Foi et guérison

18. Le cas Trophime

« J’ai laissé Trophime malade à Milet. »

2 Timothée 4.20

Paul semble faire à son jeune ami Timothée l’aveu d’un échec : « J’ai laissé Trophime malade à Milet » (2 Timothée 4.20). Aussi, nombre de lecteurs plutôt réticents lorsqu’il s’agit de guérison divine, auront-ils la tentation de s’écrier en jubilant : « Ah, vous voyez bien que Dieu ne guérit pas toujours, même lorsque l’instrument utilisé est puissant dans sa main comme l’était jadis l’apôtre ! »

Regrettons seulement de ne pas en savoir davantage au sujet de Trophime car des questions se posent volontiers à notre esprit : Au fond, de quelle maladie était-il atteint ? Quelle était la gravité de son mal ? Etait-il malade depuis longtemps ? Souffrait-il beaucoup ? Etait-il alité ou pouvait-il aller et venir et continuer d’accomplir son ministère d’évangéliste ? Paul lui avait-il imposé les mains ? Pensait-il que la guérison ne serait qu’une affaire de jours ? Les anciens ont-ils pratiqué l’onction d’huile… ? Autant d’interrogations qui resteront sans réponse puisque le Nouveau Testament garde le silence sur ce cas. L’apôtre avait sans doute de bonnes raisons de ne pas en dire plus long. Faisons-lui confiance.

Une chose est certaine : bien que laconique, cette nouvelle a sa place dans l’Écriture ; toute entière inspirée de Dieu, elle s’avère, selon Paul, « utile pour convaincre et corriger » (2 Timothée 3.16) ; il vaut donc la peine de s’attarder sur le “cas Trophime” pour réfléchir et, si possible, d’en tirer de précieuses leçons.

1. Paul, semble-t-il, aurait gagné à passer sous silence une nouvelle susceptible de ternir son image de marque aux yeux d’un jeune collègue plein d’admiration pour son père spirituel. L’apôtre aurait-il perdu “sa puissance”, connaîtrait-il un déclin dans sa foi au point de ne pouvoir remplir comme par le passé un puissant ministère de guérison ? J’en doute ! L’apôtre veut simplement pousser Timothée à intercéder en faveur de ce précieux évangéliste présentement arrêté. Quoique séparés, Paul et son jeune ami lutteront de concert pour obtenir son prompt rétablissement. Lorsqu’un membre souffre les autres souffrent avec lui.

Ce serait mal connaître l’apôtre que de le croire soucieux de redorer son blason. Bien au contraire ! Lui qui ne faisait aucun cas de sa vie aurait été chagriné d’apprendre que ses amis chrétiens avaient de lui une trop haute opinion, comme il le laisse entendre dans 2 Corinthiens 12.6. Celui-là seul qui guérit doit être exalté et les regards d’admiration doivent se porter sur Lui seul.

2. L’apôtre aurait pu ajouter quelques détails propres à rassurer Timothée : « J’ai imposé les mains à Trophime ; certes, en le quittant la fièvre le tenait encore mais, par la foi, j’affirme qu’il est guéri. Réjouis-toi avec moi pour cette délivrance dont nous attendons la nouvelle d’un moment à l’autre. »

Ou conseiller encore : « Nous devons croire à sa guérison selon les promesses de la Bible, sans oublier toutefois que Dieu est souverain. Pour ma part, je suis grandement encouragé de voir l’Église intercéder fidèlement pour ce serviteur dans la peine ; ainsi, elle s’affermit dans l’amour. Oui, ce retard était nécessaire et Dieu est sage : Il a son heure pour exaucer. Quoi qu’il en soit, nous attendons pour bientôt la délivrance. C’est pourquoi, à l’avance, bénissons Dieu pour cette guérison qui, je le répète, ne saurait tarder et sera à la gloire du Seigneur… »

Ce langage n’aurait-il pas été perçu comme un échec que l’apôtre s’évertuait à dissimuler ?

3. Paul aurait pu préciser : « Trophime a fait un excellent travail à Milet : par son moyen des chrétiens ont été affermis et des conquêtes ont eu lieu dans ce milieu hostile. Satan ne l’ignore pas et s’acharne contre lui pour le neutraliser, en tout cas le rendre inoffensif. C’est pourquoi, organisons une chaîne de prières pour réclamer sa guérison afin qu’il poursuive vaillamment le combat. Luttons pour lui et avec lui sans désemparer, jeûnons même pour hâter sa délivrance et, s’il le faut, restons à genoux des nuits durant pour supplier le ciel. Dieu répondra d’autant plus vite et la victoire sera totale. »

Cet appel eût encombré l’Église d’un problème peut-être mineur alors qu’elle avait d’autres priorités sur le cœur. Que de journaux évangéliques ou de circulaires nous invitent à la prière pour des sujets qualifiés d’urgents, voire de dramatiques, de première importance… aux dires des rédacteurs. Pourquoi pas ? Mais ces appels, quand ils ne nous culpabilisent pas, risquent de nous détourner de nos devoirs les plus élémentaires envers nos proches et nos voisins, envers les membres de l’Église que nous fréquentons. Satan serait trop heureux de nous empêcher d’accomplir « les œuvres que Dieu a préparées d’avance afin que nous les pratiquions » (Éphésiens 2.10). L’aide du Seigneur n’est pas de trop pour ceux qui, épris de liberté, veulent échapper à la pression qu’exercent inévitablement ces appels généralement présentés comme venant d’en-haut. Il incombe à chacun de faire un tri judicieux dans cette abondance d’informations. Ce ne sont pas les autres qui doivent nous dicter notre ligne de conduite, mais le Seigneur. Ceci dit, il n’est pas interdit de faire connaître autour de soi les multiples besoins concernant l’œuvre de Dieu.

4. Paul aurait pu “se couvrir” en ajoutant : « Il est vrai que j’ai laissé Trophime malade à Milet mais j’ai préféré ne pas intervenir ; il me paraissait plus juste de lui conseiller de faire appel aux anciens pour qu’ils l’oignent d’huile ; il est bon d’associer l’Église à une action qui sera bénéfique pour tous. »

On a quelque peine à imaginer l’apôtre parlant de la sorte ; il avait raison de se montrer laconique, nous donnant ainsi une précieuse leçon, celle de rester sobre dans l’énoncé de nos nouvelles ou de nos expériences. Un surcroît de précisions nous fait courir un double danger, celui de nous mettre en avant ou de nous éloigner de la vérité.

5. Enfin, en quittant son collaborateur et ami, niant l’évidence, Paul aurait pu dire à Trophime : « Loue le Seigneur, tu es guéri. Crois à la puissance de la louange. Saisis la promesse de guérison : Tout ce que vous demanderez en priant croyez que vous l’avez reçu. Lève-toi donc et va témoigner de cette victoire devant l’Église. Alléluia ! » Mais peut-on témoigner, sous peine de mentir, de ce qu’on n’a pas encore reçu ? J’ai été témoin de telles erreurs dont les conséquences ont toujours été regrettables.

N’allons pas croire, en considérant la brièveté de cette nouvelle, que Paul se soit désintéressé de Trophime et de son état. Puisqu’il mentionne son nom c’est qu’il souhaite qu’on ne l’oublie pas devant Dieu. Pour sa part, il a certainement prié pour son rétablissement et peut-être – pourquoi pas ? – lui a-t-il imposé les mains en invoquant le Tout-Puissant, à moins que Trophime n’ait eu simplement à soigner un rhume ou une grippe passagère. Mais j’incline à croire que l’apôtre, en quittant son ami, l’a plutôt entretenu de son Rédempteur, l’exhortant à s’en remettre à Celui qui guérit. Qu’il y ait eu imposition des mains ou non, prières des anciens ou pas, la guérison importe moins que la Personne du Seigneur tout puissant. Qu’on me pardonne cette insistance.

Seriez-vous dans l’attente d’une guérison qui ne vient pas quoique demandée avec foi ? Alors déchargez-vous sur Lui de ce souci sans vous accuser où vous troubler. Prenez au mot la Parole de Dieu et persuadez-vous qu’il prend soin de vous (1 Pierre 5.7). Un vrai sujet de louange qui vous affermira. Vivez le repos de la foi, “les yeux sur Jésus”. Et si l’épreuve dure encore, pénible et lancinante, invitez vos amis chrétiens pour demander à Dieu Sa Paix, pour demeurer dans la paix. Il est fidèle et ne peut vous décevoir. Quoi qu’il en soit, tenez bon, il y aura Sa réponse.

Questions :

  1. La nouvelle concernant Trophime vous a-t-elle amené à réfléchir sur le sujet qui nous occupe ? Quelle a été votre conclusion en lisant cette brève nouvelle ?
  2. Avez-vous la préoccupation de visiter les malades pour prier avec eux ? Que leur dites-vous quand vous les rencontrez ?
  3. Si vous ne l’avez jamais – ou rarement – fait, pourquoi n’iriez-vous pas aujourd’hui vers telle personne de l’Église ou tel voisin qui est sur un lit d’hôpital pour lui rendre visite et lui parler de Jésus ?

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