Antiquités judaïques - Flavius Josèphe

LIVRE XII

CHAPITRE II
Ptolémée Philadelphe souhaite acquérir les livres Juifs pour sa bibliothèque et traduire le livre de la Loi de l'hébreu en grec ; il libère les esclaves Juifs dans son royaume ; histoire de la traduction de la Septante de la Bible.[1]

Ptolémée Philadelphe, sur le conseil de Démétrius de Phalère, désire se procurer pour sa bibliothèque les livres des Juifs.

1. Alexandre avait régné douze ans ; après lui, Ptolémée Sôter en régna quarante et un. Le royaume d'Égypte passa ensuite au Philadelphe qui le conserva trente-neuf ans. Ce roi fit traduire la loi et délivra de leur captivité ceux des habitants de Jérusalem qui étaient prisonniers en Égypte, au nombre d'environ cent vingt mille. Voici la cause de cette mesure. Démétrius de Phalère, qui était conservateur des bibliothèques royales, essayait, s'il était possible, de rassembler tous les livres de la terre ; dès qu'il entendait signaler ou voyait[2] quelque part un ouvrage intéressant, il l'achetait, secondant ainsi les intentions du roi, qui montrait beaucoup de zèle pour collectionner les livres. Un jour que Ptolémée lui demandait combien de volumes il avait déjà réunis, Démétrius répondit qu'il y en avait environ deux cent mille, mais que bientôt il en aurait rassemblé cinq cent mille. Il ajouta qu'on lui avait signalé chez les Juifs de nombreux recueils de leurs lois, intéressants et dignes de la bibliothèque royale ; mais que ces ouvrages, écrits avec les caractères et dans la langue de ce peuple, donneraient beaucoup de peine pour être traduits en grec. Car leurs lettres, au premier abord, ressemblent aux caractères des Syriens et les sons de leur langue à ceux de ce peuple, mais en réalité il s'agit d'une langue bien distincte. Il n'y avait pourtant aucune difficulté à se procurer pour la bibliothèque la traduction des livres des Juifs, pourvu que le roi fît les frais nécessaires. Le roi trouva que Démétrius lui donnait une excellente idée pour satisfaire son désir de rassembler le plus grand nombre de livres possible, et écrivit à cet effet au grand-prêtre des Juifs.

[1] Ce chapitre est un résumé fidèle de la fameuse Lettre d'Aristée à Philocrate, ouvrage qui parait dater du Ier siècle av. J.-C. Comme ce document lui même, il est dénué de toute réalité historique ; en réalité la traduction des Septante est née des besoins religieux de la communauté juive d'Alexandrie. Le texte de ce chapitre a été reproduit et révisé dans l'édition d'Aristée par Wendland (1900), p. 96 suiv.

[2] Nous suivons la leçon de Wendland (mss. FLE) ἄξιον ἣ ἴδοι.

Aristée exhorte le roi à délivrer les prisonniers juifs.

2. Il y avait alors parmi les meilleurs amis du roi un certain Aristée, que Ptolémée aimait à cause de sa modestie, et qui avait déjà souvent projeté de demander au roi la mise en liberté de tous les Juifs captifs dans son royaume ; il jugea alors le moment favorable pour renouveler sa prière, et en parla tout d'abord aux commandants des gardes du corps, Sosibios de Tarente et Andréas, leur demandant de joindre leurs instances à celles qu'il allait faire au roi sur ce sujet. Après avoir pris leur avis, Aristée se rendit auprès du roi et lui parla en ces termes : « Il ne faut pas, ô roi, que nous vivions dans l'erreur sans nous soucier d'en sortir : nous devons au contraire chercher à connaître la vérité. Or nous avons décidé, pour te plaire, non seulement de faire transcrire, mais encore de faire traduire les lois des Juifs ; mais de quel droit le ferions-nous quand nombre de Juifs sont esclaves dans ton royaume ? N'écoutant que ta générosité et ta bienveillance, mets fin à leur misère, puisque le Dieu qui leur a donné leurs lois t'a donné en partage ton royaume, comme je l'ai appris par de sérieuses recherches : car eux et nous adorons le Dieu qui a tout créé, et nous l'appelons proprement Zên, tirant son nom de ce fait qu'il donne la vie (τὸ ζῆν) à tous les êtres. Aussi, en l'honneur de ce Dieu, restitue à ceux qui lui rendent un culte particulier leur patrie et la vie particulière qu'ils y mènent, biens dont les voilà privés. Sache cependant, ô roi, que si je t'adresse cette prière pour eux, ce n'est pas que des liens de race ou de nation m’unissent à ce peuple ; c'est parce que tous les hommes sont l’œuvre de Dieu, c'est parce que je sais que ceux qui font le bien lui sont agréables, que je te fais cette requête. »

Décret conforme du roi.

3. Ainsi parla Aristée ; le roi le regarda d'un visage souriant et enjoué : « Combien, dit-il, penses-tu qu'il y ait de prisonniers à délivrer ? » Andréas, qui se trouvait là, prit la parole et dit qu'il y en aurait un peu plus de cent dix mille[3]. « Trouves-tu, Aristée, dit le roi, que tu nous demandes là peu de chose ? » Sosibios et ceux qui étaient là répondirent alors qu'il était digne de sa générosité de témoigner ainsi sa reconnaissance au Dieu qui lui avait donné son royaume ; et le roi, se laissant persuader par eux, leur donna l'ordre, quand ils distribueraient la solde aux soldats, d'y ajouter cent vingt drachmes[4] pour prix de chacun des prisonniers qu'ils détenaient. Quant aux mesures qu’ils le priaient de prendre, il promit de promulguer un décret comportant des dispositions libérales et conformes au désir d'Aristée, et, avant tout, à la volonté de Dieu, à laquelle, disait-il, il obéirait en délivrant non seulement ceux qui avaient été amenés par son père et par sa propre expédition, mais encore ceux qui se trouvaient auparavant déjà dans le royaume, et ceux qui pouvaient avoir été amenés depuis. Comme on lui disait que le rachat des captifs coûterait plus de quatre cents talents, il les accorda et l'on résolut[5] de conserver la copie du décret, pour bien montrer la générosité du roi. Le voici : « Que tous ceux qui ont accompagné mon père dans ses expéditions de Syrie et de Phénicie, et qui après avoir ravagé la Judée en ont ramené des prisonniers dans nos villes et notre pays, et les ont vendus, pareillement les détenteurs de prisonniers juifs qui se trouvaient antérieurement à ces faits dans le royaume ou qui ont pu y être amenés postérieurement, rendent la liberté à ceux qu'ils possèdent, moyennant une rançon de cent vingt drachmes que les soldats toucheront avec leurs vivres, les autres au trésor royal. Car je pense que c'est contre les intentions de mon père et contre toute justice que ces hommes ont été faits prisonniers, que leur pays a été dévasté par l'arrogance des soldats, et que ceux-ci, en les amenant en Égypte, en ont tiré grand profit[6]. Considérant donc la justice et prenant pitié de ces hommes réduits en servitude contre tout droit, j'ordonne de remettre en liberté les Juifs esclaves, contre paiement à leurs maîtres de la somme fixée plus haut ; que personne ne fasse de chicane à ce sujet, que tous obéissent à l'ordre donné. Et je veux que chacun, dans les trois jours qui suivront cette ordonnance, fasse devant les autorités la déclaration des esclaves qu'il détient et les produise en personne ; car je juge cette mesure utile à mes intérêts. Ceux qui n'exécuteront pas ce décret, pourront être dénoncés par qui voudra ; et je veux que leurs biens soient confisqués au profil du trésor royal ». Cette ordonnance fut soumise au roi elle était parfaite de tous points, mais il y manquait une mention expresse des Juifs amenés antérieurement et postérieurement aux expéditions[7] ; le roi lui-même étendit généreusement jusqu'à eux les bénéfices de cette mesure, et, pour accélérer la distribution des indemnités[8], il ordonna de répartir le travail entre les agents du gouvernement et les banquiers royaux. Ainsi fut fait, et en sept jours en tout les ordres du roi furent entièrement exécutés. Les rançons coûtèrent quatre cent soixante talents[9] : car les maîtres se firent aussi payer pour les enfants les cent vingt drachmes par tête, sous le prétexte que le roi les avait désignés également en prescrivant qu'on percevrait « par tête d'esclave » la somme fixée.

[3] Cent mille d'après Aristée, § 19.

[4] Vingt d'après Aristée, § 20, 22 et 27.

[5] ἔγνωσαν ou ἔγνω (W). Niese soupçonne une corruption. Whiston traduit comme s'il y avait ἔγνων « I have determined ».

[6] Josèphe n'a pas bien compris le texte d'Aristée (§ 23) qui oppose le profit tiré du ravage des terres au profil tiré de l'asservissement des hommes.

[7] En d'autres termes, les mots correspondants, cités plus haut Quand aux mesures…, ont été ajoutés après coup par le roi. Aristée, § 26, est plus clair.

[8] Texte incertain.

[9] Six cent soixante d'après Aristée, § 27. Mais les deux chiffres sont également impossibles, car 110.000 captifs (§ 24) à 120 dr. par tête (§ 25) l'ont 33.200.00 dr. ou 2.200 talents. On n'obtient pas un meilleur résultat avec le chiffre de 20 dr. par tête donné par Aristée (366 talents).

Rapport de Démétrius au roi.

4. Quand tous ces ordres eurent été exécutés, suivant la généreuse volonté du roi, celui-ci chargea Démétrius de publier aussi le décret concernant la copie des livres des Juifs, car ces rois ne laissaient au hasard rien de leur gouvernement et tout était l'objet de soins minutieux. On a donc consigné[10] la copie du rapport et des lettres, la liste des présents envoyés, le détail des ornements de chacun d'eux, afin que l'habileté de chaque ouvrier put être exactement appréciée par ceux qui le liront, et que leur admirable exécution rendît célèbre chacun des auteurs[11]. Voici la copie du rapport : « Au grand Roi de la part de Démétrius. Sur ton ordre, ô roi, me chargeant de réunir tous les ouvrages qui manquent encore pour compléter ta bibliothèque, et de réparer avec soin ceux qui sont mutilés, je me suis activement occupé de cette tâche ; et je t'informe qu'entre autres, les livres contenant les lois des Juifs nous manquent. Écrits en caractères hébreux et dans la langue de ce peuple, ils sont incompréhensibles pour nous. En outre, ils ont été transcrits avec moins de soin qu’ils ne méritent parce qu'ils n'ont pas encore bénéficié de la sollicitude royale. Il est cependant nécessaire que ces livres se trouvent chez toi, dans des exemplaires corrects : car la législation qu'ils contiennent est sage et pure, puisqu’elle vient de Dieu. Aussi Hécatée d'Abdère dit-il que ni les poètes ni les historiens n'en ont fait mention, non plus que des hommes qui se gouvernent d'après ses préceptes, parce qu'elle est sainte et ne doit pas être expliquée par des bouches profanes[12]. Si donc tu le juges bon, ô roi, tu écriras au grand prêtre des Juifs pour qu'il t'envoie six anciens de chaque tribu, ceux qui connaissent le mieux ces lois ; afin que, ayant obtenu d'eux le sens clair et concordant et une traduction exacte de leurs livres, nous arrivions avec leur concours à un résultat digne du sujet et de ton dessein. »

[10] κατατέτακτο corrigé en κατατέτακται, L. Whiston traduit « I have subjoined », mais Josèphe copie sans réflexion la Lettre d’Aristée.

[11] Texte corrompu et inintelligible.

[12] Cette citation provient sûrement du Pseudo-Hécatée. Cf. Textes, p. 235.

Message du roi au grand-prêtre Eléazar.

5. A la suite de ce rapport, le roi fit écrire au grand-prêtre Eléazar à ce sujet, l'avisa en même temps du renvoi des Juifs esclaves en Égypte, et lui envoya un poids d'or de cinquante talents pour la confection de cratères, de phiales, de vases à libation[13], ainsi qu'une prodigieuse quantité de pierres précieuses. Il ordonna de plus à ceux qui avaient la garde des coffrets où se trouvaient ces pierres, de laisser les artistes choisir eux-mêmes les espèces qu'ils voudraient. Et il fit remettre au Temple, pour les sacrifices et les autres besoins, une somme de près de cent talents en numéraire. Je parlerai des œuvres d'art qui furent faites et de la façon dont elles furent exécutées, quand j'aurai donné le texte de la lettre écrite au grand-prêtre Eléazar. Celui-ci avait pris la grande-prêtrise dans les conditions suivantes. A la mort du grand-prêtre Onias, son fils Simon lui succéda, qui fut surnommé le Juste à cause de sa piété envers Dieu et de sa bonté envers ses compatriotes. Simon étant mort ne laissant qu'un fils encore enfant nommé Onias, son frère Eléazar, celui-là même dont il est ici question, obtint la grande-prêtrise[14]. C'est à lui que Ptolémée écrivit en ces termes : « Le roi Ptolémée au grand-prêtre Éléazar, salut. De nombreux Juifs habitaient le royaume, amenés comme prisonniers par les Perses, du temps de leur domination ; mon père les traita avec égards, plaça les uns dans son armée avec une haute solde, confia à d'autres, venus avec lui en Égypte, les places fortes, avec mission de les garder, pour inspirer la crainte aux Égyptiens. Quand j'ai pris moi-même le pouvoir, j'ai traité tout le monde avec humanité, et en particulier tes concitoyens ; j'en rendis à la liberté plus de cent mille retenus prisonniers, en payant sur mon propre trésor leur rançon à leurs maîtres. Ceux qui étaient à la fleur de l'âge, je les ai inscrits sur les rôles de mon armée ; j'ai attaché à ma personne et à ma cour quelques-uns d'entre eux, dont la fidélité me paraissait éprouvée, car j'ai pensé que c'était là une offrande agréable à Dieu et magnifique entre toutes, en retour de sa bienveillance pour moi. Voulant de plus être agréable à ces hommes et à tous les Juifs de la terre, j'ai décidé de faire traduire vos lois et de les placer dans ma bibliothèque, transcrites des caractères hébreux en caractères grecs. Tu feras donc bien de choisir dans chaque tribu six hommes sages et déjà âgés, qui, grâce à leur expérience, connaissent bien vos lois et soient capables d'en donner l'exacte interprétation ; car je crois que lorsqu'ils auront terminé cette œuvre, nous en retirerons la plus grande gloire. Je t'envoie pour traiter de ces choses Andréas, chef de ma garde, et Aristée, que je tiens tous deux en haute estime ; je les charge de porter des prémices d'offrandes au Temple, et, en vue de sacrifices et autres usages, cent talents d'argent. Quant à toi, en réponse, tu nous feras plaisir de nous informer de tes désirs. »

[13] Aristée, § 33, ajoute 70 talents d'argent.

[14] Cette phrase ne provient pas du pseudo-Aristée, mais d'une source inconnue, sans doute une chronique des grands-prêtres. L'existence de Simon le Juste est attestée par l'Ecclésiastique, c. 50, et d'autres textes (Pirké Aboth, 2 ; Para, III, 5 ; Tosepha Nazir, IV, 7 ; Sota, XIII, 6-7) ; toutefois Herzfeld et d'autres commentateurs croient que Josèphe s'est trompé et entendent par Simon le Juste Simon II, fils d'Onias (fin du IIIe siècle). Cf. Schürer, II3, p. 356.

Réponse du grand-prêtre.

6. Lorsqu'il eut reçu la lettre du roi, Eléazar y fit une réponse pleine d'empressement : « Le grand-prêtre Eléazar au roi Ptolémée, salut. Puisque toi, la reine Arsinoé et les enfants êtes en bonne santé, tout est bien pour nous. En recevant ta lettre, nous avons ressenti une grande joie de ton dessein ; ayant alors réuni le peuple, nous lui en avons donné connaissance et nous lui avons rendu manifeste ta piété envers Dieu. Nous lui avons aussi montré les vingt phiales d'or et les trente d'argent, les cinq cratères et la table à offrandes que tu as envoyés et les cent talents destinés à offrir des sacrifices et à subvenir à tous les besoins du Temple, qu'ont apportés Andréas et Aristée, les plus estimés de tes amis, hommes excellents, d'une instruction supérieure, et dignes de La haute valeur. Sache que de notre côté nous ferons tout ce qui peut t'être utile, dût-il dépasser l'ordre naturel des choses ; car nous te devons beaucoup, en retour des bienfaits de toutes sortes que tu as dispensés à nos concitoyens. Nous avons donc offert immédiatement des sacrifices pour toi, pour ta sœur, pour tes enfants et tes amis, et le peuple a fait des vœux pour que tes affaires marchent à ton gré, que la paix règne dans ton royaume, et que la traduction de nos lois ait pour toi le bon résultat que tu souhaites. Nous avons choisi dans chaque tribu six hommes déjà âgés, et nous les envoyons porteurs de la loi. Nous comptons sur ta piété et ta justice pour que, la loi une fois traduite, tu nous la renvoies avec ceux qui te l'apportent, en veillant à leur sûreté. Adieu. »

Envoi des soixante-dix interprètes de la Loi.

7. Telle fut la réponse du grand-prêtre. Je ne crois pas nécessaire de donner les noms des soixante-dix[15] anciens envoyés par Eléazar, qui apportèrent la loi, bien qu'ils fussent énumérés à la fin de la lettre. Mais il n'est pas inutile, je pense, de décrire les riches et admirables présents envoyés à Dieu par le roi, afin que tous connaissent le zèle du roi envers Dieu : car il dépensa sans compter, et sans cesse auprès des artistes, inspectant leur ouvrage, il ne souffrit dans l'exécution ni négligence ni mollesse. Bien que mon récit ne demande peut-être pas cette description, je passerai cependant toutes ces œuvres en revue, décrivant, dans la mesure de mes forces, leur magnificence ; j'espère ainsi faire comprendre à mes lecteurs le goût et la générosité du roi.

[15] En réalité 72. Les noms sont donnés par Aristée, § 47-50.

Présents de Ptolémée au temple de Jérusalem.

8. Je commencerai par la table. Le roi songea d'abord à la faire colossale ; il fit prendre la dimension de celle qui était à Jérusalem, et demanda si l'on pouvait en fabriquer une plus grande. Quand il sut comment était celle qui se trouvait dans le Temple, et que rien n'empêchait d'en faire une plus grande, il déclara qu'il en aurait volontiers fait faire une de dimensions quintuples, mais qu'il craignait qu'elle ne fût inutilisable pour le culte à cause de ses proportions exagérées : or il désirait faire des présents, non seulement dignes d'être admirés, mais d'un bon service dans les cérémonies. Considérant donc que c'était pour cette raison, et non par économie d'or, qu'on avait donné à l'ancienne table une proportion médiocre, il décida de ne pas surpasser en grandeur celle qui existait déjà, mais il voulut que la nouvelle l'emportât par le décor et la beauté des matériaux. Comme il avait l'esprit prompt à saisir la nature de toutes choses et capable de deviser des œuvres neuves et originales, il inventa lui-même, avec beaucoup d'ingéniosité, et fournit aux artistes, pour toutes les parties non décrites (dans la Bible)[16], des modèles qu'il les chargea d'exécuter ; quant aux parties dont on avait la description, il leur ordonna de se conformer rigoureusement aux indications du texte et de faire une copie exacte.

[16] Exode, XXV, 23 suiv.

9. Les ouvriers chargés de confectionner la table, qui mesurait deux coudées et demie de long, une de large[17] et une et demie de haut, firent en or massif tout le gros de l’œuvre. Elle était couronnée d'une corniche large d'une palme, ornée d'une cymaise entrelacée, dont le relief en forme de corde était ciselé merveilleusement sur les trois faces à l'imitation de la nature. La table étant, en effet, triangulaire, on reproduisit sur les trois côtés la même disposition, afin que, en quelque sens qu'on la tournât, elle présentât toujours un seul et même aspect. Pour la corniche, la partie tournée vers la table reçut une exécution soignée, mais la face externe l'emportait de beaucoup par la beauté et le fini du travail, car c'était la partie exposée au regard et à l'attention. C'est pourquoi aussi l'arête des deux versants (de la corniche) était à angle vif[18], et qu'aucun des angles, qui étaient au nombre de trois, comme nous l'avons dit, ne paraissait, si l'on déplaçait la table, plus petit que les autres[19]. Dans les entrelacs de la corde ciselée étaient enchâssées symétriquement des pierres précieuses, fixées par des agrafes d'or qui les traversaient. Les rampes de la corniche, exposées au regard, reçurent une décoration d'oves faites de pierres de toute beauté, assez semblables dans leur relief à une ligne de rais serrés, et qui faisaient le tour de la table. Au dessous de cette rangée d'oves, les artistes ciselèrent une guirlande de fruits de toutes sortes : grappes de raisins pendantes, épis dressés, grenades fermées. Les pierres furent assemblées suivant les différentes espèces de fruits que nous avons cités, de façon à en reproduire la couleur naturelle, et fixées dans l'or tout autour de la table. Au dessous de cette guirlande, on fit une nouvelle rangée d'oves et de rais en relief ; la table, dans les deux sens[20], présentait ainsi à la vue la même variété et le même fini de travail ; fût-elle retournée, ni la disposition de la cymaise ni celle de la corniche ne changeaient. Jusqu'aux pieds l'exécution était également soignée : on disposa, en effet, une lame d'or, de quatre doigts d'épaisseur, sur toute la largeur de la table ; on y inséra les pieds, qui furent ensuite fixés vers la corniche, par des clous et des attaches, de façon que, dans quelque sens qu'on plaça la table, la nouveauté et la richesse du travail parussent les mêmes. Sur le plateau, on sculpta un méandre, dans le milieu duquel furent enchâssées des pierres admirables, brillantes comme des astres, de différentes espèces, telles que des escarboucles et des émeraudes, qui frappent, entre toutes, l’œil par leur éclat, et d'autres pierreries de toutes sortes, races et universellement recherchées pour leur valeur. Autour du méandre, était ciselée une tresse enfermant des espaces libres en forme de losanges, incrustés de morceaux de cristal de roche et d'ambre, dont le rapprochement en dessin régulier était pour l’œil un véritable enchantement. Les pieds avaient des chapiteaux en forme de lis dont les feuilles étaient repliées sous la table, tandis que la floraison interne surgissait toute droite. Ils reposaient chacun sur une base d'escarboucle, de la hauteur d'une palme, large de huit doigts, en forme de stylobate, qui supportait toute la charge du pied. Chacun des pieds reçut une fine et délicate décoration en relief représentant du lierre et des sarments de vigne portant leurs grappes, imités avec une étonnante vérité les feuilles étaient si légères et si effilées qu'elles tremblaient au souffle du vent et donnaient l'illusion de la réalité plutôt que l'impression d'une œuvre d'art. Les artistes s'ingénièrent à donner à l'ensemble de la table l'aspect d'un triptyque, et la liaison des différentes parties entre elles était si admirablement faite, qu'il était impossible de voir, et même de soupçonner les joints. Le plateau de la table n'avait pas moins d’une demi-coudée d'épaisseur. Telle était cette offrande, témoignage de la libéralité du roi, œuvre remarquable par la richesse de la matière, la variété de l'ornementation, l'exactitude de l'imitation qu'apportèrent les artistes dans la ciselure ; le roi avait mis ses soins à ce que, tout en reproduisant par ses dimensions la table consacrée auparavant à Dieu, elle fût, par l'art, la nouveauté et la beauté du travail, de beaucoup supérieure et digne de l'admiration générale.

[17] La largeur manque dans Aristée, § 57, et dans le texte hébreu de l'Exode.

[18] Nous ne comprenons pas ce détail, qui se lit dans Aristée.

[19] Addition peu intelligible de Josèphe.

[20] Kautzsch suppose que la table avait deux plateaux éloignés d'environ un pied et qu'il s'agit ici de la décoration du plateau inférieur ; mais cela ne résulte clairement ni du texte de Josèphe, ni de celui d'Aristée.

10. Parmi les cratères, il y en avait deux en or, ornés de la base à la ceinture d'imbrications ciselées ; entre les écailles étaient serties des pierres variées, au dessus était un méandre haut d'une coudée[21], et fait d'un assemblage de pierres de toutes sortes, puis une rangée de rais, surmontée elle-même d'un lacs de losanges, semblables aux mailles d'un filet, et couvrant le vase jusqu'à l'orifice. Les intervalles furent remplis de très belles pierres de quatre doigts en forme de cabochons. Tout autour des bords du cratère étaient des enroulements de tiges et de fleurs de lis, des sarments de vigne disposés en cercle. Telle était la structure des deux cratères d'or, dont chacun avait la capacité d'une amphore. Les cratères d'argent avaient beaucoup plus d'éclat que des miroirs, l'image de ceux qui s'en approchaient s'y réfléchissait plus nettement. Le roi fit encore faire trente phiales où toutes les parties d'or qui n'étaient pas ornées de pierres précieuses reçurent une décoration de guirlandes de lierre et de feuilles de vignes ciselées. Voilà les œuvres qui furent exécutées et dont la perfection était due sans doute à l'habileté des artistes admirables qui en furent les auteurs, mais bien plus encore au goût et à la générosité du roi. Car non seulement il donna aux ouvriers sans compter et libéralement tout l'argent nécessaire, mais encore, négligeant le soin des affaires publiques, il était souvent auprès d'eux et surveilla toute l'exécution : ce qui fut cause du soin qu'y apportèrent les artistes, car voyant l'intérêt qu'y prenait le roi, ils mirent à leur ouvrage un bien plus grand zèle.

[21] Un pied dans Aristée, § 74.

Réception des interprètes à Alexandrie.

11.[22] Telles furent les offrandes envoyées à Jérusalem par Ptolémée. Le grand-prêtre Éléazar les consacra dans le Temple, puis, après avoir comblé d'honneurs ceux qui les avaient apportées et les avoir chargés de présents pour le roi, il les renvoya. Quand ils furent revenus à Alexandrie, Ptolémée, ayant appris leur retour et l'arrivée des soixante-dix anciens, fit appeler ses envoyés Andréas et Aristée. Ceux-ci vinrent aussitôt, lui remirent les lettres qu'ils lui apportaient de la part du grand-prêtre et répondirent de vive voix à toutes ses questions[23]. Dans sa hâte de voir les vieillards venus de Jérusalem pour interpréter la loi, il fit renvoyer tous ceux qui se trouvaient là pour affaires de service, chose de sa part extraordinaire et inusitée ; car ceux qu'amenaient des motifs de ce genre étaient d’ordinaire reçus dans les cinq jours, et les ambassadeurs dans le mois. Ayant donc congédié tous ceux qui avaient affaire à lui, il attendit les envoyés d'Éléazar. Quand les vieillards eurent été introduits, avec les présents que le grand-prêtre les avait chargés de porter au roi, et les membranes sur lesquelles la loi était écrite en lettres d'or, il les interrogea sur leurs livres. Et lorsqu'ils les eurent sortis de leurs étuis et les lui eurent montrés, le roi admira combien les membranes étaient minces et les coutures invisibles (tant était parfait le mode d'assemblage des feuilles). Après les avoir longtemps contemplées, il leur dit qu'il les remerciait d'être venus, plus encore Eléazar qui les avait envoyés, et par dessus tout Dieu, dont ces livres contenaient la loi. Et comme les vieillards et les assistants s'écrièrent tout d'une voix qu'ils souhaitaient au roi toutes sortes de prospérités, l'excès de bonheur lui fit verser des larmes, signe naturel des grandes joies comme des grandes douleurs. Puis il commanda qu'on remît les livres à ceux qui en avaient la garde[24], embrassa les envoyés et leur dit qu'il avait cru juste de les entretenir d'abord de l'objet de leur mission ; ensuite, de les saluer eux-mêmes. Il ordonna que ce jour où il les avait reçus fût célébré et marqué entre tous dans l'année pour tout le reste de sa vie, car il se trouva que c'était l'anniversaire même de celui où il avait battu Antigone dans un combat naval[25]. Il les fit manger avec lui et recommanda qu'on leur donnât les meilleurs logements près de la citadelle.

[22] Pour ce qui suit, cf. Aristée, § 172 suiv. Wendland.

[23] Sens incertain, soit qu'on lise avec les mss. ἐπύθετο ou avec Niese ὑπέθετο.

[24] Aristée, § 179 : εἰς τάξιν ἀποδοῦναι, « déposer en ordre ». Josèphe n'a pas compris cet alexandrinisme.

[25] La guerre maritime entre ces deux rois se place aux environs de 265 av. J.-C. La tradition grecque n'y mentionne qu'une victoire d'Antigone, à Cos (Athénée, V, 209 E ; Plut. De se ipso, etc., 16, p. 545 B.) ; cf. Niese, Makedonische Stuaten, II, 130 suiv.

Banquet des Septante.

12. L'officier chargé de recevoir les étrangers[26], Nicanor, appela Dorothéos, l'intendant de ce service, et lui commanda de préparer pour chacun des envoyés tout ce qui était nécessaire à sa subsistance. Voici quel était le système adopté par le roi. Pour les envoyés de chaque ville, ayant un régime de vie spécial, il y avait un fonctionnaire chargé de s'en occuper[27] ; à leur arrivée il leur fournissait, suivant leurs coutumes, tout ce qu'il fallait pour que, bien traités, vivant de leur genre de vie ordinaire, ils fussent plus à leur aise, et n'eussent aucun ennui provenant d'un changement d'habitudes. C'est ce qui fut fait pour les envoyés d'Eléazar ; Dorothéos, maître d'hôtel fort exact, avait été préposé à cette tâche. Il régla tout ce qu'il fallait pour des réceptions de ce genre[28] et prépara pour eux deux rangées de places à table, comme l'avait ordonné le roi : celui-ci, en effet, voulant leur prodiguer tous les honneurs, fit placer la moitié d'entre eux à côté de lui, les autres à une table placée derrière la sienne. Après qu'ils eurent pris place, il ordonna à Dorothéos de les servir suivant les habitudes de tous ceux qui lui arrivaient de Judée. C'est pourquoi il congédia les hérauts sacrés, les sacrificateurs et tous ceux qui disaient d'ordinaire les prières, et comme parmi les envoyés se trouvait un prêtre, nommé Elisée[29], le roi le pria de faire les prières. Elisée, debout au milieu de tous, pria pour la prospérité du roi et de ses sujets ; puis tous avec joie poussèrent une bruyante acclamation ; après quoi ils ne songèrent plus qu'à festoyer et à manger les mets préparés pour eux. Le roi, après un intervalle qu'il jugea suffisamment long, se mit à causer philosophie et posa à chacun quelque question sur un problème naturel ; et comme les convives donnaient des explications claires et précises sur tout sujet qui leur était proposé[30], le roi, enchanté, prolongea le festin pendant douze jours ; si l'on veut savoir en détail ce qui fut dit dans ce banquet, on peut se renseigner dans le liste qu'Aristée écrivit à ce sujet[31].

[26] C'est ainsi que Josèphe rend le terme ἀρχιδέατρος (mss. ἀρχιτητρὸς) d'Aristée, § 182. Cf. Letronne, J. des savants, 1828, p. 105.

[27] κατὰ γὰρ πόλιν ἑκάστην, ὅσαι (quelques mss. ont ὅσαι οὐ) τοῖς αὐτοῖς χρῶνται περὶ τὴν δίαιτιαν etc. Le texte est incertain, mais le sens résulte d'Aristée, § 182.

[28] Texte altéré.

[29] Eléazar d'après nos mss. d'Aristée, § 184. Les deux noms figurent dans la liste des envoyés, § 47 suiv.

[30] Les mots πρὸς τὴν ζητουμένων θεωρίαν sont altérés ou inutiles.

[31] Voir Aristée, § 188-292.

Traduction de la Loi.

13. Le roi les admira fort, et le philosophe Ménédémos lui-même dit que la Providence gouvernait tout, ce qui expliquait l'éloquence et la beauté de leurs discours. Puis ils cessèrent de les interroger. Le roi déclara que leur présence seule lui avait fait déjà le plus grand bien, puisqu'il avait appris d'eux comment il fallait régner ; puis il commanda de leur donner à chacun trois talents, et de les conduire à leurs logements pour les faire reposer[32]. Au bout de trois jours, Démétrius les emmena, leur fit traverser la jetée de sept stades, passa le pont, puis remonta au nord, et les réunit dans une maison bâtie au bord de la mer, et dont la solitude était bien propre à l'étude. Quand il les eut amenés là, il les pria, comme ils étaient pourvus de tout ce dont ils avaient besoin pour traduire la loi, de procéder sans relâche à cette besogne. Ils mirent toute leur attention et tout leur zèle à la traduction de la loi. Ils s'en occupaient jusqu’à la neuvième heure ; puis ils la laissaient pour s'occuper des soins du corps : tout le nécessaire leur était abondamment fourni, et Dorothéos leur donnait de plus beaucoup de choses préparées pour le roi, par ordre de celui-ci. Le matin, ils venaient à la cour saluer Ptolémée, puis retournaient au même endroit, et, après s'être lavé les mains dans la mer et avoir fait leurs ablutions, ils se remettaient à la traduction de la loi.

[32] Josèphe parait avoir mal compris Aristée, § 294, dont le texte est d'ailleurs douteux.

Quand la loi fut traduite et le travail de traduction terminé, ce qui dura soixante-douze jours, Démétrius rassembla tous les Juifs dans le lieu où les lois avaient été traduites, et, en présence également des interprètes, donna lecture de celles-ci. La multitude applaudit les vieillards qui avaient traduit la loi, et loua l’idée qu'avait eue Démétrius à qui ils étaient redevables ainsi de grands biens ; elle demanda qu'on donnât aussi la loi à lire à ses chefs. Et le prêtre[33], les anciens[34] et les chefs de la communauté, trouvant que la traduction était parfaite, demandèrent qu'elle restât telle, sans que rien y fût changé. Tous furent de cet avis, et l'on décida que si jamais quelqu'un découvrait quelque passage ajouté ou retranché à la loi, après nouvel examen et démonstration faite, il le corrigerait ; sage mesure, grâce à laquelle ce qui aurait été une fois jugé bon serait maintenu pour toujours[35].

[33] Chez Aristée, § 310, « les prêtres ».

[34] Nous supprimons les mots absurdes τῶν ἐρμηνέων, quoique Josèphe les ait trouvés déjà dans Aristée.

[35] Josèphe a très mal paraphrasé le texte d'Aristée (§ 311), qui mentionne une malédiction contre quiconque toucherait au texte de la loi.

Pourquoi les anciens auteurs grecs n'ont pas parlé de la Bible.

14. Le roi se réjouit vivement de la réalisation et des bons résultats de son projet. Mais quand les lois lui eurent été lues, sa satisfaction grandit de toute son admiration pour l'intelligence et la sagesse du législateur ; et il se mit à demander à Démétrius comment il se faisait qu'aucun des historiens ou des poètes n'avait parlé de ces lois si admirables. Démétrius répondit que personne n'avait osé en aborder la description à cause de leur origine divine et de leur sainteté, et que quelques-uns pour l'avoir tenté avaient été frappés par Dieu. Il cita Théopompe, qui, ayant voulu en parler, avait eu l'esprit troublé pendant plus de trente jours, puis avait apaisé Dieu pendant ses intervalles de lucidité, jugeant bien que c'était là l'auteur de sa folie ; il fut averti, d'ailleurs, en songe que ce malheur lui était arrivé parce qu'il avait touché à des choses divines et voulu les mettre à la portée du vulgaire ; quand il renonça à son projet, il reprit tout son bon sens. Démétrius dit encore au roi que l'on rapportait du poète tragique Théodecte qu'ayant voulu dans un de ses drames mentionner quelques paroles des livres saints, il avait été atteint de glaucome aux yeux et qu'après avoir reconnu la cause de ce mal, il en avait été délivré, une fois Dieu apaisé.

Renvoi des Septante.

15. Le roi instruit de ces faits par Démétrius, comme on vient de le raconter, vénéra profondément ces livres et ordonna qu'on en prit le plus grand soin afin qu'ils demeurassent intacts. Il invita les traducteurs à revenir souvent de Judée pour le voir : leur visite leur serait profitable, tant pour les honneurs que pour les présents qu'elle leur rapporterait de sa part[36]. Il lui paraissait, en effet, juste, pour le moment, de leur rendre leur liberté, mais s'ils revenaient d'eux-mêmes, ils trouveraient un accueil aussi empressé que le méritait leur sagesse et que sa propre générosité serait capable de le leur faire. Il les congédia donc après avoir donné à chacun trois très beaux vêtements, deux talents d'or, une coupe d'un talent et la couverture de leur lit de banquet. Tels furent les présents qu'ils reçurent de lui. Au grand-prêtre Éléazar il envoya par leur entremise dix lits à pieds d'argent avec leur garniture, une coupe de trente talents, et de plus dix vêtements, une robe de pourpre, une riche couronne, cent pièces de toile de lin, et enfin des phiales, des plats, des vases à libation et deux cratères d'or destinés à être déposés dans le Temple. Il le pria par lettre, si quelques-uns des envoyés voulaient revenir le voir, de les y autoriser, car il attachait le plus grand prix au commerce des hommes instruits, et se trouvait heureux de dispenser ses dons à de tels personnages. Tels furent les honneurs et la gloire que reçurent les Juifs de Ptolémée Philadelphe.

[36] Josèphe a lu dans Aristée, § 318, πολυδωρίας τεύξεται παρ' αὑτοῦ, mais le texte original portait sans doute πολυωρίας, « considération » (Mahaffy, CL ass. Review, VIII, 349).

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