Traité de la vérité de la religion chrétienne

11. Onzième tableau de la religion chrétienne, ou sa proportion avec la religion naturelle.

Cette peinture est déjà faite. J’ai déjà fait voir en plusieurs endroits de cet ouvrage, que la religion chrétienne anéantit la corruption qui avait altéré la nature, qu’elle détruit le paganisme, qui était la corruption de la religion naturelle ; qu’elle répare et rétablit celle-ci ; qu’elle soutient les principes de droiture et d’équité que Dieu avait mis dans notre cœur ; qu’elle produit la plus parfaite de toutes les unions, qui est celle de l’amour et de la charité ; que l’humilité, la tempérance, la sagesse, et toutes les vertus qui soutiennent la religion naturelle, tirent toute leur force des motifs de la religion chrétienne, qui seuls peuvent balancer le poids des objets sensibles ; et qu’enfin elle nous fait répondre à notre destination.

C’est une pensée qui nous réjouit et nous élève merveilleusement, que la fin de l’homme soit la fin de la religion chrétienne, et la fin de la religion chrétienne la fin de l’homme. Tout ce qu’il y a dans l’homme cherche Dieu, par manière de dire. L’infinie curiosité de nos esprits, qui aspirent toujours à connaître de nouveaux objets, demande cette Divinité que la religion chrétienne nous fait connaître, parce que cette Divinité enferme toutes choses dans l’éminence de sa nature. L’insatiable avidité de nos cœurs, qui ne peuvent être satisfaits par tout ce que nous voyons, demande le souverain bien, qui enferme tous les avantages.

Jamais on n’avait su qu’il fallût remplir le vide de son cœur en glorifiant Dieu. Se donner à Dieu, en renonçant à soi-même, et renoncer à soi-même pour se donner à Dieu, sont des paradoxes dont la religion chrétienne nous montre la vérité, en suppléant aux défauts de l’homme, et rétablissant la religion naturelle.

Portez maintenant votre vue sur ces onze tableaux que nous vous avons présentés ; considérez que ce n’est pas notre imagination qui a fait la religion naturelle, la révélation de Moïse ; le cœur de l’homme, la morale de Jésus-Christ, sa doctrine, sa fin, ses effets, les témoignages qui lui sont rendus, ses accords avec la grande fin de l’homme, qui est la gloire de Dieu ; que ces miroirs ne dépendent ni de notre caprice, ni de celui des incrédules, et que quand nous ne saurions point d’où là religion chrétienne est sortie, nous devrions la rapporter à une source céleste, frappés par tant de caractères de divinité.

Et sera-ce donc quand nous considérerons que le ciel a parlé pour nous l’apprendre, qu’une infinité de martyrs sont morts pour nous le confirmer, que les événements et les miracles nous l’ont appris, que des faits incontestables nous le persuadent, que des prophètes l’annoncent, que les démons le confessent par le silence ? Et que dirons-nous, maintenant que nous sommes environnés de lumières de tous côtés, lumière des sens, lumière de la raison, lumière de prophétie, lumière d’accomplissement, lumière de sainteté, lumière de miracles, lumière de connaissance, lumière de sentiment, lumière d’expérience, lumière de témoignage, lumière de faits, lumière de doctrine, lumière de cœur, lumière d’esprit ? Nous dirons que c’est ici l’œuvre de Dieu, et nous prierons Celui qui nous a fait la grâce de connaître sa sainte religion, et de la défendre contre la fausse subtilité de ses ennemis, de la graver profondément dans nos cœurs pour sa gloire et pour notre salut.

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