Théologie de l’Ancien Testament

§ 193. Les premiers scribes. Le culte à la fin de cette période.

Il était bien naturel que, pendant ces siècles où Dieu n’accordait plus à son peuple de révélations nouvelles, les Israélites pieux s’appliquassent tout particulièrement à l’étude de la révélation écrite et que de cette façon les docteurs de la loi et les scribes, dont Esdras est le père (Esdras 7.6,10), remplaçassent les prophètes.

[Quelques mots sur la grande synagogue. On appelle ainsi un collège de docteurs de la loi qu’Esdras lui-même aurait chargés de recueillir les écrits sacrés et de boucler le canon de l’A. T. Mais rien dans la Bible ne justifie cette tradition, car il n’y arien de pareil à cela ni dans Esdras 7.25 ; Néhémie 8.7, ni dans Esdras 10.16 ; Néhémie 10.1. D’Esdras jusqu’à Simon le Juste, qui a été, d’après Pirk. Aboth I, 2, l’un des derniers membres de la grande synagogue, et qui vivait environ 300 ans av. J.-C, les scribes qui se son succédé ont travaillé avec une certaine entente et d’après les mêmes principes ; tel est probablement le souvenir précieux, qu’on a voulu perpétuer par la légende de la grande synagogue.]

Comme les prêtres avaient entre autres pour charge d’expliquer la loi (Malachie 2.7 ; Aggée 2.11), c’est de leur sein que sortirent les premiers scribes, à commencer par Esdras.

[Il se peut que les scribes et dépositaires de la loi תפשי התורה et ספרים, dont il est parlé dès avant l’exil (Jérémie 2.8 ; 8.8), fussent déjà des sacrificateurs.]

Mais les scribes devinrent bientôt une corporation à part, les γραμματεῖς du Nouveau Testament ; une corporation dont pouvaient faire partie des Lévites et des prêtres, sans qu’il fût du tout nécessaire d’être un descendant d’Aaron ou de Lévi pour y être reçu.

L’interprétation des livres sacrés leur étant enlevée, les prêtres perdirent beaucoup de leur influence. Le culte leur restait, mais un culte privé de ce qui en faisait la principale valeur ; le lieu très saint était vide ; le côté négatif de la prophétie Jérémie 3.16 était accompli, il n’y avait plus d’arche, on n’en avait pas refait, — sans que pour cela rien fit présager le prochain accomplissement du côté positif de cette même prophétie (v. 17, toutes les nations s’assembleront à Jérusalem au nom de l’Éternel) ; on espérait que Dieu rendrait à son peuple l’urim et le thummima, mais en attendant le pectoral du grand prêtre était vide. Tout donc tendait à enlever aux prêtres leur dignité de médiateurs entre Dieu et le peuple ; aussi cherchèrent-ils à se récupérer de l’autorité spirituelle qui leur échappait, en se livrant à la politique et en s’occupant d’autant plus des choses de la terreb.

aEsdras 2.63, Le gouverneur leur dit qu’ils se gardassent de manger des choses saintes jusqu’à l’avènement d’un prêtre qui consultât l’urim et le thummim.

b – Voyez Jost, Histoire du Judaïsme I, page 148.

Jésus, fils de Sirach, parle avec enthousiasme de ce reste de culte qui se célébrait encore dans le temple (Siracide 50.5-23). Mais il n’en est pas moins vrai qu’on en sentait généralement la déchéance. La preuve en est l’extension que prit dans ce temps la synagogue, avec son culte plus spirituel, où la lecture et l’explication de la loi remplacent les sacrifices matériels.

[C’étaient les scribes et les docteurs de la loi qui officiaient dans les synagogues. Le culte chrétien ressemble bien plus à celui de la synagogue qu’à celui du temple.]

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