Théologie de l’Ancien Testament

II. La théocratie.

§ 91. Notion de la théocratie.

C’est Josèphe qui semble s’être le premier servi du mot de théocratie. Contra App. II. 16, « Il est des législateurs qui ont préféré la forme monarchique ; d’autres ont confié le pouvoir à un petit nombre de personnes, d’autres à la multitude. Mais notre législateur n’a choisi aucune de ces formes de gouvernement. Il nous a dotés, si l’on peut se servir de cette expression, d’une théocratie. Chez nous, c’est Dieu qui possède l’autorité et qui l’exerce, et c’est à lui que Moïse nous a appris à regarder tous. »

La constitution dont Moïse dote l’Etat qu’il fonde est une constitution théocratique. Le roi d’Israël n’est autre que Jéhovah. Ce n’est pas en sa qualité de Créateur et de Conservateur que l’Éternel est le roi d’Israël, mais en vertu des rapports tout particuliers qu’il soutient avec ce peuple. Les patriarches ont adoré Dieu comme leur Maître et leur berger ; mais lorsqu’après le passage de la mer Rouge Dieu s’est enfin formé un peuple par sa grande puissance et à bras étendu, ce peuple commence à l’adorer comme son roi (Exode 15.18. Voyez aussi Psaumes 44.5 ; 68.25 et sq). Comme le jour précis où Dieu est entré dans l’exercice de son pouvoir, on peut indiquer celui où, par la promulgation de la loi et la conclusion de l’alliance, Il a fait des descendants de Jacob un Etat. « C’est alors qu’il devint roi en Jeschurum » (Deutéronome 33.5)g. Il y a donc une étroite relation entre la notion de Roi d’Israël et celle de Saint et de Créateur d’Israël (Ésaïe 43.15 ; Psaumes 89.19). Lisez encore sur le gouvernement divin en Israël Nombres 23.21 ; Ésaïe 41.21 ; 44.6 ; Psaumes 10.16. L’Éternel est le grand Roi, Psaumes 48.3 ; le Roi de gloire, Psaumes 24.7 et sq. Tandis qu’il est de tout temps roi de son peuple (Psaumes 74.12), il ne le deviendra des païens que plus tard.

g – Ce passage est on ne peut plus mal compris quand on sous-entend pour sujet Moïse au lieu de Jéhovah.

Tous les genres de pouvoirs sont en ses mains. Les hommes qui en sont revêtus ne sont que ses organes. Impossible d’imaginer entre l’Église et l’Etat une plus intime union que celle qui existe avec un pareil gouvernement. Il est le législateur et le juge de son peuple (Ésaïe 33.22). Toutes les institutions, toutes les ordonnances civiles sont l’expression de la volonté divine. Il y a bien des usages que Dieu laisse subsister à cause de la dureté du cœur des Israélites (Matthieu 19.8) ; mais la loi ne fait que de les tolérer, et elle tend à les abolir. Enfin, Dieu est un roi qui commande en personne les armés de son peupleh (Nombres 23.22). L’armée de l’Éternel, c’est Israël (Exode 12.41). L’Éternel combat à leur tête (Nombres 10.35). Lors de la bataille de Réphidim, la première qu’Israël ait eu à livrer contre ses ennemis, la victoire ne couronne les efforts des combattants que lorsque Moïse prie ; voilà pourquoi toutes les guerres des Israélites sont les guerres de l’Éternel (Nombres 21.14).

hΣτρατηγὸς αὐτοκράτωρ ainsi que s’exprime Josèphe Ant. IV. 8. 41.

Nous ferons de l’abondante matière que nous avons maintenant devant nous deux parties principales. Dans la première, nous parlerons en général de toutes les fonctions théocratiques (prêtres, pouvoirs législatif, judiciaire, exécutif, famille, esclaves) ; dans la seconde, du culte.

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