Zacharie Prophète de Jésus-Christ

CHAPITRE 11

Ce chapitre traite essentiellement de la première venue et du rejet du Messie par les chefs d’Israël.

V.1 – 3 : Liban, ouvre tes portes, et que le feu dévore tes cèdres ! Gémis, cyprès, car le cèdre est tombé, ceux qui s'élevaient sont détruits ! Gémissez, chênes de Basan, car la forêt inaccessible est renversée ! Les bergers poussent des cris lamentables, parce que leur magnificence est détruite ; les lionceaux rugissent, parce que l'orgueil du Jourdain est abattu.

Les trois premiers versets de ce chapitre sont souvent considérés comme une expression poétique, par rapport à l’humanité de la période donnée.

Il me semble que ces versets décrivent comme souvent dans la Bible une situation de manière symbolique, mais bien réelle. Le Liban est bien le Liban, et il est fort probable que lors de l’invasion romaine, les cèdres ont commencé à être détruits, et après eux, les arbres les plus grands, comme les cyprès qui à leur tour vont être « inquiétés » … Bien entendu, cela représente aussi les hommes puissants de cette époque, que le nouvel empire en pleine expansion, éliminait ou remplaçait à son gré. Mais l’un n’empêche pas l’autre. De même que le Basan, région située au sud du mont Hermon et à l’est de la mer de Galilée, était connue pour ses chênes. On imagine l’utilisation qui peut en être faite dans des quantités de domaines tels que la construction de navires et en particulier les mâts qui devaient être très solides, les catapultes, etc.

« Les bergers poussent des cris lamentables parce que leur magnificence est détruite ». Cela peut aussi bien concerner les bergers qui avaient de nombreux troupeaux dans la région, que des chefs spirituels, qui s’occupaient plus de leur situation personnelle que du peuple sur lequel ils devaient veiller.

« L’orgueil du Jourdain est abattu » : ce fleuve était difficile à franchir, il fallait en connaître les gués, mais pour les romains, cela ne devait pas poser de gros problèmes.

V. 4 – 6 : Ainsi parle l’Éternel, mon Dieu : Pais les brebis destinées à la boucherie ! Ceux qui les achètent les égorgent impunément ; celui qui les vend dit : Béni soit l’Éternel, car je m'enrichis ! Et leurs pasteurs ne les épargnent pas. Car je n'ai plus de pitié pour les habitants du pays, dit l’Éternel ; et voici, je livre les hommes aux mains les uns des autres et aux mains de leur roi ; ils ravageront le pays, et je ne délivrerai pas de leurs mains.

Il s’agit bien entendu de la première venue de Christ, la prédiction de tout ce qui va se passer dans ce chapitre est saisissante : « Les brebis destinées à la boucherie », le troupeau n’est autre que le peuple d’Israël dans les années qui vont suivre le rejet de leur Messie. « Ceux qui les achètent » sont probablement les romains et la destination de ces brebis sont : l’esclavage, les jeux du cirque, la destruction par l’épée, la famine, et autres types d’égorgement. Ceux qui les vendent sont les notables du peuple, qui n’hésitent pas à louer Dieu parce qu’ils s’enrichissent ainsi. Les pasteurs (responsables religieux) ne les épargnent pas non plus, et Dieu retire sa protection et « livre les hommes aux mains les uns des autres et de leur roi ». Cette citation concerne ce qui est décrit dans l’Évangile de Jean chapitre 19 et verset 14. Lors du procès en crucifixion, Pilate demande : « crucifierai-je votre roi ? » Les principaux sacrificateurs répondent : « Nous n’avons de roi que César » Voilà donc le roi auquel ils seront livrés, celui-là même qu’ils ont choisi. La fin du verset 6 est très claire, les romains ont effectivement ravagé le pays. En l’an 70 de notre ère, le temple et la ville ont été détruits selon l’annonce faite par Jésus à ses disciples, à tel point que la ville va pour un temps changer de nom, et les juifs seront chassés de leur pays ; Dieu cette fois ne les délivrera pas, ils seront errants d’un pays à un autre jusqu’à ce que Dieu les ramène dans le pays qu’Il a promis de donner à leurs pères.

V. 7 – 11 : Alors je me mis à paître les brebis destinées à la boucherie, assurément les plus misérables du troupeau. Je prix deux houlettes : j'appelai l'une Grâce, et j'appelai l'autre Union. Et je fis paître les brebis. J'exterminai les trois pasteurs en un mois ; mon âme était impatiente à leur sujet, et leur âme avait aussi pour moi du dégoût. Et je dis : je ne vous paîtrai plus ! Que celle qui va mourir meure, que celle qui va périr périsse, et que celles qui restent se dévorent les unes les autres ! Je pris ma houlette Grâce, et je la brisai, pour rompre mon alliance que j'avais traitée avec tous les peuples. Elle fut rompue ce jour-là ; et les malheureuses brebis, qui prirent garde à moi, reconnurent ainsi que c'était la parole de l’Éternel.

Il s’agit dans ce passage de la description du ministère de Jésus : Il s’est mis à enseigner l’ensemble du peuple, Il a parcouru le pays dans toute son étendu. « Les brebis destinées à la boucherie… les plus misérables du troupeau » : il s’agit de l’ensemble du peuple qui va être massacré. Les disciples le seront par les scribes et les pharisiens, qui à leur tour le seront par les romains.

Il est question de deux houlettes, ce qui n’était pas exceptionnel pour les bergers de l’époque ; l’une servait à récupérer les brebis égarées, l’autre était plutôt un solide bâton destiné à préserver les brebis des prédateurs. Dans le texte, pour montrer ce qui allait se passer, des noms sont donnés aux deux houlettes : l’une s’appelle grâce et l’autre union.

« J’exterminai les trois pasteurs en un mois » : il ne fait aucun doute qu’il s’agit des responsables spirituels lors de la première venue du Seigneur : scribes, pharisiens et anciens du peuple y compris les sacrificateurs. Cette extermination est décrite sous forme de condamnation dans l’Évangile de Mathieu au chapitre 23, où le Seigneur prononce à huit reprises les mots « malheur à vous » et la neuvième fois au verset 33, Il dit plus tragiquement encore : « Serpents, race de vipères ! Comment échapperez-vous au châtiment de la géhenne ? ». Puis à la fin du chapitre, Il pleure sur Jérusalem, annonçant sa future destruction. Ce chapitre 23 de Mathieu, se termine par une prophétie très précise de la part de Jésus : « Car je vous le dis, vous ne me verrez plus désormais, jusqu’à ce que vous disiez : Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur ». Jésus annonce ici son retour en Gloire, et le fait que le reste du peuple tout entier le reconnaîtra comme le Messie !

La houlette « Grâce » a été rompue par le Seigneur. Il ne veillera plus sur les peuples comme Il le faisait pendant son ministère. Ils vont être livrés à eux-mêmes. SAUF « les malheureuses brebis qui prirent garde » au Seigneur et « reconnurent ainsi… que c’était la Parole de l’Éternel ». Ceux qui l’ont reconnu comme tel, sont ceux qui vont former la base de l’Église de Jésus-Christ. C’est une œuvre nouvelle qui va commencer, mais qui reste toujours « un mystère caché » dans l’Ancien Testament.

V. 12 – 14 : Je leur dis : si vous le trouvez bon, donnez-moi mon salaire ; sinon, ne le donnez pas. Et ils pesèrent pour mon salaire trente sicles d'argent. L’Éternel me dit : jette-le au potier, ce prix magnifique auquel ils m'ont estimé ! Et je pris les trente sicles d'argent, et je les jetai dans la maison de l’Éternel, pour le potier. Puis je brisai ma seconde houlette Union, pour rompre la fraternité entre Juda et Israël.

Ici, de nouveau le Seigneur s’adresse aux responsables en leur demandant quel salaire ils estiment lui devoir pour s’être occupé à la perfection de tout le troupeau pendant trois ans. Et ils pesèrent pour son salaire trente sicles d’argent (le prix d’un esclave). L’Éternel dit : « Jette-le au potier ce prix magnifique auquel ils m’ont estimé ! » (voir Mathieu chapitre 27 et versets 4 à 7). C’est exactement ce qui va se passer après la trahison de Judas. Il brise alors la seconde houlette appelée « Union » et en explique le sens : « pour rompre la fraternité entre Juda et Israël ». Effectivement le mépris de Juda pour Israël deviendra évident, et on n’entendra plus parler des dix tribus jusqu’au retour promis du peuple dans son pays.

V. 15 – 17 : L’Éternel me dit : prends encore l'équipage d'un pasteur insensé ! Car voici, je susciterai dans le pays un pasteur qui n'aura pas souci des brebis qui périssent ; il n'ira pas à la recherche des plus jeunes, il ne guérira pas les blessées, il ne soignera pas les saines ; mais il dévorera la chair des plus grasses, et il déchirera jusqu'aux cornes de leurs pieds. Malheur au pasteur de néant, qui abandonne ses brebis ! Que l'épée fonde sur son bras et sur son œil droit ! Que son bras se dessèche, et que son œil droit s'éteigne !

Tout ce passage concerne l’Antichrist, le pasteur insensé, qui fera exactement le contraire de ce qu’un vrai pasteur doit faire. Non seulement il ne prendra pas soin du troupeau, mais encore il dévorera la chair des plus grasses et « déchirera jusqu’aux cornes de leurs pieds ». Cela laisse entrevoir avec quelle férocité il va s’acharner à détruire le peuple qui est retourné dans son pays mais qui n’a pas encore reconnu Jésus comme le Messie. Ceci dit, ce texte nous montre aussi que rien ne peut se produire sans la volonté de Dieu, puisqu’il nous est même dit au verset 16 que c’est l’Éternel qui suscitera ce pasteur insensé, et cela fait partie du jugement de la terre.

Le verset 17 traite tout particulièrement de la condamnation de ce pasteur de néant. L’œil et le bras rappellent en général, l’intelligence et la force, mais peut-être y a-t-il  un lien avec la blessure mortelle de la bête, telle que décrite dans Apocalypse au chapitre 13 ? C’est elle qui avec son armée combattra contre l’Agneau de Dieu et son armée, mais ils seront vaincus car l’Agneau de Dieu est le Roi des rois et le Seigneur des seigneurs. D’ailleurs la bête et le faux prophète sont tous deux jetés vivants dans l’étang de feu et de soufre.

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