La trinité

LIVRES IV-XII : Réfutation de l’arianisme

Livre quatrième : L’Écriture réfute l’arianisme
L’Ancien Testament : le Fils est Dieu

I. Introduction

1. But de ce quatrième livre

Les livres précédents, écrits depuis déjà quelque temps, établissent la preuve indiscutable de ces deux affirmations : par l’enseignement des Apôtres et des Evangélistes, nous avons obtenu la grâce de croire et de reconnaître le Père, le Fils et le Saint-Esprit, et nul commerce n’est possible entre nous et les hérétiques, puisqu’ils nient sans retenue, sans raison et sans crainte, la divinité de notre Seigneur Jésus-Christ.

Toutefois, dans ce livre et les suivants, il me reste encore à exposer certains points de doctrine pour que la mise au jour des mensonges et des blasphèmes des hérétiques nous permette de mieux percevoir la vérité. Et tout d’abord il importe de reconnaître quelle est la témérité de leur doctrine et le danger de leur impiété. Nous verrons ensuite de quels arguments ils se servent pour combattre la foi des Apôtres qui est la nôtre, quelles sont leurs objections et par quelles paroles ambiguës ils se jouent de la simplicité de leurs auditeurs. Enfin, nous démasquerons les artifices d’exégèse qui les amènent à corrompre la vérité et à diminuer la force des divines Ecritures.

2. Dieu dépasse nos mots, et pourtant il faut bien en parler

C’est évident : ni le langage des hommes ni les analogies tirées de la nature humaine, ne sauraient expliquer les réalités divines. Ce qui est inénarrable ne peut être enfermé dans les limites et les bornes d’un signifiant, quel qu’il soit. Le spirituel échappe à tout exemple ou image empruntés aux formes corporelles. Or nous traitons des natures célestes, et celles-ci sont perçues par les pensées de notre esprit ; aussi sommes-nous obligés d’en parler avec des mots qui sont propres à notre nature. Une telle démarche n’est certes pas conforme à la grandeur de Dieu, mais elle se justifie par la pauvreté de notre intelligence. C’est donc avec des exemples et des mots qui sont les nôtres, que nous parlerons de ce que nous percevons et comprenons.

Nous avions déjà reconnu cette nécessité au livre premier[1], nous la rappelons encore ici : de la sorte, si nous empruntons nos comparaisons à des réalités humaines, on ne nous accusera pas de concevoir Dieu à la manière des natures corporelles, ou de comparer les choses spirituelles à ce que nous ressentons, mais on comprendra plutôt que nous choisissons des images dans ce qui tombe sous nos sens, pour nous aider à comprendre les réalités invisibles.

[1] Cf. Livre I, ch. 19.

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