Dieu et mes sous

EMPLOIS INCOMPATIBLES

Quoi que vous fassiez, faites tout pour la gloire de Dieu.

1 Corinthiens 10.31

Un couple tenait un bar à proximité d’une grande usine, dans la banlieue sud d’une ville de province. La femme, chrétienne depuis peu, était réellement éprouvée de devoir, chaque jour, servir à boire à des hommes grossiers vilipendant leur salaire dans une atmosphère empestée de fumée et de jurons.

Que pouvait cette épouse ? Son mari, le patron de l’établissement, ne comprenait rien aux scrupules et au trouble de son épouse. L’affaire marchait bien, alors pourquoi en changer ?

De plus en plus attristée – à l’instar de Lot, elle tourmentait journellement son âme juste à cause de ce qu’elle voyait et entendait (2 Pierre 2.8) – cette chrétienne fit monter une prière on ne peut plus étrange mais combien inspirée :

Seigneur, ruine-nous ! Seigneur, ruine-nous !

Elle avait bien compris que seule, une faillite pouvait forcer le mari à changer d’emploi. Or, les affaires fructifiaient et l’homme n’en démordait pas.

Les semaines passèrent.

La femme fit de son mieux pour se montrer servante du Seigneur dans ce milieu bruyant et envinacé. Un jour pourtant la nouvelle tomba, jetant la consternation dans le café :

– On est dans de beaux draps. La direction de la fabrique vient de déposer son bilan.

– Nous serons sans travail à la fin du mois.

– C’est le chômage !

La nouvelle en effet devint réalité. L’usine fermée, le bistro perdit du même coup sa clientèle. Et la fabrique étant située loin de l’agglomération, le quartier devint désert. Le mari dut alors songer à se reconvertir, à la joie de son épouse qui voyait là une réponse de Dieu. Une joie mêlée de tristesse cependant, car cette femme avait trop de cœur, je suppose, pour rester insensible aux difficultés de ses clients maintenant au chômage.

Le couple connut des temps éprouvants. Heureusement, les deux purent ouvrir un magasin de primeurs au centre de la ville et gagner ainsi leur vie, avec la conscience à l’aise. Dieu avait honoré la prière de celle qui avait préféré son Maître à un peu d’argent.


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Un chrétien ne peut remplir n’importe quel emploi sous prétexte que l’argent n’a pas d’odeur ou que Dieu donne la force de rester fidèle n’importe où et dans n’importe quelle activité. Peut-être reprochera-t-on à l’épouse citée plus haut d’avoir démissionné devant les difficultés, elle qui avait l’occasion quasi quotidienne de rendre un témoignage vivant à Jésus-Christ dans ce milieu difficile. C’est vrai, et j’incline à croire que cette femme bien trempée était de taille à exprimer sa foi même dans un bistro. Mais la prudence est aussi une qualité chrétienne. Aucune loi ne m’empêche de marcher sur le bord d’un toit et Dieu peut me tenir en équilibre si je dois y ranger des tuiles. Pourtant, le bon sens me commande de rester le plus possible éloigné du bord, car bon nombre d’ouvriers couvreurs des plus exercés y ont laissé leur vie. Ne taxons pas de lâcheté ce qui est élémentaire prudence. A ce sujet, rappelons ici un récit biblique bien connu : Au moment de son arrestation, Jésus demanda à ses traqueurs de laisser aller ses disciples (Jean 18.8), lui qui avait d’ailleurs recommandé expressément à Pierre de « ne pas le suivre maintenant » (Jean 13.36). Ne tenant aucun compte de ce conseil, l’apôtre se rendit jusque dans la cour de Caïphe. Il se croyait fort lorsqu’il déclarait : Je suis prêt à aller avec toi en prison et à la mort (Luc 22.33). Hélas ! Au milieu des moqueurs et des gens hostiles, il renia lamentablement son Maître. Au contraire, si c’est Dieu qui nous place dans une situation difficile, il ne manquera pas de nous communiquer la force de tenir bon et même de le glorifier dans l’épreuve. Bien que laissé dans un milieu dépravé à Silo, l’enfant Samuel ne subit nullement l’influence délétère des fils d’Eli réputés malhonnêtes et débauchés. Par la grâce de l’Eternel, il resta pur et fidèle. A l’inverse, si de notre propre chef nous nous plaçons dans une situation dangereuse pour notre âme, nous tentons le Seigneur et sommes alors en danger de tomber, n’étant pas assurés de son secours.

a) Il est des professions que l’enfant de Dieu ne saurait envisager parce qu’elles sont franchement malhonnêtes (il faut tricher pour réussir) ou liées à l’exploitation du péché (le commerce des stupéfiants, des alcools, tout ce qui touche à la prostitution, à la pornographie ou aux jeux de hasard). Quant à la spéculation, boursière ou autre, elle apparaît moralement incompatible avec la vocation chrétienne.

b) Des emplois fort honnêtes peuvent mettre en danger une âme mal affermie. Si le métier d’hôtesse de l’air est exaltant pour qui se passionne de voyages ou d’aventures, il faut admettre qu’il expose la jeune fille à de réelles tentations à une époque où les mœurs sont particulièrement relâchées. Une chrétienne à l’âme bien trempée pourra mieux tenir là où d’autres ne manqueront pas de tomber.

c) Enfin, des personnes compétentes à qui sont confiées de grandes responsabilités (dans l’industrie, le commerce, la nation.) peuvent être à tel point absorbées par leur immense tâche qu’elles en viennent à négliger leur foyer et à délaisser l’œuvre du Seigneur.

Certaines épouses de médecin se plaignent d’avoir un conjoint tellement donné aux autres (nuit et jour) qu’elles le voient rarement au foyer, juste pour manger et dormir, quand il n’est pas absorbé dans ses pensées. Grand est le risque pour ces praticiens dévoués de « tomber dans le domaine public ». Certes, il n’est pas aisé de limiter son activité lorsque le devoir appelle. Toutefois, il sera possible d’y parvenir avec le secours de Dieu si l’on est résolu à ménager son entourage et à ne pas courir le risque de « craquer » ou de perdre pied spirituellement.

Des pères de famille, pour une raison analogue, devraient renoncer à exercer une profession exigeant des absences prolongées et convenant mieux à des célibataires (routier, pilote, voyageur de commerce, représentant…).

Mon travail me perturbe-t-il ? A-t-il une incidence fâcheuse sur ma famille ou ma vie intérieure ? M’amène-t-il à déserter l’église et à abandonner mon ministère dans l’œuvre de Dieu ? Alors courageusement j’envisagerai, s’il le faut, de changer de métier, quitte à faire subir à mon salaire une sérieuse amputation. Si ton œil droit est pour toi une occasion de chute, arrache-le. (Matthieu 5.29). Rude conseil qu’on pourrait formuler ainsi : « Si ton activité est pour toi et ton entourage une occasion de chute, renonces-y et cherches-en une autre ».


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Beaucoup de chrétiens ne sont pas pleinement heureux dans leur vie professionnelle. Les uns sont tourmentés parce qu’ils occupent un emploi dans une affaire qui leur paraît louche. D’autres, pour plaire à un patron peu scrupuleux mais qui paie bien, acceptent de frauder, de mentir au téléphone, de taper de fausses factures. Il n’est pas facile de changer d’employeur ou de se reconvertir en période de crise, mais doit-on céder au mensonge et piétiner sa conscience ? Qui a la notion de la sainteté de Dieu et désire lui plaire ne peut s’épanouir hors du chemin de la vérité. Il y a toujours une voie de sortie pour qui honore le Seigneur.

Sitôt après la dernière guerre, lors d’un camp que nous dirigions dans le Gard, un jeune homme se tourna vers le Christ et lui offrit sa vie. Il en donna la preuve en informant son patron qu’il ne pourrait plus désormais mentir à la clientèle comme il était tenu de le faire auparavant. Il fut congédié sans ménagement, bien qu’étant le soutien d’une famille nombreuse. Incompris chez lui – les siens ne partageaient pas sa foi – ce jeune homme connut un temps difficile mais Dieu lui vint en aide et lui permit de monter une affaire qui prospéra rapidement. Ainsi, lui fut-il donné de pourvoir aux besoins du foyer et d’expérimenter la bonté de son Maître. Je n’ai pas vu le juste abandonné ni sa descendance mendiant son pain, déclare l’Ecriture (Psaume 37.25). Constatation combien encourageante !


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Les parents ont le devoir de conseiller leurs enfants dans le choix d’une profession. mais sans nourrir à leur égard une ambition démesurée. Trop souvent, ils visent « la belle situation », lucrative et bien en vue, quoique dangereuse pour l’enfant. Nombre de fils ou de filles ont été perdus pour le Maître à cause des folles prétentions d’un père ou de l’ambition démesurée d’une mère. Le bien spirituel de l’enfant doit passer avant tout. Sans conclure toutefois qu’il est contraire à Dieu d’envisager des études supérieures pour un enfant particulièrement doué. Non ! Il est légitime de vouloir donner aux siens le maximum de connaissances, pourvu que le Seigneur reste « en tout le premier » (Colossiens 1.18).

D’abord sa gloire !

QUESTIONS

  1. Etes-vous heureux dans votre profession ? Pourquoi ? Y a-t-il dans votre activité des pratiques que votre conscience réprouve et qui vous tourmentent ? Avez-vous parlé de votre trouble à un frère ou un ancien ? Qu’est-ce qui vous empêche de régler ce problème ?
  2. Etes-vous certain de donner de bons conseils à vos enfants qui envisagent une situation apparemment incompatible avec la vocation chrétienne ? Pourquoi les poussez-vous dans telle voie ?
  3. Etes-vous vraiment préoccupé du bien spirituel de vos enfants ? Demandez à Dieu sa sagesse pour les conseiller selon sa pensée.

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