Théologie de l’Ancien Testament

1. L’élection.

§ 81. L’élection d’Israël ; effet, du libre choix de Dieu. Choisir et connaître.

C’est librement, par amour et pure grâce, que Dieu a choisi Israël et qu’il a traité alliance avec lui. Dieu n’a point été contraint à cette alliance, et Israël n’a rien fait qui la mérite. Dieu n’est absolument tenu à l’observer que parce qu’il a commencé par s’y engager lui-même volontairement. C’est librement qu’il fait les promesses que, dès qu’il les a faites, sa qualité de Dieu fidèle et véritable l’oblige à observer.

Tels sont les grands principes que l’on peut aisément déduire de toute la manière en laquelle nous voyons Dieu procéder à l’égard des patriarches et de leurs descendants, et que du reste Moïse développe expressément dans ses discours toutes les fois que l’occasion s’en présente. Le maître de la terre entière veut bien choisir Israël pour lui être un peuple qui lui appartienne d’une manière toute spéciale (Exode 19.5). Ce n’est qu’après que Dieu a élu et pris par la main, qu’il ordonne et qu’il exige ; tel est le sens des mots : « qui t’ai tiré d’Egypte » dans la préface du Décalogue. C’est là une des pensées fondamentales du Deutéronome. Voyez par exemple Genèse 7.7, où l’amour immérité de Dieu pour Israël est clairement proclamé comme la cause première de l’alliance. Voyez Genèse 8.17, et encore Genèse 9.4-6. Israël est un peuple de col roide, c’est pourquoi Moïse emploie dans ces divers passages le mot Bachar בחר, qui exprime le plus fortement la complète liberté qui a présidé à l’élection divine. — Les promesses de Dieu sont scellées par un serment ; or le serment intervient partout où il s’agit de décrets immuables, dont la réalisation ne dépend pas de certaines éventualités. Hébreux 6.17d.

d – Il y a des promesses et des menaces qui sont soumises à certaines conditions, ainsi Jérémie 18.7-10. Dans Gen. ch. 12 aussi Dieu fait à Abraham une promesse conditionnelle, mais quand ce patriarche a fait ses preuves de fidélité, il y a serment de la part de Dieu et toute condition disparaît.

A côté de Bachar בחר, nous trouvons aussi pour désigner l’élection divine Jada ידע (Voyez Genèse 18.19, où il est employé pour la première fois ; Amos 3.2 ; Osée 13.5). Tel est aussi souvent dans le N. T. le sens de γιγνώσκειν. Connaître, c’est s’approprier ; c’est abolir la distance qui vous séparait de l’objet que l’on ignorait naguère. Connaître est plus que savoir ; c’est s’occuper d’une personne avec affection, avec sympathie. Dans Proverbes 27.23, Jada ידע est employé parallèlement avec שית לב, diriger son cœur, son attention sur quelque chose, et se trouve être ainsi directement le contraire de מאם Maam, rejeter (Job 9.21). Dans Psaumes 1.6 ; 37.18, ידע Jada exprime la sollicitude de Dieu pour les justes ; dans Exode 33.12, « je te connais par ton nom, » — la relation tout particulièrement intime que Moïse soutient avec l’Éternele. Cependant, comme la connaissance divine ne consiste pas seulement à savoir ce que l’homme est, mais aussi à le transporter dans tel ou tel étatf, le mot Jada ידע exprime ainsi le libre choix de Dieu et il redevient par là synonyme de Bachar, בחר.

e – C’est l’équivalent de cette autre parole : Tu as trouvé grâce à mes yeux.

f – C’est ce que les anciens théologiens exprimaient en disant que Jada signifie non seulement nosse cum affectu, mais aussi cum effectu.

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