Élie le Tishbite

8.
Le feu sur le Carmel

« Aujourd’hui, si vous entendez sa voix, n’endurcissez pas vos cœurs. » Ainsi disait David, dans la multitude d’Israël ; ainsi l’apôtre dans les assemblées des chrétiens ; et nous venons aujourd’hui vous répéter avec tout le sérieux et avec toute l’énergie dont nous sommes capables : « Aujourd’hui, si vous entendez sa voix, n’endurcissez pas vos cœurs. » (Hébreux 3.15).

Que signifie être endurci ? C’est avoir les oreilles dures et ne pas entendre, avoir un cœur de pierre et ne pas sentir, c’est avoir l’esprit fermé aux témoignages de Dieu, l’âme inaccessible à ses appels ; c’est être comme le pavé des rues sur lequel il pleut, il neige, il grêle, et qui ne s’amollit pas. C’est être dans un état d’inimitié décidée contre Dieu, dans un état où l’incrédulité a poussé toutes ses racines, où l’âme est perdue sans ressources.

Les âmes endurcies ne peuvent se trouver que là où la voix de Dieu se fait entendre, où l’on prêche avec force la loi et l’évangile, où l’on appelle les pécheurs à la pénitence et à la conversion. Le cœur tombe dans l’endurcissement quand il regimbe successivement contre tous les appels de la grâce, et qu’il surmonte par l’incrédulité tous les témoignages de Dieu. Plus la parole de Dieu abonde dans une église, plus il y a de nombreuses occasions de s’endurcir comme de se convertir, et dans les lieux où l’évangile retentit avec le plus de force, se trouve le plus grand nombre de convertis et le plus grand nombre d’endurcis.

« Aujourd’hui, si vous entendez sa voix, n’endurcissez pas vos cœurs. » Il y a parmi nous des incrédules qui, dans le fond de leur cœur, ne tiennent par aucun lien au Dieu d’Israël. Ils ont réussi déjà à repousser maint appel qui est venu se briser contre la cuirasse de leur âme rebelle, à secouer maint trait de l’esprit qui voulait les blesser d’une blessure salutaire. Eh bien ! aujourd’hui vous entendrez la voix du Dieu vivant, comme vous ne l’avez jamais encore fait, vous verrez un témoignage unique qu’il est l’Eternel. Si vous parvenez encore à fermer vos oreilles à cette voix, si par votre incrédulité un tel témoignage perd pour vous toute sa force, qu’est-ce donc qui pourra vous toucher ? Vous vous serez éloignés d’un grand pas du salut, et rapprochés d’autant de l’extrême limite de l’endurcissement. C’est pourquoi, vous qui entendez aujourd’hui sa voix, n’endurcissez pas vos cœurs.

1 Rois 18.25-40

25 Et Élie dit aux prophètes de Bahal : « Choisissez un veau, et préparez-le les premiers ; car vous êtes en plus grand nombre, et invoquez le nom de vos dieux, mais n’y mettez point de feu. » 26 Ils prirent donc un veau qu’on leur donna, et ils le préparèrent, et ils invoquèrent le nom de Bahal depuis le matin jusqu’à midi, disant : « Bahal, exauce-nous. » Mais il n’y avait ni voix, ni réponse. Et ils sautaient (en boitant) autour de l’autel qu’ils avaient fait. 27 Sur le midi, Élie se moquait d’eux, et disait : « Criez à haute voix ; car il est dieu. Il pense (peut-être) à quelque chose, ou il est après quelque affaire, ou il est en voyage ; peut-être dort-il, et il s’éveillera. » 28 Ils criaient donc à haute voix, et ils se déchiraient avec des couteaux, jusqu’à ce que le sang coulât sur eux. 29 Et lorsque midi fut passé, ils firent les prophètes jusqu’au temps qu’on offre l’oblation du soir. Mais il n’y avait ni voix, ni réponse, ni exaucement (ou nulle apparence qu’on eût égard à ce qu’ils faisaient).

30 Alors Élie dit à tout le peuple : « Approchez-vous de moi. » Et tout le peuple s’approcha de lui, et il répara l’autel de l’Eternel qui était démoli. 31 Puis Élie prit douze pierres, selon le nombre des tribus des enfants de Jacob (auquel la parole de l’Eternel avait été adressée en lui disant : Israël sera ton nom). 32 Et il bâtit de ces pierres un autel au nom de l’Eternel ; puis il fit un canal de la capacité de deux sacs (ou de l’étendue de deux mesures) de semence autour de l’autel. 33 Il y rangea le bois, et mit le veau en pièces, et le mit sur le bois. 34 Et il dit : « Emplissez quatre cruches d’eau, et versez-les sur l’holocauste et sur le bois. » Puis il dit : « Faites-le encore pour la deuxième fois. » Et ils le firent pour la deuxième fois. Il dit encore : « Faites-le pour la troisième fois. » Et ils le firent pour la troisième fois. » 35 De sorte que les eaux allaient autour de l’autel, et même il remplit le canal d’eau.

36 Et au temps qu’on offre l’oblation, Élie le prophète s’approcha, et dit : « O Eternel, Dieu d’Abraham, d’Isaac et d’Israël, qu’on connaisse aujourd’hui que tu es Dieu en Israël, et que je suis ton serviteur, et que j’ai fait toutes ces choses selon ta parole. 37 Exauce-moi, Eternel, exauce-moi, que ce peuple connaisse que toi, Eternel, es Dieu, et que tu convertisses leurs cœurs. » 38 Et le feu de l’Eternel tomba, et il consuma l’holocauste et le bois et les pierres et la terre, et il huma toute l’eau qui était au canal. 39 Et tout le peuple, voyant cela, tomba sur son visage, et dit : « L’Eternel est Dieu, l’Eternel est Dieu. » 40 Élie leur dit : « Saisissez les prophètes de Bahal, qu’il n’en échappe pas un. » Ils les saisirent donc, et Élie les fit descendre au torrent du Kison, et ils les fit égorger là.

N’avez-vous pas, mes frères, reconnu dans ce récit la voix de l’Eternel qui est forte, qui est magnifique, cette voix qui jette des éclats de flammes, ébranle le Liban, fait trembler le désert ? (Psaumes 29.3-9) Que l’Esprit de Dieu vienne donc sur nous tous, nous enlève sur ses ailes d’aigle, et nous ravisse sur le sommet du Carmel pour nous y faire assister en réalité aux scènes qui s’y passent. Et que sous sa puissante influence, les pierres même qui sont parmi nous se mettent à chanter aujourd’hui leur Hosanna, et les rochers arides du désert à s’écrier pour la première fois, de leurs cœurs de chair : « L’Eternel est Dieu, l’Eternel est Dieu. »

Notre texte se refuse à la division ordinaire du sermon ; si cependant vous en désirez une, la voici : le Dieu du monde aveugle et insensé ; et le Dieu d’Abraham, d’Isaac et de Jacob.

I

Élie a fait sa proposition : le prophète de l’Eternel et les prophètes de Bahal sacrifieront, chacun de son côté, un veau, et ils invoqueront chacun le nom de son Dieu. « Que le Dieu qui répondra par le feu soit Dieu. » Et tout le peuple a répondu d’une seule voix : » C’est bien dit. » Le moment solennel est donc venu qui doit décider pour toujours s’il y a un Dieu dans le ciel, et quel est son nom. Élie ne perd pas un moment : « Vous, prophètes de Bahal, leur crie-t-il, commencez, égorgez le premier votre taureau, et invoquez le nom de votre Dieu. A vous appartient cet honneur, car vous êtes en plus grand nombre. » Se moque-t-il, ou parle-t-il sérieusement ? L’un et l’autre. Car, en vérité, le nombre des enfants de Caïn et de Satan surpasse infiniment celui des enfants de Dieu, qu’ils détruiraient et extermineraient sans peine, si leur multitude n’était contenue par une force invisible. Ils sont en grand nombre : oui, en nombre immense ; on rencontrera des armées d’enfants de colère pour une seule pauvre colombe qui se tient cachée dans les fentes du rocher, ils remplissent à eux seuls des villes et des villages, les auberges, les salles de bal, les théâtres. Amas énorme de bois sec et mort qui est réservé pour le feu éternel, et que doit allumer un jour la torche du jugement. Mais dans ce monde, il est vrai, ils gouvernent la terre ; à eux les sièges d’honneur, l’orgueil et la moquerie ; à nous les dernières places et l’humiliation. C’est que le prince de ce monde est leur monarque. Ils ont l’estime et la considération générale ; nous, nous sommes les balayures de la terre, que peut montrer du doigt tout passant dans la rue. Ils sont les nobles et les sages ; nous, nous sommes des sots, dont la sagesse peut être redressée par le premier élève de ce monde impie et éclairé. C’est eux qu’on aime dans les sociétés, c’est eux qui mènent les affaires et ont les dignités dans la vie publique ; et nous, qui voudrait avoir affaire avec nous. Ils sont justes et droits aux yeux de tout le peuple ; les grands génies les approuvent, les talents les plus brillants leur applaudissent, ils peuvent compter sur l’approbation des journaux et des gazettes ; et nous, si quelqu’un veut bien dire un mot en notre faveur, il croit avoir fait quelque œuvre de miséricorde. Nous sommes sur le banc des pécheurs, devant le grand public, et nous n’avons pas d’autre avocat que celui qui est venu sous la forme de serviteur, et qui, au lieu de défendre notre cause devant le monde, nous rappelle que son règne n’est pas de ce monde, et nous console en nous montrant l’avenir. Quel miracle que nous ayons, aux yeux du monde, l’air tellement misérable et ridicule, nous qui nous référons en toutes choses à cet avocat qu’ils ont, il y a dix-huit siècles, mis en croix, et dont ils pensent que les os sont encore dans son sépulcre ? C’est maintenant votre beau temps, à vous, fils et filles du père du mensonge, réjouissez-vous autour du trône du serpent couronné, et siégez en tous lieux aux premières places, car vous êtes en grand nombre. Nous ne sommes pas jaloux de vos rires et de votre gloire. Car qui n’accorderait pas de bon cœur au bœuf qui doit être conduit demain à la boucheriea, d’avoir aujourd’hui encore sa crèche pleine d’un foin délicat, d’être orné de rubans brillants, et de se promener en triomphe à travers la ville au milieu des cris de joie des enfants ?

a – Krummacher parait avoir emprunté cette image à Proverbes 7.22, et plutôt encore à Jérémie 12.3. Mais Jérémie, en provoquant l’Eternel à la vengeance, n’ajoute pas à ses paroles l’ironie.

Nous revenons à l’histoire. Les prêtres préparent leur sacrifice. Ils le doivent à cause du peuple. Peut-être auraient-ils aimé mieux s’y refuser. Si l’issue de l’épreuve leur inspirait de la crainte, ou si même ils avaient entraîné contre leur propre conscience la nation aux autels de Bahal, oh ! quelles devaient être leurs angoisses, et avec quelle lenteur et quel air inquiet et embarrassé ils auront mis en pièces la victime ? Ils pressentaient sans doute la honte qui les attendait, et qu’ils devaient préparer de leurs propres mains. Un temps semblable de confusion et de tourments viendra sur tous les prêtres d’hypocrisie et de mensonge, de quelque dénomination qu’ils soient, qui auront, comme ceux de Bahal, séduit les peuples et conduit les âmes à la mort. — Le sacrifice est prêt ; les cris commencent à faire trembler les rochers du Carmel : « Bahal, exauce-nous ; Bahal, exauce-nous. » Quand l’un était fatigué, un autre prenait sa place et criait :« Bahal, exauce-nous ; » et quand il perdait courage, le premier rassemblait dans son âme tout le peu de foi qui lui restait, et criait : « Bahal, exauce-nous. » Dans les cieux point de nuage, le sol ne s’entrouvre pas ; nulle foudre qui descende du haut des airs, nul feu qui jaillisse des entrailles de la terre : « Bahal, Bahal, exauce-nous. » Du matin jusqu’à midi, ils crient et ils attendent, inquiets ; mais leurs clameurs expirent dans les échos de la montagne ; Bahal se tait, et n’envoie point le feu qu’on lui demande. Alors la troupe s’émeut et s’agite en démence autour de l’autel ; ces prêtres fanatiques se mettent à sauter, à danser avec des gestes extravagants. Mais nul dans le ciel, nul sur la terre ne prend garde à eux : il n’y a ni voix, ni réponse. Pitoyable divinité que ce Bahal ! un être qui n’existe pas ! Mais dites, mes frères, ne le prendrait-on pas pour le Dieu de notre siècle de lumière ? Oui, vraiment ; ce Bahal sans vie, cette idole muette, qui ne voit, ni ne parle, ni ne répond, c’est bien là le dieu de notre génération perverse qui a peur de la Bible ; c’est le Dieu de la plupart de nos philosophes et poètes, le dieu de nos hommes d’état et de nos journalistes, le dieu d’une foule de nos gymnases, de nos universités, de nos établissements d’éducation, le dieu à la mode dans nos sociétés de bon ton, où c’est une honte que d’avoir la simple apparence de faire quelque cas du Dieu de la Bible, où l’on se garde par dessus tout de prononcer le nom de Dieu ou de Seigneur, comme s’il souillait les lèvres, où on le remplace par ceux de ciel et de sort, dans des phrases comme celles-ci, sous lesquelles l’impiété cherche en vain à se cacher : le ciel te conduise, le sort te soit favorable. Ils ne veulent pas entendre parler d’une parole de Dieu, et bien moins encore de révélations ou manifestations divines, de prières exaucées, de l’action de notre Dieu sur le cœur, de commerce avec lui, et du sentiment de sa présence : ce sont des fables absurdes, des illusions, des puérilités. Preuve éclatante que leur dieu, à eux, n’a ni voix, ni réponse, que leur ciel et leur sort sont un pur néant, que leur divinité est une idole morte, un Bahal muet, paresseux, somnolent, qui n’existe, Dieu en soit loué, que dans les rêves de leur cerveau ténébreux. Oh le beau dieu que ce dieu des soi-disant déistes, et ce dieu de tant de nos gens éclairés, ce dieu de nos lecteurs de romans, de nos lettrés, de nos gens religieux d’après le ton du jour ! Un dieu qui ne sait pas distinguer le bien du mal, et qui laisse passer, sans y regarder, mille péchés, pourvu que ce ne soit pas précisément des délits de police ! Un dieu dans le code duquel le culte de la chair est une chose permise, la tromperie une heureuse adresse, le libertinage une faiblesse pardonnable, et la danse la plus voluptueuse un plaisir innocent ! Un dieu à qui peu importe ce qu’on pense et croit ; un dieu que tout fripon peut prendre sans crainte à témoin et pour juge, un dieu de la faveur duquel tout mauvais sujet peut se croire certain, un dieu devant qui on ne doit avoir honte d’aucune médisance, rougir d’aucun désir impur, trembler pour aucun blasphème ! Voilà ton dieu, race perverse ! (Je parle non de tous, mais de plusieurs). Le voilà tel que tu aimes à te le représenter dans ta peur de la Bible, race orgueilleuse et éclairée ! Bon vieillard dont on fait tout ce qu’on veut ; mannequin que le Diable et la chair ont donné pour dieu, et qui ne fait pas même peur aux criminels ! Veau d’or qui te poursuit de ses bravos jusque dans les salles de l’ivresse, jusque dans les chambres de la débauche ! Oh malheur à vous ! à quoi vous servira ce Dieu, quand la détresse se jettera sur vous comme un homme armé, quand la mort qui est là vous percera le flanc de son aiguillon, et que vous sentirez s’insinuer dans vos veines un feu qui, d’après l’Ecriture, ne s’éteint point. Alors vous crierez : Bahal, exauce-nous ; Bahal, exauce-nous. Mais il n’y aura ni voix, ni réponse, ni signe qu’il prend garde à vous ; car votre Bahal dont vous aviez fait votre consolation, il n’existe pas dans le domaine des choses réelles. Il était un rêve de votre cerveau. Aussi vrai que Dieu vit, mes frères, aussi certain est ce que l’Esprit saint dit par Jean : « Quiconque ne persévère pas dans la doctrine de Christ, n’a point Dieu. » (2 Jean 1.9). Tremblez, vous tous qui n’avez pas le Dieu de la Bible, le Dieu en Christ, vous êtes des athées. Examinez votre âme avec soin jusqu’au fond, et vous y trouverez que vous êtes des athées. Des athées !

Sur le Carmel, les cris et les sauts ne cessent point. A ce spectacle, quels sentiments devaient agiter Élie ? Tantôt son cœur se fond de compassion, tantôt son âme s’enflamme d’une sainte indignation ; puis la conduite des faux prêtres lui semble si folle et si ridicule qu’il ne peut que se moquer d’eux. « Criez seulement à plus haute voix, leur dit-il dans le tumulte ; car il est Dieu, et il a tellement à faire qu’il ne vous entend ni ne vous voit. Il médite sur quelque chose, ou il est occupé à préparer un orage, ou il n’est pas à la maison et se promène ; peut-être s’est-il couché et dort-il ; criez et vous le réveillerez. » Oui, mes frères, comme il y a des doutes qui doivent être repoussés et écartés, non par des raisons, mais selon l’expression familière d’un de nos pieux compatriotes (Hamann), tout simplement par un fi ou un bah ; comme il y a des inquiétudes qu’on chasse en en riant ; ainsi y a-t-il des folies et des erreurs qu’on réfute le mieux par une plaisanterie piquante. Quand les raisons solides ne produisent plus aucun effet, et que les preuves ne sont point écoutées, il ne reste que l’arme de la moquerie, qui est d’un excellent usage quand on la manie à la gloire de Dieu, comme le fait-ici Élie, et comme sait, en particulier, le faire admirablement le prophète Esaïe dans divers passages de son livre, entre autres, au chapitre quarante-quatrième. Avec des gens durs d’entendement, avec des ignorants entichés de leurs idées, qui ne se sont peut-être pas encore donné la peine de lire la Bible, pourquoi disputerait-on longtemps avec eux pour leur démontrer la vérité ? d’autant plus que la foi n’est pas de tous, et qu’on ne peut pas se la communiquer de l’un à l’autre comme une marchandise. C’est alors le cas de dire : « Restez à Jéricho jusqu’à ce que la barbe vous soit revenue » (2 Samuel 10.5) ; c’est le cas de rompre la conversation soit par une parole sérieuse, soit par une plaisanterie, selon qu’on s’y sentira disposé. Souvent une plaisanterie s’enfonce plus avant dans l’esprit qu’une parole sérieuse. Il est même dit de Dieu, au Psaume 2, que Celui qui demeure au ciel se rira d’eux, et que le Seigneur se moquera d’eux.

Mais, direz-vous, c’est mal à Élie de rire et de se moquer dans un moment aussi solennel. — Nullement, c’est divin et admirable. Car quel courage, quelle liberté d’esprit suppose une semblable disposition ! quel repos intérieur et quelle sérénité ! quelle conviction intime de la bonté de sa cause ! quelle ferme assurance que le Dieu vivant ne l’abandonnera pas ! S’il y avait en lui le plus petit doute, la plus petite incertitude, il n’aurait certainement pas eu la pensée de se moquer des prêtres de Bahal. C’est ainsi qu’il a été donné à maints chrétiens dans la joie de leur foi de repousser par des moqueries Satan, et de le chasser comme un de ces chiens qui n’ont d’effrayant que leurs aboiements, de faire taire par une pensée plaisante leur conscience qui les grondait sans cause, de s’amuser de la honte non méritée qui les atteignait, de sourire aux menaces de la mort et du sépulcre, ennemis vaincus dont la tête a été depuis longtemps brisée, et qui ne font plus que s’agiter sans force dans leur sang. Que personne ne vienne donc blâmer ces chrétiens de leur sérénité ; car on aurait à faire à Celui-là même qui a rendu leurs cœurs si joyeux et mis le rire sur leurs lèvres. Que celui qui doit pleurer en Dieu, pleure ; que celui qui peut rire en Lui, rie. « Rire et pleurer ont chacun son temps, » dit Salomon.

L’ironie du prophète redouble la frénétique démence des prêtres de Bahal. Il faut que Bahal entende, il faut qu’il apparaisse ! Leurs cris se changent en hurlements ; ils saisissent les couteaux et les lanières, ils s’en déchirent les membres, selon la coutume des païens, jusqu’à ce que le sang coule sur eux : on dirait qu’ils ont conservé des temps anciens quelque souvenir de la grande vérité, qu’il n’y a point de réconciliation sans effusion de sang. Puis ils se mettent à faire les prophètes, c’est-à-dire à prononcer dans une fausse extase des paroles bizarres, à se mouvoir comme des gens en délire, à murmurer les effrayantes formules de la magie. Mais il n’y a ni voix, ni réponse, ni aucune apparence qu’on ait égard à ce qu’ils font. — Ces faux prophètes et ce dieu muet vous donnent, à vous aussi, mes frères, un salutaire avertissement. Gardez-vous, croyez-moi, de ces extases où l’âme se met elle-même, et que Dieu n’a pas envoyées. Le Dieu vivant vous voit, mais il ne vous répondra pas, car il ne prend point plaisir à de tels sacrifices. Criez à lui jusqu’à vous épuiser, prosternez-vous jusqu’en terre, remplissez les jours et les nuits de vos services divins que vous vous imposez d’après votre volonté propre : croyez-moi, ce n’est pas ainsi que Dieu est apaisé ; aussi longtemps que vous marcherez dans cette voie, vous resterez sous le silence de Dieu, sous ce silence terrible que connaissent surtout les habitants de l’enfer, qui crient jour et nuit dans leurs flammes après une goutte d’eau, qui demandent la mort et l’anéantissement, comme un affamé demande un morceau de pain ; mais il n’y a ni voix, ni réponse.

II

L’heure de l’oblation du soir, la seconde après midi, était arrivée, et les cris insensés duraient encore. Alors Élie s’avança, sans pompe ni prestige, calme et noble, la contenance assurée, en vrai prophète de Dieu. « C’est assez, dit-il, maintenant, approchez-vous de moi. » Et vers Élie s’avança le peuple, plein d’émotion et dans la plus vive attente, les faux prêtres embarrassés et confus. Sur le sommet du Carmel étaient les débris d’un autel, construit jadis dans des temps meilleurs, et renversé par Jézabel. Élie le répara. « Ainsi Dieu te relève, voulait-il dire par là (car tout ce qu’il faisait dans ce moment était un langage par signes), ainsi Dieu te relève et te restaure, ô Israël, sanctuaire de l’Eternel profané, détruit. » Il prit douze pierres, selon le nombre des douze tribus d’Israël, pour en reconstruire l’autel au nom du Seigneur. Ce qui signifiait : « Dieu gardera néanmoins son alliance avec toi, et tiendra ses promesses, ô Israël ; il te relèvera quand viendra le Héros, et avec lui les douze langues de feu. » Autour de l’autel il fit un fossé dont la circonférence était celle d’un champ qu’on ensemence avec deux mesures de blé. « O Israël, pensait Élie, rentre dans l’heureuse enceinte que ton Dieu a tracée pour toi, et qu’il a, dès le commencement, entourée d’une haie épaisse pour te séparer du monde. » Élie rangea le bois sur l’autel, mit le veau en pièces et le mit sur le bois.« Oh que ne viens-tu bientôt, soupirait-il peut-être en son âme, que ne viens-tu, prêtre de Dieu, préparer le sacrifice par lequel seront consommés dans la perfection, pour l’éternité, les fidèles qui seront sanctifiés. » Il fit verser de l’eau sur le bois et la victime, afin de rendre le miracle plus éclatant, et d’écarter toute idée de tromperie. « Emplissez quatre cruches d’eau, dit-il, et versez-les sur l’holocauste et sur le bois. » « Faites-le une seconde fois. » « Faites-le une troisième fois. » Et ils le firent pour la troisième fois. « O Père, Fils et saint Esprit, quand ouvrirez-vous vos sources d’eau vive, et les verserez-vous sur le désert de Jacob. » L’eau se répandit autour de l’autel, et le fossé en fut plein jusques aux bordsb.

b – Ce qui semble indiquer que le fossé n’était pas aussi grand que Krummacher le fait, d’après son interprétation des deux sacs de semence. (Traducteur)

Les préparatifs sont terminés. Un secret frissonnement parcourt l’assemblée où règne un profond silence. A trois heures, heure solennelle et significative, le prophète, plein du saint Esprit et de foi, s’approche de l’autel, joint les mains, lève les yeux en haut ; son cœur, son âme, son esprit, montent vers le ciel, portés sur les ailes de l’aigle ; il se présente avec une sainte hardiesse au nom du Messie promis qui ouvre la porte, et il prie : » O Eternel, Dieu d’Abraham, d’Isaac et d’Israël, fais connaître aujourd’hui que tu es Dieu en Israël, et que je suis ton serviteur, et que j’ai fait toutes ces choses selon ta volonté. Exauce-moi, Eternel Dieu, exauce-moi ; que ce peuple connaisse que toi, l’Eternel, es Dieu, et que tu convertisses leurs cœurs. » Élie invoque l’Eternel sous le nom qu’il s’est donné depuis le commencement pour désigner sa bonté, sa miséricorde, son amour des pécheurs ; Élie le nomme le Dieu d’Abraham, d’Isaac et de Jacob, pour réveiller dans les cœurs du peuple rebelle l’humiliant souvenir de tout le bien que ce Dieu leur a fait par pure grâce à eux et à leurs pères. « Fais aujourd’hui connaître que tu es Dieu en Israël, » dit Élie. Sa passion, c’est la gloire de Dieu ; cette gloire est l’épouse qu’il aime de tout son cœur, la récompense qu’il poursuit, la nourriture dont il est affamé, la source et le but de son zèle. « Fais connaître que tu es Dieu en Israël. » En Israël seulement ? Oui, seulement dans son peuple élu ; car dehors c’est le diable qui est Dieu ; le Diable qui a pour son serviteur le monde ; dehors sont les chiens. (Apocalypse 22.15) « Et que je suis ton serviteur, ajoute Élie, et que j’ai fait toutes ces choses selon ta parole. » Lui aussi devait recevoir de Dieu ce témoignage. Il pouvait le lui demander avec confiance ; car sa gloire était ici intimement unie à celle de Dieu. Demande tout ce que tu voudras : si ce que tu demandes doit tourner à la gloire de l’Eternel, et que tu le désires uniquement pour sa gloire, sois certain de l’obtenir. Tu peux prier Dieu qu’il te donne des couronnes et des diadèmes, si tu ne le fais que pour les déposer aux pieds de ton Dieu et en orner son trône. « Exauce-moi, Eternel, exauce-moi, » s’écrie le prophète, et ses soupirs heurtent à la porte, de Dieu et retentissent dans tout le ciel. Ce n’est point pour son droit, sa réputation, sa délivrance qu’il lutte ainsi avec Dieu : « Exauce-moi. afin que ton peuple sache que toi, l’Eternel, es Dieu, et que tu convertisses leur cœurs ; » car ce résultat du miracle dépend non du miracle même, mais uniquement de la grâce toute puissante de Dieu. La gloire de Dieu et le salut du peuple, tel était le double but, le but unique que le prophète avait devant les yeux en tout ce qu’il disait et faisait. — Or, qu’admirerons-nous le plus dans cette prière ? Le zèle du prophète pour la glorification du nom de Dieu, ou l’ardeur de son amour pour la maison déchue d’Israël ? sa hardiesse de désirer de si grandes choses, ou son inébranlable assurance que Dieu se déclarera pour lui ? Non, nous admirerons par dessus tout la grâce inexprimable de Dieu, qui enseigne à ce peu d’argile et de cendres qui est l’homme, à croire, à aimer, à prier comme Élie. A Dieu la gloire !

Élie se tait. Sa prière va-t-elle être exaucée ? Moment solennel ! Toutes les révélations de Dieu en dépendent ! S’il ne vient du ciel aucune réponse, tout l’édifice s’écroule, et le fondement de notre espérance est néant. Tout ce qu’Élie a témoigné, n’est que mensonge, tout ce que les prophètes ont dit avant lui, n’est que mensonge ; les rochers des promesses divines se changent en collines d’un sable mouvant, et le Dieu d’Abraham, d’Isaac et de Jacob est une fiction, une vaine idole. Un silence de mort règne dans l’assemblée l’amen retentit dans les cieux qui s’entr’ouvrent, la montagne, la vallée, la mer brillent tout à coup d’un reflet enflammé, le feu du Seigneur descend d’un ciel sans nuages, éclate sur l’assemblée, tombe sur l’autel, consume l’holocauste, bois, pierres, terre, et humé l’eau dans le fossé. Et tout le peuple, à cette vue, se jette à terre comme frappé de la foudre, cache son visage dans la poussière, et crie : « L’Eternel est Dieu, l’Eternel est Dieu. » Et vous qui l’entendez, enfants de Dieu dans cette assemblée, enfants de Bahal au milieu de nous, jetez, jetez-vous dans la poussière, et criez à votre tour, confessez avec Israël : » L’Eternel est Dieu, l’Eternel est Dieu ; » confessez-le, ou les pierres de ces murailles et les poutres de cette charpente le feraient pour vous, à votre honte, et s’écrieraient subitement : « L’Eternel est Dieu, l’Eternel est Dieu. » La foi d’Élie est couronnée, les prêtres confondus, et tous les dieux qui ne sont pas Celui de la Bible, sont déclarés n’être pas.

Oh, qu’est-ce que le Dieu miséricordieux d’Abraham, d’Isaac et de Jacob aurait pu faire et n’a pas fait pour nous aider à croire en lui, et mettre à notre portée sa connaissance ! Ne s’est-il pas épuisé à nous parler par la nature et par la Bible, par ses créatures et les voyants, par des doctrines et des figures, par des poètes et des prophètes, par des signes et des miracles, de toutes les manières possibles, et dans le langage le plus facile à comprendre ? Ne s’est-il pas abaissé jusqu’à répondre à nos vœux les plus puérils et les plus insensés ? Et cependant qui le connaît ? qui lui rend gloire ? O race perverse de ce monde, approche, approche, nous voudrions plonger, malgré toi, ta face dans ce feu par lequel le Seigneur parle sur le Carmel ; t’entraîner malgré ta résistance, et te forcer d’entendre les témoignages par lesquels Jehovah fait connaître quel il est, qu’il est un Dieu vivant ; t’ouvrir par la force les yeux, et te présenter de si près les signes de l’Eternel, qu’au moins il ne te soit pas permis, au jour du jugement, de prétendre en aucune manière n’avoir pu connaître le Dieu d’Israël. Il a donné de soi des milliers de signes aussi éclatants que ceux du Carmel ; et quand aux derniers jours il t’a parlé par son Fils fait chair, ce n’a point été pour la dernière fois. Vois l’autel de son église, construit sur lui-même qui est la pierre de l’angle, et sur les douze pierres vivantes des apôtres ; vois cet autel entouré d’un fossé que les plus ardents adversaires ont, jusqu’à ce jour, vainement essayé de franchir. Contemple le sanctuaire de Dieu, sa solidité, son âge, son étendue ; vois-y briller le feu de l’Eternel, qui ne s’éteint ni jour ni nuit. Ce temple spirituel n’est-il pas une preuve de fait que Jehovah vit ? Considère les diverses pierres de cet édifice, les pécheurs convertis. Chacune de ces pierres était aussi un autel détruit, mais voici, il est réparé. Tout autour était un fossé de mille et mille péchés, de résistances et d’obstacles de tout genre, qui fermaient l’accès au Seigneur ; mais voici, son feu est descendu d’en haut sur l’autel. Cet autel était formé de vraies pierres, c’était un cœur de roc, une tête dure ; le bois et la terre ne manquaient pas non plus, tout était mort, rien que chair et ténèbres ; mais la flamme de Jehovah a consumé terre, bois, pierre, et elle a absorbé les eaux de la sensualité, et les tristes débris de l’ancien autel sont devenus un monument de la gloire de Dieu. Mais qui croit aux changements radicaux qu’opère la conversion chez le pécheur ? Croyez-y, n’y croyez pas ; vous n’en serez pas moins entourés des témoignages d’Israël comme d’une muraille infranchissable, et il ne vous restera plus qu’à crier : « L’Eternel est Dieu, » ou qu’à vous déclarer de véritables enfants de Bahal, et à dire : « Nous ne voulons point servir ce Dieu d’Israël. » Ainsi vous saurez du moins qui vous êtes, ainsi mûrira le décret de Dieu sur vous, quel qu’il soit. Que celui qui revient aujourd’hui du Carmel sans entendre au dedans de lui son cœur s’écrier : « L’Eternel est Dieu, » n’hésite pas à se ranger du nombre de ceux dont le père et le roi est le Diable, qui aveugle l’entendement des incrédules.

Le peuple sur le Carmel rendit gloire au Dieu d’Israël. Mais les prêtres endurcirent leurs cœurs, persévérèrent dans leur orgueilleuse folie, ne voulurent pas s’humilier. Bien, ils sont mûrs pour le jugement. « Saisissez les prophètes de Bahal, dit Élie, qu’il n’en échappe pas un ; » et le peuple s’empresse d’obéir, car ils reconnaissent l’odieuse tromperie dont ils ont été le jouet. Ils les saisissent, et, d’après les ordres d’Élie, ils les conduisent dans la plaine sur les bords du Kison ; ils tirent l’épée et aident l’homme de Dieu à les égorger ; et le sang coule avec les eaux du torrent, et va rougir les flots de la mer. C’était bien. Si les temples des idoles devaient tomber, ces loups ne pouvaient demeurer plus longtemps en Israël. H fallait les faire disparaître de la face de la terre, ces faux prêtres endurcis, ces méchants séducteurs du peuple, ces sanguinaires meurtriers des vrais prophètes. Il ne suffisait pas que Dieu eût prouvé sur le Carmel son existence ; il devait aussi se faire connaître au peuple comme un Dieu qui veut le droit et la justice, qui ne regarde point avec indifférence tout ce que les enfants des hommes peuvent croire, faire. et penser, qui est le Saint en Israël, et qui ne se désiste d’aucun de ses titres et d’aucune de ses attributions. Quelque douleur qu’une telle exécution pût causer au cœur aimant et compatissant du prophète, qui aurait mille fois préféré d’être le témoin de leur conversion, la gloire de Dieu exigeait de lui le sacrifice de ses sentiments naturels, qu’il dut ainsi étouffer pour obéir. — Pour obéir ? — Oui, sans doute, la loi était positive. (Deutéronome 13.1-10). « S’il s’élève au milieu de toi quelque prophète qui te parle de se révolter contre l’Eternel, et te dise en secret : Allons et servons d’autres dieux que ni toi ni tes pères n’ont connus ; tu le feras mourir, ta main sera la première sur lui, et ensuite la main de tout le peuple. » A cet ordre exprès de Jehovah, le prophète devait se soumettre entièrement et sans hésiter, quoiqu’il en dût coûter à son cœur ; car il avait été ordonné de Dieu et établi pour être le défenseur de la loi, pour relever les droits du Seigneur en Israël, et pour rendre leur ancienne splendeur aux deux tables de Sinaï. Or, il ne convient pas à un serviteur de l’Eternel de délibérer sur ses ordres en son bon cœur avant que de les exécuter, ni de les faire passer par l’examen de sa sage raison. « Seigneur, parle, ton serviteur écoute, » tel est son mot d’ordre.

Avec la croix commence une ère nouvelle, et depuis que des mains percées ont pris les rênes du gouvernement du monde, la verge de fer qui brisait autrefois les vases de colère s’est changée en un sceptre de patience. Voilà pourquoi tant de bêtes malfaisantes restent paisiblement dans la vigne du Seigneur ; voilà pourquoi l’ivraie, croit avec le froment sans que personne la cueille, jusqu’à la moisson. Si le monde était encore au temps de Moïse et d’Élie, les exécutions succéderaient sans interruption aux exécutions, et le sang des prêtres de Bahal coulerait par torrents au milieu d’une église, qui porte, il est vrai, le nom d’évangélique, mais qui n’est, en général, nullement digne de ce beau nom. Cependant la condamnation ne fait que sommeiller, et le jour qui la réveillera arrivera une fois, quoiqu’il tarde. Il viendra l’homme de Botsra, aux vêtements teints en rouge ; il se mettra en son temps à fouler aux pressoirs de son indignation. L’épée pend à sa ceinture, et son arc est en sa main. Entendez-vous, prêtres de Bahal, et vous, séducteurs des peuples.

Courage, courage, mercenaires et loups ; dans vos milliers de temples, du haut des chaires sacrées, persuadez à vos malheureux troupeaux d’adorer d’autres dieux que Celui qu’Abraham nommait son père, et dont les pieds ont foulé les montagnes d’Israël. Continuez, corrupteurs de la jeunesse, aveugles conducteurs d’aveugles ; au milieu des battements de mains des méchants, précipitez de son trône l’Ancien des jours, pour mettre à sa place un mannequin, une idole muette, qu’a forgée votre cerveau. Courage, hommes et femmes du monde, traitez avec un froid dédain Je Dieu des Juifs, et courez après l’idole à la mode d’une sagesse adultère. Déjà vole à travers le ciel l’ange qui crie : Malheur, malheur. Déjà est tirée l’épée qui vous égorgera, est mêlée la boisson dont vous mourrez, est dressé le bûcher sur lequel, abandonnés de votre Bahal, vous brûlerez en éternel témoignage de la justice de Dieu et de sa sainte vengeance. Oh ! c’est une chose terrible, terrible ! que de tomber entre les mains du Dieu vivant, car il est un feu consumant. Emportez dans vos maisons ces paroles : Dieu est un feu qui dévore, qui consume.

Mais toi, Israël, prends ta harpe, réjouis-toi et éclate en chants de triomphe ; ton Dieu vit. Le Cartel et Golgotha, le ciel et la terre chantent à l’envi qu’il est le Dieu vivant. Unis ta voix aux leurs, ô Israël, et la main sur le cœur, l’autre élevée vers le ciel, écrie-toi dans une sainte joie qui navre de chagrin le Diable et qui se rit de ses menaces : Mon Seigneur est Dieu, mon Dieu est Roi ! Amen !

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