Histoire ecclésiastique - Eusèbe de Césarée

LIVRE VI

CHAPITRE XIV
QUELLES ÉCRITURES IL CITE

[1] Pour abréger, dans les Hypotyposes, il fait des exposés, sous forme de résumés, de toute l'Écriture testamentaire, sans omettre les livres controversés ; je dis l'épître de Jude et les autres épîtres catholiques, celle de Barnabé et l'Apocalypse attribuée à Pierre. [2] Il dit que l'épître aux Hébreux est de Paul, qu'elle a été écrite aux Hébreux dans leur langue, mais que Luc l'a traduite avec soin et l'a publiée pour les Grecs ; voilà pourquoi on trouve à la traduction de cette épître le même air qu'aux Actes. [3] Elle n'a pas l'inscription « Paul apôtre », et c'est naturel, car, dit Clément, « il l'adressait aux Hébreux qui avaient contre lui une prévention et qui le tenaient en défiance ; il fut tout à fait avisé pour ne pas les rebuter dès le début, de ne pas mettre son nom ». [4] Ensuite un peu plus bas il ajoute : « Alors, ainsi que le disait le bienheureux presbytre, quand le seigneur Paul, qui était apôtre du Tout-Puissant, fut envoyé aux Hébreux, bien qu'il fût destiné aux Gentils, il ne s'intitula pas apôtre des Hébreux, par humilité et par respect pour le Seigneur, et aussi parce qu'il écrivait aux Hébreux par subrogation, étant le héraut et l'apôtre des Gentils. »

[5] Dans les mêmes livres, Clément établit encore, en ce qui regarde l'ordre des Évangiles, la tradition des anciens presbytres qui est la suivante. Il dit que les Évangiles qui contiennent les généalogies furent écrits avant les autres. [6] Celui de Marc fut entrepris de la façon suivante : Pierre prêchait publiquement à Rome la parole de Dieu, et exposait l'évangile sous l'action de l'Esprit ; ceux qui avaient assisté à ses prédications (ils étaient nombreux) exhortèrent Marc qui avait accompagné Pierre depuis longtemps et qui se souvenait des choses dites par lui, à les consigner par écrit. Il le fit et il donna l'Évangile à ceux qui le lui avaient demandé. [7] Pierre l'apprit, et ne fit rien par ses conseils pour l'empêcher ni pour l'y pousser. Cependant Jean, le dernier, voyant que le côté matériel avait été mis en lumière dans les évangiles, poussé par les disciples et divinement inspiré par l'Esprit, fit un évangile spirituel. Voilà ce que dit Clément.

[8] A son tour, Alexandre, qui est mentionné plus haut, parle de Clément en même temps que de Pantène, dans une lettre à Origène, comme de gens qui lui étaient connus ; voici ce qu'il écrit :  Ce fut en effet aussi la volonté de Dieu, comme tu sais, que depuis le temps de nos aïeux, notre amitié demeurât inviolable et bien mieux qu'elle devînt plus ardente et plus forte. [9] Nous connaissons ces bienheureux pères qui nous ont précédés dans le chemin et vers qui nous serons bientôt : Pantène qui est vraiment bienheureux et maître, ainsi que le vénérable Clément qui est devenu mon maître et qui m'a secouru, et tel autre encore s'il en est quelqu'un. Par eux je l'ai connu, toi en tout excellent, mon seigneur et frère. » [10] Voilà ce qu'il écrit.

Quant à Adamantios (c'est le nom d'Origène), aux temps où Zéphyrin gouvernait l'église des Romains, il séjourna à Rome ainsi qu'il l'écrit quelque part en ces termes : « Ayant souhaité voir la très ancienne église, des Romains. » Il y resta peu et il revint à Alexandrie [11] où il remplit ses fonctions accoutumées à la catéchèse avec tout son zèle. Démétrius, qui était alors évêque de cette ville, l'encourageait et, pour ainsi dire, prenait sans hésitation l'initiative de lui demander de subvenir au besoin des frères.

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