L’expérience chrétienne en tant que rédemption

Note des éditeurs de l’édition de 1916

La vérité humaine et L’expérience chrétienne sont la reproduction des cours d’apologétique et de dogmatique que Gaston Frommel a professés à l’Université de Genève.

Nous devons au lecteur quelques mots d’explication sur les conditions dans lesquelles s’est faite la publication dont nous avons été chargé en 1915 par Madame G. Frommel.

Pendant les douze années que dura son enseignement universitaire, Frommel a professé cinq fois la dogmatique et quatre fois l’apologétique. Le cycle de trois ans prévu au programme — aux exigences duquel Frommel dut se plier dès le début — comportait pour la première année l’apologétique, pour la deuxième année la dogmatique, la troisième étant réservée à des cours alternant sur divers sujets (c’est alors que Frommel fit ses cours d’histoire de la théologie et de psychologie religieuse).

La comparaison des divers plans que Frommel a laissés dans ses notes ou dictés à ses élèves, amène à faire les remarques suivantes :

L’enseignement de Frommel était tout prêt lorsqu’il fut nommé à la chaire de théologie systématique (comme successeur d’Auguste Bouvier), le 12 janvier 1894. Dès ce moment, en effet, il était en possession non point d’un système, mais d’une conviction fondamentale. Le premier cours annoncé par lui portait ce titre significatif — L’expérience chrétienne, sa forme, son objet ; or, ce premier cours contenait « in nuce » l’apologétique et la dogmatique.

Dès 1895 Frommel travailla sans cesse à dégager et à compléter ses deux cours principaux, mais l’œuvre à laquelle il consacra le meilleur de sa pensée a été interrompue par la mort. « Mes cours ne sont pas achevés », avait-il écrit à un ami, après avoir pour la première fois parcouru, le cycle complet de son enseignement systématique, « je tâcherai de mettre tout cela au point plus tard. La deuxième partie de la dogmatique (celle des postulats historico-spéculatifs de l’expérience chrétienne, développés sous la notion directrice du règne de Dieu) manque totalement. Je ne l’aborderai que … lorsque la première sera au point. » Et deux ans plus tard : « Aucun de mes cours n’est fini. Mon système est de les avancer chaque fois que je les reprends, en condensant ce que j’ai déjà fait et en abordant du nouveau. » Ses cours sont toujours restés incomplets ; une élaboration continuelle pendant douze années n’en a pas même achevé la structure idéale dans sa pensée.

En transformant ainsi son enseignement et en l’enrichissant, Frommel, qui rédigeait ses leçons jusque dans le détail avec un soin minutieux, a fait subir à son manuscrit des modifications profondes. Nous publions tout naturellement les cours sous la dernière forme que leur auteur leur avait donnée ; le texte qui a servi à la présente publication reproduit le manuscrit des leçons de 1901 à 1903 puis de 1904 à 1906, année de la mort de Frommel. Notre intervention s’est réduite au strict minimum ; nous n’avons fait que les corrections qui s’imposaient ; nous avons de notre mieux vérifié l’exactitude des citations et rétabli certaines références. Tout notre effort a tendu à reproduire aussi fidèlement que possible le manuscrit qui nous avait été confié.

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