Contre Apion - Flavius Josèphe

LIVRE I

CHAPITRE IV

Les Grecs n'ont pas dès l'origine tenu des annales officielles.

(19) Bien d'autres causes d'une telle divergence apparaîtraient peut-être à qui voudrait les chercher, mais, pour moi, j'attribue aux deux que je vais dire la plus grande influence. Je commencerai par celle qui me paraît dominante. (20) L'insouciance des Grecs, depuis l'origine, à consigner chaque événement dans des annales officielles, voilà surtout ce qui causa les erreurs et autorisa les mensonges de ceux qui plus tard voulurent écrire sur l'antiquité. (21) Car non seulement chez les autres Grecs on négligea de rédiger des annales, mais même chez les Athéniens, qu'on dit autochtones et soucieux d'instruction, on trouve que rien de semblable n'a existé, et leurs plus anciens documents publiés sont, à ce qu'on dit, les lois sur le meurtre rédigées pour eux par Dracon, personnage qui a vécu peu avant la tyrannie de Pisistrate[1]. (22) Que dire, en effet, des Arcadiens, qui vantent l'ancienneté de leur race ? C'est à peine si plus tard encore ils apprirent l'écriture.

[1] D'après la plupart des auteurs, Dracon avait, en réalité, rédigé un code de lois complet, mais seules ses lois sur le meurtre furent maintenues par Solon. Nous possédons encore des fragments d'une copie officielle sur pierre qui en fut faite an 409/8 avant J.-C. (Inscriptions juridiques grecques, II, n° XXI). La législation de Dracon (vers 624 av. J.-C.) est antérieure de plus de soixante ans à la première usurpation de Pisistrate (561) : Josèphe la rajeunit pour les besoins de sa thèse.

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