Théologie de l’Ancien Testament

§ 142. Les purifications lévitiques.

L’Israélite, faisant partie d’un peuple saint, est pur (Taor, טהור), et quand il s’est souillé d’une manière ou d’une autre (Tamé, טמא), un acte spécial de purification devient nécessaire pour le réintégrer dans son état normal. Tout ce qui a rapport à la mort et à la naissance (Lévitique ch. 12 et 15), met en état de souillure. Il ne peut impunément toucher un cadavrea, s’approcher d’une tombe, entrer dans une maison où quelqu’un vient de mourir ; tout cela souille. Tout vase qui se sera trouvé sans couvercle dans une maison mortuaire, est impur (Nombres 19.11-15). La lèpre souille également (Lévitique ch. 13), car elle n’est autre chose qu’une mort lente (Nombres 12.12) ; guérir quelqu’un de la lèpre, c’est lui rendre la vie (2 Rois 5.7)b.

a – Les seuls cadavres qui ne souillent pas, sont ceux des animaux purs offerts en sacrifice.

b – On ne sait pas au juste ce qu’il faut entendre par la lèpre de maison dont parle Lévitique 14.33, sq. On y a vu de simples taches de salpêtre rongeant les murs, ou bien on a supposé que la lèpre humaine pouvait réellement à la longue passer aux murailles de l’habitation.

C’est l’eau, — le symbole de la vie, l’eau vive, — qui est le grand moyen de purification. Il y avait différents degrés de souillure. Dans les cas les moins graves, il suffisait, pour les personnes, d’une ablution, après laquelle on devait se tenir à l’écart jusqu’au soir. S’il s’agissait d’un objet, il fallait également le laver, à moins qu’il ne fût susceptible d’être brisé, car alors il fallait le mettre en pièces. Parfois la loi exigeait en outre un sacrifice pour le péché (Lévitique 5.6). Dans les cas les plus graves, il fallait se tenir à l’écart, une, et quelquefois même deux semaines (Nombres 5.2, hors du camp, pendant le séjour dans le désert. Lévitique 15.13,19). Quand c’était pour un mort qu’on s’était souillé, on employait une eau particulière (me niddah, מי נדה, eau contre l’impureté,) qui, d’après Nombres 19.9 et sq., avait la vertu d’une offrande pour le péché. On prenait une vache rousse, sans défaut et qui n’avait jamais porté le joug ; on l’immolait hors du camp en présence d’un prêtrec ; on faisait par sept fois aspersion de son sang sur le sanctuaire ; on en brûlait la peau, la chair, le sang et les excréments, avec du bois de cèdre, de l’hysope et du cramoisid. La cendre qui en résultait était gardée hors du camp dans un lieu pur ; toutes les fois que quelqu’un venait à mourir, on allait en prendre un peu et on la jetait dans de l’eau dont on faisait ensuite aspersion sur la maison mortuaire et tous ses meubles, le troisième et le septième jour après le décès.

c – Et non pas du grand prêtre, qui devait se tenir éloigné de toute cérémonie où figurait la mort.

d – Ces trois ingrédients apparaissent aussi dans la purification de la lèpre (Lévitique 14.6).

Pourquoi fallait-il que cette vache fût rousse ou rouge ? Hengstenberg voit dans cette couleur le symbole du péché ; il cite Ésaïe 1.18, et il rappelle qu’en Egypte le rouge était la couleur de Typhon. Voyez Schelling, Philosophie de la révélation, II, page 136. Plutarque, De Is. et Osir. Chap. 31. — Mais Ésaïe 1.18 n’a rien à faire ici. Le rouge étant la couleur du sang, marque des péchés criants, des crimes où il y a eu du sang répandu (Ésaïe 1.15-21) ; mais quand il s’agit de se purifier de la souillure qu’on a contractée en touchant un mort, c’est de décomposition qu’il s’agit et non pas de sang. Non, le rouge est bien plutôt le symbole de la vie. comme le cramoisi est celui de la parure. La victime est une vache et non pas un taureau ; or, le sexe féminin est par excellence celui de la vie (Genèse 3.20). Le cèdre est également de tous les bois, le plus durable, et l’hysope passe dans toute l’antiquité pour avoir une vertu toute particulière de purification. L’eau de purification n’est autre chose qu’une sorte de lessive renforcée par des éléments qui symbolisent la force vitale, l’incorruptibilité et la pureté.

[Hengstenberg propose une tout autre explication. D’après 1 Rois 4.33 ; 5.13, le cèdre est ce qu’il y a de plus grand, et l’hysope ce qu’il y a de plus petit dans la création. Celui-là doit représenter la majesté de Dieu, celui-ci sa condescendance.]

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