Le jour éternel

IX.
La Cité des siècles à venir

Représentons-nous une cité et la vie d’un citoyen d’après les données de la Bible, et non d’après les écrits des hommes. Il se peut que nous en concevons des idées un peu différentes de celles généralement reçues, mais elles n’en seront pas moins exactes pour cela.

Dieu attache plus d’importance que l’homme à une cité ; il associe à ce nom quelque chose de plus que le mal, le péché et le travail. Lorsqu’il en parle, ce n’est plus comme d’une prison aux sombres parois, fort désagréable à voir, et condamnée à subir le sort de Sodome. Dieu ne nous représente pas non plus l’innocence comme devant habiter exclusivement dans une riante solitude, loin de ces lieux où la foule affairée et bruyante trouve son emploi. Transportez-vous dans la paisible vallée. A première vue il est facile de se laisser prendre à l’aspect du village sur lequel se portent vos regards, et de le faire contraster avec cet aspect assez triste que vous offre d’abord une ville dont les nombreux habitants se pressent et se remuent dans tous les sens. Vous êtes séduits, et ce qu’un jour vous admirez, un autre jour vous le maudissez. Mais est-ce que le tableau que vous vous faites est bien juste ? Est-ce que vos impressions ne vous trompent pas ? Enfin, est-ce là l’idée que Dieu vous donne d’une ville ?

Arrivez dans une cité par le train de minuit, et ensuite parcourez-en les rues alors qu’elles sont dégagées de tous les obstacles de la journée ; ou mieux encore, placez-vous sur une hauteur et regardez ces milliers de lampes qui brillent, lorsque les dernières vapeurs du soir font tranquillement leur ascension dans les airs, réfléchissez à tout ce que renferme le cercle étroit qui fixe votre attention. Essayez de compter toutes les espérances, toutes les joies, tous les attachements, toutes les sympathies, toutes les craintes, tous les soucis, tous les soupirs, toutes les douleurs, tous les gémissements, tous les découragements, qui de moment en moment s’échappent de tant de cœurs ; et demandez-vous ensuite quel peut être ce lieu où des milliers d’âmes immortelles se meuvent, où des milliers de pensées s’agitent, où tant de forces s’exercent, où tant d’activité se déploie, où tant de cœurs épanchent leurs ineffables trésors, et où tant d’éternités mûrissent ? Malgré le tourbillon des affaires, les crimes et la souffrance, on y voit, on y entend, on y parle, on y sent, on y fait des choses merveilleuses, qui donnent à ce lieu un intérêt aussi étrange que profond, et un intérêt que vous ne trouveriez jamais dans aucun autre endroit.

Aussi est-ce à une ville que Dieu rapporte l’accomplissement de ses desseins dans ce qui regarde le temps passé et le temps à venir. Qu’y a-t-il dans toute l’Histoire sainte ou dans les enseignements divins qui ne se rattache d’une manière plus ou moins directe à Jérusalem ? Vous avez Béthanie, Bethléhem et Emmaüs, ces paisibles retraites, qui sont remplies des meilleurs souvenirs ; et pourtant Jérusalem est plus particulièrement l’objet d’un véritable intérêt. C’est touchant Jérusalem que David a chanté ; c’est sur Jérusalem que Jésus pleura. Et s’il s’agit de la gloire future, est-il une vision qui ne se rapporte à une cité ? N’est-ce pas le centre de toute la splendeur divine, la gloire terrestre découlant de la Jérusalem d’en bas, et la gloire céleste de la Jérusalem d’en haut ? C’était vers une cité que Dieu dirigeait les yeux des patriarches pendant qu’ils habitaient sous des tentes ; car il est écrit au sujet d’Abraham ; « Il attendait la cité qui a des fondements, » et l’Apôtre, avec l’espérance glorieuse qui le remplissait, s’exprime ainsi : « Nous n’avons point ici de cité permanente, mais nous recherchons celle qui est à venir » (Hébreux 13.14).

Toutes nos espérances se rattachent à une cité. Le paradis lui-même, tel qu’il sera lorsque « toutes choses seront faites nouvelles, » est en rapport avec la cité ; car c’est dans le paradis et au milieu de la place de la cité que se trouve l’arbre de vie (Apocalypse 22.2). Dans l’ancien paradis, et sur les bords du « fleuve qui sortait d’Eden pour arroser le jardin » (Genèse 2.10), il n’existait aucune ville ; il n’y avait pas un lieu qui pût servir d’habitation au premier Adam et à sa compagne ; mais au centre de l’Eden céleste qu’arrose « un fleuve pur d’eau vive, transparent comme du cristal, procédant du trône de Dieu et de l’Agneau, » paraît une cité qui surpasse toutes les autres en magnificence. Il n’y a pas seulement une habitation, mais aussi un trône et un palais pour le second Adam et son épouse. Jérusalem et le paradis, qui n’ont jamais eu autrefois de relation, se trouvent maintenant réunis. Salomon paraît avoir eu l’idée en son temps d’environner sa ville d’un paradis terrestre. « Je me suis fait des choses magnifiques, » dit-il ; « je me suis planté des vignes, je me suis fait des jardins et des vergers, et j’y ai planté des arbres fruitiers de toutes sortes ; je me suis fait des réservoirs d’eau pour arroser le parc planté d’arbres » (Ecclés.2.4-6). Eh bien ! le véritable Salomon entourera la Jérusalem céleste d’un paradis glorieux comme il n’en a jamais existé.

La cité que nous attendons doit servir de métropole à la création. Elle doit réunir tout ce qu’il y a de plus excellent en connaissance, en amour, en lumière, en beauté. Il doit y avoir un palais royal, puisque c’est la cité du Grand Roi. Etant elle-même « remplie de gloire au dedans, » elle doit la répandre au dehors comme le soleil répand sa lumière ; aussi, est-il écrit que « les nations de la terre marcheront en sa lumière » (Apocalypse 21.24). C’est en vue de la cité future que Dieu a parlé, dans les siècles passés, d’autres cités comme autant de lieux honorables, types de cette véritable et éternelle cité qui doit bientôt descendre du ciel d’auprès de Dieu.

Contrairement à toutes les autres villes, la cité de Jéhovah ne sera point sujette à aucun changement. Elle ne sera point détruite comme Sodome ou Ninive ; elle ne perdra rien de sa grandeur comme Rome ou Athènes. C’est une « cité permanente. » Elle est construite de manière à servir, non pas pour une génération, pour un siècle ou pour un millénium, mais pour les siècles des siècles. Son excellence intrinsèque est éternelle. C’est un tabernacle qui ne saurait être renversé, une cité qui ne peut être ébranlée et qui demeure à toujours.

Mais examinons un peu en détail le tableau que nous en donne l’Ecriture.

Son nom. Elle porte le nom de « Jérusalem », non seulement parce que ce nom signifie « Vision de paix, » étant la cité du Prince de la Paix ; mais parce que ce nom est associé à celui de Dieu et à ses desseins de miséricorde, à celui du Messie et à son œuvre rédemptrice, à tous les types et promesses, enfin à toutes les pensées de Dieu à l’égard de l’Eglise, dû commencement à la fin. A quel autre nom pourraient se rattacher de tels souvenirs ? Dans quelles rues, si ce n’est dans celles de Jérusalem, pouvait-on voir s’accomplir de telles choses et entendre de telles paroles ? Il ne faut donc pas s’étonner si le même nom revient dans les siècles à venir et si on le voit inscrit sur la céleste cité.

Elle est appelée la « Nouvelle Jérusalem » pour deux raisons : c’est que d’abord elle a plusieurs choses qui font contraste avec l’ancienne Jérusalem, la cité de Salomon, de David et de Melchisédec ; ensuite, tout ce qu’elle possède est « nouveau ». Les choses vieilles sont passées, et toutes choses dans le ciel et sur la terre sont devenues comme l’or, qui ; passant par la fournaise, aurait été épuré par sept fois par les mains de Celui qui a dit : « Voici, je fais toutes choses nouvelles. »

Elle est appelée la « sainte Jérusalem » (Apocalypse 22.10), la « sainte cité » (Apocalypse 22.19) ; car « rien de ce qui est souillé n’y entrera, » « Sainteté à l’Eternel » sera écrit sur tout ce qu’elle renferme. Ceux qui y habitent sont saints, et tout ce qu’on y voit, tout ce qu’on y entend et tout ce qu’on y fait est saint. Le péché sera comme l’histoire d’un passé qui ne se lit plus ; rien ne viendra salir les rues de la sainte cité, pas l’ombre de mal n’entrera par ses portes magnifiques.

Elle est « céleste » (Hébreux 12.22) ; car elle diffère essentiellement de la ville « terrestre, » et elle a une parfaite ressemblance avec le ciel, quant au plan, à ses matériaux et à son architecture. Elle n’est plus comme cette haute montagne dont la sommité va se perdre dans les nues ; mais elle descend du ciel comme une étoile brillante. Elle n’est point le chef-d’œuvre de l’art humain ; Dieu en a posé les fondements ailleurs que dans les régions basses de la terre ; elle n’est assise ni dans la plaine comme Babylone, ni sur des collines comme Rome. Son architecte est divin, et, lorsqu’elle descend du ciel d’auprès de Dieu, descendent aussi avec elle la magnificence et le bonheur du paradis qui lui sert d’enceinte. (Apocalypse 21.10).

Elle représente « l’Epouse, la femme de l’Agneau » (Apocalypse 21.9). Si l’Esprit-Saint la désigne ainsi sous ce nom, ce n’est pas qu’elle ne puisse offrir l’image d’une véritable cité aussi bien que le tableau symbolique de l’Eglise, mais parce que ses habitants forment « l’Epouse. » L’ancienne Jérusalem nous est quelquefois représentée comme une femme (Lamentations 1.18) ; elle paraît encore sous l’image d’une Epouse (Ésaïe 62.5) sans perdre pour cela son véritable caractère. De même, la « Nouvelle Jérusalem » signifie quelque chose de plus que la congrégation des saints ; on peut fort bien l’appeler aussi l’épouse, parce qu’elle est la ville de son habitation, le lieu que le Seigneur est allé nous préparer ; car « il y a plusieurs demeures dans la maison de son Père » (Jean 14.2 ; Hébreux 11.16). C’est la ville nuptiale, la dot royale qu’elle reçut lorsque, oubliant son peuple et la maison de son père, elle obtint la faveur du roi, qui mit alors « son affection en sa beauté » (Psaumes 45.10-11).

Ses fondements. Ils sont au nombre de douze, car c’est « la cité qui a des fondements » (Hébreux 11.10), la cité qui ne peut être ni renversée, ni ébranlée. Sur ces fondements sont écrits les noms des douze apôtres de l’Agneau (Apocalypse 21.14), pour indiquer la nature et la source de sa stabilité, ainsi que le déclare l’Apôtre : « Etant édifiés sur le fondement des apôtres » (Éphésiens 2.20). Ces fondements sont « ornés de toute espèce de pierres précieuses » (Apocalypse 21.19), pour montrer la gloire excellente et variée de la cité. L’homme, sur cette terre, fait servir aux fondements d’un édifice les pierres les plus communes et les plus informes, même quand il s’agit d’un édifice élégant et coûteux. Il ne songera pas à faire entrer le jaspe ou le saphir dans le corps du bâtiment lui-même. Tout ce qu’il peut faire, c’est d’employer le marbre pour la construction de ses superbes palais ou de ses plus beaux temples. Mais ici, ce ne sont pas seulement les murs ou le corps de l’édifice qui se composent de pierres précieuses, mais les fondements eux-mêmes. C’est une magnificence qui doit ravir les yeux de ceux qui voient les choses du dedans ou du point le plus élevé. « Les nations qui seront sauvées, » seront elles-mêmes ravies du spectacle qui se présentera au-dessus d’elles. Et comme entre toutes les choses qui sont à la connaissance de l’homme, ces pierres précieuses sont tout ce qu’il y a de plus recherché à cause de leur solidité et de leur beauté impérissables, il s’ensuit que les fondements de la cité doivent être d’une force et d’une beauté éternelles. Elle ne peut pas perdre de son lustre ; il est impossible que rien désormais en ternisse l’éclat, il n’y aura aucune tache qui puisse la salir dans les siècles futurs.

Ses murs. « Elle avait une grande et haute muraille » (Apocalypse 21.12), haute de « cent quarante-quatre coudées » (Apocalypse 21.17). Quelle sécurité ! quelle perfection ! quelle solidité ! Ce n’est pas que des ennemis puissent jamais menacer d’envahir la ville, ou qu’il y ait autrement aucun danger à redouter ; mais comme dans ses plus beaux jours, qui sont encore à venir, la Jérusalem terrestre sera environnée d’un mur de protection qui portera le nom de Salut » (Ésaïe 26.1 ; 60.18), de même la Jérusalem d’en haut doit être aussi environnée de délivrance et de gloire, car le salut sera dans ses murs. Cette muraille extraordinaire, bien qu’elle ne soit pas nécessaire à la défense de la ville, doit cependant en tracer les limites et en proclamer au loin la magnificence. « C’est ici la ville de Dieu, » car « le bâtiment de la muraille était de jaspe » (Apocalypse 21.18), brillant, mais d’une douce clarté, comme s’il était continuellement exposé à la lumière d’un soleil couchant, car la couleur transparente du jaspe surpasse infiniment ce que l’on est convenu d’appeler « un reflet de lumière religieuse, » et doit être par conséquent d’une richesse et d’un éclat incomparables. La durabilité est égale à la splendeur, car les pierres précieuses ne sont pas sujettes à se flétrir et à se corrompre comme la feuille ou la fleur. Quelles ne doivent pas être la confiance et la joie des rachetés qui ont le bonheur d’habiter cette ville ! Une fois dans ses murs de jaspe, ils n’ont rien à craindre, car là, l’affliction et aucun mal ne saurait les atteindre. Ils y sont en sûreté, ils y sont chez eux, entourés de remparts qui proclament la louange et le salut. Bien que nous soyons encore dans les « jours mauvais, » tâchons d’anticiper la joie et de célébrer la délivrance. Nous ne serons pas toujours en dehors de ces murs, nous ne séjournerons pas longtemps au pays de Meshec et sous les tentes de Kédar, car Celui qui doit venir viendra, et il ne tardera point. Oui, quoique nous soyons dans une terre étrangère, célébrons l’Eternel par un cantique de louange, afin de nous ranimer en chemin, et afin d’attirer, s’il est possible, quelques âmes au Seigneur par nos chants mélodieux. Au lieu de nous écrier avec le peuple captif : « Comment chanterions-nous les cantiques de Sion dans une terre étrangère, » disons plutôt, avec David, les yeux fixés en haut : « Combien sont aimables tes tabernacles, ô Eternel des années ! » (Psaumes 84.1) C’est ainsi qu’anticipant sur le temps et assis par la foi dans la maison de Dieu, nous pourrions dire encore : « Mieux vaut un jour dans tes parvis que mille ailleurs. »

Ses portes. Elles sont au nombre de douze, correspondant aux portes de la Jérusalem terrestre, laquelle doit être, rebâtie sur le modèle de la cité céleste, d’après Ézéchiel 48.31,34. Les deux villes, l’une en haut et l’autre en bas, auront les mêmes proportions et se regarderont en face. On se les représente comme deux vastes chambres superposées l’une à l’autre dans l’édifice universel, et communiquant entre elles par le moyen de l’échelle mystérieuse de Jacob (Genèse 28.16). Ainsi, le ciel et la terre seront unis entre eux, bien que distincts l’un de l’autre par leur nature et leur position ; l’unité existera comme elle existait dans le tabernacle, qui avait aussi ses subdivisions ou ses compartiments, savoir : « le Saint des saints, » avec son voile déchiré, correspondant à la Jérusalem céleste avec ses portes ouvertes ; le « lieu saint, » correspondant à la Jérusalem terrestre peuplée de sacrificateurs (Ésaïe 61.6), qui « accompliront le service de Dieu ; » et la « cour extérieure, » appelée la cour des Gentils, » représentant le résidu des nations ou les peuples de la terre qui viendront adorer à Jérusalem.

Sur les portes de la ville sont écrits « les noms des douze tribus des enfants d’Israël » (Apocalypse 21.12). C’est encore ici une figure correspondante à celle qui est employée pour la ville qui occupe une position inférieure ; car, selon le prophète Ezéchiel, « les portes de la ville seront nommées des noms des tribus d’Israël, » pour montrer sans doute le parfait accord qui existera, pendant le siècle millénaire, entre les deux sociétés d’hommes rachetés, et l’harmonie dans les dispositions qui seront prises pour ouvrir la voie de communication entre les deux villes.

Douze anges se tenaient aux portes (Apocalypse 21.12). Comment les appellerons-nous ? Sont-ce des surveillants, des sentinelles, des gardiens dans la maison de notre Dieu, ayant charge de tenir continuellement ouvertes les « portes éternelles ? » Ne sont-ils pas « des esprits administrateurs » établis en ce lieu pour servir en faveur de ceux qui sont entrés en possession du salut dont ils avaient été faits les héritiers ? Ne s’y trouvent-ils pas en la présence du Roi de gloire, comme son glorieux cortège qui vient a sa suite, selon qu’il nous l’avait lui-même annoncé en ces termes :« Désormais vous verrez le ciel ouvert et les anges de Dieu monter et descendre sur le Fils de l’homme ? » (Jean 1.51a) Ainsi, dans les siècles à venir, les anges seront les dignes serviteurs des hommes rachetés et de l’Homme Rédempteur. Autrefois, sur la terre, l’un d’eux s’employa au service d’un apôtre en lui ouvrant la porte de sa prison (Actes 12.10) ; et un autre, volant au service du Roi de gloire, ouvrit la porte massive (« car la pierre était fort grande, » Marc 16.4) que Joseph avait adaptée à son tombeau ; et c’est ainsi que dans les demeures célestes, nous les trouvons encore aux portes de la ville, se dévouant an service des bienheureux avec une persévérance et un zèle infatigables.

a – « Sur le Fils de l’homme, » c’est-à-dire qu’ils étaient employés à son service. C’est là le sens que détermine dans certains cas l’emploi de ἐπι à l’accusatif. Voyez Apocalypse 8.3 : « Se tint devant l’autel ; » Hébreux 10.21 : « Un souverain sacrificateur sur la maison de Dieu. »

Ces portes sont de perles. « Les douze portes étaient douze perles ; chacune des portes était d’une perle » (Apocalypse 21.21). Il est dit de la Jérusalem terrestre que ses portes seront de pierres de « rubis « comme si la couleur du sang et du feu était conservée à dessein pour servir de mémorial sur les portes (Ésaïe 44.12). Mais dans les « lieux célestes, » cette couleur disparaît et se trouve remplacée par le blanc ; le cramoisi devient comme la neige, le vermillon comme la laine la plus blanche ; ce sont les pierres les plus précieuses et les plus pures qui servent aux portes de la cité céleste. Quelle parfaite image ! Les fondements avec ses couleurs assorties, l’imposante muraille avec son jaspe brillant, puis les portes où les perles, à couleur blanche, formant un merveilleux contraste avec tout le reste ! C’est un spectacle magnifique que l’œil intelligent de la foi ne peut se lasser de contempler. La lumière du soleil et la lumière de la lune se réfléchissant l’un sur l’autre ne sauraient produire un effet aussi merveilleux. Qui pénétra jamais dans l’intérieur de ces parvis ; qui a jamais vu, comme ici, des portes s’ouvrir pour nous faire bon accueil, et des portes qui ne se ferment que pour nous dire que les ténèbres et la tristesse n’entreront jamais dans ces murs ?

Ces portes ne se ferment jamais (Apocalypse 21.25), c’est-à-dire qu’elles sont continuellement ouvertes pour recevoir les habitants de la cité. Il n’y a point de garde comme on en voit aux portes de nos villes terrestres (Néhémie 7.3). A l’égard de Jérusalem, il est écrit : « Tes portes aussi seront continuellement ouvertes ; elles ne seront fermées ni jour ni nuit, afin que les forces des nations te soient amenées, et que leurs rois y soient conduits » (Ésaïe 60.11). De même, il est dit de la cité céleste : « Et ses portes ne seront point fermées de jour ; or, il n’y aura point là de nuit ; et on y apportera ce que les Gentils ont de plus magnifique et de plus précieux » (Apocalypse 21.25-26). Ainsi, l’accès au Royaume éternel sera libre et facile, l’entrée sera abondamment donnée. Il ne sera jamais dit de cette cité : « Puis, la porte fut fermée » (Matthieu 25). Cependant, aussi bien que les portes demeurent complètement ouvertes « aucune chose souillée n’y entrera » ; aucun séducteur n’y aura accès, la malédiction et la mort n’y viendront pas chercher leur proie. On y entendra seulement des cantiques de louange. Les habitants des deux cités formeront ensemble un concert magnifique ; ils exécuteront en chœur des mélodies qui raviront la terre et le ciel ; en sorte que l’on peut dire de l’une ce qui est dit de l’autre : « Tu appelleras tes murailles Salut, et tes portes Louange » (Ésaïe 60.18). L’hymne de l’allégresse montera de la terre aux cieux, et des voix innombrables sorties des mêmes portes de la Cité, y répondront par des alléluia sans fin.

Il est vrai que nous sommes appelés maintenant à « sortir hors du camp » en portant l’opprobre de Celui « qui a souffert hors de la porte » (Hébreux 13.12) ; mais aussi nous aurons le même sort que Lui, c’est-à-dire que, comme les portes du ciel se sont ouvertes pour le recevoir, elles s’ouvriront aussi pour nous laisser entrer dans la sainte cité où nous participerons à sa gloire éternelle. Maintenant, « il nous mène dehors » (Jean 10.3) ; bientôt il nous mènera dedans.

Ses rues. Il n’y a proprement qu’une rue. « Et la rue est d’or pur, comme du verre le plus transparent » (Apocalypse 21.21). L’or nous servira de pavé. Nous avons marché sur le sable du désert, dans les marais, sur la roche et sur des monts escarpés ; maintenant c’est l’or que nous foulons aux pieds ! Ce n’est pas seulement un or pur, sans alliage, mais transparent comme du cristal ! Bien différent de ce « lieu hideux » où le voyageur ne peut marcher sans avoir « les pieds foulés, » et où il faut que toutes choses vieillissent et prennent fin, même « la chaussure » et « le vêtement ». Notre nouvel Eden aura tous les avantages qu’il est possible d’imaginer ; et tandis que nous marcherons dans cette rue spacieuse et magnifique, nous n’aurons plus besoin de prier pour que « nos pieds soient gardés de chute. » Il n’y aura rien là qui nous fasse broncher ou tomber. Ayant les pieds toujours « chaussés de la préparation de l’Evangile de paix, » nous pourrons nous promener dans cette précieuse rue, sur les bords du fleuve et à l’ombre de cet arbre dont l’excellent parfum et le fruit abondant rendront la vie si délicieuse.

Ses ressources. « L’arbre de vie » est là ainsi que « le fleuve pur d’eau vive » (Apocalypse 22.1). Cet arbre produit douze espèces de fruits qui sont de toutes saisons, et qui mûrissent chaque mois de l’année. L’indigence ne viendra plus frapper à aucune porte, car « dans la maison de notre Père il y a du pain en abondance. » C’est le pain de l’immortalité. Nous mangerons et nous vivrons à toujours, savourant le fruit de notre Bien-aimé, et nous réjouissant en sa présence. « Nous n’aurons plus de faim, » et cependant nous mangerons étant nourris du pain de Dieu qui est aussi la nourriture des anges. Le paradis nous sera restitué, et quelque chose de mieux encore que le paradis perdu. Nous retrouverons le meilleur des arbres, lequel nos premiers parents n’ont point connu (du moins n’ont-ils pas su en jouir), savoir « l’arbre de vie qui est au milieu du paradis de Dieu » (Apocalypse 2.7). Et, de même que nous n’aurons plus de faim, nous ne seront plus sujets à avoir soif (Apocalypse 7.16), car l’eau vive jaillira avec plus d’abondance que celle qui jaillissait du rocher pour Israël au désert. Ils n’ont point eu soif quand il les a fait marcher par les déserts (Ésaïe 48.21) ; et comment pourrions-nous avoir soif aux bords du fleuve céleste ? Un rocher était la source à laquelle le peuple d’Israël venait se désaltérer ; mais, pour nous, la source d’où découle le grand fleuve céleste est « le trône de Dieu et de l’Agneau » (Apocalypse 22.1) » Il y aura encore, pour l’Israël des derniers jours, une fontaine ou comme un torrent qui sortira du sanctuaire terrestre (Ézéchiel 47.1) ; mais l’eau vive jaillissant en vie éternelle pour l’Eglise, sortira d’un trône : le trône du Père et du Fils. Quels jours de ravissement commenceront avec notre éternité, alors que Dieu entassera merveilles sur merveilles devant nous, que « l’Agneau nous conduira aux sources d’eau vive » que toutes larmes seront à jamais essuyées de nos yeux, les agitations du cœur apaisées, les contradictions réconciliées, les fatigues de la terre soulagées, les heures de tristesse achevées, et les derniers restes du vieil homme anéantis. Oh ! qui peut dire, qui peut concevoir tout ce qu’il y aura de véritable consolation et de bonheur parfait !

Sa lumière. L’Ecriture nous fait considérer d’abord ce qui ne peut pas lui être donné pour lumière. « La cité n’a pas besoin du soleil ni de la lune pour luire en elle » (Apocalypse 21.23) ; et encore : « Il ne sera plus besoin de la lumière de la lampe, ni du soleil » (Apocalypse 22.5). Cependant, malgré cette absence du soleil, de la lune, ou de la lampe, « il n’y aura plus là de nuit. » La cité est éclairée dans toutes ses parties. Ses murs, ses rues et ses portes sont faits de manière à recevoir et réfléchir la lumière, une lumière qui contraste singulièrement avec celle de la terre. Qu’est-ce qui produit cette lumière ? Quel en est le principe ? « La clarté de Dieu l’a éclairée, et l’Agneau est son flambeau. » (Apocalypse 21.23) Et encore : « Le Seigneur Dieu les éclaire » (Apocalypse 22.5). Le Prophète de l’Ancien Testament se sert d’une semblable expression quand il parle de la béatitude de la Jérusalem terrestre : « L’Eternel te sera pour lumière éternelle, et ton Dieu pour ta gloire » (Ésaïe 60.19). Cette lumière vient absolument de la gloire de Jéhovah et de Celui qui en est lui-même la splendeur (Hébreux 1.3). Jésus-Christ, source de lumière, sera au cœur de la ville comme il est au centre de la gloire. Jéhovah et l’Agneau : c’est sous ce double aspect que paraîtra la lumière, — une lumière finie et infinie, créée et incréée, — une lumière qui tient, par son principe, au trône éternel et à la croix du Calvaire, car il y a ici la gloire de « Celui qui habite une lumière inaccessible » et la présence du Fils incarné (1 Timothée 6.16).

C’est là la lumière qui est destinée à la sainte cité. L’une convient parfaitement à l’autre. Une telle lumière, brillant dans tout l’éclat de la majesté divine, et dans une telle ville, quelle scène glorieuse ! Je sais bien que ce n’est pas le vitrage par lequel elle nous est transmise, ni les pierres précieuses qui en sont le reflet, qui donnent de la beauté et de la valeur à cette lumière. Elle est précieuse par elle-même parce qu’elle est toujours divine, même quand elle commence à se répandre, quoique faiblement, dans des cœurs ténébreux comme les nôtres, et dans un monde impur comme celui-ci ; néanmoins, quand tous les objets qui doivent entrer en contact avec elle, seront à l’état de perfection, il est certain que toute l’excellence et la gloire de cette lumière seront manifestées. Notre demeure elle-même sera comme un foyer de lumière ; la ville de notre habitation sera éclairée par le soleil des soleils. Faut-il donc que pendant que nous traversons cette terre nous soyons découragés ? Avons-nous raison de nous dépiter et de succomber sous le poids de la douleur ? A la vérité, c’est la pire de toutes les douleurs que « de s’affliger comme ceux qui sont sans espérance ; » mais perdre ainsi sa confiance en présence d’un tel avenir, c’est en quelque sorte imiter ces hommes qui décriaient le beau pays de Canaan. Que sont quelques heures de ténèbres comparées au jour éternel que doivent passer les enfants de Dieu dans les parvis de la cité et au milieu d’une lumière resplendissante ?

Ses avantages. Les avantages qui se rattachent à la cité, sont nombreux. Comme la cité elle-même, ils n’ont rien de précaire ou de changeant. Nous avons remarqué qu’il « n’y aura point là de nuit, » plus de « nuit dans les larmes, » plus d’angoisse, plus de fatigue, plus d’insomnies, plus de ténèbres, plus de tempête ; en sorte qu’il ne sera plus besoin de dire avec Job : « Quand me lèverai-je ? et quand est-ce que la nuit aura achevé sa mesure ? » (Job 7.4) Toutes ces choses seront passées. Nous saurons alors quel est le privilège de ceux qui sont enfants du jour, et non point de la nuit ou des ténèbres. Mais la ville sainte a d’autres avantages auxquels il n’est pas possible de rester indifférent.

« Toute chose maudite ne sera plus » (Apocalypse 22.3). La création ayant été délivrée de la servitude de la corruption, elle ne sera plus en travail, elle ne gémira plus ! Après avoir longtemps attendu la manifestation des fils de Dieu, elle sera enfin délivrée (Romains 8.19). Tout vestige de malédiction aura disparu, car la loi qui en faisait porter l’empreinte au front de toutes les créatures, sera abolie. L’interdit sera levé, et le péché ne dominera plus sur la nouvelle création, car celle-ci ne sera plus sous la loi, mais sous la grâce ; elle subsistera en vertu d’une meilleure alliance qui, à son tour, est fondée sur de meilleures promesses.

« La mort ne sera, plus » (Apocalypse 21.4). Elle sera « engloutie en victoire ; » et, vivant au milieu des gloires qui sont le propre de la résurrection, nous oublierons si nous fûmes jamais emprisonnés dans ce corps mortel, « le roi des épouvantements » ne nous fera plus frémir ; nos doux accords ne seront jamais troublés par la crainte de nous voir ravir les objets de notre affection. Aucun souvenir de la mort, — pas plus le monument funèbre que le vide qui a été fait dans nos demeures, ne viendra plus nous distraire ni exciter nos regrets. Ces choses seront passées. Or, pour nous montrer que la mort est une véritable malédiction, pour prévenir toute illusion qui pourrait nous la faire considérer comme « une dette de la nature, » pour nous faire voir ce qu’elle a d’horrible aux regards mêmes de Dieu, et combien nous devons nous réjouir de sa destruction, Dieu nous en parle avec un accent de triomphe comme d’un ennemi qu’il a vaincu : « Je les rachèterai de la puissance du sépulcre, et les garantirai de la mort. Je serai tes pestes, ô mort ! et ta destruction, ô sépulcre ! » (Osée 13.14)

« Il n’y aura plus ni deuil, ni cri, ni travail » (Apocalypse 21.4). L’habitant de la cité ne dira plus : « Je suis malade (Ésaïe 33.24). Plus que cela, Dieu lui-même essuiera toutes larmes de leurs yeux. Quelle heureuse abnégation du temps et des maux passés. Plus d’afflictions : ce qui afflige l’homme, — ses pesants fardeaux, les soucis qui l’accablent, les peines de corps et d’esprit qui l’arrachent au repos ; ce qui afflige la femme, — ses douleurs d’enfantement, ses blessures d’une confiance trompée, et une infinité d’autres épreuves qui se rattachent à son sort ; les maux qui n’exemptent pas même les enfants, — les souffrances qu’ils endurent dès l’âge le plus tendre, les contrariétés qu’ils éprouvent, les ennuis, les maladies qui souvent les dessèchent et tarissent jusqu’aux larmes qui devraient les soulager ; — toutes ces choses et tant d’autres encore qui rendent la vie si amère, n’existeront plus. Tous les maux qui affligent l’humanité depuis le premier acte de désobéissance commis par la femme, auront disparu pour toujours. Depuis six mille ans l’homme travaille à s’en affranchir ; il voudrait reconquérir les droits qu’il a perdus sur la terre ; mais c’est en vain. Avec tout son or, il ne peut rouvrir l’entrée du paradis d’où il a été chassé, ni faire épanouir aucune de ces fleurs qu’il a flétries. Avec tout son pouvoir, il ne peut rétablir l’ordre primitif ni faire cesser les mauvaises passions qui le souillent. Avec toute sa science et ses progrès tant vantés, il n’a pu trouver moyen d’empêcher la tête de souffrir ; il ne peut commander à la fièvre de ralentir ses pulsations, ni au membre torturé de ne pas sentir la douleur, ni à la joue blême du poitrinaire de reprendre sa fraîcheur primitive. Avec ses belles maximes et l’expérience de tant de siècles, il ne peut guérir le cœur froissé, ni renouer les liens rompus, ni vivifier les espérances trompées, ni aplanir les nombreuses difficultés de la vie, ni combler les vides profonds, ni essuyer les larmes de l’angoisse. Mais ce que l’homme ne peut faire, Dieu l’accomplira un jour par sa propre puissance. L’Agneau qui est assis sur le trône, nous conduira aux sources d’eau vive, et Dieu essuiera toutes larmes de nos yeux.

« Le trône de Dieu sera en elle » (Apocalypse 22.3). La cité céleste sera la métropole de l’univers comme la Jérusalem d’en bas sera la métropole de la terre. « Car, dit le Psalmiste en parlant de celle-ci, c’est là qu’ont été posés les sièges pour juger, les sièges, dis-je, de la maison de David » (Psaumes 122.5). Quant à la première, nous y voyons le trône de Jéhovah et les sièges qui doivent y occuper les saints ressuscités qui sont sa « sacrificature royale. » « Bienheureux et saint est celui qui a part à la première résurrection : la seconde mort n’a point de puissance sur eux ; mais ils seront sacrificateurs de Dieu et de Christ, et ils régneront avec lui mille ans » (Apocalypse 20.6). Ce n’est pas seulement, comme Gabaon, « une des villes du royaume » (Josué 10.2), mais la ville royale, et « ce qui se dit d’elle sont des choses glorieuses » (Psaumes 87.2). C’est là qu’est le trône du Roi des rois, au milieu d’un paradis qui fait pâlir toute l’excellence d’Aser et duquel on peut dire avec vérité : « Il fournira les délices royales » (Genèse 49.20). Là, « la majesté royale » sera donnée au vrai Salomon (1 Chroniques 29.25) ; là, la véritable Ester sera présentée au Roi revêtue des insignes de la royauté : un habit magnifique et « la couronne royale sur sa tête » (Esther 5.1 ; 2.17) ; là, le vrai Salomon sera lui-même « couronné au jour de ses épousailles et au jour de la joie de son cœur » (Cantique des cantiques 3.11) ; là encore, Celui qui est plus grand que Salomon donnera à celle qu’il aura couronnée « tout ce qu’elle peut souhaiter et demander, » selon toute la grandeur de sa puissance (1 Rois 10.13). Nul doute qu’aux noces de l’Agneau « il y aura (spirituellement parlant) du vin royal en abondance, selon l’opulence de roi » (Esther 1.7).

Là aussi, « ils verront sa face ; » oui, ils le verront face à face. « Maintenant, nous voyons comme dans un miroir, obscurément, mais alors nous verrons face à face. » Nous verrons comme nous sommes vus, et nous connaîtrons comme nous avons été connus. C’est alors que cette prière de Moïse sera pleinement exaucée : « Je te prie, fais-moi voir ta gloire » (Exode 33.18). Alors aussi le vœu du Seigneur à l’égard des siens sera pleinement réalisé : « Père, mon désir est, touchant ceux que tu m’as donnés, que là où je suis, ils y soient aussi avec moi, afin qu’ils contemplent ma gloire (Jean 17.24). Cependant, on peut remarquer que ces paroles : « Ils verront sa face, » impliquent quelque chose de plus qu’une vision béatifique. Elles font surtout allusion à l’honneur qu’il y a de se tenir en la présence du roi et d’y avoir un libre accès en tout temps. Nous voyons par le tableau qui nous est donné de toutes les dignités de la cour du monarque persan qu’il est question de « sept princes (qui portent aussi le nom de conseillers, Esdras 7.14) qui voyaient la face du roi, et avaient les premiers sièges dans le royaume » (Esther 1.14). Or, les paroles que nous lisons dans l’Apocalypse sont en rapport avec cette scène de grandeur royale : « Le trône de Dieu et de l’Agneau sera en elle ; et ses serviteurs le serviront ; et ils verront sa face. » Telle sera notre gloire, notre prééminence, notre félicité dans les siècles à venir. Se tenir près du trône, être tout à la fois serviteur, conseiller et prince, voir la face du Roi, occuper les premières places dans le royaume, telle sera la prérogative de tous les saints. Tout ceci a encore du rapport avec une autre vision apocalyptique : « Et il y avait autour du trône vingt-quatre trônesb, et je vis sur les trônes vingt-quatre anciens assis, vêtus d’habillements blancs, et ayant sur leurs têtes des couronnes d’or… Et au milieu du trône, et autour du trône, quatre animaux vivants pleins d’yeux devant et derrière » (Apocalypse 4.4,6). Ce dernier passage trouve son correspondant dans celui où il est parlé d’une multitude de bienheureux vêtus de longues robes blanches « qui se tiennent devant le trône et en la présence de l’Agneau » (Apocalypse 7.9). « C’est pourquoi ils sont devant le trône de Dieu, et ils le servent jour et nuit dans son temple ; et celui qui est assis sur le trône habitera avec eux » (Apocalypse 7.15). « Se tenir devant Dieu » et « voir sa face » n’est-ce pas une faveur toute particulière ? Aussi, n’est-ce point de celle-là que le Seigneur veut parler quand il dit : « Veillez donc, priant en tout temps, afin que vous soyez faits dignes d’éviter toutes ces choses qui doivent arriver, et afin que vous puissiez subsister devant le Fils de l’homme » (Luc 21.36). A l’égard de ceux à qui cet honneur merveilleux est réservé, c’est bien le cas de dire avec la reine du Midi : « Oh ! que bienheureux sont tes gens ! oh ! que bienheureux sont tes serviteurs qui se tiennent continuellement devant toi, et qui écoutent ta sagesse ! » (1 Rois 10.8) Il leur sera donné « un caillou blanc » et un « nouveau nom que personne ne connaît, si ce n’est celui qui le reçoit » (Apocalypse 2.17). Par ce symbole du caillou blanc, il faut entendre sans doute qu’ils ne seront jamais plus sujets à aucune condamnation ; mais ils ont aussi des « vêtements blancsc » (Apocalypse 3.4), l’habit des noces, le signe du triomphe ; ils désignent aussi la magnificence royale et la gloire sacerdotale. Ils sont faits des « colonnes dans le temple de Dieu, » ils se nourrissent de la « manne cachée, » et mangent de l’arbre de vie, qui est dans le paradis de Dieu.

b – C’est toujours le même mot qui est employé θρόνοι. Je ne m’explique pas pourquoi nos traducteurs en ont affaibli le sens en les appelant « sièges » plutôt que « trônes. »

c – Le « blanc » a rapport à bien des choses. La qualité qu’il désigne peut s’appliquer : 1° aux sacrificateurs (Exode 29.27-28 ; Lévitique 16.4) ; 2° aux rois (1 Chroniques 15.27) ; 3° aux maîtres chantres (2 Chroniques 5.12) ; 4° à l’autorité (Genèse 41.42) ; 5° à l’honneur (Esther 8.15 ; Apocalypse 4.4) ; 6° aux richesses (Esther 1.6 ; 8.15) ; 7° au triomphe (Apocalypse 7.9 ; 17.14) ; 8° aux noces (Apocalypse 19.8).

Outre le « nouveau nom, » il paraît qu’ils en porteront encore un autre qui doit ajouter à leur félicité. « J’écrirai sur lui le nom de mon Dieu, et le nom de la cité de mon Dieu » (Apocalypse 3.12). C’est le nom de Jéhovah lui-même qui sera inscrit sur eux. Les cent quarante-quatre mille qui se tenaient avec l’Agneau sur la montagne de Sion, avaient « le nom de son Père écrit sur leurs fronts, » et il est dit aussi des habitants de la cité céleste que « son nom sera sur leurs fronts » (Apocalypse 22.4).

« Dieu lui-même sera leur Dieu, et il sera avec eux » (Apocalypse 21.3). Alors il sera véritablement « Emmanuel, » Dieu avec nous. Oui, Dieu lui-même, et point d’autre. Celui-là même qui porta nos péchés en son corps sur le bois, « ce même Jésus » qui fut élevé dans la gloire depuis la montagne des Oliviers ; lui, le Fils de Dieu, qui « a été fait chair et a habité parmi nous » pour un temps, demeurera alors avec nous pour toujours.

De plus, ils marcheront avec lui en vêtements blancs (Apocalypse 3.4). Ce n’est pas seulement « Lui avec eux, » mais « eux avec Lui. » L’une de ces expressions rappelle l’idée du bonheur, et l’autre celle de l’honneur ; en tous cas, la dernière suppose quelque chose de plus que la première. Le Seigneur dit quelque part : « Je souperai avec eux, » c’est-à-dire que je condescendrai à m’asseoir avec eux pour partager leur repas de famille ; « et eux avec moi, » c’est-à-dire que je les élèverai jusqu’à moi, et je me les associerai en les faisant participer à mon céleste banquet. Ce n’est pas peu de chose que d’avoir la compagnie du Seigneur tandis que nous sommes dans le désert ; mais quelle ne sera pas notre joie quand nous aurons sa société dans le paradis de notre Dieu ! C’est un grand privilège que de l’avoir pour convive et pour compagnon de voyage ici-bas ; mais d’être nous-mêmes ses convives et ses compagnons dans les demeures d’en haut, c’est un privilège incomparablement plus grand. Voilà pourtant la gloire et la récompense de l’Eglise. « Ainsi, nous serons toujours avec le Seigneur. »

Vous, les bourgeois du ciel, regardez en haut, et poursuivez avec joie votre course. Vous êtes les citoyens d’une « fameuse cité, » — la plus célèbre de toutes. C’est la « ville de vos fêtes solennelles ; » elle est « parfaite en beauté ; » elle n’est pas seulement « la joie de toute la terre, » mais aussi celle du ciel. La maison que vous devez habiter se compose de « plusieurs demeures, » et ces demeures sont dans la cité éternelle. Que les brouillards qui s’élèvent des bas-fonds, ne vous troublent point ; que les tristesses de la terre n’obscurcissent pas vos yeux ! Ne vous laissez pas non plus éblouir par le faux éclat de ce monde, et que les inquiétudes de la vie ne tiennent pas vos cœurs penchés vers la terre. Ne vous arrêtez pas aux aspérités du chemin, ni à la bassesse de votre condition présente, ni à l’inclémence du temps ; mais ceignez vos reins, redoublez de vigilance et d’ardeur, la cité est proche ! N’êtes-vous pas déjà consolés en voyant poindre l’aurore de ce beau jour ? Toute pâle qu’elle est quand on la compare au grand jour, ne vaut-elle pas mieux encore que tous les rayons brillants du soleil de ce monde ? Pensez à l’accueil qui vous attend là-haut aux portes de la cité ; vous n’y serez pas plutôt entrés que vous oublierez la nuit passée dans les larmes, comme si elle n’avait jamais existé pour vous.

Mais il peut arriver qu’un bourgeois de la terre jette les yeux sur ces pages qui n’ont pas été écrites précisément en vue de lui. Je lui demanderai donc : O homme ! toi qui es demeuré jusqu’ici étranger à cette habitation éternelle, est-ce qu’une telle gloire n’a point d’attrait pour toi ? Certes, crois-tu que ce soit peu de chose que d’être exclu des privilèges qui appartiennent à cette ville, et d’être jeté dans les ténèbres du dehors ? Pourquoi mépriseriez-vous « le droit de cité, » qui vous est offert sans aucun prix ? Acceptez plutôt ce don tout gratuit, afin que vous puissiez être mis à couvert, et « être reçu dans les tabernacles éternels » lorsque les royaumes de ce monde viendront à crouler. Adressez-vous simplement et sans retard à Celui qui, ayant fait les promesses, est aussi fidèle pour les accomplir. Si vous tournez ainsi votre cœur vers lui, vous ne serez pas confus, car le Maître de la cité est assez miséricordieux pour vous faire grâce et vous recevoir, quel que vous soyez.

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