Théologie Systématique – II. Apologétique et Canonique

2.1. De la canonicité de l’Ancien Testament

La canonicité de l’Ancien Testament, telle qu’elle est entendue dans le titre de notre paragraphe, ne signifie pas, d’après nos déterminations précédentes, l’identité du canon traditionnel de l’Ancien Testament avec la révélation divine, qui impliquerait le caractère normatif, pour la foi des chrétiens comme pour celle des Juifs, de la totalité et de l’intégralité du texte des écrits réputés canoniques de l’A. Alliance. Il suffira à notre dessein d’avoir établi que l’Ancien Testament est le document des révélations concernant la préparation du salut et communiquées par Dieu même à certains organes privilégiés du peuple d’Israël, sans que nous prétendions trancher avec une rigueur absolue, dans chaque cas donné, entre ce qui est pensée humaine et parole divine, et tout en remettant le soin de ce discernement à la conscience individuelle.

Les témoignages que nous invoquons pour établir dans les saintes Ecritures de l’Ancienne alliance la présence de révélations directes faites par Dieu à l’homme au cours de cette alliance, se classent sous les chefs suivants :

1° Ceux que les différents acteurs de la préparation du salut et auteurs des documents de cette préparation rendent à l’origine divine de leur mission et de leur parole :

D’un bout à l’autre de l’Ancien Testament reviennent les formules : « Dieu parla, Dieu dit ; Parole, nehoum, debar, de Jéhovah », pour annoncer ou désigner les communications directes faites par Dieu à ses serviteurs, les patriarches, Moïse, David et les prophètes.

2° Les témoignages que les divers acteurs et auteurs de l’A. T. se rendent les uns aux autres :

Il est manifeste que tous ceux que nous appelons les hommes de Dieu de l’Ancienne alliance, ont conscience de travailler non seulement à une œuvre divine, mais à une œuvre commune, se poursuivant à travers les générations et les siècles, formant une succession — une διαδοχή selon l’expression de l’historien Josèphe —, et dans laquelle chaque nouveau-venu a soin de rattacher, avec un désintéressement et une fidélité rares, à l’acte et à la parole de ses prédécesseurs, l’acte et la parole nouvelle dont lui-même est chargé. C’est ainsi que la révélation du nom de Jéhovah faite à Moïse s’ajoute, tout en la dépassant, à la révélation plus ancienne d’El-Schaddaï, Exode 3.15 ; 6.3. Les psalmistes célèbrent à plus d’une reprise le bienfait qu’ils ont reçu dans la Loi de l’Eternel, et rappellent l’usage incessant qu’ils en font eux-mêmes, Psaumes 1.2 ; 19.8 ; 40.8-9 ; Psaumes 119. Chaque prophète reprend à son tour une parole de son prédécesseur pour en faire le thème de ses oracles, ajoutés comme de nouveaux chaînons aux anciens, et tous ensemble à l’oracle fondamental prononcé par Nathan à David, 2 Samuel 7. Bien avant Etienne enfin, le premier martyr chrétien (Actes 7), les dernière serviteurs de l’Ancienne alliance, les Esdras (Esdras 9.10-11) et les Néhémie (Néhémie 9) ne se montrent pas les moins empressés à mettre en regard les infidélités persistantes du peuple de Dieu et les marques surnaturelles et persistantes aussi de la fidélité divine.

3° Les témoignages rendus à l’autorité divine des Ecritures de l’Ancien Testament par les auteurs du Nouveau :

Ces témoignages sont de deux sortes : les déclarations positives que les auteurs du N. T. ont faites concernant l’autorité divine des Ecritures de l’A. T., et l’usage qu’eux-mêmes en ont fait et qu’ils en ont recommandé aux autres.

Les auteurs du N. T. désignent constamment et couramment l’Ancien Testament par le terme d’Ecriture, ἡ γραφή, αί γραφαί, de Saintes-Ecritures, αί ἅγιαι γραφαί, de Lettres sacrées, τὰ ἱερὰ γράμματα (2 Timothée 3.15).

Dans quatre paroles ou passages au moins provenant de quatre auteurs du N. T., le langage des auteurs de l’A. T. est directement rapporté au Saint-Esprit : par la bouche de Pierre, Actes 1.16 ; de Paul, Actes 28.25 ; et par la plume des auteurs de l’épître aux Hébreux, Hébreux 10.15 (comp. Hébreux 1.1) et de la Seconde de Pierre (2 Pierre 1.21). Dans Romains 11.4, le passage de 1 Rois 19.18 est cité sous le nom d’oracle, χρηματισμός. Ailleurs, Paul substitue l’Ecriture de l’A. T. à Dieu même en lui prêtant soit des attributs divins : προϊδοῦσα, Galates 3.8, soit une façon d’agir, Galates 3.22, que dans Romains 11.32 il attribue à Dieu.

Le passage le plus souvent mentionné en faveur de la canonicité de l’A. T. et qui suit 2 Timothée 3.15, cité tout à l’heure : Πᾶσα γραφὴ θεόπνευστος καὶ ὠφέλιμος πρὸς διδασκαλίαν, πρὸς ἔλεγχον, 2 Timothée 3.16, est, il est vrai, susceptible de deux interprétations, toutes deux grammaticalement admissibles, et qui en changent, dans le sujet qui nous occupe, la portée, selon que l’on fait de θεόπνευστος le premier prédicat ou le qualificatif du sujet. La première version, qui est celle généralement admise : Toute Ecriture, est divinement inspirée et utile etc., contiendrait un nouveau témoignage de l’apôtre en faveur de l’inspiration divine de l’A. T. La seconde, qui a été adoptée par Luther et de Wette : Toute écriture divinement inspirée est aussi utile, etc., n’aurait que la valeur d’une sentence générale s’appliquant à l’A. T. et à tout autre produit de l’inspiration, qui serait caractérisé par là comme ayant une visée non seulement théorique mais pratique. L’absence de l’article entre πᾶσα et γραφὴ, ne serait pas une raison décisive en faveur de la seconde interprétation, s’il est vrai que l’on peut citer en faveur de cette construction la leçon : πᾶσα οἰκοδομὴ, Éphésiens 2.21 (contre le T. R. qui lit πᾶσα ἡe. Les raisons tirées de l’intention apparente du contexte, qui traite des effets salutaires de l’Ecriture sainte (voir v. 15) nous décident en faveur de la seconde alternative ; car il serait a priori peu probable que Paul ait cru nécessaire de rappeler à son disciple Timothée la principale des proprietates S. S., tandis qu’il pouvait être toujours utile de lui en rappeler la valeur pratique et de lui en recommander l’usage.

e – Les deux autres textes cités par van Oosterzee (Bibelwerk de Lange) en faveur de la traduction : Toute l’Ecriture est divinement inspirée, Éphésiens 3.15 et 1 Pierre 1.15, n’ont aucune valeur probante, pour ceux qui, comme nous, entendent πᾶσα πατρία et πᾶσα ἀναστροφή dans le sens de : toute paternité et : toute espèce de conduite.

Mais ce qui est tout aussi significatif que les qualificatifs donnés par les écrivains du N. T. aux écrits de l’A. T., c’est l’usage constant, incessant qu’en a fait entre autres l’homme que sa tendance manifeste semblait devoir le plus complètement émanciper de ces autorités prescrites. Paul rend hommage à l’autorité qu’avait pour lui l’A. T. non seulement par des citations directes, mais par des réminiscences, des allusions et des emprunts si rapides, si aisés et si bien fondus dans la trame de son propre discours ; il prête à ces anciens parchemins un à-propos et une ductilité si imprévues qu’ils trahissent une assimilation aussi complète que possible de l’esprit de l’interprète avec la substance intellectuelle et morale de l’original (comp. Romains 10.5-8 ; 2 Corinthiens 6.17-18 ; Éphésiens 4.8-10 ; 5.14).

Non seulement Paul fait usage de l’A. T. pour lui-même, mais il en recommande l’étude assidue aux chrétiens mêmes et aux Eglises sortis de la gentilité, et c’est à trois reprises, Romains 15.4 ; 1 Corinthiens 9.10 ; 10.11, qu’il fait la réflexion que tous ces anciens exemples et ces anciennes histoires ont été conservés pour l’instruction des siècles futurs.

Et tant il est vrai que l’autorité normative des Ecritures de l’A. T. était reconnue de tous à cette époque, que l’historien de la fondation de l’Eglise, disciple de Paul, en tout cas, loue en un endroit les auditeurs de Paul et de Barnabas eux-mêmes d’avoir soumis régulièrement leurs enseignements au contrôle des Ecritures, Actes 17.11.

4° Témoignages rendus par Jésus-Christ à l’Ancien Testament.

Jésus a expressément et à diverses reprises, soit en présence du Diable (Matthieu 4.4,7,10), des chefs de la nation (Matthieu 22.29 ; Marc 14.49), de ses disciples (Matthieu 26.54 ; Luc 24.46), ou de Dieu son Père (Jean 17.12), désigné la collection des livres de l’A. T. par le terme d’Ecritures ; et il a reconnu soit aux deux principales parties de cette collection, la Loi et les Prophètes (Matthieu 5.17-19 ; 7.12 ; 22.40 ; Luc 16.29 ; comp. Luc 24.25-27), soit au recueil des psaumes en particulier (Marc 12.36-37 ; Jean 10.35), le caractère de documents des révélations divines préparatoires, communiqués par le Saint-Esprit (Marc 12.36), immuables et inabrogés (Matthieu 5.18 ; Jean 10.35), faisant en cette qualité et dans ces limites autorité pour tous et pour lui même (Matthieu 26.54 ; Marc 14.49 ; Jean 19.28).

C’est même dans le quatrième Evangile, qui, dans la question qui nous occupe, ne saurait être tenu pour suspect, que se trouvent quelques-unes des déclarations de Jésus les plus explicites, attestant l’autorité divine des Ecritures dans leurs trois parties principales : Pentateuque, Jean 5.46-47 ; comp. Jean 3.14 ; 7.22-23 ; Prophètes, Jean 6.45 ; 7.37-38 ; Hagiographes, Jean 10.35 ; comp. Jean 17.12.

Gess se demande si l’intention de la parole de Jésus, Jean 10.35, peut être de déclarer infaillible toute parole de l’A. T., et il répond :

« Qu’on prenne garde au contexte. Jésus veut montrer qu’en se nommant Fils de Dieu, il ne commet aucun blasphème (v. 35). A cet effet, il oppose ceux à qui la parole de Dieu, savoir la mission de juger le peuple, a été adressée, à lui-même, que le Père a sanctifié et envoyé dans le monde. Si Dieu dit dans le Psaume 82 aux uns : « Vous êtes des dieux » pourquoi y aurait-il blasphème de sa part à dire : « Je suis le Fils de Dieu ? L’Ecriture ne peut pas être anéantie ». Or elle le serait si quelqu’un tenait pour vide de sens la parole du Psaume 82 : Vous êtes des dieux ! Dieu a institué des juges chez son peuple afin qu’ils jugent en son nom, prononcent des sentences conformes à la pensée divine, de telle sorte que la comparution devant le juge équivaille à la comparution devant Dieu même. C’était le prélude de la consécration et de l’envoi dans le monde de celui qui se présente maintenant aux Juifs. Dieu était présent dans l’arche de l’alliance, dans le temple, dans les prophètes ; il voulait l’être aussi dans l’administration de la justice, mais il l’était plus richement, plus profondément, plus intimement encore dans son envoyé Jésus. C’est ici la marche de la révélation de Dieu : sa présence toujours plus parfaite dans son peuple. Ignorer, nier cette marche de Dieu ou seulement un de ses pas attesté par l’Ecriture, la taxer d’imagination ou de folie, c’était anéantir l’Ecrituref ».

fDie Inspiration der Helden der Bibel page 137.

Ce qui, chez Jésus comme chez Paul, est aussi significatif que ses déclarations concernant l’autorité de l’A. T., c’est l’usage incessant qu’il en a fait pour les autres et pour lui-même. D’une part — fait digne de remarque — Jésus ne cite jamais les Apocryphesg, et il arrête ses emprunts à Malachie (comp. Matthieu 11.10 avec Malachie 3.1). D’autre part, il est peu de livres de l’Ancien Testament qui ne lui aient pas fourni soit des citations directes, soit des allusions plus ou moins discrètes et fugitives. Outre celles que nous avons déjà reproduites et d’autres couramment admises, nous reconnaissons 2 Chroniques 24.22 dans la citation Luc 11.51 ; avec M. Godet (dans les premières éditions de son Commentaire de saint Luc), Proverbes 1.20-28 dans Luc 11.40 ; puis Proverbes 8 dans Luc 7.35 ; Proverbes 25.7 dans Luc 14.10 ; Job 39.33 dans Luc 17.37.

g – Les deux cas cités par Bleek, Jean 7.38, et Luc 11.19, d’allusions à des livres apocryphes perdus, sont susceptibles d’autres interprétations. Voir les commentaires de M. Godet sur les deux passages.

Jamais Jésus n’a exprimé le moindre scrupule touchant la valeur morale de telle ou telle portion de ces livres ; jamais sa conscience n’a paru offusquée des récits qui offensent le plus la nôtre ; jamais il ne met en question l’identité entre le Dieu qui avait ordonné l’extermination des Cananéens et le Père céleste, aussi miséricordieux que puissant qui, dans la nature, envoie les rayons du soleil et les pluies sur les méchants comme sur les bons, et, dans l’accomplissement des temps, a envoyé son propre Fils pour sauver l’humanité pécheresse.

Surtout dans les deux moments les plus critiques de sa carrière, celui de sa tentation dans le désert et celui de sa passion sur la croix, nous voyons Jésus puiser dans l’A. T. des arguments, des consolations et des exemples, et chaque fois, dans la partie des anciennes Ecritures qui, par une dispensation supérieure et providentielle, préfigurait à ses yeux le plus exactement sa situation présente. C’est dans le document du séjour d’Israël de quarante ans au désert, qu’il emprunte les textes qui doivent décider de l’issue de sa lutte de quarante jours au désert ; et c’est le livre des Psaumes, le document des douleurs et des supplications des anciens fidèles, qui par trois fois revient à sa mémoire et sur ses lèvres à l’heure de la croix.

Gess se montre particulièrement sévère pour les livres d’Esther, des Chroniques et de l’Ecclésiaste, auxquels il refuse le bénéfice de l’inspiration divine, et dont il note les fautes et les lacunes, un peu comme fait un professeur de grammaire au bas d’un thème. Il est vrai que l’ardeur des compatriotes d’Esther à massacrer leurs ennemis, jugée déjà excessive par le roi Assuerus lui-même, Esther 9.12, eut gagné à se restreindre au strict nécessaire. Mais nous demanderions au critique depuis quand un historien est responsable des fautes qu’il raconte. De plus, une singularité toute spéciale à ce livre biblique a été plus d’une fois signalée : c’est que le nom de Dieu ne s’y trouve pas une seule fois. N’est-ce pas, comme me le faisait remarquer un jour M. Félix Bovet, qu’après s’être nommé si souvent et de tant de manières au peuple d’Israël, Dieu a voulu l’inviter à le chercher une fois lui-même, en l’absence de son nom, dans un des faits de son histoire ; lui proposer pour ainsi dire, une sainte énigme à déchiffrer ; après tant de leçons de mots, lui donner une leçon de choses.

L’auteur des Chroniques est, comme on sait, bien décrié dans la critique actuelle. Il est accusé par notre auteur même d’un sacerdotalisme aveugleh, qui s’arrête à l’observation ou à la réforme du rite, et n’a rien compris au spiritualisme des prophètes ; d’une partialité coupable, qui jette un voile discret sur les crimes de David et de Salomon, et qui, de temps en temps, le porte aussi à enfler les chiffres dans des proportions démesurées.

h – Le dernier trait du verset : 2 Chroniques 29.34, s’accorde-t-il avec le sacerdotalisme et la partialité prétendus de l’auteur ?

De l’Ecclésiaste, notre auteur veut bien admettre que son exclamation : Vanité des vanités ! n’est pas sa seule bonne pensée, et qu’il donne de temps en temps un bon conseil ; « aber ein kümmerlicher Glaube, der nur eben über den Wassern der Anfechtung sicli noch hält ».

Ce qui nous paraît être le défaut principal de ces critiques, c’est de ne découler d’aucun principe général, d’une doctrine de l’inspiration, que l’on cherche en vain en tête de l’ouvrage.

*

L’usage du volume de l’A. T. comme d’un recueil canonique, c’est-à-dire normatif pour la foi et la science chrétienne, en tant que document des révélations préparatoires du salut de l’humanité, nous paraît, malgré tout, justifié dans la Théologie systématique comme dans la prédication chrétienne, par l’exemple de Jésus et des apôtres.

Deux écueils seront à éviter, d’après nos déterminations précédentes, dans l’emploi qui en sera fait.

Tantôt, méconnaissant la différence qui existe et subsiste entre les révélations préparatoires et les définitives, l’on a mis, comme on l’a dit, tout le Nouveau Testament dans l’Ancien ; on reconnaissait à l’A. T. le caractère de révélation divine, mais on en ignorait ou méconnaissait le caractère préparatoire. Mais il a toujours suffi pour parer à cet inconvénient, d’en appeler de l’Ancien Testament mal compris à l’Ancien Testament mieux compris.

L’autre exagération, beaucoup plus grave, est celle commise entre autres par Schleiermacher et par beaucoup d’autres avant et après lui, qui consiste à ravaler les anciens documents de la religion d’Israël au niveau des produits naturels de la pensée humaine dans l’antiquité. On prétend même aujourd’hui, au nom d’une critique plus scientifique, découvrir dans ces antiques documents les traces, inaperçues ou oubliées pendant des milliers d’années, des conflits d’amour-propre ou d’intérêts qui auraient agité les plus respectés des acteurs de ce long drame religieux appelé l’histoire ancienne d’Israël ; et l’on rapporte à la fraude des uns et à la niaiserie des autres les prétendues manifestations de la pensée et de la volonté divines sous la forme qui s’est transmise de siècle en siècle jusqu’à nous. Ici donc, à l’inverse de la conception précédente, on reconnaît à l’A. T., à la religion d’Israël elle-même, comme, à des degrés divers, à toutes les religions de l’antiquité, le caractère préparatoire ; mais en leur refusant à l’un et à l’autre l’autorité qui revient aux révélations divines.

En opposition à ces deux conceptions, et sur la foi des témoignages concordants de Jésus et des apôtres qui s’ajoutent, pour les ratifier, à ceux que les auteurs de l’A. T. se sont rendus à eux-mêmes et les uns aux autres, nous respecterons dans notre détermination des rapports de l’A. T. avec le Nouveau, et dans l’usage que nous ferons du premier dans notre Théologie systématique, les deux principes du progrès et de la continuité des révélations sotériologiques et des documents qui nous les ont transmises.

C’est le même Dieu qui a agi et parlé, quoique selon des modes divers, dans l’Ancienne alliance et dans la Nouvelle ; et, à ignorer quelques-uns de ces modes qui ont eu leur rôle et leur date dans l’histoire du salut, à négliger l’une ou l’autre de ces sources authentiques d’informations, fût-ce même pour ne retenir que les plus essentielles et les plus parfaites, nous nous condamnerions à rétrécir, à amoindrir, et, par conséquent à fausser, par l’effet de cette partialité même, notre notion du vrai Dieu, déjà si inévitablement inférieure à la réalité transcendante. L’action divine que nous pourrions appeler cosmique et ethnologique, considérée dans ses rapports plus vastes avec la nature, l’humanité, les différentes races humaines, nous resterait, si nous ne possédions pas les documents des révélations dites préparatoires, en partie ignorée, tout comme les mystères les plus hauts et les plus grands de l’amour, de la grâce divine et même aussi de sa justice nous seraient restés voilés sans l’évangile.

La continuité des révélations sotériologiques se manifeste également dans la nature de la condition posée par le Dieu du salut à l’homme pécheur à travers toutes les économies ; identique dans son essence, la foi est variable seulement quant à ses objets (Romains 4 ; Hébreux 11).

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