Les deux Clémentines

2. Cet écrit n’est pas une épître mais une homélie.

Ce qui a longtemps suspendu le jugement de la critique, c’est qu’une partie seulement de l’écrit était connue par le manuscrit alexandrin et ne permettait pas d’en préciser le véritable caractère. Le manuscrit de Jérusalem en nous donnant le texte complet a justifié les pressentiments de Dodwell et de Grabe au xviie siècle, et montré que la prétendue IIa Clementis n’était pas une épître. Il faut y voir une prédication homilétique, prononcée ou plus exactement « lue » aussitôt « après la parole du Dieu de vérité », c’est-à-dire sans aucun doute on manière d’explication ou de commentaire d’une lecture faite publiquement dans l’Écriture (19.1). La teneur de l’homélie ne permet pas de dire avec précision quel texte de l’Écriture sert de thème à la prédication, peut-être un texte d’Esaïe, dont les oracles semblent particulièrement présents à l’orateur. Les allusions aux devoirs du prédicateur et de l’auditeur (λόγων καὶ ἀκούων, 15.2) ; la recommandation de se montrer croyant fidèle non seulement en présence des presbytres qui exhortent mais à la maison (εἰς οἶκον, 17.3) ; toute la péroraison des chapitres 18 à 20 avec la mention « frères et sœurs » qui évidemment composent l’auditoire, ne laissent pas de doute sur le caractère oratoire du morceau. Une critique un peu minutieuse pourrait tout au plus chicaner sur la qualification d’homélie, en raison de la difficulté de discerner sous le commentaire l’idée principale empruntée suivant l’usage du temps à la sainte Écriture. Nous avons là une exhortation simple et cordiale sans souci d’un développement logique et d’une proposition méthodique des idées.

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