Histoire ecclésiastique - Eusèbe de Césarée

LIVRE VII

CHAPITRE XVII
LES SIGNES À PANÉAS DE LA GRANDE PUISSANCE DE NOTRE SAUVEUR

[1] Puisque je suis venu à mentionner cette ville, je ne crois pas juste de passer un récit digne de mémoire même pour ceux qui seront après nous. L'hémorrhoïsse, que les Saints Évangiles nous apprennent avoir trouvé auprès de Notre Sauveur la délivrance de son mal, était, dit-on, de là ; on montre même sa maison dans la ville et il reste un admirable monument de la bienfaisance du Sauveur à son égard.

[2] En effet sur une pierre élevée à la porte de sa maison, se dresse l'image en airain d'une femme qui fléchit le genou, les mains tendues en avant, semblable à une suppliante ; en face d'elle se tient une autre image de même matière représentant un homme debout, magnifiquement drapé dans un manteau et tendant la main à la femme ; à ses pieds se trouve, sur la stèle même, une sorte de plante étrangère, qui s'élève jusqu'à la frange du manteau d'airain ; elle est un antidote pour toutes sortes de maladie. [3] On dit que cette statue reproduit l'image de Jésus ; elle est demeurée même jusqu'à notre époque, en sorte que nous l'avons vue nous-mêmes lorsque nous sommes venus dans la ville. [4] Il n'y a rien d'étonnant à ce que les anciens païens, objets des bienfaits de notre Sauveur, aient fait cela, puisque nous avons vu aussi que les images des apôtres Pierre et Paul et du Christ lui-même étaient conservées dans des tableaux peints ; ainsi qu'il était naturel, les anciens avaient, sans distinction, coutume de les honorer comme des sauveurs, de même manière, selon l'usage païen en vigueur parmi eux.

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