Théologie de l’Ancien Testament

§ 149. De la célébration du sabbat.

Il résulte de ce qui précède et surtout du § 145, que le Sabbat est une institution divine, un don, un présent que Dieu a fait au peuple dans le but de le sanctifier (Ézéchiel 20.12) ; il y a quelque chose du sacrement dans le Sabbat. Mais il va sans dire que le peuple doit répondre aux avances de Dieu. : il doit en ce jour observer diverses prescriptions. De cette façon, le Sabbat tient aussi du sacrifice. Seulement Ewald et Knobel vont trop loin, quand ils disent que le Sabbat est avant tout un sacrifice consistant à renoncer au gain que procure le travail, et quand ils le mettent sur le même pied que, par exemple, le jeûne ; le Sabbat est bien au contraire un jour d’allégresse (Ésaïe 58.13 ; Osée 2.11 ; Psaumes 92.1-15), et ceux qui l’observent soigneusement ne peuvent manquer d’être abondamment bénis. Voyez d’emblée l’histoire significative de Exode 16.27-29. « Dieu vous donne au sixième jour du pain pour deux jours. »

La première chose à considérer dans la célébration du Sabbat, c’en est le côté négatif ; c’est un jour où, comme son nom l’indique, il faut se reposer, suspendre son travail. Ce ne sont pas seulement les travaux de la campagne (labourer, moissonner, amasser du bois Exode 34.21 ; Nombres 15.32) qui sont prohibés, mais même ceux du ménage (préparer les repas, allumer du feu, Exode 16.23 ; 35.3). Défense positive de sortir du camp en un jour de Sabbat (Exode 16.29) ; d’où plus tard on tira la défense de voyager en un tel jour. Peine de mort par lapidation pour quiconque enfreignait ces ordonnances (Exode 31.14 ; 35.2 ; Nombres 15.35 et sq.). Lorsque Jérémie 17.21 recommande au peuple de s’abstenir de porter aucun fardeau le jour de Sabbat ; qu’Amos 8.5 et sq. blâme ceux qui ne supportent qu’impatiemment l’interruption que ce jour apporte à leur négoce ; que Néhémie, enfin, fait tous ses efforts pour abolir le marché qui s’était établi à Jérusalem chaque dernier jour de la semaine (Néhémie 10.32 ; 13.15, 19), — ce ne sont évidemment là que de justes applications du principe sabbatique posé par la loi de Moïse.

Le côté positif de la célébration du Sabbat, c’est le culte particulier qu’on y rendait à l’Éternel : deux agneaux au lieu d’un pour le sacrifice du matin et du soir (Nombres 28.9) ; renouvellement des pains de proposition (Lévitique 24.8) ; sainte convocation au sanctuaire central. Et comme, à cause des distances, le sanctuaire n’était facilement accessible qu’à une partie assez restreinte du peuple, il est probable que de bonne heure il y eut, en divers lieux, ce jour-là, des réunions où l’on lisait au peuple la Parole de Dieu ; cependant, c’est dans 2 Rois 4.23, que se trouve la première trace de quelque chose de semblable. On ne saurait méconnaître que la loi insiste beaucoup plus sur le côté négatif que sur le côté positif du Sabbat. C’est une erreur complète que de rabaisser le repos du septième jour au rôle de simple moyen, et de considérer le service divin comme le but unique de cette journéee. Chose remarquable : plus tard, même lorsque les prophètes parleront du quatrième commandement, c’est le côté négatif qu’ils en relèveront surtout, c’est sur ce qu’il ne faut pas faire à pareil jour qu’ils insisteront exclusivement (Ésaïe 56.2 ; 58.13 ; Jérémie 17.21 et sq.)f. Est-ce à dire que la loi n’ajoute que peu d’importance à la sanctification du Sabbat ? Non, mais nous reconnaissons ici la sagesse éducatrice de Dieu, qui ne dit pas tout, et qui laisse aux faits, aux symboles et aux quelques ordonnances qu’il a données, le soin de dire le reste. Le repos est déjà à lui seul un but, mais c’est en même temps une pierre d’attente qui appelle la sanctification positive de ce jour.

e – Ainsi Hengstenberg, contre lequel Vitringa a pleinement raison : De synag. vet., page 292.

fÉsaïe 58.13, cependant blâme déjà les Sabbats passés dans une vaine oisiveté et dans des conversations inutiles.

[Les prescriptions du Judaïsme postérieur, qui datent déjà de la période d’Esdras à J.-C., sont au contraire tout à fait propres à enlever toute vie et toute spiritualité à l’observation du sabbat. Nous verrons dans la 2e partie de cet ouvrage ce que devint le sabbat pendant l’exil. Il put encore être observé. Cependant Néhémie 10.32 montre qu’il n’était pas encore bien entré dans les mœurs nationales. Au reste, c’est à tort qu’on a vu dans les mesures que Néhémie prit pour empêcher la profanation du sabbat, un commencement de la casuistique pointilleuse des siècles suivants et en particulier de celui des Macchabées.]

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