Théologie de l’Ancien Testament

63. Les miracles. Leur apparition dans l’histoire. Leurs noms.

On pourrait au besoin donner le nom de miracles aux divers modes de révélation dont nous venons de parler, Parole, Anges, présence de l’Éternel, car ce sont là tout autant de choses par lesquelles la marche régulière de la nature et de l’histoire se trouve interrompue. Mais l’A. T. réserve le nom de miracles pour les interventions actives de Dieu dans le monde. Il ne suffit pas, pour qu’il y ait miracle, que Dieu donne à connaître son existence ; il faut qu’il agisse sur la nature et sur l’histoire. — Une chose assez remarquable, c’est du temps des patriarches il n’y a point eu de miracles proprement dits, point en particulier de miracles opérés par des hommes. Ce n’est qu’en Egypte que commencent les prodiges (Exode 3.20) et que Dieu se manifeste comme un Dieu qui fait des merveilles (Exode 15.11). Moïse est le premier homme de Dieu qui ait fait des miracles. A partir de cette époque les miracles viennent se grouper autour d’un nombre d’hommes assez restreint, et ils apparaissent surtout quand il s’agit pour l’Éternel de montrer sa supériorité sur les dieux des païens ; ainsi dans le royaume des dix tribus, à Babylone, etc.

Les deux noms sous lesquels l’A. T. désigne le plus ordinairement les miracles, פלא et נפלאות, viennent de פלא ou פלה, mettre à part.
C’est leur côté négatif qui est ici mis en lumière : un miracle est un événement extraordinaire qui rompt le cours régulier des choses. Tel est aussi le sens du mot מופת, soit qu’il vienne d’un verbe arabe signifiant tourner (quelque chose qui est bizarrement tourné excite par là même l’étonnement), soit qu’on préfère une racine hébraïque signifiant briller. — Dans le N. T., cette notion négative du miracle est rendue par le mot τέρας.

Le côté positif des miracles, ce qui en fait autant de manifestations de la puissance de Dieu, est rendu par le mot גבורות, ou par עלילות et מעשים (ἔργα), hauts faits, exploits (Deutéronome 3.24). Sous ce rapport un miracle est un effet de la puissance divine agissant sans s’inquiéter des lois naturelles ; c’est quelque chose de nouveau, quelque chose qu’à ne considérer que ce qui a toujours eu lieu, l’on n’aurait point pu prévoir ; c’est une création : « Je ferai devant tout ton peuple des merveilles qui n’ont point été créées dans toute la terre. » (Exode 34.10) Voyez encore Nom.16.30 : Si l’Éternel crée une chose toute nouvelle… et Jérémie 31.22.

Mais ces deux espèces de noms n’épuisent pas encore la notion du miracle. Tout miracle a un but, une signification. C’est un signe qui doit faire penser à Dieu, aux choses invisibles. Tel est le sens du mot אות (σημεῖον), et tel serait aussi celui de מופת si, comme le pensent quelques grammairiens, il venait de la racine פת, signifiant ouvrir. Voyez Ésaïe 8.18 ; 20.3 ; Deutéronome 13.2. Un מופת est un signe au moyen duquel on peut deviner l’avenir ; c’est un prodige, un symbole (portentum).

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