Théologie de l’Ancien Testament

§ 52. Conservation du monde.

L’A. T. considère la conservation du monde tantôt comme quelque chose de distinct de la création, tantôt comme une création continue.

Quand on voit (Genèse 2.2) qu’au septième jourc, Dieu cesse de produire de nouvelles espèces d’êtres ; quand on songe qu’il a donné à ces êtres la faculté de se reproduire, et, par conséquent, une indépendance relative (Genèse 1.11, 22, 28) ; qu’il garantit à Noé la stabilité des lois naturelles jusqu’à la fin du monde (Genèse 8.21) ; quand on se rappelle des passages comme : Jérémie 33.20, 25 ; 31.36 ; Psaumes 148.6 ; 104.9 ; Jérémie 5.22 ; Job 38.10 ; 14.5 ; où il est parlé des lois et des ordonnances qui régissent les cieux et la terre, — il est de toute évidence que la Bible établit une distinction entre la création et la conservation du monde.

cGenèse 2.2. Dieu acheva au 7e jour l’œuvre qu’il avait faite. Les Septante se sont permis de corriger ce verset et de substituer sixième à septième, car, se dirent-ils, n’est-ce pas au sixième jour que l’homme, le dernier être créé, a été appelé à l’existence ? Mais ils ont montré ainsi qu’ils ne comprenaient pas l’importance du septième jour : c’est le jour qui met un terme à la création.

Mais, d’autre part, le monde ne peut marcher dans les sentiers qui lui sont tracés, que si Dieu lui en donne d’un moment à l’autre la force. Cette indépendance relative des créatures est une indépendance d’emprunt ; au fond, il y a dépendance complète. Le monde ne subsiste absolument que grâce à la parole (Psaumes 148.5 ; 33.9 ; 147.15-18), et à l’Esprit de Dieu. Il ne subsiste que comme il existe. Le passage capital à cet égard, celui qui montre le mieux la continuelle action de la parole et de l’Esprit de Dieu dans le monde, c’est Psaumes 104.26 et sq. : « Retires-tu leur souffle ? Les créatures défaillent et elles retombent dans leur poudre. Renvoies-tu ton Esprit, elles sont créées et tu renouvelles la face de la terre. » Il y a une œuvre créatrice dans la conservation du monde et de toutes les choses qui y sont (Exode 4.11 ; Ésaïe 42.5).

[Le grand psaume de la création, le Psaume 104, emploie le participe au v. 2. « S’enveloppant de lumière comme d’un vêtement, étendant les cieux comme un pavillon, » Il en est de même de Ésaïe 42.5, et de Exode 4.11. Ce participe a pour but de donner à l’activité divine le caractère de la continuité.]

Les créatures étant ainsi à chaque moment de leur existence portées, entretenues, conservées par Dieu, elles sont la vanité même, elles ne sont rien par elles-mêmes ; elles ne sont que chair, par opposition à l’esprit de Dieu qui est le grand principe de toute vie. (Genèse 6.3,13 ; Ésaïe 40.6 ; 31.3). Les cieux et la terre eux-mêmes, bien que Dieu leur ait garanti une longue durée, ne sont point éternels dans le sens où Dieu l’est. Ils périront : Tu subsisteras toujours, etc. (Psaumes 102.27 et sq.)d.

d – Dans les Hagiographes, nous verrons une idée un peu différente se faire jour à l’égard de la création. C’est la sagesse de Dieu qui y sera présentée comme principe créateur.

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