitue mon patrimoine et que je défends parfois âprement comme étant ma propriété, mes biens de toutes sortes à savoir mon argent, mon compte en banque, ma maison, mes champs, mon foyer, ma voiture… mais aussi mes talents, mon temps et les forces dont je dispose. Autant de trésors dont je dois faire bon usage.

Mais alors, pourquoi Jésus qualifie-t-il mes richesses d’injustes ? Trois explications peuvent être retenues, la troisième étant la bonne qui éclaire la parabole :

1. — Injustes parce que INJUSTEMENT ACQUISES. Les biens que je possède ne seraient-ils pas, peu ou prou, le salaire d’une tâche négligée, le résultat d’une réclame trompeuse, le produit d’un travail mal rétribué, le fruit d’un bénéfice illicite ? Il est si facile d’être malhonnête, dans ses déclarations de revenus par exemple. Les « bonnes affaires » dont nous tirons gloire sont-elles toujours irréprochables ? L’argent que je manipule ne devrait-il pas parfois me brûler les mains ? Et puisque je ne pourrai jamais prouver que mes biens sont cent pour cent à moi, ma juste propriété, je consentirai sans réticence à m’en dessaisir d’une partie pour soulager quelque misère. J’accepterai aussi, sans trop me lamenter, d’être de loin en loin victime d’un vol ou d’une injustice qui me coûte un peu d’argent.

2. — Injustes encore parce que… INJUSTEMENT RÉPARTIES. Pourquoi M. Durand est-il encombré d’un énorme magot tandis que son voisin, Dupont, végète et reste pauvre malgré son ardeur au travail ? Pourquoi Pierre a-t-il hérité d’une immense fortune alors que Paul n’a jamais reçu des siens le moindre sou vaillant ? Oui, pourquoi ?

Quoiqu’il en soit, si le sort me favorise, j’œuvrerai pour une meilleure répartition des richesses en me montrant généreux à l’endroit des déshérités de ce monde. Et si ma bourse est désespérément plate, je me soumettrai à Dieu qui a fait le pauvre et le riche (Proverbes 22.2), sans porter envie à l’opulence.

3. — Injustes surtout parce que… INJUSTEMENT POSSÉDÉES. Là est la bonne explication. En effet, ces biens que je déclare « miens » en réalité ne sont pas à moi mais… A DIEU. A l’instar de l’économe infidèle, je dispose de ces richesses comme si elles m’appartenaient réellement. Sans m’en douter – mais cela n’excuse nullement ma faute – je vilipende ou thésaurise la propriété de mon Seigneur pour la satisfaction de mes désirs. Et sans me préoccuper de savoir si le divin propriétaire approuve ma façon de gérer ses biens !

Or, que dit la Bible au sujet de mes prétendues richesses ?

C’est de toi que viennent la richesse et la gloire. (1 Chroniques 29.12).

Tout vient de toi, et c’est de ta main que vient ce que nous te donnons. (1 Chroniques 29.14).

L’argent est à moi et l’or est à moi, oracle de l’Eternel des armées. (Aggée 2.8)

Tout est de lui, par lui et pour lui ! (Romains 11.36)

Qu’as-tu que tu n’aies reçu ? (1 Corinthiens 4.7)

Ces quelques citations – il y en a d’autres – ne devraient-elles pas me convaincre ? Oui, ce que je possède appartient à Dieu et je n’en dispose que pour un temps, selon qu’il en a décidé (2). La preuve ? Il peut m’en dépouiller quand et comme il l’entend ; pour lui, liquider mon avoir est si vite fait ! Une inondation, un incendie, un voleur, une dévaluation, en tout cas la mort. et tout m’est enlevé.

(2) La troisième explication fournie plus haut éclaire la parabole. Le maître riche, c’est Dieu qui possède toutes choses. L’intendant, c’est moi qui suis tenté d’user des biens reçus d’en-haut hors du contrôle divin. Les endettés sont les pécheurs incapables de régler leur immense dette (le péché) que seul, le Christ, peut remettre entièrement.

Puisque mes richesses viendront un jour à me manquer, puisque sonnera inexorablement l’heure où je serai appelé à rendre compte de l’emploi des biens reçus durant ma courte vie, il est sage que j’imite le gérant de la parabole et songe, non à l’avenir – « demain aura soin de lui-même » – mais à l’éternité. J’examinerai donc sans indulgence et à la lumière du Saint-Esprit la façon dont j’ai usé jusqu’ici de mes richesses.

L’homme, je le sais, reste persuadé que l’argenit, fruit de son labeur, est bien à lui, il n’a donc à personne de comptes à rendre, surtout pas à Dieu. Erreur profonde ! Garde-toi de dire en ton coeur : Ma force et la vigueur de ma main m’ont acquis ces richesses… C’est l’Eternel qui te donne de la force pour les acquérir… Il laisse l’homme maître de s’en nourrir. (Deutéronome 8.17, 18 ; Ecclésiaste 5.18). Sans l’énergie que Dieu communique, sans les compétences qu’il accorde pour mener à bien une tâche, sans les conditions (atmosphériques par exemple) qui favorisent la récolte ou permettent le succès d’une entreprise, personne ne pourrait rien acquérir. Je dois me convaincre que tout ce que je possède est don gratuit de Dieu, même si je l’ai acquis à la sueur de mon front.

Et puisque je reconnais en Dieu le propriétaire de toutes choses, j’accepte aussi le fait qu’il peut enrichir et appauvrir qui il veut (Proverbes 22.2). Il dispose de toutes richesses et les distribue selon sa sagesse. Qui lui contestera ce pouvoir ? Qui l’accusera d’injustice s’il comble Paul et donne peu à Pierre ? Cette apparente inégalité est intentionnelle. Le Seigneur s’attend à ce que Paul se montre généreux à l’égard de Pierre et son but, est de rapprocher Pierre de Paul. L’Ecriture ne dit-elle pas : Recommande aux riches … qu’ils fassent le bien, qu’ils soient riches en œuvres bonnes, qu’ils aient de la libéralité, de la générosité et qu’ils s’amassent ainsi un beau et solide trésor pour l’avenir. (1 Timothée 6.17, 18). C’est pourquoi, grande est l’irritation du Seigneur lorsque le riche se montre égoïste et ferme son cœur et sa bourse à l’indigent. La Bible ne manque pas de le rappeler (Jacques 5.1-6).

QUESTIONS

  1. Ai-je réellement compris – et accepté – que tout ce que je possède est en réalité propriété de Dieu ?
  2. Ne devrais-je pas laisser le Saint-Esprit examiner ma façon de gérer mon argent ? Mon temps et mes dons lui sont-ils consacrés ?
  3. Ne devrais-je pas m’humilier d’avoir si longtemps gaspillé ou thésaurisé inutilement des biens qui ne m’appartiennent pas vraiment ? En tout cas, je veux bénir le Seigneur qui a pourvu fidèlement à mes besoins.

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