Théologie de l’Ancien Testament

II. Quelle place il convient d’assigner à l’Ancienne alliance dans l’histoire de la Révélation.

§ 5. De quelle manière un théologien chrétien doit-il envisager la religion de l’Ancienne alliance ?

Le nom de Théologie de l’A. T. est significatif. Qui dit testament, dit alliance, et qui dit alliance suppose deux parties contractantes. Et ici l’une d’elles est Dieu lui-même. Ce n’est pas une religion humaine, la religion juive, que nous allons étudier, mais bien une révélation. Cette révélation repose d’une part sur des principes diamétralement opposés à ceux des religions païennes ; de l’autre, elle prépare la Révélation de la nouvelle alliance.

A l’heure qu’il est, ce n’est point ainsi qu’on envisage généralement l’A. T. L’opinion dominante depuis Ewald, c’est que les Juifs, en vertu de certaines dispositions naturelles propres à la race sémitique, ont été plus heureux que les autres nations de l’antiquité dans leur recherche de la vérité. Les Grecs ont été le peuple des beaux-arts et de la philosophie, les Romains celui du droit, les Juifs celui de la religion ; c’est chez eux que la pensée religieuse a pris son plus puissant essor. — Précédemment le rationalisme se plaisait à rabaisser autant que possible l’A. T. ; c’était un livre bien trivial, mais quoi ! les Juifs n’avaient pas pu faire mieux. Aujourd’hui on rend pleine justice à la profondeur de pensée et à la haute moralité de l’A. T., on y constate même la présence plus ou moins claire des vérités éternelles que le Christianisme a pleinement mises en lumière. — Mais quelques précieux renseignements de détail que les théologiens de cette tendance aient fournis à la science, jamais sur cette voie l’on ne parviendra à comprendre l’A. T. Comment donc ? Israël, grâce à son génie religieux, produit lui-même tout naturellement la religion de l’A. T. Et voilà que, quand nous ouvrons la Bible, à chaque page nous y trouvons l’opposition la plus directe entre ce peuple et sa religion ! Dès le commencement de son histoire, Israël cherche toute autre chose que le Dieu de l’A. T. ! « Tu m’as fatigué par tes péchés et tu m’as travaillé par tes iniquités. » (Ésaïe 43.24) « Passez par les îles de Kittim et voyez ; envoyez en Kédar et considérez bien, et regardez s’il y est rien arrivé de pareil. Y a-t-il aucune nation qui ait changé ses dieux, lesquels toutefois ne sont pas dieux ? Mais mon peuple a changé sa gloire en ce qui ne profite de rien ! » (Jérémie 2.10-11) Voilà le résumé des expériences que l’Éternel a faites dans la pénible éducation de son peuple ; voilà la vérité sur les dispositions religieuses des Israélites ! — Les faux dieux sont des produits de l’esprit naturel des peuples païens, et c’est pourquoi ces derniers restent fidèles à leurs dieux aussi longtemps que le principe du paganisme a la force d’exercer quelque empire sur les esprits. Mais si l’on admet qu’il en est de même du Dieu des Juifs, on se met dans l’incapacité de comprendre l’A. T., qui nous montre continuellement Israël se faisant violence pour s’élever à la hauteur de la religion qui lui est donnée, et s’efforçant de s’en affranchir pour servir les dieux des peuples qui l’entourent.

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