Histoire de la restauration du protestantisme en France

10. Lettre de Corteiz à Vesson, lui annonçant sa déposition

13 décembre 1720.

Monsieur, vous serez informé comme nous nous sommes assemblez en colloque, le 13 du courant, au nombre de 25 anciens, entre lesquels il y avait un ministre et deux proposans. Après avoir invoqué le saint nom de Dieu pour luy demander sa protection, son amour, sa grace, son esprit de lumière, de sagesse et de santification, nous avons colon les regles de la dissipline exclesiastique étably un modérateur, après quoy les députés du sinode du 20 7bre ont informé la vénerable compagnie de tout ce que s’y etaient proposé et delibéré. Après quoy ont et venu a parler de vous et de la letre par laquelle vous etiez prié de vous rendre au présent sinode. Un Encien a dit que peu etre vous ne l’aviez pas reçue. Pandant cette intervalle, il et arrivé deux hommes de chez vous scavoir un ilustre Encien et un bon fidelle qui ont temoigné comme vous aviez vrayement reçu la letre et declaré en même temps que vous netiez pas dans le santiment de venir n’y dans les colloques, n’y dans les sinodes. Alors la vénerable assemblée a été priée d’examiner meurement et en bonne consience s’il et fort hutille qu’il y ait dans l’Église de consistoires et un ordre. Dans ce même instan, a été produit une lettre de M. le celebre P. prouvant l’hutilitté et la nécessité de la dissipline, disant que le fils de Dieu, ny les apôtres, ny les prophetes, non jamais combatu lordre. Ils travaillaient à destruire les erreurs et les prejugez, mais non jamais touché à l’ordre, bien que la doctrine fut corrompue, qu’on ne peut jamais etablir une bonne doctrine sans etablir en même tems un ordre et une bonne dissipline pour la soutenir. Les apotres premiers fondateurs de la religion Chretienne ont etably des reglements et esprecement recommande l’exatte observation de l’ordre. S. Paul dit a l’Église de Corinthe (1Corinth.14.40) que Dieu et un Dieu d’ordre et de paix et non pas de confussions, de même les enfans de Dieu sont des enfans de paix et d’ordre et non pas de trouble. Le méme apotre dit a son dissiple Titte (chap. 1, v. 5), qu’il lavait laisse en Crete afin qu’il continue ametre toutes choses en bon ordre et qu’il etablisse des enciens de lieu en lieu. S. Cyprien, nonostonant les cruelles persécutions, ont voit dans ces lettres apologiques, que quelques uns appellent apostoliques, qu’ils établissent partout où il passait des Enciens et un ordre. La meme chose ont lit dans les ecrits de Beze. Helas ! que serait un corps, une société, une Republique, un royaume, une armée, sans un ordre, sans une dissipline. L’ordre a de grandes hutillitez. Il est bon pour reunir les esprits, pour reconseiller les affections, banir les esquandalles, humilier les pecheurs, corriger les vicieux ; trez bon pour conduire les assemblées duement convoquees, pour secourir les pauvres, pour dissiper l’erreur ; en un mot, l’ordre donne une double force pour combattre les ennemis de la piété, les averssaires de la paix et de la concorde ; ce n’est pas sans de grandes raisons que l’ordre et appelé lame de l’Église et le nerdt de la religion.

Après que la vénérable compagnie a leu reconnu la necessité de l’ordre, tant par les livres des Peres que par lecriture Sainte, comme aussy par les lettres de nos tres et honores freres des pais etrangers, l’assemblée a unanimement convenu que chimatiques et sectateres soient bannys de la paix de l’Église, qui soients ministres, qui soients proposants, qui soients Enciens, qui soients lahiques de quelque ordre qu’ils soients, après la 1re, la 2, la 3 admonition, qu’on le tienne pour heretique. Cela et la santance de S. Paul, et le fils de Dieu veut qu’on les regarde comme des payents et comme des infidelles ceux qui ce raidissent contre les Enciens et contre l’Église. Il faut dont convenir que celuy qui refuse de ce soumettre à l’ordre et aux bons reglements que la sagesse de Dieu a etably pour la conduitte et gouvernent de son Église ne sont pas les plus humbles ny les meilleurs cretiens. Là dessus, un de la compagnie a raporté en belles parolles de S. Paul aux Romains chap. 16 v. 17 prenez garde a ceux qui font des partialitez et qui causent du esquandalle. En effet une personne, qui fait secte a part, cause des oribles exquandalles, il ce cepare de la paix de l’Église, il ront le sacré ugnion de l’Église par son injuste ceparation.

La vénérable compagnie, au nombre de laquelle il n’y a personne qui vous puisse etre suspecte, vous a trouvé coupable de tous ces crimes. Prouvant que vous aviez refusé cette fois de vous randre dans le present sinode ou colloque, la compagnie a justement dit que, sy vous étiez innossant des crimes dont l’on vous impute, vous seriez venu pour maniffester votre innossance, mais vous seriez encore venu tant plus volontiers parce que vous pouviez venir et parler sans craintes. Mais ce n’est pas la M. le seul crime dont vous étiez coupable, quoy que cela suffirait pour mettre en prison et entierement de mettre tan un ministre que un pretre quy refuserait de ce rendre dans un lieu qui serait appellé et ou il pourraient parler sans danger.

En 2 lieu, vous etes coupable d’avoir baptizé des enfans dans le tems que, bien loin qu’on vous leut commandé, ont vous l’avait defandut, et qui y a de ministres qui ont reçeu toutes les formalités requisses pour faire cette Ste fonction ; c’est encore un grand crime, car c’est faire revivre lerreur des Marcionites et autoriser celle de l’Église Romaine qui simagine que la necessité autorise hommes et femmes, sans produire de sollides raisons. Mais ceux qui sont heureusement instruits dans la religion Chretienne croient avec tous les ortodoxes qu’il n’est permy d’aministrer les sacrements qu’a ceux qui ont reçu une légitime vocation, dans un temps de paix, par une assemblée des pasteurs et prophesseurs. Alors il est permis a des Enciens helus a la pluralité des voix detablir un homme en qui ils connaissent des qualitez requises au S. Ministère, de luy donner la puissance et lautorité de faire toutes les fonctions d’un pasteur ; et vous n’etes etably ny dans un consistoire de ministres, ny dans un consistoire d’Enciens. Vous pouvez donc lire votre condamnation au 25 article de la confession de foy dressée d’un commun acord de toutes les eglises reformées de France, que l’Église ne peut subsister, s’il n’y a un ordre sacré, inviolable, et au 31 article que nul ne ce doit ingerer de son autorité propre. Vous etes encore condamné au 25 article de la discipline exclésiastique que, quand un pasteur serait approuvé de sont troupeau et du ministre prochain, il faut que la chose soit autorisée par le sinode.

En 3e lieu, vous etes coupable d’avoir leu (a Meyrueis) une lettre disphamatoire et supposée, disant faussement que M. Elgaire l’avait envoyée a Durand et aux autres, et d’avoir meprisse et calonnié les Enciens helus a la pluralité des voix les appelans ivrognes, couquins, volleurs.

En 4 lieu, vous etes coupable de parjurre n’ayant pas obtenu ce que vous aviez promis a la crote du chateau de Presac et de n’etre pas alé avec le frere Deleuze, comme vous l’aviez promis en plain sinode.

En 5 lieu, vous etes coupable de soutenir enseigner des sentiments improuvés.

En 6 lieu, vous etes coupable de ne vouloir vous rendre dans les assemblées de vos freres, lors qu’ils sont assemblez avec que les fidelles pour rendre à Dieu leurs omages religieux. Des ilustres fidelles ont temoigné en plaine assemblée que vous aviez refussé sans sujet de vous y rendre dans le tems meme qu’ils vous epriaient, et sertainement vous n’avez jamais fait voir aucun amour pour vos freres.

En 7 lieu, vous etes coupables de n’avoir pas travailliez a etablir de reglements pour la conduite et bienseence des assemblées, conformement à vos freres et celon l’exhortation de S. Paul (Philip. 3 v. 16) suivant tous une même regle, ayant un meme sentim. Tout cela fait que vous vous rendez du tout indigne d’occuper la charge dans laquelle vous vous etes ingéré. A raison de quoy, la compagnie vous impose silence par une hatte de bonne consience et vous ascigne devant Dieu d’obéir à la voix de lecriture Stc,. qui vous dit que l’esprit de prophetie est soumis aux prophetes (1 Corinth., 14, v. 32). Cependant, par une charité incomparable, la compagnie, a unanimement convenu et arreté que vous pouvez revenir dans la paix de l’Église en composant vous même un sinode général a la face du quel vous vous justifierez, sy vous croyez le pouvoir faire, et fairez voir votre innocence, sy vous croyez en avoir.

Fait ce 13 Dessembre 1720. Dieu veuille avoir pitié des errans et ramener ceux qui cé garent, amen.

(N° 17, vol. G, n° 10.)

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