Bergers et troupeaux

4. LA DISCIPLINE DANS L’ÉGLISE

Les questions en rapport avec la discipline dans l’Eglise sont les plus délicates à aborder dans la vie de l’Assemblée. Il faut être dans 1’Esprit de Christ et rester loyal envers l’Esprit de la Parole à un degré extraordinaire pour régler ces questions entièrement et victorieusement à la Gloire de Dieu et à la défaite de Satan.

Il est terriblement facile de laisser un esprit dur censurer, régler et tout dominer sur l’héritage de Dieu, jusqu’à ce que les membres soient rayés de la communion pour la raison infime d’avoir offensé personnellement le conducteur ou d’avoir été en désaccord avec lui. Nous avons connu des assemblées ruinées par ce travesti de discipline ecclésiastique.

Il peut y avoir aussi facilement une négligence de prendre garde à la vie de certains membres de l’assemblée qui porte préjudice au témoignage chrétien et fait blasphémer le nom de Christ. Cette attitude se couvre parfois d’une apparence soi-disant "amour" mais en réalité elle vient d’une lâcheté morale qui recule devant les difficultés et les choses désagréables, même s’il est devenu nécessaire de parler clairement et d’agir. Ceux-là devraient méditer le reproche franc de Paul à Pierre à Antioche. {Ga 2.11}

LA NÉCESSITÉ DE LA DISCIPLINE

a) La discipline est nécessaire pour sauvegarder le témoignage public de l’assemblée. C’est sur ce terrain que Paul a jugé la conduite de certaines femmes de l’assemblée de Corinthe qui méprisant les coutumes de leur temps priaient et prophétisaient non voilées. Ce n’était pas convenable, {1Co 11.13} et pouvait mettre l’assemblée en danger de scandale public. Sur le même terrain, il juge l’emploi indiscipliné de dons spirituels: le témoignage public de l’assemblée pouvait être ruiné parce que les incrédules auraient pu les prendre pour des fous. {1Co 14.23} Le principe apparaît ainsi clairement: tout ce qui met en danger la bonne renommée d’une assemblée doit être jugé. Il n’est pas question ici de rechercher la popularité mais d’écarter les pierres d’achoppement et les causes de scandale.

b) La discipline qui dans l’Eglise est bien plus nécessaire encore pour sauvegarder la sente spirituelle du troupeau dans son ensemble ne doit jamais être perdue de vue par le véritable Berger, pour employer l’image des Ecritures "un peu de levain fait lever toute la pâte." {1Co 5.6}

Si on ferme les yeux sur une faute grave de la part d’un membre de l’Assemblée (comme dans le cas de l’impudique de Corinthe) il se produit une impression inévitable que cela n’a pas grande importance après tout, le niveau de sainteté est abaissé et l’effet est désastreux sur la vie de l’assemblée entière, spécialement pour les faibles et les agneaux. D’autre part s’il est jugé il se produit une recherche de la sainteté dans la vie {2Co 7.11} le même passage {2Co 7.12} montre que c’était le soin de l’assemblée plus encore que l’intérêt pour l’individu particulier qui poussait Paul à les décider d’agir, sévèrement. Il faut toujours penser à l’effet produit sur les autres.

c) la discipline dans l’Eglise est aussi nécessaire pour garder la pureté doctrinale, car elle affecte la nourriture du troupeau et a une influence vitale sur leur santé spirituelle ou autre. Une doctrine erronée est une question beaucoup plus sérieuse que beaucoup l’imaginent. Le passage qui nous occupe est Tit 3.9-11 "mais évite les discussions folles, les généalogies, les querelles et les disputes au sujet de la Loi car elles sont inutiles et vaines". Eloigne de toi après un premier et un second avertissement celui qui provoque des divisions, sachant qu’un homme de cette espèce est perverti et qu’il pêche se condamnant lui-même. "L’hérétique" (grec: hairetikos) est celui qui crée des dissenssions, introduit des erreurs etc... une personne fausse. Cette expression indique plus que le simple fait d’avoir une certaine opinion contraire à l’orthodoxie; la marque de tel "hérétique" qui doit être "rejeté" c’est qu’il aime ses propres idées par dessus tout et s’efforce de les mettre en avant et de les introduire partout et en tout temps. On ne fait rien qui soit contraire à l’Esprit de Christ en les jugeant durement et en s’assurant qu’ils n’ont aucune occasion d’introduire leurs idées dans les esprits au milieu du troupeau dont le berger a la garde.

Ce mot "rejeter" (grec: paraiteomai) est traduit "REPOUSSE" les contes profanes et absurdes: {1Ti 4.7} et "REPOUSSE" les discussions folles et inutiles. {2Ti 2.23} Nous avions parfaitement raison de "repousser" et d’éviter de telles personnes et cela par un acte de discipline officielle s’il le faut. Même s’ils ne peuvent être une pierre d’achoppement pour le berger, il lui faut aussi considérer les brebis qui lui sont confiées.

d) Enfin, la discipline de l’Eglise a sa valeur comme moyen possible bien que sévère de ramener un rétrograde. Par exemple deux hommes "avaient fait naufrage" (quelle expression dramatique) Paul les avait livrés à Satan afin qu’ils "apprennent (littéralement, qu’ils soient disciplinés) à ne pas blasphémer"; apparemment, la pensée n’est pas la destruction mais de leur enseigner une dure leçon. {1Ti 1.20}

Le cas de l’impudique de Corinthe est plus frappant encore car l’espérance du salut final de l’esprit au jour du Seigneur Jésus est clairement exprimé. {1Co 5.5} On trouve le résultat dans le passage encourageant de 2Co 2.1-11 où le coupable, après le "châtiment infligé par le plus grand nombre" {2Co 2.6} s’était évidemment repenti et fut pardonné, retrouvant ainsi leur affection. C’est pourquoi la forme la plus élevée de l’amour, c’est d’exercer parfois la discipline de l’Eglise à un frère qui se détourne.

LES MÉTHODES DE DISCIPLINE

Il est clair que d’exercer la discipline dans l’Eglise est une question solennelle, calculée pour faire une impression profonde et durable non seulement sur l’individu, mais souvent sur le troupeau entier. Mais la manière de l’exercer a une immense importance.

Les instructions données par le Seigneur concernant les offenses personnelles {Mt 18.15} indiquent que notre premier acte devrait toujours être de prendre l’offenseur à part. Alors, s’il ne t’écoute pas, prends une, deux personnes avec toi (sans doute ce sont des personnes d’expérience) l’Eglise, ne doit être mise au courant que si les deux autres essais ont été vains.

S’il est question de l’abus des dons spirituels, de mauvaise tenue dans les réunions publiques, de vêtements immodestes ou d’autres choses du même genre, on ne devrait jamais reprendre publiquement, excepté comme dernier recours. L’esprit de l’assemblée entière pourrait en être troublé pour plusieurs semaines avant d’être rétabli dans la paix. Les bergers devraient chercher avant tout à faire des remarques privées aux brebis errantes, dans des questions telles que l’emploi irrégulier des dons spirituels il peut y avoir une simple ignorance sans désir d’être rebelle ou inconsidéré. On peut prendre comme principe d’éviter toute surexcitation inutile et de limiter autant que possible le cercle du trouble.

La sagesse conduira parfois le pasteur à prendre avec lui d’autres anciens, lorsqu’un membre doit être repris et mis sous discipline, soit pour donner du poids à son avertissement, soit pour avoir des témoins en cas de discussions ultérieures ou pour éviter toute apparence de mal.

Si les croyants refusent d’accepter cet avertissement privé, nous croyons alors que dans les cas les plus graves où il faut exercer la discipline, ils doivent être "repris devant tous". Mais cela seulement après tous les essais d’avertissements privés s’ils ont été vains et si l’évidence de la faute ne souffre aucune contradiction. Ils devraient aussi être prévenus de l’intention des anciens de les reprendre ainsi en public. Parmi les offenses sérieuses qui, d’après le N.T. justifient une telle manière d’agir, nous pouvons citer:

a) La faute morale grave comme dans le cas de l’impudique de Corinthe {1Co 5.1} où l’Eglise entière pouvait être assemblée {1Co 5.4} pour un acte collectif solennel.

b) Le péché chez un ancien. Plus la position du croyant est importante dans l’Eglise, plus les mesures prises contre lui doivent être sérieuses lorsqu’il tombe dans un péché grossier et évident; il devrait être "repris devant tous" {1Ti 5.20}

La discipline du N.T. semble prendre trois formes particulières:

1° L’ AVERTISSEMENT

Ce doit être évidemment la première forme. les rebelles doivent être "avertis"; {1Th 5.14} celui qui désobéit doit être aussi "averti comme un frère"; {2Th 3.15} même l’hérétique doit recevoir "un premier et un second avertissement" {Tit 3.10} On doit toujours essayer cette forme de discipline la plus douce avant d’avoir recours à une autre plus rigoureuse.

2° L’EXCLUSION DE LA COMMUNION

C’est l’acte le plus sévère de la discipline dans l’Eglise "Otez le méchant du milieu de vous" {1Co 5.13} le coupable qui refuse d’écouter l’Eglise doit être considéré comme un étranger {Mt 18.17} Une telle excommunication ne peut être prononcée à la hâte ni être l’acte arbitraire d’un seul conducteur sous sa propre responsabilité; c’est l’acte d’une assemblée dans son ensemble. Comment une telle excommunication peut-elle être réelle? Logiquement nous sommes forcés de reconnaître qu’une véritable assemblée chrétienne est un groupe de gens clairement défini et on peut savoir si on est soit "dedans" soit "dehors".

Comme nous l’avons vu dans une étude précédente ceci est une des raisons les plus fortes en faveur du registre de l’Eglise et montre qu’il est scripturaire et nécessaire. Bien plus il implique certains privilèges réservés seulement aux membres. Il semble logique ici de penser spécialement à cette réunion de l’assemblée pour manger le repas du Seigneur {1Co 11.20} c’est pourquoi il apparaît parfaitement scripturaire de conclure que l’exclusion du droit à la sainte communion est une des formes les plus évidentes de la discipline dans l’Eglise. Toutefois, certaine groupes de croyants ont beaucoup abusé de cet acte et nous nous sentons contraints à faire remarquer qu’il est dit: "examinez-vous vous-même" avant de participer au pain et à la coupe. {1Co 11.28} Il ne s’agit pas d’exclure de la table du Seigneur ceux qui seraient simplement en désaccord sur les doctrines non essentielles ou qui auraient été critiqués sur certaines actions individuelles l’exclusion permise est indiquée dans le N.T. elle est s l’exclusion après un acte des plus solennel par l’Assemblée entière sur le terrain d’une offense très grave. Un croyant qui participe indignement la fait sous sa propre responsabilité et doit en porter les conséquences personnelles; les écritures ne rendent pas l’Eglise responsable dans ce cas.

Cette exclusion de la communion opère aussi dans d’autres sphères? par exemple le refus de la part des membres de s’associer à des coupables dans les relations sociales "de ne pas manger avec un tel homme" {1Co 5.11} ni d’aucune manière, excepté dans les affaires ordinaires de la vie comme "avec un païen ou un publicain". {Mt 18.17} Cette exclusion doit être profonde et réelle.

3° LIVRER A SATAN

C’était la forme la plus profonde et la plus mystérieuse de la discipline dans l’Eglise primitive. Par un acte défini de l’Assemblée entière un croyant pouvait être livré à Satan "pour la destruction de la chair" {1Co 5.5} ou quelque autre forme de châtiment disciplinaire. {1Ti 1.20} les chrétiens de l’Eglise primitive croyaient réellement à la réalité du pouvoir promis par le Seigneur pour de tels actes. {Mt 18.13} Nous pouvons imaginer l’intensité terrifiante d’une réunion d’Eglise convoquée dans un but d’une telle solennité. Cela lance un défi à l’insipide incrédulité moderne; croyons-nous toujours à un tel pouvoir? Incidemment cette pratique jette une lumière sur le rapport entre Satan et le péché et la maladie.

L’ESPRIT de DISCIPLINE — Ceci est la plus grande importance et c’est là particulièrement qu’on risque de faiblir. Si la discipline n’est pas exercée dans un bon esprit elle ne sera pas accompagnée de la puissance du Saint Esprit pour la renforcer et n’accomplira rien si ce n’est du mal. La plupart d’entre nous reculent lorsqu’il faut exercer la discipline car nous sommes conscients de nos propres faiblesses et nous nous sentons totalement indignes de "juger". Il est bien de reconnaître sa faiblesse personnelle et la meilleure discipline dans l’Eglise est exercée avec tremblement, mais cela n’est pas une excuse pour négliger les devoirs de l’amour.

Il faut reconnaître les grande principes dans le N.T. la discipline ne doit pas être considérée comme une arme pour renforcer l’autorité de quelque conducteur particulier ou pour forcer à des subjections dans une forme spéciale de gouvernement ou dans un moule doctrinal Elle n’a jamais été considérée ainsi dans l’Eglise primitive, de tels abus prirent naissance plus tard. Le seul but de la discipline dans 1’ Eglise, d’après les Ecritures est de maintenir la pureté extérieure du témoignage de l’Eglise dans la vie et la conduite et la réforme si c’est possible, du coupable lorsque des méthodes moins sévères ont échoué, Paul le décrit très bien lorsqu’il dit: "User de rigueur selon l’autorité que le Seigneur m’a donnée pour l’édification et non pour la destruction" {2Co 13.10}

La discipline doit toujours être considérée comme dernière ressource. L’apôtre, avant de menacer de la "verge" {1Co 4.21} employait tous les autres moyens de ramener ses enfants spirituels rebelles Il employait l’argumentation privée et la supplication {1Co 1.10; 4.16} le reproche; {1Co 3.3} le raisonnement {1Co 3.4} etc. l’avertissement {1Co 3.17; 4.14} et même l’ironie et le sarcasme. {1Co 4.8} En écrivant aux Galates remarquez aussi comme il fit appel à leur amour personnel pour lui; {Ga 4.13-15} bien qu’il réprouve sévèrement il désire "changer de langage" {Ga 4.20} si seulement ils changent d’esprit. Dans le même esprit il leur conseille de rétablir dans un esprit de douceur un frère qui a été surpris dans une faute. {Ga 6.1} L’esprit général et la lettre du N.T. sont opposés à des actes précipités de soi-disant "discipline" par des conducteurs obstinés, volontaires et autoritaires. La discipline est l’acte d’un véritable père spirituel et sera exercée d’un cœur affligé attentif au moindre signe de repentance.

L’amour est le but suprême. Amour pour les brebis qui ont erré si elles pouvaient être ramenées, amour pour le troupeau dans son ensemble, afin qu’il puisse être délivré de ceux qui voudraient seulement porter atteinte à sa santé spirituelle et à ses progrès. Amour pour le Grand Berger des brebis, afin que son Saint Nom ne soit pas traîné aux yeux du monde dans la boue et la honte et du scandale.

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