Antiquités judaïques - Flavius Josèphe

LIVRE XV

CHAPITRE V
Hérode marche contre l'Arabe Malchos et le vainc ; Athénion, stratège de Cléopâtre, fond sur Hérode et Malchos en profite pour faire volte-face ; les Juifs subissent des pertes importantes ; énorme tremblement de terre en Judée ; Hérode exhorte ses troupes contre les Arabes ; Hérode vainqueur des Arabes ; il fait de nombreux prisonniers et fait un massacre du reste.

Guerre d'Hérode contre Malchos, roi des Arabes Nabatéen. Défaite de Canatha.

1.[1] Hérode, voyant que l'Arabe se conduisait avec autant d'ingratitude et que finalement il refusait de remplir ses engagements, s’apprêta à marcher contre lui, mais fixa pour terme de cette entreprise la fin de la guerre romaine. On s'attendait, en effet, à la bataille d'Actium, qui eut lieu en la cent quatre-vingt-septième Olympiade[2], et César se préparait à disputer à Antoine l'empire du monde ; Hérode, qui se trouvait possesseur depuis longtemps d'un territoire riche en pâturages, et dont les revenus et la puissance s'étaient accrus, leva des soldats pour prêter secours à Antoine et apporta beaucoup de zèle à ses préparatifs. Mais Antoine lui fit dire qu'il n'avait nul besoin de son aide et lui ordonna de marcher contre l'Arabe, dont il venait d'apprendre par lui et Cléopâtre la mauvaise foi : c'est Cléopâtre qui lui avait suggéré cette décision, pensant que les deux adversaires s'affaibliraient mutuellement et qu'elle en profiterait. Sur cet ordre d'Antoine, Hérode revint sur ses pas et réunit son armée comme pour envahir immédiatement l'Arabie ; sa cavalerie et son infanterie prêtes, il se transporta sous les murs de Diospolis[3], où les Arabes s'étaient rassemblés : car les préparatifs de guerre d'Hérode ne leur avaient pas échappé. Une bataille meurtrière eut lieu, d’où les Juifs sortirent vainqueurs. Mais à la suite de ce combat, une importante armée d'Arabes se réunit à Cana[4], place forte de Cœlé-Syrie. Hérode prévenu marcha contre eux à la tête de la plus grosse partie de ses forces, et arrivé en un endroit favorable[5], il résolut de camper et de se fortifier pour attendre l'occasion d'en venir aux mains. Cette décision provoqua les réclamations de la multitude des Juifs, qui voulaient être menés sans retard contre les Arabes ; leur bâte venait de leur confiance dans leur bonne organisation ; les plus impatients étaient ceux qui avaient vaincu dans le combat précédent, où ils n'avaient pas même laissé leurs adversaires en venir aux mains[6]. Devant ce tumulte et l'ardeur montrée par ses troupes, le roi résolut de profiter des bonnes dispositions de l'armée, et, déclarant qu'il ne voulait pas montrer moins d'empressement qu'eux, il se mit à leur tête, en armes, suivi de tous ses soldats rangés par régiments. Les Arabes furent aussitôt frappés de terreur, et après une faible résistance, voyant les Juifs invincibles et pleins d'ardeur, ils reculèrent et prirent la fuite pour la plupart. Ils eussent été taillés en pièces si le stratège Athénion n'avait trahi Hérode et les Juifs. Il commandait, au nom de Cléopâtre, ce territoire, et, comme il était en désaccord avec Hérode, il attendait le résultat de l'action, son plan bien arrêté : si les Arabes accomplissaient quelque exploit, il était résolu à ne pas intervenir ; mais s'ils étaient battus — ce qui arriva — il se disposait, avec les troupes levées dans le pays, à tomber sur les Juifs. Lorsqu'il vit ces derniers fatigués et persuadés qu'ils avaient bataille gagnée, il les chargea à l'improviste et en fit un grand carnage ; car les Juifs, qui avaient dépensé toute leur ardeur contre leurs ennemis déclarés et usaient déjà sans défiance de leur victoire, succombèrent facilement à cette attaque et furent accablés de coups, sur un terrain peu favorable à la cavalerie, plein de pierres, et dont les assaillants avaient beaucoup plus l'habitude qu'eux. En les voyant en aussi mauvaise posture, les Arabes reprirent courage, revinrent sur leurs pas et massacrèrent les Juifs en déroute. Ceux-ci subirent donc de tous les côtés des pertes importantes ; bien peu des soldats dispersés purent se réfugier dans le camp. Le roi Hérode, désespérant de l'issue du combat, partit à cheval pour aller chercher du secours ; mais il ne put arriver à temps, malgré sa hâte, et le camp des Juifs fut pris. Les Arabes eurent ainsi le rare bonheur de remporter contre toute attente la victoire, alors qu'ils en étaient si éloignés, et de détruire un grand nombre de leurs adversaires. Après cela Hérode se borna au brigandage, parcourant le territoire des Arabes, qu'il dévastait par ses incursions ; campant dans la montagne, évitant les engagements réguliers, causant de réels dommages à l'ennemi par ses attaques incessantes et son activité, il amendait ses affaires et réparait de toutes façons son désastre.

[1] Guerre, I, § 364-369.

[2] La 187e Olympiade commença en juillet 32 av. J.-C. ; la bataille d'Actium est du 2 septembre 31, donc de la 2e année de cette Olympiade, à moins que les Olympiades de Josèphe ne commencent au 1er janvier qui suit leur véritable origine.

[3] Site inconnu. Faut-il corriger en Dium (Δῖον πόλιν au lieu de Διόσπολιν) ? C'est certainement dans cette région, à l'E. de la Décapole, qu'il faut placer la campagne.

[4] Κανᾶ dans Ant. ; Κανάθα (Kanawat) dans Guerre. Mais peut-être faut-il lire Kanata (distinct de Kanatha), aujourd'hui Kerak, à l'O. du Haouran.

[5] En lisant avec Niese et les mss. PF ἐν καλῷ (ἐν Κανᾶ vulg.). L'endroit s'appelait Ormiza (Guerre).

[6] Texte douteux. Je lis avec les mss. ἐπιτρέψαντες (Naber : ἐπιτρέψοντες).

Tremblement de terre en Judée.

2.[7] A ce moment, où se livra la bataille d'Actium entre César et Antoine, la septième année du règne d'Hérode[8], la Judée fut éprouvée par un tremblement de terre, comme on n'en avait encore, semble-t-il, jamais ressenti, et qui causa la mort d'un très grand nombre de bestiaux. Il y eut aussi environ trente mille personnes écrasées par la chute de leurs maisons ; mais l'armée, qui campait en plein air, ne fut pas atteinte par la catastrophe. Les Arabes, à cette nouvelle, que leur transmirent amplifiée bien au delà de la vérité tous ceux qui voulaient flatter leur haine en exagérant les faits, conçurent de grandes espérances, comme si, le territoire ravagé, les habitants détruits, il n'y eût plus désormais pour eux d'obstacle. Ils mirent à mort les envoyés des Juifs, venus pour faire la paix à la suite des derniers événements, et marchèrent pleins d'ardeur contre l'armée juive. Les Juifs ne voulurent pas d'abord les attendre ; découragés par leurs revers, ils délaissaient leurs affaires, dont ils étaient arrivés à désespérer complètement ; ils n'avaient plus, en effet, l'espoir de lutter à armes égales, après leurs défaites, ni de recevoir aucun secours, dans la situation où se trouvaient leurs affaires domestiques. Dans cette consternation, le roi entreprit de rendre confiance aux chefs par ses exhortations et d'essayer de relever leur courage abattu. Il commença par secouer et réconforter quelques-uns des meilleurs ; puis il osa parler à la foule, après avoir hésité dans la crainte de la trouver hostile, à la suite de tant de désastres. Il les exhorta donc dans les termes suivants :

[7] Guerre, I, § 370-372.

[8] Cette année va du printemps (Nisan) 31 au printemps 30. La catastrophe eut lieu (Guerre) au commencement du printemps, donc cinq mois avant la bataille d'Actium, ἀκμάζοντος τοῦ περὶ Ἄκτιον πολέμου (Guerre).

Nouvelle campagne ; victoire de Philadelphie.

3.[9] « Je n'ignore pas, mes amis, que depuis quelque temps nos entreprises n'ont abouti qu'à des échecs, et dans de pareilles circonstances, il est bien difficile aux plus énergiques de conserver leur courage. Mais, puisque la guerre nous presse, et que, de tous les malheurs survenus, il n'en est pas un auquel une seule victoire ne puisse remédier, j'ai voulu vous adresser quelques exhortations et vous dire comment vous pourrez rester dignes de votre grandeur d'âme naturelle. Je désire d'abord, au sujet de la guerre, vous montrer que nous la faisons justement, obligés que nous sommes par les insultes de nos ennemis : c'est là, si vous l'entendez bien, le plus grand stimulant pour votre ardeur. Puis, je veux vous faire voir qu'aucun des maux qui nous accablent n'est fait pour nous effrayer, et que nous avons encore les plus grandes espérances de victoire. Je commencerai par le premier point, vous prenant à témoin de ce que j'avance. Vous connaissez la perfidie des Arabes ; s'ils se sont toujours conduits, envers tous les autres peuples, avec toute la déloyauté qu'on pouvait attendre d’une nation barbare et dénuée de la connaissance de Dieu, c'est à nous surtout qu'ils s'en prirent, par avidité et par envie, épiant nos embarras pour nous attaquer à l'improviste. A quoi bon en dire plus long ? Et pourtant, lorsqu'ils faillirent perdre leur indépendance et passer sous la domination de Cléopâtre, qui donc, si ce n'est nous, les a délivrés de cette crainte ? C'est l'amitié qui me lie à Antoine, ce sont les bonnes dispositions de celui-ci à notre égard, qui leur ont épargné un malheur irrémédiable, Antoine mettant tous ses soins à ne rien faire qui pût éveiller notre défiance. Comme il voulait cependant donner à Cléopâtre quelques parties des deux royaumes, c'est encore moi qui négociai cette affaire, et qui, par de nombreux présents, pris sur mes propres biens, réussis à garantir à tous deux la sécurité ; je me chargeai des dépenses, donnant deux cents talents, me portant garant pour deux cents autres, qui ont été touchés par Cléopâtre, et dont les Arabes nous ont frustrés. Il était pourtant juste que les Juifs ne payassent à personne au monde aucun tribut, aucune dîme des produits de leur territoire ; encore moins devaient-ils le faire pour ces hommes que nous avons sauvés ; et il était souverainement injuste que ces Arabes, après avoir avoué avec force protestations et remerciements qu'ils croyaient nous devoir leur salut, nous fissent du tort en nous dépouillant, alors qu'ils étaient non nos ennemis, mais nos amis. La bonne foi, qu'on doit montrer même à l'égard des pires ennemis, est de la plus stricte obligation avec des amis ; il n'en est cependant pas ainsi chez ce peuple, qui ne voit rien au-dessus du gain, d'où qu'il vienne, et ne considère pas l'injustice comme blâmable, s'il peut en tirer quelque profit. Vous demanderez-vous donc encore s'il faut châtier des hommes sans foi, quand Dieu lui-même le veut et nous recommande de toujours haïr l'arrogance et l'injustice, et cela lorsque vous allez affronter une guerre non seulement juste, mais encore nécessaire ? Car ils ont commis, en égorgeant nos envoyés, l'acte qui, de l'aveu des Grecs et des barbares, est la pire des déloyautés. Les Grecs, en effet, ont déclaré les hérauts sacrés et inviolables ; et, nous-mêmes, c'est par des envoyés célestes que nous tenons de Dieu nos plus belles doctrines et nos plus saintes lois[10]. Ce nom seul a la vertu de faire apparaître Dieu aux hommes et de réconcilier les ennemis entre eux. Quel plus grand sacrilège pourrait-on donc commettre que de tuer des envoyés venus pour s'entretenir de justice ? et comment pourraient-ils encore être prospères dans la vie, victorieux à la guerre après un pareil attentat ? la chose me paraît impossible. Peut-être dira-t-on que si le bon droit et la justice sont pour nous, nos ennemis ont pour eux le courage et le nombre. Mais tout d'abord il est impie de proférer de semblables paroles : ceux qui ont pour eux la justice ont aussi pour eux Dieu, et là où est Dieu, là sont le nombre et le courage. Que si nous considérons maintenant notre propre force, ne les avons-nous pas vaincus dans le premier combat ? à la seconde rencontre, ils n'attendirent même pas le choc et ils prirent la fuite, incapables de supporter notre élan et notre vaillance ; c'est lorsque nous étions vainqueurs qu'Athénion nous a attaqués sans aucune déclaration de guerre. Ont-ils fait là preuve de courage, ou, pour la seconde fois, de déloyauté et de ruse ? Pourquoi donc nous décourager, par les motifs mêmes qui devraient nous donner les plus grandes espérances  ? pourquoi redouter des hommes qui ont toujours été vaincus en combat régulier et qui, lorsqu'on leur accorde la victoire, ne la doivent qu'à la perfidie ? Au cas, d'ailleurs, où vous croiriez à leur courage, comment cette pensée même n'est-elle pas pour vous un aiguillon ? car le vrai mérite ne consiste pas à attaquer un ennemi plus faible, mais à pouvoir vaincre même plus fort que soi. Enfin, si quelques-uns se laissent effrayer par tous nos malheurs domestiques et pour les effets du tremblement de terre, réfléchissez tout d'abord que ces malheurs mêmes servent à tromper les Arabes, qui croient le mal plus grand qu'il n'est en réalité. Songez ensuite qu'il n'est pas glorieux que là où ils trouvent des raisons d'audace, nous en voyions, nous, de lâcheté. Nos ennemis, en effet, ne doivent pas leur assurance à quelque supériorité personnelle, mais à l'espoir qu'ils ont de nous trouver accablés par nos malheurs. Si nous marchons contre eux, nous leur enlèverons toute leur arrogance, et nous-mêmes nous y gagnerons de combattre des ennemis ayant perdu confiance. Aussi bien nous n'avons pas été éprouvés autant qu'on le dit, et la catastrophe n'est nullement, comme le croient quelques-uns, un effet de la colère divine. Il n'y a là que de simples accidents, des cataclysmes physiques. Et si Dieu est l'auteur de nos désastres, il est bien évident que c'est aussi lui qui y a mis un terme, satisfait du résultat obtenu : s'il avait, en effet, voulu nous accabler encore davantage, il ne s'en serait pas tenu là. Qu'il veuille cette guerre et qu'il la trouve juste, lui-même nous en a bien donné la preuve. Quelques morts ont été causées dans le pays par le tremblement de terre, mais aucun des hommes sous les armes n'a eu de mal ; vous avez été tous sauvés, Dieu voulant ainsi montrer clairement que, si même vous étiez tous partis en campagne avec vos femmes et vos enfants, vous n'auriez souffert aucune perte irréparable. Pénétrés de toutes ces vérités, et plus encore de l'idée que vous avez en toute occasion Dieu comme défenseur, marchez, enflammés d'une juste ardeur, contre des hommes parjures à l'amitié, perfides dans le combat, sacrilèges à l'égard des ambassadeurs, et qui toujours ont été vaincus par votre valeur. »

[9] Guerre, I, § 373-379 (développement très différent).

[10] La même idée est exprimée par saint Paul (Galates, III, 19 ; Hébreux, II, 2). Notre texte aurait dû être cité par Bousset dans son exposé de la doctrine angélologique à l'époque de Jésus (Religion des Judentums, p. 323 Suiv.).

4.[11] Ce discours releva beaucoup le courage des Juifs, qui ne demandèrent plus qu'à combattre. Hérode, après avoir offert les sacrifices suivant les rites, leva en hâte le camp et marcha contre les Arabes après avoir franchi le Jourdain[12]. Ayant posé son camp près des ennemis, il jugea bon de s'emparer d'un château situé entre les deux armées : il pourrait, en effet, s'en servir pour engager plus tôt la bataille, et, d'autre part, s'il fallait différer, il assurait ainsi la défense de son camp. Les Arabes avaient eu la même idée ; on se disputa donc la place, d'abord dans une escarmouche, puis avec des forces plus nombreuses engagées de chaque côté, jusqu'à ce que le parti arabe vaincu battit en retraite. Ce succès donna aussitôt grand espoir aux Juifs. [Hérode, à la tête] de ses troupes, [provoqua les ennemis au combat ; mais voyant leur armée frappée de terreur et leur chef Elthémos][13] disposé à tout plutôt qu'à engager la bataille, il ne mit que plus d'audace à arracher leurs palissades et à se rapprocher de leur camp ; forcés hors de leurs retranchements, les Arabes s'élancèrent en désordre, sans ardeur ni espoir de vaincre. Ils en vinrent cependant aux mains, ayant pour eux la supériorité du nombre et contraints par la nécessité à payer d'audace. La lutte fut très vive ; des deux côtés les morts furent nombreux. Enfin les Arabes lâchèrent pied et prirent la fuite. Dans leur déroute, il en périt un grand nombre, non seulement de la main de l'ennemi, mais par leur propre faute : les uns furent écrasés par la masse des fuyards qui se précipitaient sans ordre, d'autres tombèrent sur leurs propres armes. Ils perdirent cinq mille hommes. Le reste se réfugia en toute hâte dans les retranchements ; mais, même en sûreté, ils ne pouvaient espérer le salut, car ils manquaient de tout le nécessaire, et surtout d'eau. Les Juifs les poursuivirent ; mais n'ayant pu réussir à pénétrer avec eux dans le camp, ils s'établirent autour du retranchement et firent bonne garde pour empêcher ceux qui voudraient porter secours d'entrer, et ceux qui voudraient fuir, de sortir.

[11] Guerre, I, § 380-383.

[12] Près de Philadelphie en Ammonitide (Guerre).

[13] La lacune du texte, marquée par Dindorf, a été remplie conjecturalement par Niese d'après le texte de Guerre.

5.[14] Les Arabes, réduits à cette triste situation, envoyèrent des parlementaires auprès d'Hérode, d'abord pour traiter de la suspension des hostilités, puis, pressés par la soif, pour déclarer qu'ils acceptaient toutes les conditions, pourvu qu'on leur donnât immédiatement la liberté. Mais Hérode repoussa ambassade, offres de rançon[15] pour les prisonniers, et toutes autres conditions modérées, si ardent était son désir de tirer vengeance de leur conduite déloyale à l'égard des Juifs. Contraints donc par tant de causes et surtout par la soif, ils sortirent et vinrent se livrer à la captivité et aux chaînes. Après cinq jours, quatre mille hommes furent ainsi faits prisonniers ; le sixième jour, tous ceux qui restaient résolurent de faire une sortie régulière et d'attaquer l'ennemi, préférant, s'il devait leur arriver malheur, ne pas périr misérablement en détail. Ainsi décidés, ils sortirent des retranchements, mais furent incapables de se battre ; affaiblis de corps et d'âme, ils ne pouvaient fournir une belle résistance ; ils regardaient d'ailleurs la mort comme un bonheur, la vie comme une calamité. Au premier choc il en tomba environ sept mille[16]. Les Arabes, à la suite de ce désastre, perdirent toute leur ancienne assurance. Pleins d'admiration pour l'habileté dont Hérode avait fait preuve au milieu de ses propres calamités, ils s'inclinèrent désormais devant lui et le proclamèrent protecteur de leur nation. Hérode exalté par son succès revint dans son royaume, s'étant acquis la considération de tous par cet exploit.

[14] Guerre, I, § 384-385.

[15] Cinq cents talents, d'après Guerre.

[16] Six mille selon quelques mss.

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