Théologie de l’Ancien Testament

§ 238. De la manière dont l’A. T. considère la nature.

Est-il nécessaire, après ceci, de faire observer qu’aux yeux de l’A. T. le monde est le produit d’une volonté non seulement toute puissante, mais aussi souverainement sage ? « L’Éternel est celui qui a fait la terre par sa vertu, qui a établi le monde par sa sagesse et qui a étendu les cieux par son intelligence. » (Jérémie 10.12) Vertu ou puissance d’une part, sagesse et intelligence de l’autre (חקות, Job 38.33) Voyez encore Jérémie 51.15.

La création n’est pas une victoire remportée par Dieu sur des forces indépendantes du Créateur ; elle n’est pas même le résultat d’une lutte qui aurait eu lieu entre Dieu et telle ou telle puissance des ténèbres. Les puissances les plus hostiles et en particulier les influences sidériques auxquelles il est fait allusion dans Job 9.8-9 ; 26.12, ne sont point capables d’opposer à l’Éternel de résistance sérieuse. La nature, c’est le ciel et la terre soumis aux ordonnances de Dieu. Celui qui a dit à la mer, quand elle a fait éruption du sein de la terre : « Jusqu’ici et pas plus loin ! Ici se brisera l’orgueil de tes vagues ! » (Job 28.11) a également tout disposé et dirige incessamment toutes choses dans le monde en vue de certains buts (v. 33. Jérémie 31.35 ; 33.25). Or, le premier de ces buts est de manifester sa gloire, et il est atteint : dès le jour de la création de la terre, les étoiles du matin ont poussé des cris de joie, tous les fils de Dieu ont chanté en triomphe (Job 38.7), et dès lors la terre ne cesse avec toutes les armées des cieux de célébrer la majesté du Créateur (Psaumes 148). Le second de ces buts est de manifester sa justice. Le Dieu fort du sein des orages dirige les nuées à son gré et leur fait faire plusieurs tours selon ses desseins, pour qu’elles exécutent sur la surface de la terre tout ce qu’il leur a commandés, jugement ou bénédictions (Job 37.11 et sq.). Voyez également le Psaumes  104.

La terre, avons-nous dit, ne cesse de louer son Créateur ; toutefois, ce que l’homme comprend de la sagesse que Dieu déploie dans l’organisation et le gouvernement de la nature, est encore bien peu de chose. Il trouve partout des traces de l’intelligence divine, mais il est incapable de la saisir elle-même (§ 237, Job 28.12). Il en connaît assez pour deviner qu’il lui en échappe encore bien davantage. Job termine l’une de ses plus belles descriptions de la grandeur de Dieu par cet aveu : « Ce ne sont là que les bords (קתּות, les fins, les bouts, les contours extérieurs) de ses voies. Qu’il est faible le bruit qu’en-saisit notre oreille ! Le tonnerre de sa puissance, qui est-ce qui l’entend ? » (Job 26.14. Comparez Job 11.7). Et tout cet examen que l’Éternel fait subir à Job, toute cette série de questions qu’il lui adresse au chap. 38, ont pour but de lui faire sentir combien est limité le champ des connaissances humaines, et combien la nature elle-même renferme pour les enfants des hommes de paradoxes et de mystères.

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