Contre Apion - Flavius Josèphe

LIVRE I

CHAPITRE VII

Soins pris pour assurer la pureté de race des prêtres.

(30) Non seulement dès l'origine ils ont commis à ce soin les meilleurs, ceux qui étaient attachés au culte de Dieu, mais ils ont pris des mesures pour que la race des prêtres demeurât pure de mélange et sans souillure. (31) En effet, celui qui participe au sacerdoce doit, pour engendrer, s’unir à une femme de même nation et, sans considérer la fortune ni les autres distinctions, faire une enquête sur sa famille, extraire des archives la succession de ses parents et présenter de nombreux témoins[1]. (32) Et nous ne suivons pas cette pratique seulement en Judée même, mais, partout aussi où se rencontre un groupe des nôtres, les prêtres observent rigoureusement cette règle pour les mariages. (33) Je parle de ceux d'Égypte, de Babylone et de tous les autres pays du monde où les hommes de la race sacerdotale peuvent être dispersés. Ils envoient à Jérusalem le nom patronymique de leur femme avec la liste de ses ancêtres en remontant, et les noms des témoins. (34) Si le pays est en proie à la guerre — comme le fait s'est produit souvent lors des invasions d'Antiochos Épiphane, de Pompée le Grand et de Quintilius Varus[2], et surtout de nos jours — (35) ceux des prêtres qui survivent reconstituent de nouveaux livrets à l'aide des archives[3] et vérifient l'état des femmes qui restent. Car ils n'admettent plus celles qui ont été prisonnières, les soupçonnant d'avoir eu, comme il est souvent arrivé, des rapports avec un étranger[4]. (36) Et voici la preuve la plus éclatante au soin exact apporté dans cette matière : nos grands-prêtres, depuis deux mille ans, sont nommés, de père en fils, dans nos annales[5]. Ceux qui contreviennent le moins du monde aux règles précitées se voient interdire l'accès des autels et la participation aux autres cérémonies du culte.

[1] Sur ses indications sur le mariage des prêtres, comparer les renseignements généalogiques fournis par Josèphe au commencement de son autobiographie et extraits par lui « des registres publics ». En réalité, la loi était encore plus exigeante que ne le dit ici Josèphe ,: la femme d'un prêtre ne devait pas seulement être de race israélite, mais n'être ni veuve, ni divorcée, ni déflorée, ni prostituée (cf. Lévitique, XXI, 7-14 ; Ant., III, ch. III, § 276-277.).

[2] Quintilius Varus, gouverneur de Syrie, étouffa la révolte qui éclata après la mort d'Hérode (4 av. J.-C.).

[3] Les « livrets » (γράμματα) sont des généalogies particulières, extraites des archives, et que conservait chaque famille sacerdotale.

[4] Cf. Ant., III, 12, 2 ; XIII, 10, 5 ; Mishna Ketoubot, II, 9. Ce qui n'empêcha pas Josèphe lui-même (qui était prêtre) d'épouser en premières noces une captive (Vita. 414).

[5] Ailleurs (Ant., XX, 10, 1) Josèphe compte 83 grands-prêtres depuis Aaron jusqu'au temps de Titus, mais il ne les énumère pas et l'on ne voit pas à quelles annales il est fait ici allusion.

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