Le problème du mal

II. Le Mal

Messieurs,

En définissant le bien, nous avons par là même défini le mal, qui est son contraire. Le mal n’est pas l’absence du bien : l’absence d’une chose est le néant, et le mal n’est point le néant ; c’est une réalité, malheureusement très réelle, qui est le contraire du bien. De même que le bien n’est pas un être, une chose, mais un ordre dans le rapport des êtres ; de même le mal n’est pas un être, une chose : c’est un désordre dans le rapport des êtres ; c’est un trouble apporté dans l’harmonie universelle. Il n’existe ni des êtres, ni des éléments d’êtres mauvais en eux-mêmes. Rien n’existe en effet que par l’acte créateur, et cet acte, manifestation du bien par excellence, a constitué chaque existence d’une manière conforme à sa destination. Dans un monde sans liberté, où tout resterait la manifestation directe de la volonté suprême, tout serait bien. Là où se trouve la liberté, tout peut être faussé. La raison, le cœur, la volonté des êtres spirituels peuvent être détournés de leurs fonctions légitimes et altérer les rapports des esprits avec la nature ; mais dès que, sous le désordre des fonctions, nous considérons l’être en lui-même, tout est bon. Le mal est ce qui ne doit pas être. Dieu ne le veut pas ; et cette volonté souveraine constitue pour toute volonté créée l’obligation de le détruire. Nous allons l’étudier successivement dans la nature et dans l’humanité.

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