Histoire ecclésiastique - Eusèbe de Césarée

LIVRE VI

CHAPITRE XXV
COMMENT IL CITE LES ÉCRITURES TESTAMENTAIRES

[1] Du reste, en commentant le premier psaume, il établit le catalogue des Saintes Écritures de l'Ancien Testament et il écrit ces paroles&sp;: « On ne doit pas ignorer que les livres testamentaires sont au nombre de vingt-deux ainsi que les Juifs nous l'ont transmis ; ce nombre est chez eux celui des lettres. » [2] Ensuite il ajoute : « Les vingt-deux livres des Hébreux sont ceux-ci : celui qui est intitulé chez nous Genèse, et chez eux Bresith, à cause du début du livre, qui est : « Au commencement ». — Exode, Ouellesmoth, c'est-à-dire « Voici les noms ». — Lévitique, Ouicra : « Et il a appelé ». — Nombres, Ammesphecodéim. — Deutèronome, Elleaddebarèim : « Voici les paroles ». — Jésus fils de Navé, Josuébennoun. — Juges, Ruth, chez eux en un seul, Sophtéim. — Le premier et second des Rois, chez eux un seul, Samuel, « élu de Dieu ». — Le troisième et quatrième des Rois, en un, Onammelch David, ce qui signifie « Règne de David ». — Le premier et second des Paralipomènes, en un, Dabreïaméin, ce qui signifie : « Paroles des jours ». — Le premier et second d'Esdras, en un, Ezra, c'est-à-dire « Auxiliaire ». — Livre des Psaumes, Spharthelléim. — Proverbes de Salomon, MelothEcclésiaste, Koelth. — Cantique des cantiques (et non pas, comme certains pensent, Cantiques des cantiques), Sirassiréim. — Isaïe, Iessia. — Jérémie avec Lamentations, et l'Épître en un, lêrèmia. — Daniel, Daniel. — Ézéchiel, Ièzêchiel. — Job, Job. — Esther, Esther. En outre de ceux-ci, il y a encore les Machabées, qui sont intitulés Sarbethsabanaiel.

[3] Voilà ce qu'établit Origène dans l'ouvrage désigné plus haut. D'autre part, dans le premier livre des Commentaires sur l'Évangile de Matthieu, conservant le canon ecclésiastique, il atteste qu'il ne connaît que quatre Évangiles, et écrit ce qui suit : [4] « J'ai appris comme étant de la tradition, en ce qui concerne les quatre Évangiles qui sont les seuls incontestés dans l'Église de Dieu qui est sous le ciel, que le premier écrit est celui selon Matthieu, publicain d'abord, puis apôtre de Jésus-Christ ; il fut destiné à ceux qui avaient passé du Judaïsme à la foi, et fut composé en langue hébraïque. [5] Le second est celui selon Marc, qui l'a fait selon les indications de Pierre ; celui-ci du reste atteste dans l'épître catholique, qu'il est son fils et il parle en ces termes : « l'Église élue qui est à Babylone et Marc « mon fils vous salue ». [6] Le troisième est celui selon Luc, l'Évangile loué par Paul et composé pour les gentils. Après tous vient celui selon Jean. »

[7] Dans le septième livre de ses Commentaires exégétiques sur évangile de Jean, le même écrivain dit encore ceci des épîtres des apôtres : « Devenu digne d'être le ministre du Nouveau Testament non pas selon la lettre, mais selon l'esprit, Paul, après avoir pleinement prêché l'Évangile, depuis Jérusalem jusqu'à l'Illyricum, n'a pas écrit à toutes les églises qu'il a enseignées ; mais à celles auxquelles il s'est adressé, il n'a envoyé que peu de lignes. [8] Pierre, sur qui est bâtie l'Église du Christ, contre laquelle les portes de l'enfer ne prévaudront pas, a laissé une épître incontestée, et peut-être une seconde, car cela est mis en doute. [9] Que faut-il dire de celui qui a reposé sur la poitrine de Jésus, de Jean qui a laissé un Évangile ? Il confesse pouvoir faire plus de livres que le monde ne serait capable d'en contenir ; il a encore écrit l'Apocalypse, puis il a reçu l'ordre de se taire et de ne pas écrire les voix des sept tonnerres. [10] Il a laissé aussi une épître de fort peu de lignes, peut-être une seconde et une troisième ; tous en effet ne disent pas que celles-ci soient authentiques ; seulement l'une et l'autre n'ont pas cent lignes.

[11] En outre, au sujet de l'Épître aux Hébreux, dans les Homélies écrites sur elle, Origène explique encore ceci : « Le caractère du style de l'Épître intitulée Aux Hébreux n'a pas la manière simple du langage de l'apôtre qui avoue qu'il est grossier dans son parler, c'est-à-dire dans sa phrase, mais l'épître est très grecque par le travail du style. Quiconque sait apprécier les différences des expressions pourra l'attester. [12] D'ailleurs, que les pensées de l'épître sont admirables et pas inférieures aux écrits apostoliques incontestés, quiconque s'occupe de la lecture des textes apostoliques, pourra convenir que cela est la vérité. » [13] Plus loin, il ajoute les paroles suivantes : « Pour moi, si je donnais mon avis, je dirais que les pensées sont de l'apôtre, mais la phrase et la composition sont de quelqu'un qui rapporte les enseignements de l'apôtre et pour ainsi dire d'un écolier qui écrit les choses dites par le maître. Si donc quelque église regarde cette épître comme de Paul, qu'elle soit félicitée même pour cela ; car ce n'est pas au hasard que les anciens l'ont transmise comme étant de Paul. [14] Mais qui a rédigé la lettre ? Dieu sait la vérité ; un récit est venu jusqu'à nous de certaines gens qui disent que Clément, qui fut évêque de Rome, l'a écrite, et d'autres qui désignent Luc, celui qui a composé l'Évangile et les Actes. » Mais en voilà assez, ainsi.

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