Homélies

Le voyage vers la terre promise

Prends garde à toi, de peur que ton cœur ne s’élève, et que tu n’oublies l’Eternel ton Dieu, qui t’a retiré du pays d’Egypte, de la maison de servitude ; qui t’a fait marcher par ce désert grand et terrible, désert de serpents, même de serpents brûlants, aride et où il n’y a point d’eau…, afin de t’humilier et de t’éprouver, pour te faire à la fin du bien.

(Deutéronome 8.14-16)

Ces paroles furent adressées par Moïse au peuple d’Israël, quand celui-ci, arrivé au terme de son long voyage dans le désert, allait enfin prendre possession de la terre promise. Ce grand serviteur de Dieu qui ne devait pas assister lui-même aux triomphes de la conquête, avant de quitter ce peuple dont il avait été le libérateur et, pendant tant d’années, le conducteur inspiré, engage ses anciens compagnons d’épreuve à jeter un regard en arrière sur l’époque à jamais mémorable qu’ils viennent de traverser.

D’un mot, il leur rappelle et leur misérable condition dans le pays d’Egypte, cette maison de servitude, et la délivrance merveilleuse par laquelle ils en ont été tirés, et la longue épreuve qui a suivi pour eux, et la glorieuse promesse dont ils vont voir tout à l’heure après lui l’accomplissement si longtemps attendu et si ardemment désiré. Mais par-dessus tout, son but, comme celui du livre entier d’où cette parole est tirée, est d’engager Israël à se souvenir de son voyage dans ce désert grand et terrible, et à considérer toujours cette période de son histoire, comme un temps d’humiliation, d’épreuve, d’éducation providentielle, nécessaire entre la servitude d’Egypte et la possession de Canaan : — Prends garde à toi et garde soigneusement ton âme, afin que tu n’oublies point les choses que tes yeux ont vues, et afin que de tous les jours de ta vie, elles ne sortent de ton cœur, mais que tu les enseignes à tes enfants et aux enfants de leurs enfants… Prends garde que ton cœur ne s’élève et que tu n’oublies l’Eternel, ton Dieu, qui t’a retiré du pays d’Egypte et t’a fait marcher par ce désert grand et terrible, afin de t’humilier et de t’éprouver pour te faire à la fin du bien.

L’application de ce beau texte se fait d’elle-même. — Cet Israël, c’est le peuple de Dieu, c’est le peuple des rachetés de Jésus-Christ ; nous en sommes tous, si nous le voulons. Le Seigneur n’en exclut que ceux qui s’en excluent eux-mêmes. — Cette Egypte, cette maison de servitude d’où nous sommes tirés, c’est le péché, c’est l’esclavage du prince des ténèbres, de cet esprit qui agit dans les enfants rebelles à Dieu, du nombre desquels nous avons tous marché autrefois. — Cette Canaan, cette terre promise, cette patrie qui nous est montrée dans un prochain avenir, c’est le ciel. — Ce désert grand et terrible surtout, par lequel l’Eternel nous fait marcher, c’est le monde de péché et de souffrance où il nous laisse encore ici-bas ; c’est la vie présente.

Arrêtons-nous à méditer la parole du prophète, dans le sens où elle nous est si manifestement applicable, et jetant sur notre passé, sur notre présent, sur notre avenir, sur le monde au loin et autour de nous, ce même long regard de recueillement et de souvenance auquel il invitait jadis les Israélites, efforçons-nous de comprendre la solennelle signification et le but sublime de notre pèlerinage ici-bas.

Ce fut, sans contredit, un des plus beaux moments de l’histoire du peuple de Dieu, et, je pense, aussi de l’histoire de tous les peuples, que celui qui suivit immédiatement la sortie des Israélites hors d’Egypte. Jamais reconnaissance plus sentie, jamais enthousiasme plus profond et plus unanime, jamais piété plus sincère et plus vive ! Délivrés du joug de leurs oppresseurs, témoins de la catastrophe de Pharaon, séparés par l’abîme de la maison de servitude, ivres de liberté, de joie, d’espérance, ils commencent leur voyage vers la terre promise en entonnant, d’une seule voix et d’une seule âme, les paroles de cet admirable cantique, le plus ancien et, sans contredit, l’un des plus beaux monuments de la plus belle de toutes les poésies : — Je chanterai à l’Eternel, car il s’est hautement élevé. Il a été mon Sauveur, mon Dieu fort. Je lui dresserai un tabernacle. C’est le Dieu de mon père. Je l’exalterai : son nom est l’Eternel. Tu as étendu ta main et tu as conduit par ta miséricorde ce peuple que tu as racheté ; tu l’as conduit par ta force à la demeure de ta Sainteté. Les peuples l’ont entendu, et ils en ont tremblé. La frayeur et l’épouvante tomberont sur les habitants de la Palestine. Ils seront rendus stupides comme une pierre, jusqu’à ce que ton peuple, ô Eternel, soit passé, jusqu’à ce que le peuple que tu t’es acquis soit passé. Tu les introduiras et les établiras sur la montagne de ton héritage, au lieu que tu as préparé pour ta demeure, ô Eternel ! L’Eternel régnera à jamais et à perpétuité ! Chantez à l’Eternel, car il s’est hautement élevé !

Mais, hélas ! que cet enthousiasme fut de courte durée, et qu’il fallut peu de temps pour que tout changeât d’aspect à leurs yeux ! — L’eau, d’abord, leur manqua et ils murmurèrent ; la nourriture miraculeuse que Dieu leur envoyait chaque matin ne tarda pas à leur paraître insipide ; puis la fatigue de la marche, dans un pays aride et brûlant, lassa bien vite leur constance. Ayant envoyé des espions en avant dans le pays vers lequel ils tendaient, ils se laissèrent aller au découragement en les entendant faire le récit des obstacles qu’il y aurait à surmonter pour s’en emparer. Partout, sur leur chemin, ils rencontrèrent des ennemis jaloux, qui leur disputèrent le passage, et avec lesquels ils eurent à lutter sans relâche. De plus, par leurs propres rébellions, ils contraignirent le Seigneur d’ajouter à leur affliction, en leur envoyant des plaies redoutables, des serpents brûlants dont la blessure les faisait mourir.

En un mot, la délivrance fut pour eux suivie d’une longue épreuve, et, au lieu de la porte de Canaan, ils ne trouvèrent, au sortir de l’Egypte, qu’un désert grand et terrible par lequel l’Eternel les fit marcher, désert de serpents et de scorpions, désert aride et sans eau… où, plus d’une fois, dans leur ingratitude, ils regrettèrent le dégradant esclavage d’où ils avaient été tirés, et où le Seigneur fut obligé de les faire marcher, comme malgré eux, vers le bien qu’il voulait leur faire à la fin.

Chrétiens, n’est-ce pas là notre image ? Qui n’a connu, ne fût-ce qu’une fois en sa vie, des émotions semblables à celles qu’éprouvait Israël au lendemain du passage de la mer Rouge ? — Qui n’a, comme lui, une fois du moins, chanté son cantique de délivrance ? — Celui que nous appelons notre Dieu et qui nous nomme son peuple, Celui dont chacun de nous peut dire aujourd’hui même en Jésus-Christ : L’Eternel est ma force et ma louange ; il a été mon Sauveur et mon Dieu fort ; Celui dont la droite s’est montrée si magnifique en force, quand il a donné son fils unique au monde, pour nous introduire, nous aussi, et nous établir sur la montagne de son héritage ; — l’Eternel ne nous appelle pas sans cesse, et de tant de manières, à la délivrance et au salut, que nous n’entendions quelquefois sa voix. J’en prends à témoins les plus indifférents d’entre vous.

Dans ces moments, quand nos yeux s’ouvrent pour la première fois sur la profondeur de l’abîme, d’où nous vient retirer la miséricorde du très Haut, et sur la grandeur des privilèges qui nous sont acquis ; quand nous venons à sonder la misère du péché et l’immensité du don ineffable de Christ ; quand nous voyons notre ennemi abattu et ses forces ensevelies au fond de la mer ; quand nous nous sentons entre les mains du Tout-Puissant, sous sa garde, sur la libre route de la terre promise, avec les avant-goûts de la vie éternelle dans le cœur… alors, dans la première ferveur de notre amour, dans le premier élan de notre reconnaissance, oh ! nous dirions volontiers, n’est-ce pas, comme Siméon : Laisse désormais, Seigneur, ton serviteur aller en paix, car mes yeux ont vu ton salut ! Et c’est bien du fond du cœur que, en commençant notre marche vers la patrie, nous répétons avec l’Israël d’autrefois : Nous ferons tout ce que l’Eternel nous a commandé !

Mais il faut bientôt descendre de ces hauteurs ; il faut s’engager de nouveau dans le plat pays de la vie de tous les jours. — A quoi comparerai-je ce qu’on éprouve trop souvent alors ? N’avez-vous pas vu quelquefois, après une sombre nuit, le soleil commencer sa journée par un éclat plus qu’ordinaire. Le ciel paraît embrasé d’or et de pourpre ; la terre se réjouit dans des flots de lumière ; des vapeurs resplendissantes entourent l’horizon comme une ceinture de gloire… puis, peu à peu, par une transition insensible, cet éclat se ternit, le rayon pâlit et s’éteint ; des nuages, d’abord légers, puis plus épais, se condensent dans l’atmosphère, le ciel se couvre, l’horizon devient gris et froid, la pluie commence à tomber, fine, égale, pénétrante, et le cœur se remplit d’une tristesse monotone.

Telle paraît le plus souvent, n’est-il pas vrai, la longue journée de cette vie, après la rapide aurore qui présage ou précède une conversion : Ces petits devoirs de tous les jours, ce terre-à-terre fastidieux d’une vocation à suivre, d’une maison à diriger ; ce cercle étroit de relations et d’affaires dans lequel il faut se voir bon gré malgré comme emprisonné ; ces frottements inévitables avec des personnes dont le commerce est une épreuve constante pour votre caractère ; cette nécessité de lutter jour après jour, pas après pas, avec les entraves grandes ou petites, dont le chemin de chacun est ici-bas encombré ; ce corps de boue et de chair qu’il faut traîner partout avec soi, comme un boulet qui vous appesantit et vous humilie ; ces tentations qui vous viennent de toute part à tous les instants, et qui, si elles ne vous entraînent pas dans des chutes grossières, vous harcellent néanmoins, détournent votre pensée du ciel, et rapetissent votre âme ou l’indisposent sans que vous vous en doutiez…. Tout cela produit bientôt une fatigue et une lassitude qu’il n’est point aisé de surmonter.

Et pourtant, tout cela n’est point encore, vous le savez, ce qui a fait appeler avec tant de raison ce monde où nous marchons, une vallée de larmes. — Pour nous faire une juste idée du sort qui nous y attend, il faut y voir d’avance notre route semée d’épreuves, hélas ! et par là j’entends de ces épreuves profondes, compliquées, prolongées, qu’un regard superficiel appelle des dispensations rares et extraordinaires, parce qu’il n’est frappé successivement que de chaque cas particulier ; mais où une observation plus attentive ne tarde pas à reconnaître la règle et comme le fond même de notre condition sur la terre. — Qui n’a son épreuve spéciale, qui lui paraît la moins supportable de toutes… ou s’il est exceptionnellement épargné dans le présent, qui peut dire qu’après ce temps de répit, l’avenir ne lui en réserve pas de plus amères et de plus cruelles, pour avoir plus longtemps attendu ? Ah ! si la vie peut sembler douce et radieuse à quelques-uns, en un beau jour de jeunesse et de fête, quelle opinion en prendrions-nous si nous pouvions lire au fond du cœur de ceux qui ont fait quelque expérience de ses fatigues et de ses douleurs, je veux dire au fond du cœur de la plupart d’entre vous, mes frères ?

Que pensez-vous de cette vie, vous, pauvres, qui savez ce que c’est que de lutter jour après jour contre les plus dures difficultés de l’existence, qui gagnez péniblement votre subsistance et celle de votre famille à la sueur de votre front, vivant au jour le jour, ne connaissant le pain quotidien qu’assaisonné de larmes et d’angoisses, sans relâche et sans lendemain ? Quand arrivé au terme d’une journée, qui vous a apporté son contingent de peine comme les autres, vous faites un retour sur votre passé, vous jetez un regard dans votre sombre avenir, et ne voyez pour vous et pour vos enfants après vous… pour vos enfants surtout ! qu’une succession indéterminée de journées semblables, entre les chances de maladie et de deuil qui vous menacent d’une part, et les tentations qui vous assaillent de l’autre… dites-nous alors ce que devient à vos yeux cette vie ?

Que pensez-vous de la vie, vous que la maladie mine sourdement, qui prévoyez un affaiblissement graduel de votre santé, une augmentation croissante de souffrances et d’infirmités, qui voyez vos espérances ruinées, le développement de vos facultés interrompu, votre ardeur brisée, par un misérable corps de mort, avec lequel il vous faudra aller jusqu’au terme de votre voyage. Quand voyant vos compagnons d’âge réussir autour de vous, vous vous prenez à penser à tout ce que vous auriez pu faire vous-même ; quand après vous être un moment livré aux rêves et aux regrets de votre imagination, vous retombez sur la triste réalité, de toute part aride et décolorée,… hélas ! que vous semble cette vie, et que devient-elle à vos yeux ?

Et vous, qui avez perdu l’être que vous aimiez ; vous qui vous voyez dans la cruelle nécessité de renoncer pour jamais à une espérance dont le désir rongeant s’était emparé de votre âme comme d’une proie ; ou vous qui portez au cœur une de ces plaies secrètes, mais incurables, qui décolorent et flétrissent l’existence comme le ver caché qui dévore au cœur un fruit de belle apparence ; ou vous encore à qui une nature plus noble et plus profonde rend plus sensibles ces besoins impérieux de l’âme humaine, besoin d’amour, besoin de paix, besoin de vie, besoin d’infini, cette soif ardente pour laquelle le monde ne nous offre ici-bas que des citernes crevassées et sans eau ;… vous tous, et tant d’autres que je pourrais encore citer au hasard dans l’infinie variété de ceux que l’inévitable tristesse de ce monde a une fois atteints ; quelle que soit votre condition extérieure ici-bas ; au milieu de votre famille, les uns, au milieu de votre fortune, les autres, au milieu de toutes les apparences du bonheur peut être, et tandis que vous faites l’envie de la plupart de ceux qui ne vous connaissent que par le dehors… Répondez-nous ! Qu’est-ce donc à vos yeux que cette vie ?

Ah ! dans le fond de votre âme, ne l’appelez-vous pas un désert, et même, selon l’expression de mon texte, un désert grand et terrible ? — Disons tout : Ne vous est-il jamais arrivé, comme aux Israélites d’autrefois, de vous plaindre, de murmurer intérieurement, de dire en vous-mêmes : Pourquoi, pourquoi ce long et laborieux voyage dans un pays aride et où il n’y a point d’eau, dans une terre peuplée d’ennemis, de serpents, même de serpents brûlants ? Perdant de vue la Canaan céleste vers laquelle vous tendez, ne voyant plus que le moment présent et les épreuves du moment, ingrats !… ne vous est-il jamais arrivé… ne vous est-il jamais arrivé, comme aux Israélites encore, de regretter l’Egypte ; je veux dire de regretter secrètement la triste condition de ceux qui prennent leur parti de cette misère, qui s’y accommodent ou s’en distraient, en cherchant dans l’esclavage du péché une humiliante et honteuse consolation ?… lâches qui refusent le combat et mettent leur âme à prix pour quelques potées de viande dans la maison de servitude !…

Repoussons énergiquement loin de nous, la seule pensée d’une aussi avilissante abdication de nous-mêmes. Mais, pour cela, comme notre texte nous y invite, cherchons à nous relever par une vue plus claire et plus nette des voies de Dieu et de ses pensées, quand il nous fait marcher dans ce désert grand et terrible.

L’Eternel t’a fait marcher ! — Quelle instruction ce seul mot ne devait-il pas apporter à l’oreille d’un Israélite attentif, et quels souvenirs ne devait-il pas lui rappeler ! — Si Dieu a jamais manifesté sa Providence et sa toute-puissance d’une manière éclatante ici-bas, n’est-ce pas pendant le voyage de son peuple au désert ? Du commencement à la fin, ce voyage n’avait-il pas été une longue série de miracles, ou, pour mieux dire, un long et continuel miracle ?

L’Eternel t’a fait marcher ! C’est bien Lui, en effet, qui avait ouvert aux Israélites l’entrée du désert en leur faisant passer la mer Rouge à pieds secs et en les délivrant à mains fortes et à bras étendu ! — C’est bien Lui qui, après les avoir portés sur des ailes d’aigle, selon la magnifique expression de Moïse, avait traité alliance avec eux au pied du Sinaï en leur adressant ces paroles touchantes : Si vous faites exactement tout ce que je vous ai dit, vous serez mon plus précieux joyau d’entre les peuples, quoique toute la terre m’appartienne ! — C’est bien Lui qui les avait miraculeusement nourris chaque matin avec la manne, et miraculeusement abreuvés avec l’eau du rocher ! — C’est Lui qui journellement communiquait avec eux, les écoutait et leur faisait entendre sa voix par l’intermédiaire du chef et du conducteur qu’il leur avait donné ! — C’est Lui qui, lorsqu’ils s’étaient vus attaqués par des ennemis plus nombreux et plus puissants qu’eux, leur avait donné la victoire en exauçant Moïse sur la montagne et en soutenant Josué dans la plaine ? — C’est Lui, enfin, c’est bien Lui et nul autre que Lui, qui les avait, non pas une fois, mais cent fois, mais mille fois, empêchés de succomber, et miraculeusement portés pendant tout le cours de cette longue épreuve ! — L’Eternel t’a fait marcher ! — Quel souvenir fut jamais plus digne d’être conservé par un peuple, que celui de ce temps de miracles par le peuple de Dieu ? Et que l’on conçoit bien que, après avoir pendant des siècles alimenté presqu’à lui seul le sentiment national des enfants d’Israël, il ait été immortalisé de nouveau dans les chants du Roi prophète pour servir de base à la foi et à la confiance des âges futurs !

Cette instruction a-t-elle perdu son sens pour nous, et la providence de Dieu, qui nous fait marcher à notre tour, pour n’être pas miraculeuse, comme dans le voyage des Israélites au désert, en est-elle moins réelle et moins merveilleuse peut-être dans le nôtre ? — Non, sans doute ! Elle a voulu se montrer une fois à découvert dans cette circonstance unique. Le voile a été comme un instant soulevé devant la face du très Haut ; on a pu voir, pour ainsi dire, Celui qui est invisible, contempler, comme à l’œil, sa main forte et son bras étendu. — Mais ce qu’il était alors pour la vue, ne savons-nous pas qu’il l’est encore pour la foi ? Les merveilles d’autrefois ne nous sont-elles pas un gage de celles que nous pouvons attendre encore aujourd’hui ? Ne produiront-elles pas sur nous la même impression bénie que sur le prophète dans le psaume 77, quand, découragé, abattu par les épreuves qui ont fondu sur lui, il reprend force et courage en contemplant les exploits de l’Eternel envers son peuple : — Je disais en moi-même : Le Seigneur m’a-t-il rejeté pour toujours. Le Dieu fort a-t-il oublié d’avoir pitié ? A-t-il, en sa colère, fermé la porte de ses compassions ? Puis, j’ai dit : C’est bien là ce qui m’affaiblit ? mais la droite du Souverain change ? Alors, je me suis souvenu des exploits de l’Eternel ; je me suis souvenu, dis-je, de ses merveilles d’autrefois. Qui est Dieu fort et grand comme Dieu ! Tu as délivré par ton bras ton peuple, les enfants de Jacob et de Joseph ! Les eaux t’ont vu, ô Dieu, les eaux t’ont vu et ont tremblé, même les abîmes en ont été émus. Ta voix a été par la mer et tes sentiers par les grosses eaux. — Tu as mené ton peuple comme un troupeau sous la conduite de Moïse et d’Aaron.

De cette vue des témoignages de Dieu envers son peuple, si vous revenez à votre propre histoire, pour considérer attentivement votre passé — à moins que vous ne soyez un ingrat — y trouverez-vous moins de témoignages surprenants, quoique d’abord inaperçus peut-être, de sa présence ? Est-il une épreuve, en particulier, dans laquelle vous ne puissiez, après coup, reconnaître le bras de Dieu qui, à votre insu, par mille moyens inattendus, quoique préparés d’avance et admirablement combinés, vous a soutenus, vous a portés, vous a fait marcher au travers de ce désert grand et terrible. Le temps a passé, enfin, et voyez un peu comment !

Le mondain ne discerne pas les voies de Dieu, lui, sans doute, parce qu’il ne connaît pas Dieu, et ne sait pas mieux d’où lui vient le secours que d’où lui vient l’épreuve. Mais toi, Israël, observe tout le chemin par lequel ton Dieu t’a fait passer, et prends garde à toi, de peur que tu n’oublies l’Eternel ton Dieu.

Tu as été affligé dans ce désert, tu as traversé des jours difficiles, des jours d’angoisse et de détresse, tu as vu de près la faim et la soif, comme l’Israël d’autrefois. Mais l’Eternel ton Dieu t’a-t-il abandonné alors ? T’a-t-il laissé manquer de ce pain quotidien qu’il t’a appris à lui demander chaque jour ? Surtout quand, au lieu de te faire souci de beaucoup de choses, tu t’es souvenu que l’homme ne vivait pas de pain seulement, mais de toute parole sortie de la bouche de Dieu ; quand tu as cherché premièrement le royaume de Dieu et sa justice, la seule chose nécessaire, n’as-tu pas fait cette douce expérience que, selon les promesses du Seigneur, toutes les autres choses sont données par-dessus ? — Tu as connu des jours de perplexité, comme l’Israël d’autrefois dans ce grand désert, de ces jours où l’avenir s’assombrit et où l’on se demande avec angoisse le chemin qu’on doit prendre. Mais pour toi aussi, n’y a-t-il pas eu alors comme une nuée lumineuse sur ta route, qui t’a empêché de t’égarer ? et n’as-tu pas vu s’accomplir la promesse de l’Eternel : Je te rendrai avisé, je te guiderai de mon œil, je te montrerai le chemin où tu dois marcher, je mettrai une lampe à tes pieds et une lumière dans ton sentier ? — Tu t’es vu aux prises avec des ennemis nombreux et redoutables, comme l’Israël d’autrefois, dans ce désert grand et terrible. Mais pour toi aussi, comme jadis pour Moïse, comme pour Josué, quand tu as levé tes mains vers le ciel, ne s’est-il pas trouvé là-haut un Fort, un Puissant, prêt à se laisser invoquer dans la détresse, pour te rendre plus que vainqueur en toutes choses : — Cet affligé a crié et l’Eternel l’a exaucé, et l’a délivré de toutes ses détresses. L’ange de l’Eternel se campe autour de ceux qui craignent l’Eternel et les garantit. Savourez et voyez que l’Eternel est bon ! Oh ! que bienheureux est l’homme qui se confie en lui ! — Les yeux de l’Eternel sont sur les justes et ses oreilles sont attentives à leurs cris. Quand les justes crient, l’Eternel les exauce. Le juste a des maux en grand nombre, mais l’Eternel le délivre de tous. L’Eternel rachète l’âme de ses serviteurs, et aucun de ceux qui se confient en Lui ne sera ébranlé.

Ah ! ne faisons pas comme les Israélites qui s’endurcissaient pour ne point voir ce qui pourtant tous les jours, frappait leurs regards, pour ne point entendre ce qui retentissait pourtant si haut à leurs oreilles ! Ouvrons nos yeux, prêtons attention et sachons reconnaître l’Eternel qui nous prévient, nous suit, nous garde en tout temps, comme l’aigle qui suit et garde sa couvée dans les airs, pour emprunter de nouveau à Moïse cette touchante comparaison ! Ayons donc, enfin, des yeux pour voir et répétons avec saint Paul : Si Dieu est pour nous, qui sera contre nous ? — Croyons et marchons avec confiance dans ce désert grand et terrible, la main dans la main de Celui qui nous a délivrés, qui nous conduit et nous fait marcher !

Mais alors, pourquoi donc ce grand désert, direz-vous peut-être ici ? — Pourquoi pas tout de suite la paix, tout de suite le triomphe, tout de suite la gloire ? Il est vrai, l’Eternel garde et conduit son peuple ici-bas. Mais pourquoi donc employer sa puissance à nous mettre en péril pour nous délivrer, à nous abattre pour nous relever, à nous mettre en perplexité pour nous faire trouver des issues inespérées, à nous presser de toutes parts pour empêcher, à la dernière heure, que nous soyons entièrement perdus ? Pourquoi dépenser tant de sagesse, tant d’art, tant de soins pour nous porter, comme au travers du feu, dans ce désert grand et terrible, quand un mot de sa Parole puissante pourrait nous épargner cette épreuve et nous introduire, sans fatigue et sans délai, dans une demeure de béatitude et de paix ?

Ecoutez, mes frères, la réponse de Celui dont les voies ne sont pas nos voies, ni les pensées nos pensées, mais qui ne fait rien ici-bas sans un but excellent : L’Eternel t’a fait marcher dans ce désert grand et terrible, afin de t’humilier et de t’éprouver !

L’Eternel aurait bien pu, sans doute, épargner l’épreuve à son peuple et l’introduire directement au sortir de l’Egypte dans la terre de Canaan ? –Croyez-vous que, au lieu de cela, ce soit à l’aventure et sans savoir ce qu’il faisait, qu’il lui ait fait passer quarante années dans le désert de Sinaï ? Pensez-vous que ce soit par je ne sais quel caprice barbare et cruel qu’il lui ait ménagé, pendant ce long période de temps, une si longue succession de souffrances diverses : la soif, la fatigue, les serpents brûlants, d’incessantes attaques de ses ennemis ?

Non, certes ! vous n’imagineriez pas un instant d’en douter ; l’Eternel avait un but et un but plein de sagesse envers son peuple, dans cette dispensation. Il voulait briser sa volonté, le rompre à l’obéissance, le sanctifier dans le sens le plus élevé de ce terme, c’est-à-dire le mettre à part pour se le consacrer… Et tout, jusqu’aux plus petits détails, était choisi, ordonné, calculé en vue de ce but. Chaque journée de souffrance lui fut comptée, chaque épreuve lui fut pesée à l’exacte mesure, jusqu’à ce qu’il fut suffisamment mûri pour le bien que l’Eternel lui tenait en réserve, pour son entrée et son établissement dans la terre promise. Et si l’épreuve fut prolongée, si elle fut souvent accrue et compliquée, vous le savez aussi, ce ne fut jamais qu’à regret, et à cause de l’obstination du peuple à se roidir contre la volonté de son Dieu.

Ainsi de nous, mes frères. Commençons par bien comprendre ceci : c’est que nous sommes ici-bas en vue d’une maturité à atteindre, or il n’y a pas de fruit mûr s’il n’a senti l’ardeur du soleil ; nous sommes ici-bas sous une éducation, or il n’y a pas de sérieuse éducation sans discipline sévère. Nous tendons vers une terre promise, mais nous y tendons au travers d’une vallée de larmes que la main même de notre Dieu a placée sur notre route, et où elle a tout préparé, tout calculé, tout disposé pour l’épreuve de notre âme. Entre cette vue, qui est celle de la foi, et une aveugle fatalité, dont la seule pensée donne le vertige, je ne vois pas de milieu.

Ne vous étonnez donc plus si l’Eternel vous fait descendre dans une condition misérable, s’il vous dépouille de tout ce qui nourrit l’orgueil ou la fausse confiance chez les enfants de ce siècle, ou si, au milieu de votre apparente prospérité, il vous tient quelqu’une de ces échardes en la chair qui semblent avoir pour mission de sa part de nous accompagner en nous répétant : Rappelle-toi que tu es mortel ! — Il est bon que nous soyons humiliés, que nous nous souvenions que nous ne sommes que poudre, que nous disions avec David : O Eternel ! qu’est-ce que de l’homme que tu te souviennes de lui et du fils de l’homme mortel, que tu en tiennes compte. L’homme est semblable à la vanité, ses jours sont comme une ombre qui passe. A toi seul appartient la gloire et la force au siècle des siècles !

Ne vous étonnez plus si Dieu vous laisse dans un monde pervers, où le péché règne, où les méchants triomphent, où nous sommes entourés de tentations de toute espèce, rencontrant l’entraînement de l’exemple vers le mal chez les uns, chez les autres la malveillance ou l’injustice, chez tous, même chez les meilleurs, des dangers pour notre paix intérieure, pour notre santé, pour notre développement spirituel, pour, notre âme, enfin. — Il est bon que nous soyons éprouvés. Il est salutaire que nous soyons amenés à reconnaître que Dieu seul est saint, que Dieu seul est bon, que Dieu seul est un sûr asile pour notre âme. Il est nécessaire que nous soyons amenés à répéter avec Asaph, après avoir fait les mêmes expériences que lui : — Je serai donc toujours avec toi, ô Eternel, tu m’as pris par la main droite, tu me conduiras par ton conseil, et puis tu me recevras dans ta gloire. Quel autre ai-je au ciel que toi ? Je n’ai pris mon plaisir sur la terre qu’en toi seul. Ma chair et mon cœur étaient consumés, mais Dieu est le rocher de mon cœur et mon partage à toujours. Pour moi, m’approcher de Dieu c’est mon bien. J’ai mis toute mon espérance, au Seigneur l’Eternel.

Ne vous étonnez pas si Dieu a pour chacun de nous une complication particulière de difficultés et de souffrances, s’il vous fait passer par une suite d’épreuves spéciales, et telles peut-être que vous n’en avez vu à aucun autre que vous : — Il est bon que nous soyons affligés. C’est par beaucoup d’afflictions qu’il nous faut entrer dans le royaume de Dieu. Si nous n’étions amenés à pleurer, comment aurions-nous part à cette promesse : Heureux ceux qui pleurent, car ils seront consolés. Si nous ne connaissions pas la légère affliction du temps présent qui ne fait que passer, connaîtrions-nous ce poids d’une gloire infiniment excellente qu’elle est destinée à produire en nous ?

Rien n’est perdu de ce que nous souffrons. Tout a son but. Tout fait partie du plan de Dieu à notre égard. Tout est calculé avec une infinie sagesse et une divine économie dans la mesure exacte de ce qui est jugé strictement indispensable pour notre éducation, par Celui qui n’afflige jamais qu’à regret les fils des hommes. Prenons garde seulement d’ajouter nous-mêmes à notre mesure d’épreuve par notre folie, et de contraindre l’Eternel à nous humilier et à nous éprouver au delà de ce qu’il s’était Lui-même d’abord proposé. Entrons avec le secours de Dieu dans les voies de Dieu, quelques différentes qu’elles puissent être des nôtres, nous rappelant que cette terre est un désert à traverser, non un séjour où planter nos tentes. Eh ! combien des épreuves que Dieu nous envoie n’ont d’autre but, peut-être, que de nous réveiller de notre engourdissement et de nous faire marcher en nous criant : En avant, toi qui t’attardes. Souviens-toi que tu n’es qu’un étranger, un voyageur en route vers la patrie ! — En avant donc, la tête basse, peut-être, et le cœur oppressé de tristesse !… ou plutôt non ! le cœur en haut et le regard toujours fixé sur le but, car il y a un but, ne l’oublions pas !

L’Eternel fa fait marcher par ce désert grand et terrible, afin de t’humilier et de t’éprouver, pour te faire à la fin du bien, est-il écrit. — Pour te faire à la fin du bien !… Parole ineffable, révélation sublime, devant laquelle je voudrais, avec vous, m’arrêter en terminant, pour adorer en silence.

O frère, qui avez vu, non sans amertume, votre existence brisée par la main du Seigneur ; vous qu’il frappe de quelqu’un de ces coups dont la sévérité étonne, et qui vous demandez pourquoi donc il vous afflige et vous poursuit ainsi sans relâche ; vous tous, dont les douleurs connues ou cachées semblent faites pour justifier toujours mieux cette définition de la vie humaine sur la terre : un désert grand et terrible… serrez humblement, mais résolument, dans vos cœurs cette précieuse assurance que l’Eternel n’abandonne aucun des siens en chemin dans le désert. Il les conduit tous jusqu’au bout, dût-il, pour cela, les porter dans ses bras, — pour leur faire à la fin du bien !

A la fin ! à la fin ! Toute fin de l’Eternel n’est-elle pas un bien ? n’est-elle pas nécessairement le bien même ? L’Eternel ne veut-il pas notre bien ? Il est amour, sa gloire c’est sa bonté ! — L’Eternel ne connaît-il pas notre bien ? Il connaît toutes choses. Il discerne jusqu’aux conséquences les plus éloignées des moindres événements ! — L’Eternel ne peut-il pas notre bien ? Il est tout puissant. La vie, la mort, la maladie, la santé, les vents, la mer, les anges dans le ciel, les hommes sur la terre, les démons dans l’enfer, toutes choses obéissent finalement à sa voix.

Que dis-je ? La foi ne nous amène-t-elle pas à concevoir, et la Parole de Dieu ne nous déclare-t-elle pas en tout autant de termes que toutes, choses concourent ensemble au plus grand bien de ceux qu’il aime, et ceux qu’il aime qui est-ce donc, ô mon cœur ? qui est-ce donc, sainte Parole de mon Dieu ? Essayez de vous représenter quelque événement, quelque affliction, quelque catastrophe de votre vie, qui ait un autre principe que son amour et un autre but, une autre fin que votre plus grand bien ? Vous ne l’oseriez pas ! vous ne le pourriez pas ! Eh ! sur la terre déjà, pour celui qui prend garde à tout le chemin par lequel l’Eternel le fait passer, n’y a-t-il pas, au terme de chaque épreuve, quelque douloureuse qu’elle ait pu être, un fruit mûr, un fruit paisible de justice à recevoir à la fin ? N’y a-t-il pas, pour tous ceux qui ont été ainsi exercés, un sujet de répéter avec David : O Eternel, il m’est bon d’avoir été affligé, ou avec Job : Bienheureux est l’homme que tu châties ? — Que sera-ce donc, je vous le demande, quand la figure trompeuse de ce monde aura passé ? que sera-ce quand toutes choses apparaîtront sous leur vrai jour ? que sera-ce quand toutes les fins de l’Eternel envers ses élus seront à la fois manifestées ?

Ce fut une longue et douloureuse épreuve pour le peuple de Dieu, que ces quarante années passées dans le désert. Mais aussi quelle journée que celle où il vit enfin le terme et le fruit de tant de fatigues ! S’il avait entonné un cantique de délivrance au sortir de la mer Rouge, en faisant un premier pas sur le sol du désert, parce qu’il y voyait désormais pour lui le sol de la liberté ; quelles actions de grâces ne dut-il pas faire monter vers son Libérateur, en franchissant le Jourdain, en mettant le pied sur la terre promise, en découvrant de ses yeux, par delà les murailles de Jéricho renversées, les riches campagnes de Canaan, le séjour du repos et de l’abondance cette fois, le pays découlant de lait et de miel, le pays d’Abraham, d’Isaac et de Jacob… la patrie, enfin ! Qui songea, en ce moment, à se souvenir des fatigues de la route, autrement que pour bénir l’Eternel qui les avait fait aboutir à une telle fin ?

Il y aura aussi pour toi, mon âme, un passage du Jourdain et une entrée dans cette Canaan céleste, dont la première n’était qu’un si imparfait emblème. Il y aura aussi pour toi un jour de triomphe, de paix, de gloire, d’ineffable rassasiement, au terme de ton exode ici-bas, un jour où ce soleil, qui marque les étapes du voyage, après s’être couché dans les ombres d’un dernier soir de fatigue et de combat, se lèvera de nouveau pour toi plus radieux que jamais, et sans qu’aucun nuage, cette fois, en puisse ternir l’éclat. Alors la splendeur de l’Eternel Lui-même t’éclairera. Tu contempleras les nouveaux cieux et la nouvelle terre. Et joignant tes cantiques à ceux des anges et des bienheureux, tu entreras pour l’habiter à jamais dans ce tabernacle de Dieu avec les hommes, qui ne sera point transporté, et où il n’y aura plus ni cri, ni larmes, ni deuil, ni tristesse !

Placez-vous comme Israël, au moment de votre entrée dans cette terre promise. Croyez-vous alors que vos épreuves d’aujourd’hui se présenteront à vos yeux sous les mêmes couleurs où vous les voyez ? Si saint Paul, dans l’espérance seulement de cette gloire, a pu dire au plus fort des souffrances exceptionnelles dont il fut accablé : Tout bien considéré, j’estime que les souffrances du temps présent ne sont point à comparer avec la gloire à venir qui doit être manifestée en nous, que pensez-vous qu’il en dirait à cette heure, du milieu de cette gloire elle-même, aussi nouvelle, aussi radieuse, aussi éblouissante aujourd’hui, pour lui, que le jour même où il délogea pour être avec Christ ? Je sais, dit l’Eternel, que mes pensées sur vous ne sont point des pensées d’adversité, mais des pensées de paix pour vous faire à la fin du bien !

L’Eternel veut nous faire à la fin du bien ! — En avant donc, dans la paix et dans l’espérance ! En avant ! Nous n’avons point ici-bas de cité permanente, notre bourgeoisie est dans les cieux ! — Bientôt, bientôt toutes choses seront faites nouvelles ! — Aujourd’hui la foi, demain la vue ! Aujourd’hui la fatigue, demain le repos ! Aujourd’hui le désert, demain la terre promise !

En avant !…

Le temps est court, âme triste et souffrante,
Enfant de Dieu, sur la terre exilé !
Lève tes yeux, encore un peu d’attente,
Et dans le ciel tu seras consolé !

En avant et en haut !

Amen !

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