L’Église primitive jusqu’à la mort de Constantin

6. Gallien empereur. — 260.

Les empereurs Gallien et Aurélien. — Denys, évêque d’Alexandrie, et Grégoire le Thaumaturge.

En l’an 259, Valérien fut fait prisonnier dans la guerre contre les Perses. Son fils Gallien lui succéda. Le nouvel empereur s’inquiéta moins des affaires publiques que son père, et, peu soucieux de maintenir le culte national, il mit un terme à la persécution. Bien plus, il fit publier un édit accordant aux chrétiens le libre exercice de leur religion et leur rendant les terres, les églises et les cimetières confisqués sous le règne précédent. Ce fut la reconnaissance légale de l’Église chrétienne. Nulle corporation, en effet, ne pouvait posséder, d’après la loi romaine, sans être préalablement reconnue. Toutefois, en Egypte et en Orient, où Macrien avait usurpé l’autorité impériale, l’édit de Gallien ne put venir à effet avant sa chute en 261.

Eusèbe nous raconte un martyre arrivé à cette époque en Palestine. Un soldat chrétien de Césarée allait être promu au rang de centurion. Au moment même où il était sur le point de prendre possession de ce ranga, un autre soldat, immédiatement inférieur à lui, s’avança et déclara que, conformément aux lois anciennes, Marin ne pouvait y être promu, parce qu’il était chrétien et refusait de sacrifier à l’empereur. On admit l’objection et trois heures furent accordées à Marin pour apostasier. Il sortait à peine du prétoire que Théotecne, évêque de la ville, le prenait par la main et le conduisait à l’église. Alors, soulevant un peu sa casaque de soldat et lui montrant l’épée suspendue à son côté, l’évêque lui présenta en même temps les évangiles en le priant de choisir entre les deux. Sans hésiter un instant, Marin choisit le saint volume. « Maintenant, ajouta l’évêque, reste uni à Dieu et puisses-tu posséder ce que tu viens de choisir. Va en paix. » A l’heure même où il retournait au prétoire, il entendit appeler son nom, car les trois heures étaient expirées. Il persévéra dans sa foi et fut décapité. Un des spectateurs de son supplice, le chrétien Astyrius, appartenant à une noble et riche famille romaine, prit le corps, le recouvrit d’un manteau précieux, et l’emportant sur ses épaules, le fit ensevelir honorablementb.

a – Eusèbe donne au rang de centurion, le nom de « l’honneur de In vigne », parce que, chez les Romains, un bâton fait de cep de vigne était l’attribut des centurions.

b – Eusèbe, liv. VII, chap. 15, 16.

A la mort de Macrien, les Églises goûtèrent du repos pendant une génération entière, et le siècle se termina sans que le glaive de l’intolérance sortît de son fourreau. Il est vrai qu’Aurélien (270-275), fils d’une prêtresse du Soleil, fit publier vers la fin de son règne des édits sanguinaires contre les chrétiens. Mais ses cruelles intentions restèrent sans effet à cause de sa mort prématurée. On peut juger de ce que les chrétiens avaient à attendre de lui et de la vitalité persistante des superstitions anciennes, par le discours qu’il prononça au sénat, alors que la proposition de consulter les livres sibyllins souleva quelque opposition. « Je suis fort surpris, pères conscrits, dit-il, de l’hésitation que vous manifestez à ouvrir les livres sibyllins. On dirait que vous discutez dans une église de chrétiens et non dans le temple des dieux. A l’œuvre ! que la pureté de vos prêtres, que l’exact accomplissement des rites solennels viennent en aide à votre prince dans ces difficiles conjonctures. Que les livres sibyllins soient examinés et que leurs prescriptions soient ponctuellement obéies. Faut-il faire des dépenses, immoler des captifs, offrir des victimes royales, je suis prêt à tout donner. Rien ne doit arrêter, dès qu’il s’agit de vaincre par l’aide des dieux. Ainsi, dans les jours d’autrefois, on terminait les guerres, après les avoir ainsi entreprises. Quant aux dépenses, j’ai donné ordre au préfet de ma caisse de les payer ; du reste, le trésor public est dans vos mainsc. »

c – Vopiscus, Vie d’Aurélien, chap. 20. Voy. Cooper, Free Church, 311, 312.

C’est pendant la période de tranquillité qui suivit la mort de Macrien que les deux plus illustres disciples d’Origène, Denys et Grégoire le Thaumaturge, quittèrent ce monde.

Nous avons déjà nommé le premier, qui était évêque d’Alexandrie. Né de riches parents païens, il dut, lors de sa conversion, renoncer à tous les honneurs humains. Il succéda, dans l’école catéchétique, à Héraclas, autre disciple d’Origène (232). Plus tard, vers 247, il lui succéda sur le siège épiscopal. Il mourut vers 265.

Denys était un vrai disciple d’Origène. Une lettre qu’il écrit à Philémon, prêtre de Rome, montre toute l’indépendance de son caractère. « J’ai lu, lui dit-il, les écrits des hérétiques. Pendant quelque temps, leurs opinions détestables ont souillé ma pensée. Mais j’y ai gagné de pouvoir leur opposer une réfutation personnelle et d’éprouver pour elles une répulsion encore plus grande. Un de nos prêtres, craignant que je ne fusse entraîné dans cet abîme d’iniquité, voulait me détourner de ces lectures. Mais une voix du ciel me dit : Lis tout ce qui te tombe sous la main, car tu es capable de tout contrôler. C’est ainsi que tu es arrivé à Jésus-Christ. Cette voix me parut être d’accord avec le précepte apostolique, adressé à ceux dont l’esprit est ferme : soyez prudents comme les changeurs. »

[C’est-à-dire, habile à distinguer la pièce fausse de la bonne. Ces mots se trouvent dans l’un des évangiles apocryphes. Eusèbe, liv. VII, chap. 7l. Neander, II, 483, 484. Cf. de Pressensé, op. cit., p. 390.]

Denys donnait aussi l’exemple de la modération et de la bienveillance. Voici, par exemple, la conclusion d’une lettre qu’il écrit à son suffragant sur des matières de discipline ecclésiastique et de culte : « J’ai donné mon avis, non comme un docteur, mais en toute simplicité, comme il convient de discuter entre nous. Examine-le, ô mon fils très sage, et écris-moi si tu as trouvé quelque idée plus juste et mieux fondée que la mienne, ou si tu t’es rangé à mon opinion. » Un évêque égyptien, Nepos, matérialisait les espérances chrétiennes relatives au millénium (Τρυφής σωματικῆς). Son erreur lui ayant survécu, Denys entreprit d’en écrire la réfutation. Dans ce traité, au lieu de fulminer contre l’auteur, il parle de lui avec affection et respect. « Non seulement, dit-il, j’étais sur bien des points d’accord avec lui, mais je l’aimais à cause de sa foi, de son activité, de sa connaissance des Écritures et du soin qu’il apportait à tout ce qui concernait le chant… Je le respecte aussi parce qu’il n’est plus. » Mais, ajoute-t-il, il faut avant tout aimer et respecter la vérité.

Outre sa réfutation écrite de l’opinion erronée de Népos, Denys eut une conférence avec le chef de cette hérésie, Coracion, et ses principaux adeptes. Sa conduite dans cette circonstance peut servir d’exemple à tous les chrétiens dans leurs discussions. « Lorsque j’étais à Arsinoé, écrit-il, je réunis les prêtres, les docteurs et tous les fidèles qui le désirèrent, pour examiner ensemble cette doctrine. On ne manqua pas de m’opposer le livre de Népos comme une forteresse inexpugnable. Pendant trois jours entiers, du matin jusqu’au soir, je cherchai avec eux à en réfuter les arguments. J’admirai alors la douceur, la sincérité, la docilité et les lumières de nos frères, la modération de leurs questions et de leurs objections, et l’esprit de conciliation qui régnait entre nous. Quand nous avions reconnu la fausseté d’une opinion, nous nous gardions, par-dessus tout, de la soutenir avec opiniâtreté. Nous n’éludions point les objections, mais nous tâchions d’établir, par des preuves solides, ce dont il était question ; et lorsque l’on nous convainquait par raison, nous n’avions point de honte de nous rendre et de changer de sentiment. Nous recevions de bonne foi, et les cœurs ouverts devant Dieu, tout ce que nous reconnaissions être prouvé par les saintes Écritures. Enfin, Coracion, après avoir entendu tous les frères, se reconnut convaincu par les arguments qui lui avaient été proposés, et déclara qu’il cesserait désormais d’enseigner cette doctrine. »

Il existe un traité de Denys dirigé contre les philosophes épicuriens. Les Épicuriens niaient l’existence du Dieu créateur et providence, et attribuaient la formation de l’univers à une combinaison fortuite des atomes. Citons-en quelques lignes. « Ils donnent le nom d’atomes, dit-il, à des corps extrêmement petits et impérissables, infinis en nombre, et occupant un espace d’une étendue non moins infinie. Ils disent que ces atomes, tout en roulant au hasard dans le vide, se choquent les uns les autres dans un tourbillon désordonné, créent en se mêlant une multitude de formes diverses, se combinent entre eux et deviennent ainsi, peu à peu et graduellement, le monde et tout ce qu’il contient. » Bien certainement, répond Denys, Épicure n’a jamais considéré les cieux avec les yeux d’une intelligence saine ; il n’a jamais entendu la voix éclatante qu’avait si bien entendue un autre observateur des cieux, lorsqu’il disait : « les cieux racontent la gloire de Dieu, et l’étendue donne à connaître l’œuvre de ses mains. » Il n’a pas non plus regardé avec assez de réflexion la surface de la terre, car sans cela il aurait compris que « la bonté de l’Éternel remplit la terre » et qu’« à l’Éternel est la terre et tout ce qu’elle renfermed ».

dPsaumes 19.1 ; 33.5 ; 24.1. Contre les Epicuriens, II, chap. 1, 5.

Grégoire le Thaumaturge (faiseur de miracles) était encore plus cher à Origène que Denys. Il était né à Néo-Césarée dans le Pont, de parents païens riches et nobles. Son vrai nom était Théodore. A l’âge de quatorze ans, il perdit son père et passa lui-même par une remarquable expérience spirituelle. « Dans la maison paternelle, dit-il, je vivais au sein de l’erreur. La mort de mon père devint peut-être pour moi l’occasion de commencer à connaître le salut. C’est alors, en effet, que je fus amené à la vérité. Comment cela se fit-il ? je ne saurais le dire ; ce fut toutefois moins par un libre choix que par contrainte. A partir de ce moment, le Verbe sacré vint en quelque sorte me visiter. Je n’y prêtai alors, jeune comme je l’étais, qu’une médiocre attention. Maintenant, au contraire, en y réfléchissant mieux, j’y vois une preuve manifeste de cette providence merveilleuse qui veillait sur moi. Lorsque mon âme commença à acquérir la force de raisonner, elle ne fut pas affranchie de cette crainte que la raison sanctionne, mais le divin et l’humain commencèrent à agir de concert en moi, l’un prêtant l’aide, l’autre la recevant. En réfléchissant aujourd’hui à tout cela, je me sens rempli à la fois de joie et de crainte. De joie, parce que j’ai été guidé par la Providence ; de crainte, parce qu’après avoir reçu de telles bénédictions, je tremble de ne pas rester fidèle jusqu’à la fin. » Ainsi le Seigneur lui-même le visitait, avant même qu’il eût la moindre connaissance de l’Évangile.

Jusqu’alors, néanmoins, la vie religieuse n’occupait chez Théodore qu’une place subordonnée. Faire brillamment son chemin dans le monde lui paraissait bien autrement important. Sa mère voulait en faire un avocat, et il étudiait dans ce but la langue latine et les lois romaines. Il se proposait même de visiter Rome. « Mais tout à coup, raconte-t-il, il sembla que des liens vinssent paralyser tous mes mouvements. » Au lieu d’aller à Rome, il fut amené à se rendre à Césarée de Palestine. Le mari de sa sœur, qui était l’assesseur légal du préfet de Palestine, avait été appelé dans cette ville par ses fonctions, et il avait du, bien à contre-cœur, laisser sa femme derrière lui. Ayant obtenu peu après la permission de la faire venir, il pria le jeune Théodore de lui servir de compagnon de voyage. « Tandis que mon frère et moi, ajoute Grégoire, nous nous disposions à partir, un soldat nous remit tout à coup une lettre nous enjoignant de conduire notre sœur à son mari. Nos amis y firent d’autant moins d’objections, que nous devions avoir par là l’occasion de visiter Béryte (Beyrouth) et d’y poursuivre nos études dans l’école de droit de cette ville, Béryte étant assez près de Césaréee. »

e – L’école de droit continua à exister jusqu’à la conquête mahométane. Sous Justinien (527-565) elle était, avec Rome et Constantinople, l’une des trois grandes écoles de droit de l’empire.

A cette époque Origène demeurait à Césarée et c’est « à ses soins que mon guide divin confia mon frère et moi ». A peine nos deux voyageurs furent-ils placés sous son influence, qu’ils furent « pris comme des oiseaux dans un filet », et que, lorsqu’ils voulurent essayer de retourner chez eux ou de se rendre a Béryte, ils ne purent se décider à partir.

Origène remarqua de suite tout ce que promettait son jeune disciple et parvint bientôt à lui inspirer son amour enthousiaste de la vérité. De son côté, Grégoire conçut pour son maître une affection et un respect profonds. Il a parlé de lui dans des termes qui respirent la plus vive admiration. « Il unissait, dit-il, à une grâce pleine de charme une grande puissance de persuasion. Je ne puis redire ici tous les arguments qu’il invoquait pour nous amener à étudier la philosophie. Il assurait qu’il ne peut y avoir de vrais sentiments de piété pour le Seigneur dans un homme qui ne sait pas apprécier réellement la philosophie. N’est-ce pas l’homme, seul entre toutes les créatures terrestres, qui a été jugé digne de la connaître ? A force de raisonner avec nous sur ce sujet, il finit par nous entraîner comme par une sorte de pouvoir divin. Il déposa au fond de notre âme une étincelle qui alluma dans nos cœurs un amour ardent de la Parole de vérité, le plus aimable de tous les objets. Nous aimions cette Parole, dont l’ineffable beauté attire irrésistiblement tout homme vers le Maître, et nous aimions en même temps cet homme qui était devenu son ami et son avocat. Je fus moi-même si pénétré par cet amour que je me laissai persuader de renoncer à tout ce que j’avais désiré et poursuivi, d’abandonner la jurisprudence, dont je faisais un tel cas, oui, et même de quitter ma patrie et mes amis.

Origène ne se bornait pas à développer, dans son enseignement, les facultés de l’esprit qui servent à l’étude de la dialectique. Il nous entretenait aussi de la science de la nature. Il distinguait et expliquait les nombreuses variétés des objets créés. Il en exposait les révolutions et les changements multiples, jusqu’à ce qu’il eût transformé en une admiration raisonnée notre admiration instinctive du plan divin de l’univers… Il ne négligeait pas pour cela de nous apprendre à nous connaître nous-mêmes, ce qui est le résultat suprême de la philosophie. Il nous accoutumait à ne pas nous contenter de vaines paroles en matière de morale et, à l’enseignement de ce qui doit être fait et de ce qui doit être laissé, il joignait les plus sérieuses exhortations de ne point abandonner la pratique de la vertu. Il nous stimulait encore plus par ses actes, que par la doctrine qu’il professait…

Il trouvait que nous devions étudier tout ce qu’ont écrit les anciens poètes ou philosophes, et ne faisait d’exception que pour les écrits des athées. Il craignait qu’en lisant ces derniers, notre âme, créée pour la piété, ne fût souillée par des paroles contraires à la foi en Dieu. Au reste, il mettait une attention scrupuleuse à l’application de ce principe. Il ne voulait pas qu’aucune parole, fût-elle fausse, pénétrât dans notre esprit et s’y établit. Il craignait que nous ne finissions par perdre le pouvoir de l’en chasser et de nous en purifier. Car c’est une forte et active puissance que la parole humaine ; subtile dans ses sophismes, elle est prompte à trouver sa voie et à agir sur l’esprit de l’homme. Et quand une fois elle a pris possession de cet esprit, elle le domine, même si elle est une parole de mensonge. Comme un enchanteur, elle fait son champion de celui-là même qu’elle a trompé… Il n’y a pas de forêt si épaisse et si touffue, il n’y a pas de marais si dangereux, il n’y a pas de labyrinthe si embrouillé ou inextricable, que les sophismes d’une philosophie faussement ainsi nomméef. »

fPanégyrique d’Origène, chap. 5, 6, 8, 9, 13, 14.

Théodore passa cinq ans à Césarée. Probablement il s’y serait fixé sans la persécution sous Maximin le Thrace. Mais son chagrin de quitter Origène fut tel, qu’il compare l’affection qu’il avait pour lui à celle qui unissait David et Jonathan, et la nécessité de quitter Césarée, à l’expulsion d’Adam du paradis terrestre.

Dès son retour à Néo-Césarée, Théodore prit le nom de Grégoire. Une lettre d’Origène l’y suivit bientôt. Elle lui répétait des conseils souvent donnés déjà. Elle lui disait de s’appliquer à l’étude de la littérature classique, rassurant que c’était le meilleur moyen de triompher des préjugés des Égyptiens, et de montrer aux païens la supériorité de l’Évangile. Pour pouvoir mieux suivre les conseils d’Origène, Grégoire quitta la ville et vécut dans la solitude. C’est là qu’il reçut de l’évêque d’Amisus l’ordre d’accepter la charge d’évêque de Néo-Césarée. Une nature aussi sensible que la sienne devait reculer devant une pareille responsabilité ; aussi Grégoire resta-t-il loin de l’atteinte de l’évêque jusqu’au moment où, ne pouvant le trouver, celui-ci imagina de le consacrer quand même. A l’ouïe de ce singulier procédé, Grégoire céda et s’occupa dès lors avec zèle des devoirs de sa charge. Il s’en occupa même avec un tel zèle que, si l’on en croit les termes un peu emphatiques de son biographe, « tandis que lors de son ordination on comptait dans la ville dix-sept chrétiens en tout, lors de son décès (entre 265 et 270), il ne restait plus que dix-sept païens. »

[Introduction aux œuvres de Grégoire dans l’Ante-Nicene Library. Le fait de sa consécration forcée est raconté dans sa Vie par Grégoire de Nysse, et bien que cet ouvrage soit rempli d’histoires incroyables, cependant, dans le cas actuel, il y a, dans la tradition de famille qui nous a révélé le fait, une probabilité de plus. C’est par Macrina, sa grand’mère, que Grégoire de Nysse l’a su. Dans le Menologium Græcorum, ou Calendrier mensuel des saints grecs, composé par ordre de l’empereur Basile, au ixe siècle, et à la date du 17 novembre, on trouve la mention de ce même fait.]

Grégoire occupa le siège de Néo-Césarée pendant trente ans environ. Il fut nommé le Thaumaturge, à cause du pouvoir miraculeux que lui attribuait le vulgaire, et on raconte sur lui une foule de légendes. Si, laissant de côté le merveilleux, nous cherchons à apprécier sa personne telle que l’histoire la présente, nous saluerons en lui un homme éminent par sa bonté et ses talents, profondément versé dans la connaissance des fables païennes et de la science de son temps, et pénétré encore davantage de l’esprit d’une autre sagesse qu’il avait puisée, par la volonté de Dieu, à l’école de l’illustre penseur d’Alexandrie. Nous le verrons exercer un ministère aussi sérieux et éclairé que fidèle pendant plusieurs années et s’acquitter avec zèle d’une charge qu’il n’avait point choisie, mais pour laquelle il avait été choisi.

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