Dieu et mes sous

LA RÉTRIBUTION DES MINISTÈRES

Le Seigneur a ordonné à ceux qui annoncent l’Evangile de vivre de l’Evangile.

1 Corinthiens 9.14

Il n’est certainement pas dans la pensée du Créateur de stocker les offrandes qui lui sont apportées au fil des mois. La question est donc de savoir à qui seront attribués ces dons et à quels besoins ils devront répondre.

D’après l’Ecriture, les offrandes sont destinées :

  1. A pourvoir aux besoins des serviteurs de Dieu ;
  2. A porter aide et secours aux indigents dans l’Eglise et hors de l’Eglise ;
  3. A assurer le service et l’entretien du sanctuaire.

Examinons ici le premier point.

Dans l’Ancienne Alliance, le produit des dîmes et des offrandes était attribué aux membres de la tribu de Lévi et constituait leur unique moyen d’existence puisqu’ils étaient consacrés au service du Temple et ne possédaient pas de territoire. De leur côté, ces lévites étaient tenus de prélever pour l’Eternel la dixième partie de ce qu’ils avaient reçu (la dîme de la dîme) afin de la remettre aux sacrificateurs (Nombres 18.26-28). Ainsi, cette tribu servante du Seigneur était-elle dépréoccupée des biens terrestres et donc en mesure de se vouer plus entièrement au service de Celui qui était son héritage (Josué 13.33). Les lévites recevaient quasiment tout ce que le peuple se devait d’apporter à son Seigneur, à savoir : Les dîmes, les prémices, les premiers-nés du troupeau… (1). Ainsi, ceux qui exerçaient le sacerdoce, non seulement ne manquaient de rien, mais ils vivaient plutôt dans l’abondance. Telle était la volonté de l’Eternel.

(1) Les lévites recevaient : les dîmes (Deutéronome 26.2, 11 ; 18.4) les premiers-nés du troupeau (Exode 23.19), les divers sacrifices hormis l’holocauste (Deutéronome 18.1), les choses dévouées par interdit (Lévitique 27.21 ; Nombres 18.14) ; le centième du butin de guerre (Nombres 31.30), certains champs (Lévitique 27.21)… etc.

Le Nouveau Testament tient un langage analogue. Les ouvriers de Dieu (pasteurs, évangélistes, enseignants, missionnaires, colporteurs…), sont soutenus et entretenus matériellement par ceux qui bénéficient ou ont bénéficié de leur ministère. C’est logique, car les serviteurs (dits à plein temps), ne vivent pas de l’air du temps : Ne savez-vous pas que ceux qui remplissent les fonctions sacrées sont nourris par le temple, que ceux qui servent à l’autel ont part à ce qui est offert sur l’autel ? De même aussi, le Seigneur A ORDONNÉ à ceux qui annoncent l’Evangile de vivre de l’Evangile. (1 Corinthiens 9.13, 14). Dans la vie courante, il en est de même : Le militaire reçoit sa solde, le cultivateur consomme le produit de son labeur et … le bœuf a sa part de nourriture lorsqu’il foule le grain (l’apôtre cite ces trois exemples dans 1 Corinthiens 9.7-10). N’est-ce pas juste, ajoute Paul… si nous avons semé pour vous les biens spirituels, que nous moissonnions vos biens matériels ? (1 Corinthiens 9.11 ; voir aussi Galates 6.6-8).

Dans la lettre aux Philippiens, l’auteur fait mention d’églises qui l’ont pris en compte, en particulier celle de Philippes laquelle, par deux fois, lui a fait parvenir de quoi pourvoir à ses besoins (4.16). A Corinthe, le même apôtre reconnait avoir été soutenu par les frères de Macédoine réputés généreux, si bien qu’on l’accusait de dépouiller d’autres églises recevant d’elles un salaire pour les servir (2 Corinthiens 11.8).

En considérant ces différents textes, il apparaît que l’Ecriture ne craint pas de nommer « salaire » les sommes ou les biens remis aux serviteurs de Dieu (1 Timothée 5.18). Jésus lui-même (2) emploie ce terme lorsqu’il s’adresse aux douze en partance pour une tournée d’évangélisation et leur parle des maisons dans lesquelles ils seront reçus : Mangez et buvez ce qui s’y trouve car l’ouvrier mérite son salaire. (Luc 10.7).

(2) Jésus n’acceptait-il pas que des femmes de distinction l’assistent de leurs biens (Luc 8.3) ?

Peut-on écouter sans réagir les propos de certains chrétiens estimant qu’un serviteur de Dieu doit faire vœu de pauvreté, donc vivre chichement et se contenter du minimum ? La Bible s’inscrit en faux contre cette assertion.

D’après l’Ancien Testament, les lévites formaient une classe privilégiée sur le plan matériel. Tout ce qu’ils recevaient de leurs frères devait être excellent, abondant et de premier choix. En effet, du temps de Moïse, 603 550 Israélites mâles étaient tenus de pourvoir aux besoins de 22 000 lévites (Nombres 1.32 et 3.39). Les lévites constituaient donc environ le trentième de la population active du pays (3.64 %) et recevaient d’elle le dixième des revenus de la nation. Autrement dit, le serviteur de l’Eternel bénéficiait d’une part presque trois fois plus importante que celle des autres Israélites. Calcul approximatif mais intéressant prouvant combien Dieu tenait à honorer ses ouvriers.

L’apôtre Paul confirme cette proportion. D’après lui, l’ancien (ou pasteur) qui dirige bien est digne d’un double honneur c’est-à-dire d’un double salaire (selon le contexte, 1 Timothée 5.17, 18). Quoiqu’il en soit, l’enseignant ou le prédicateur doit avoir de quoi vivre décemment sans être obligé de « courir » après le pain quotidien. Oui, décemment, et non tel un mendiant, ce qui ne glorifierait guère le divin employeur.

Bien évidemment, si la communauté est naissante, donc incapable d’assurer un salaire normal à son serviteur, pionnier ou missionnaire, l’aide financière devra venir de l’extérieur, ou selon l’expression consacrée, « de l’arrière ». L’église-mère se doit alors de soutenir fidèlement les siens aux avant-postes.

Suis-je de ceux qui reprochent aux pasteurs de vivre aux crochets de leurs paroissiens ? Qui estiment que l’ouvrier coûte trop cher à la communauté ? Qu’il devrait, à l’instar de Paul, travailler de ses mains et pourvoir ainsi aux besoins des siens ? Si tel est mon langage, je dois m’humilier et chercher plus exactement la pensée du Seigneur en sondant les Ecritures. Ne serai-je pas infidèle au sujet des offrandes ? Le cas de Paul, avons-nous dit, est un cas particulier : obligation lui est faite d’annoncer l’Evangile, et malheur à lui s’il n’obtempère pas (1 Corinthiens 9.16). Bien qu’il brûle d’annoncer l’Evangile, il refuse d’agir sous la contrainte ; aussi décide-t-il de son plein gré d’aller au-delà de ce qui lui est imposé. Il évangélisera avec autant de zèle mais à ses propres frais, gratuitement, alors qu’il est en droit de s’attendre à une juste rétribution. C’est la raison pour laquelle il consent à travailler de ses mains (ce que Dieu n’exige pas de ses serviteurs).

En effet la règle générale est tout autre, et c’est le même apôtre qui l’’énonce (1 Timothée 5.17, 18) : Vivre de l’Evangile est un ordre du Seigneur (1 Corinthiens 9.14). L’expérience lui donne raison, car il est malaisé de mener de front une activité professionnelle et un ministère réclamant beaucoup de temps et de forces. Ajoutons que Paul était célibataire et ses besoins plutôt réduits. Il pouvait « tourner » avec peu et accepter parfois de jeûner sans l’imposer à femme et enfants. Actuellement les conditions de vie ne sont pas comparables. Notre monde occidental est tellement plus exigeant, surtout pour ceux qui résident dans de grandes cités et ont à entretenir une famille.


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Nous vous demandons, frères, d’avoir de la considération pour ceux qui travaillent parmi vous, qui vous dirigent dans le Seigneur et qui vous avertissent. Ayez pour eux la plus haute estime avec amour, à cause de leur œuvre. (1 Thessaloniciens 5.12, 13).

Souvenez-vous de vos conducteurs qui vous ont annoncé la parole de Dieu. Soyez-leur soumis car ils veillent au bien de vos âmes dont ils devront rendre compte (Hébreux 13.7, 17).

QUESTIONS

  1. Estimez-vous que les pasteurs gagnent trop, qu’ils devraient vivre plus modestement ? Etes-vous réellement soucieux du bien-être de ceux qui vous enseignent ? Comment pourriez-vous leur témoigner votre reconnaissance et votre affection ?
  2. Montrez-vous pratiquement de l’intérêt pour l’œuvre en terre lointaine ? Ne seriez-vous pas appelé à soutenir financièrement un missionnaire ou un évangéliste pionnier ? Fidèlement et régulièrement ?
    Souvenez-vous de vos conducteurs spirituels et priez pour eux.

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