Théologie de l’Ancien Testament

§ 167. Salomon — La construction du temple.

L’Éternel avait dit à David : Il sortira de toi un fils qui bâtira une maison à mon nom (2 Samuel 7.13). Cette promesse trouve son premier accomplissement en la personne de Salomon (1 Rois 8.20). Le fils de Bathséba avait eu pour [(récepteur le prophète Nathan (2 Samuel 12.23), et c’est aussi à lui qu’il doit en grande partie de l’avoir emporté sur Adonija, l’un de ses frères aînés, qui prétendait succéder à David. Salomon récolta là où son père avait semé ; son règne fut glorieux, paisible et long ; l’Orient s’en souvient encore ; il est l’image des temps messianiques (1 Rois 4.25 ; Michée 4.4 ; Zacharie 8.10 et sq.).

De tous les grands travaux exécutés par Salomon, le temple seul doit nous occuper ici. Sa construction dura sept ans. On l’éleva sur le plateau de Morija qui, grâce à de gigantesques murs de soutènementc, était arrivé à présenter une surface de 80 000 coudées carrées. C’était là même que David avait élevé un autel, d’après l’indication de Gad, lors de l’affaire du dénombrement (2 Chroniques 3.1 ; 2 Samuel 24.18). — C’est évidemment aux renseignements d’un témoin oculaire qu’est due la description du temple de 1 Rois ch. 6 ; seulement le texte de ce chapitre paraît avoir souffert. 2 Chroniques ch. 3 en diffère en quelques points. Ezéchiel ch. 40 à 42 ne doit être utilisé qu’avec toute prudence, car si l’image de l’ancien temple est naturellement présente à l’esprit du prophète, qui était en même temps un prêtre, — elle n’en est pas moins fortement idéalisée ; le plan est même modifié en quelques points pour mieux se prêter aux exigences du culte de l’avenir. Quant à josèphe (Ant. 8.3), il faut s’en méfier ; il se livre trop à son imagination.

c – Ces murailles existent encore en partie : elles sont composées d’énormes pierres, de 30 pieds de longueur et plus.

Le temple proprement dit, la maison de l’Éternel, בית יהוה, avait en général les mêmes proportions que le tabernacle ; mais les dimensions sont doublées. D’après 1 Rois 6.2, il avait 60 coudées de longueur, 20 de largeur et 30 de hauteur. Si la coudée équivaut à 1 pied et 5 pouces de France, cela donne une longueur de 90 pieds sur une largeur de 30 ; c’est la grandeur d’une église de village. Comment Salomon a-t-il pu dire (2 Chroniques 2.4-5) : « La maison que je veux bâtir doit être grande, car notre Dieu est plus grand que tous les dieux ? » — Il faut se rappeler que les temples antiques étaient destinés à recevoir, non point la foule des adorateurs, mais simplement l’image de telle ou telle divinité.

Le temple se divisait en deux parties ; la première, celle de devant (hécal, היכל), avait 40 coudées de longueur ; la seconde, celle de derrière, le lieu très saint (devir, דביר), avait 20 coudées en tous sens.

[Devir vient de Davar, être derrière ; c’est la partie la plus reculée d’un édifice. C’est à tort qu’on l’a dérivé de Dibber avec le sens de λαλήτηριον, lieu où l’on parle, où les oracles se font entendre.]

De cette façon le temple, vu du dehors, aurait été de 10 coudées moins haut au-dessus du lieu très saint, qu’au dessus du lieu saint ; et en effet, dans les temples égyptiens, le sanctuaire était toujours plus bas que le reste de l’édifice, et dans les églises chrétiennes le chœur est également moins élevé que la nef principale. Mais on peut admettre aussi que les appartements (עליות) dont il est parlé 1 Chroniques 28.11 ; 2 Chroniques 3.9, se trouvaient précisément au-dessus du lieu très saint et qu’ils égalisaient ainsi la hauteur extérieure de tout le bâtiment ; tandis que d’autres, comme Kurtz et Merz, veulent que le lieu saint n’ait eu, non plus que le très saint, que 20 coudées de hauteur, et que les appartements aient régné sur toute la longueur du templed.

d – Bæhr admet une faute de copiste dans 1 Rois 4.2, et pense-que l’édifice tout entier n’avait que 20 coudées de hauteur.

Les murailles étaient intérieurement revêtues de planches de cèdre entaillées de fleurs épanouies, de palmes et de chérubins (1 Rois 6.18, 29). A l’entrée du temple s’élevait un portique (oulam, אולם), large aussi de 20 coudées, mais profond de 10 seulement. La hauteur n’en est pas indiquée dans 1 Rois ch. 6, mais dans 2 Chroniques 3.4, il est parlé de 120 coudées, ce que l’on chercherait en vain à justifier en en appelant aux propylées des temples égyptiens ; on ne peut se représenter une tour si haute s’élevant sur une base si faible et devant un édifice si bas. Il y a ici une faute, et ce n’est pas la seule que renferment les Chroniques. C’est probablement trente qu’il faut lire.

Non pas devant ce portique, ainsi qu’on se le représente ordinairement, mais plutôt, d’après 1 Rois 7.21, dans ce portique se dressaient deux colossales colonnes d’airain, Jakin et Boaz, dont les chapiteaux avaient la forme de lys épanouis, et présentaient des entrelaçures et des figures de lys et de grenades (v. 15 à 22, comparé avec 2 Rois 25.10 et sq.). La hauteur de ces colonnes était de 18 coudées, auxquelles il faut ajouter 5 coudées pour les chapiteauxe. Il y a longtemps qu’on discute la question de savoir si elles étaient libres, ne supportant rien (Bæhr), ou bien si elles soutenaient le toit du portique (les Septante, dans leur traduction de 1 Rois 7.15, et Merz). Un fait qui est peu favorable à cette seconde manière de voir, c’est qu’elles sont comptées parmi les meubles du temple, et que la maison était considérée comme achevée avant qu’elles fussent dressées. Merz s’appuie surtout sur Amos 9.1 ; mais il n’est point question dans ce passage du temple de Jérusalem.

e2 Chroniques 3.15, parle de 40 coudées.

Des trois autres cotés, le temple était entouré de constructions à trois étages (צלעות) destinées à recevoir le trésor sacré- et toutes sortes de provisions. Chaque étage avait une hauteur de 5 coudées, ce qui donne tout au plus 18 coudées pour la hauteur totale de ces constructions, en sorte qu’il reste encore toute la place voulue pour les fenêtres mentionnées en 1 Rois 6.4. Ces fenêtres, du reste, ne servant qu’à la ventilation, pouvaient être fort petites ; le lieu saint était éclairé par des lampes, et le très saint ne l’était point du tout (1 Rois 8.12).

Autour du temple s’étendaient deux parvis (2 Rois 21.5), dont le second, le parvis extérieur, était plus bas que l’autre. Au reste, il se peut que Salomon n’ait achevé que le premier ; du moins 1 Rois 6.36 n’en mentionne qu’un. Le parvis le plus rapproché du temple s’appelait le parvis des prêtres (חצר הכהנים, 2 Chroniques 4.9), ou le parvis supérieur (Jérémie 36.10). Il était sans doute carré, comme le parvis du tabernacle et comme celui du temple d’Ezéchiel (Ézéchiel 40.47).

[L’opinion d’après laquelle le temple aurait affecté la forme d’un hémicycle n’a pas grand’chose pour elle, puisqu’elle ne repose absolument que sur le rapprochement qu’on s’est plu à faire entre le sanctuaire de l’Éternel et celui d’Uranie à Paphos !]

Le second ou grand parvis, dans lequel le peuple s’assemblait pour prier, était séparé du premier par une balustrade qui permettait, aux assistants de suivre des yeux les cérémonies qui s’accomplissaient dans le parvis des prêtres. Il n’en est pas moins vrai que les simples Israélites se trouvaient ici plus séparés du sanctuaire que ce n’avait été le cas dans le désert.

Les ustensiles du temple sont en général les mêmes que ceux du tabernacle, mais plus grands, et il s’y en trouve pourtant quelques-uns de nouveaux. Voilà l’autel des holocaustes ; mais au lieu du bassin, nous avons ici la mer d’airain dont le bord représentait les pétales d’un lys épanoui, et qui reposait sur 12 bœufs d’airain, tournés trois vers chacun des points cardinaux ; de chaque côté du parvis des prêtres, nous trouvons cinq cuves d’airain servant à laver tout ce qui concernait les holocaustes. Ces dix cuves étaient placées sur des soubassements d’airain ornés de reliefs représentant des lions et des taureaux, des palmes et des chérubins. — Dans le lieu saint voilà l’autel des parfums et la table des pains de proposition, mais dix chandeliers d’or au lieu d’un ; 2 Chroniques 4.8, parle également de dix tables, d’or. — Le fond du lieu saint était formé par une forte paroi, à travers laquelle une porte à deux battants conduisait dans le très saint (1 Rois 6.31). Outre cette porte, il est parlé encore, dans 2 Chroniques 3.14, d’un rideau ou voile, et l’on se demande si la porte demeurait toujours ouverte, ou bien si le voile pendait devant la porte fermée. Je crois que la porte restait fermée, et même on peut conclure de 1 Rois 6.21, que l’entrée du lieu très saint était encore, pour comble de sûreté, gardée par des chaînes d’or tendues entre le voile et la porte. — Dans le lieu très saint, il y avait, outre l’arche, deux chérubins de 10 coudées de hauteur. Deux de leurs ailes étendues se rencontraient au dessus de l’arche ; les deux autres touchaient, à droite et à gauche, les deux parois du sanctuaire.

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