Guerre des Juifs - Flavius Josèphe

LIVRE 5
Depuis l'avance de Titus contre Jérusalem jusqu'aux premiers ravages de la famine

CHAPITRE 9
Le siège est suspendu, puis repris. Efforts de Josèphe pour persuader aux Juifs de se rendre ; ses discours.

Le siège est suspendu, puis repris.

1. Titus crut alors opportun d'interrompre quelque temps le siège et de laisser aux factieux le loisir de délibérer ; car peut être céderaient-ils devant la ruine du deuxième mur ou la crainte naissante de la famine ; en effet, leurs pillages ne pouvaient plus leur suffire longtemps. Il utilisa opportunément cette trêve. Car, comme on était arrivé au jour où la distribution de la solde et des vivres devait être faite aux soldats, il ordonna aux chefs de ranger l'armée dans un lieu où les ennemis la pussent voir, et d'y compter l'argent à chacun. Les soldats, suivant leur habitude, avaient tiré leurs armes des coffres qui les contenaient et s'avançaient revêtus de leurs cuirasses : les cavaliers conduisaient leurs chevaux brillamment harnachés. Les faubourgs, sur une grande étendue, brillaient d'argent et d'or ; aucun spectacle ne pouvait mieux plaire aux Romains ni effrayer davantage les ennemis. Toute l'ancienne muraille était remplie de spectateurs, comme aussi le mur septentrional du Temple ; on apercevait les maisons pleines de gens qui se penchaient en avant pour voir ; il n'y avait pas un endroit de la ville qui ne fût recouvert par la multitude. Même les plus audacieux étaient frappés d'épouvante à l'aspect de toute cette armée rassemblée, de la beauté des armes, de la belle ordonnance des troupes ; je crois même que ce spectacle aurait ramené les factieux à d'autres sentiments, si l'excès des crimes qu'ils avaient commis contre le peuple ne leur avait enlevé l'espoir d'obtenir le pardon des Romains. A la mort qui leur serait infligée comme châtiment s'ils cessaient d'agir, ils préféraient de beaucoup la mort dans le combat. C'était d'ailleurs une fatalité que les innocents dussent périr avec les coupables, et la ville avec la sédition.

2. Pendant quatre jours les Romains achevèrent de distribuer les vivres à chaque légion le cinquième jour, comme aucune proposition de paix ne venait des Juifs. Titus répartit les légions en deux corps et commença les terrassements contre la tour Antonia et le tombeau de Jean. Il forma le dessein de prendre la ville haute par ce dernier point et le Temple du côté d'Antonia ; tant que le Temple ne serait pas occupé, la conquête même de la ville n'était pas sans péril. Sur ces deux points deux terrassements s'élevèrent, un pour chaque légion. Les soldats qui travaillaient près du monument furent arrêtés par les sorties des Iduméens et de l'infanterie lourde de Simon ; à ceux qui étaient devant la tour Antonia s'opposaient les compagnons de Jean et la multitude des zélateurs. Les Juifs avaient l'avantage, non seulement à cause des projectiles à la main qu'ils lançaient d'une position plus élevée, mais par la science, qu'ils avaient commencé à acquérir, de la manœuvre des machines. L'habitude quotidienne les avait peu à peu rendus fort adroits. Ils possédaient trois cents oxybèles et quarante onagres, qui rendaient le travail de terrassement pénible pour les Romains. Titus, conscient que le salut ou la destruction de la ville dépendait de lui, pressait tout ensemble le siège et ne négligeait pas l'occasion d'inspirer aux Juifs un changement d'humeur ; aux travaux de la guerre il joignit les exhortations. Comme il savait que la parole est souvent plus efficace que les armes, il les engageait lui-même à assurer leur salut en livrant leur ville, qu'ils pouvaient considérer comme déjà prise ; de plus, il députa vers eux Josèphe pour les haranguer dans leur langue maternelle, car il pensait que les Juifs céderaient peut-être aux conseils d'un homme de leur nation.

Efforts de Josèphe pour persuader aux Juifs de se rendre ; ses discours.

3. Celui-ci faisait le tour du rempart, cherchant à se tenir hors de la portée des traits dans un endroit d'où il pût se faire entendre : il les supplia maintes fois de s'épargner eux-mêmes, d'épargner le peuple, la patrie, le Temple, et de ne pas se montrer moins sensibles à ces biens que des étrangers. Les Romains, disait-il, sans participer au culte, respectent ce qui est sacré pour leurs ennemis ; jusqu'à ce jour ils se sont abstenus d'y porter les mains ; mais ceux qui ont été nourris parmi ces choses, qui en jouiraient seuls si elles étaient épargnées, semblent pleins d'ardeur pour les détruire ! Les Juifs voient que leurs murailles les plus fortes sont abattues ils savent que le rempart qui subsiste est plus faible que ceux qui ont été pris. Ils savent que la puissance romaine est irrésistible et qu'ils ont déjà fait l'expérience d'obéir aux Romains. Assurément, il est beau de combattre pour la liberté, et c'est ce qu'il fallait faire d'abord : mais quand une fois on a succombé, quand on a été soumis un long temps, essayer de secouer ensuite le joug est le fait d'hommes qui cherchent une mort affreuse, non de vrais amis de la liberté[1]. On doit certes dédaigner des maîtres trop faibles, mais non ceux à qui le monde entier est soumis. Quelle région, en effet, a échappé aux Romains, sinon celles que la chaleur ou la glace rendent inutilisables ? Partout, la Fortune s'est prononcée pour eux, et Dieu qui fait passer avec lui l'empire de nation en nation, séjourne maintenant en Italie. C'est d'ailleurs une loi essentielle, aussi bien chez les hommes que chez les animaux, de céder aux plus puissants et de reconnaître la supériorité de ceux qui l'emportent par la force des armes. Aussi les ancêtres de ces Juifs, qui leur étaient supérieurs par les qualités de l'esprit et du corps ainsi que par d'autres avantages, ont-ils cédé aux Romains ; ce à quoi ils ne se seraient pas résignés s'ils n'avaient su que Dieu était avec les Romains. En quoi mettent-ils donc leur confiance, pour résister de la sorte, quand la plus grande partie de la ville est prise et quand ses défenseurs, leurs remparts fussent-ils encore intacts, seraient exposés à un sort pire que celui qui accompagne la prise d'une cité ? Les Romains n'ignorent pas la famine qui règne à Jérusalem : elle dévore aujourd'hui le peuple, demain ce seront les combattants. Car si même les Romains levaient le siège et n'attaquaient pas la ville le glaive en main, les Juifs n'en seraient pas moins la proie, dans la ville même, d'un ennemi invincible, que chaque heure renforce, à moins qu'ils ne pussent tourner leurs armes contre la famine, et, seuls de tous, vaincre les souffrances de la faim. Il ajoutait qu'il était bien de changer de sentiment devant un irrémédiable malheur, et, tant que cela est encore possible, de tendre vers le salut. Les Romains ne leur garderont pas rancune de leur conduite passée, à moins qu'ils ne restent insolents jusqu'à la fin, les Romains sont naturellement doux dans la victoire, et ils mettront leur intérêt au-dessus de leur ressentiment ; car ils n'ont pas d'intérêt à conquérir une ville dépeuplée et un désert. Aussi, maintenant encore, César est-il prêt à leur tendre la main ; mais, s'il prend la ville par la force, il n'épargnera personne, d'autant plus impitoyable que les Juifs n'auront pas, même dans l'extrémité de l'infortune, écouté ses propositions. Que le troisième mur sera bientôt pris, cela ressort clairement de ceux qui viennent de l'être ; même si cette fortification reste inébranlable, la famine combattra contre eux et pour les Romains.

[1] Voir la fin du discours d'Agrippa : liv. II, XVI, 4.

4. Tandis que Josèphe exhortait ainsi les Juifs, beaucoup, du haut des remparts, se moquaient de lui et l'insultaient ; quelques-uns même lui jetaient des projectiles. Renonçant donc à les persuader par des conseils d'une vérité évidente, il se mit à leur rappeler l'histoire même du peuple.
« Oh ! malheureux, s'écriait-il, oublieux de ce qui fut votre vrai soutien ! Croyez-vous lutter contre les Romains par la force de vos armes et de vos bras ? Quel autre ennemi avons-nous vaincu ainsi ? Quand Dieu, notre créateur, n'a-t-il pas été le vengeur des Juifs outragés ? Retournez-vous donc et voyez d'où vous vous élancez pour combattre, et quel grand allié vous avez souillé ! Ne vous rappellerez-vous pas les exploits surhumains de vos pères et combien d'ennemis a jadis défaits ce lieu saint ? Pour moi, je frémis de parler des œuvres de Dieu à des oreilles indignes ; écoutez cependant, pour apprendre que vous faites la guerre non seulement aux Romains, mais à Dieu.
« Le roi d'Égypte Néchao, appelé aussi Pharaon, descendu avec une innombrable armée, enleva la reine Sara, mère de notre race[2]. Que fit alors son époux Abraham, notre ancêtre ? Se vengea-t-il par les armes de l'insolent ravisseur, lui qui cependant avait trois cent dix-huit lieutenants, dont chacun commandait lui-même à des forces innombrables ? Ne considéra-t-il pas tous ces hommes comme n'étant rien, sans l'assistance de Dieu ? Tendant ses mains pures vers le lieu que vous venez de souiller, il gagna à sa cause l'Allié invincible. Et le lendemain soir, la reine fut renvoyée sans tache à son époux. L'Egyptien, adorant le lieu ensanglanté par le meurtre de vos concitoyens et tremblant devant les fantômes de la nuit, prit la fuite ; il fit des présents d'argent et d'or à ces hébreux aimés de Dieu.
« Raconterai-je l'émigration de nos pères en Egypte ? Opprimés par des tyrans, soumis à des princes étrangers, ne se sont-ils pas, durant quatre cents ans, confiés à Dieu, alors qu'ils pouvaient se venger par les armes et la force de leurs bras ? Qui donc ne se rappelle l'Egypte envahie par toutes sortes d'animaux, ravagée par toutes les maladies, la terre rendue stérile, le Nil desséché, la succession des dix plaies, et à travers tous ces maux vos pères renvoyés sous escorte, sans qu'ils fussent souillés de sang ni qu'ils courussent de dangers ? Car Dieu les conduisait comme les gardiens de son sanctuaire[3].
« Quand notre arche sainte fut ravie par les Syriens[4], n'est-il pas vrai que la Palestine et l'idole de Dagon eurent à s'en repentir, comme tout le peuple des ravisseurs ? Ulcérés dans leurs parties secrètes, rendant leurs entrailles avec leur nourriture, ils souffrirent jusqu'à ce que, de ces mêmes mains qui avaient opéré la rapine, ils eussent rapporté l'arche au son des cymbales et des tambourins, purifiant le sanctuaire par toutes sortes d'expiations. C'est que Dieu dirigeait alors en chef tous ces événements dans l'intérêt de nos pères, qui, renonçant à la force de leurs bras et à leurs armes, lui laissaient le soin de la victoire.
« Lorsque le roi d'Assyrie, Sennachérim, qui ravageait l'Asie entière, campa devant cette ville, tomba-t-il sous les mains des hommes[5] ? Ces mains, que ne chargeait pas le poids des armes, n'étaient-elles pas étendues en un geste de prière, tandis qu'un ange de Dieu, en une nuit, détruisait cette innombrable armée ? Le lendemain, en se levant, l'Assyrien trouva cent quatre-vingt-cinq mille morts, et, avec les soldats qui lui restaient, il s'enfuit loin des Hébreux désarmés qui ne le poursuivirent pas.
« Vous vous rappelez encore votre servitude à Babylone, où le peuple reste soixante-dix ans exilé et ne se souleva jamais pour la liberté jusqu'à ce que Cyrus la lui accordât pour remercier Dieu. Il les renvoya donc, et ils servirent de nouveau Celui qui avait été leur Allié. En un mot, on ne voit pas que nos pères aient remporté aucun succès par les armes, ni que, sans les prendre en main, ils aient jamais éprouvé de revers, tant qu'ils se confièrent à Dieu. Restaient-ils en repos, ils étaient vainqueurs par la volonté de leur Juge ; combattaient-ils, ils eurent toujours le dessous.
« Ainsi, quand le roi de Babylone assiégeait cette ville[6], notre roi Sédécias, agissant contre les prophéties de Jérémie, livra bataille et fut pris ; il vit la ville renversée de fond en comble avec le Temple ; et cependant, combien ce prince était-il plus modéré que vos chefs, et le peuple, soumis à son pouvoir, plus modéré que vous-mêmes. Quand Jérémie proclamait que le peuple et le prince encouraient la colère de Dieu à cause des péchés commis contre lui, et qu'ils seraient réduits en captivité s'ils ne livraient la ville, ni le peuple ni le roi ne le mirent à mort. Mais vous — sans parler de vos désordres intérieurs, car je ne saurais relater dignement vos extravagances — vous m'insultez, moi qui essaie de vous persuader de vous sauver, vous me frappez, irrités qu'on vous rappelle vos crimes, et ne supportant même pas le récit des actes que vous accomplissez pourtant chaque jour.
« Encore, quand Antiochus, surnommé Epiphane, campa devant la ville, après avoir multiplié ses insolences contre Dieu, vos ancêtres sortirent à sa rencontre en armes ; ils furent massacrés dans le combat, les ennemis pillèrent la ville, et les lieux saints restèrent déserts pendant trois ans et six mois.
« Pourquoi énumérer d'autres exemples ? Qu'est-ce donc qui a conduit l'armée des Romains contre notre nation ? N'est-ce pas l'impiété des habitants ? Quelle fut l'origine de notre servitude ? N'est-ce pas la sédition de nos pères, au temps où la folie d'Aristobule et d'Hyrcan et leur rivalité amenèrent Pompée contre la ville, quand Dieu soumit aux Romains ceux qui n'étaient pas dignes de la liberté ? Assiégés pendant trois mois, nos ancêtres livrèrent la ville, sans avoir commis, contre les choses saintes ni les lois, des crimes comparables aux vôtres et possédant, pour soutenir la guerre, beaucoup plus de ressources que vous.
« Ne connaissons-nous pas la fin d'Antigone, fils d'Aristobule, sous le règne duquel Dieu punit de nouveau le peuple par la servitude à cause de ses péchés ? Hérode, fils d'Antipater, amena Sossius, Sossius amena l'armée romaine ; les Juifs furent encerclés, assiégés pendant six mois, jusqu'à ce qu'enfin ils furent pris en punition de leurs crimes et la ville mise au pillage par les ennemis.
« C'est ainsi que jamais l'usage des armes n'a réussi à notre nation et que ses entreprises guerrières ont toujours abouti à la captivité. Car ceux qui ont en leur possession un lieu sacré doivent laisser à Dieu le jugement sur toutes choses et mépriser le secours des bras, quand ils savent persuader le Juge d'en haut. Mais qu'avez-vous fait de ce qu'a prescrit notre législateur ? Avez-vous omis un seul des forfaits qu'il a condamnés ? Combien vous êtes plus impies que ceux qui ont été vaincus plus promptement ! Vous n'avez pas négligé les crimes secrets, c'est-à-dire les larcins, les ruses, les débauches ; vous rivalisez entre vous de pillages et de meurtre ; vous frayez même au vice des voies nouvelles : le Temple est devenu le réceptacle de tous les forfaits, et les mains de notre peuple ont souillé cette enceinte divine que même les Romains révèrent à distance, eux qui, par déférence pour votre loi, transgressent beaucoup de leurs propres coutumes. Après cela attendez-vous le secours de Celui que vous avez profané ? Êtes-vous donc des suppliants dignes d'être entendus ? Est-ce avec des mains pures que vous invoquez votre défenseur ? Fut-ce avec de telles mains que notre roi le supplia contre l'Assyrien, quand Dieu, en une seule nuit, dispersa toute cette grande armée ? Et les actions des Romains ressemblent-elles à celles du roi d'Assyrie au point de vous laisser espérer pareil secours ? Mais l'un, après avoir reçu de notre roi une somme d'argent contre la promesse de ne pas ravager la ville, a violé ses serments et incendié le Temple les Romains, au contraire, réclament seulement le tribut habituel, que nos pères ont payé aux leurs. S'ils l'obtiennent, on ne les verra ni ravager la ville, ni toucher aux saints lieux : ils vous accorderont le reste, la liberté pour vos familles, la possession tranquille de vos biens et le maintien de vos lois sacrées. C'est folie assurément d'espérer que Dieu traitera la justice comme l'injustice. Il sait d'ailleurs punir soudain, quand cela est nécessaire ainsi, dès la première nuit, il a brisé les Assyriens dans leur camp : si donc il avait jugé notre génération digne de la liberté ou les Romains dignes de châtiment, il eût promptement accablé ces derniers, comme il avait fait pour les Assyriens, soit lorsque Pompée attaqua notre nation, soit quand Sossius s'éleva après lui, soit au temps où Vespasien ravagea la Galilée, soit enfin quand Titus s'approchait de la ville.
Cependant le grand Pompée et Sossius non seulement ne souffrirent aucun dommage, mais prirent de force la ville ; Vespasien, de la guerre qu'il nous fit, monta au pouvoir suprême, et quant à Titus, les sources elles-mêmes, desséchées naguère pour vous, coulent pour lui avec plus d'abondance. Vous savez, en effet, qu'avant son arrivée, la piscine du Siloé était tarie, comme toutes celles qui sont situées devant la ville, en sorte que l'on achetait l'eau par amphores ; maintenant, les sources ont un débit si considérable pour l'usage de vos ennemis qu'elles suffisent non seulement à leur entretien et à celui des bêtes de somme, mais à celui des jardins. Ce prodige a déjà été observé précédemment au temps de la prise de la ville[7], quand le Babylonien, dont j'ai déjà parlé, établit son camp près des murs après s'être emparé de la cité, il la brûla avec le Temple, et les Juifs de cette époque n'avaient pas, me semble-t-il, commis des impiétés aussi affreuses que les vôtres. Je crois donc que Dieu a fui le sanctuaire et réside chez ceux auxquels vous faites maintenant la guerre.
« Un homme de bien fuira loin d'une demeure impure et prendra en horreur ceux qui s'y trouvent, et vous vous imaginez que Dieu reste encore au milieu de vos crimes domestiques, lui qui voit toutes ces choses cachées et entend même ce qu'enveloppe le silence ! Or, chez vous, qu'est-ce qui est tu ou caché ? Quel crime ne s'étale pas, même aux yeux des ennemis ? Car vous faites étalage de vos violations des lois, et chaque jour vous rivalisez à qui sera le pire, exhibant l'injustice comme si c'était la vertu.
« Il vous reste cependant une voie de salut, si vous le voulez ; car Dieu se laisse volontiers fléchir par ceux qui avouent et se repentent. O hommes durs comme le fer, jetez vos armes, commencez à prendre pitié de votre patrie qui va à sa ruine, tournez votre esprit et vos regards vers la beauté que vous trahissez, cette ville, ce temple, ces offrandes de tant de nations ! Contre ces nobles choses, qui veut porter la flamme ? Qui désire leur anéantissement ? En est-il qui soient plus dignes d'être sauvées, ô cœurs inflexibles et plus inébranlables que les pierres ? Si enfin vous ne jetez pas sur ces objets des regards attendris, ayez du moins pitié de vos familles, ayez tous sous vos yeux vos enfants, votre femme, vos parents, qui bientôt périront par la faim ou par la guerre. Les mêmes dangers menacent, je le sais, ma mère, ma femme, une famille honorée, une maison depuis longtemps illustre ; peut-être croit-on que c'est la raison pour laquelle je vous donne ces conseils. Eh bien ! tuez-les, ou prenez mon sang pour prix de leur salut Moi aussi, je suis prêt à mourir, si ma mort doit avoir pour effet de vous rendre sages ! »

[2] Josèphe, d'après quelque aggada perdue, prend ici de singulières libertés avec le texte biblique.

[3] Genèse, XIV, 14.

[4] Il s'agit des Philistins (I Samuel, v. 1 et suiv.).

[5] II Rois, IV, 19.

[6] II Rois, IV, 25 et Jérémie, XXXIX.

[7] Il n'y a pas d'autre mention de ce prodige.

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