Vie - Flavius Josèphe

CHAPITRE XXVIII

Ayant parlé de la sorte, et voyant que le peuple approuvait par ses cris ce qu'il disait, il prit avec lui quelques gens armés et vint à mon logis dans la résolution de me tuer. Comme je ne me défiais de rien et que je dormais accablé de sommeil et de lassitude, Simon, l'un de mes gardes, qui était seul demeuré auprès de moi, voyant venir cette troupe toute furieuse m'éveilla, m'avertit du péril dans lequel j'étais, et m'exhorta à mourir généreusement, en me donnant la mort à moi-même, plutôt que de la recevoir des mains de mes ennemis.

Je me recommandai à Dieu, pris un habit noir pour me travestir, et n'ayant que mon épée à mon coté, passai au milieu de tous ces gens, et m'en allai droit à l'Hippodrome par un chemin détourné. Là je me prosternai à la vue de tout le peuple, arrosai la terre de mes larmes, afin de les toucher de compassion ; et quand je reconnus qu'ils commençaient à s'attendrir, je tâchai de les diviser de sentiments avant que ceux qui étaient allés pour me tuer fussent de retour. Je leur dis que je ne désavouais pas d'avoir gardé ce butin ainsi que l'on m'en accusait ; mais que je les priais d'entendre à quel dessein je l'avais fait, et que s'ils trouvaient que j'eusse tort, ils pourraient après me faire mourir. Sur quoi toute cette multitude me commanda de parler ; et ceux qui étaient allés me chercher étant revenus en ce même temps et se voulant jeter sur moi, la voix de tout le peuple les en empêcha. Ils crurent aussi qu'après que j'aurais confessé avoir voulu rendre ce butin au roi, je passerais pour un traître, et qu'ils pourraient exécuter leur dessein sans que personne ne s'y opposât.

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