Histoire des Dogmes II — De saint Athanase à saint Augustin

2.6 — Les pneumatomaques.

Il ne l’était pas cependant, et la mort de Constance, survenue l’année suivante (3 novembre 361), allait précisément marquer le commencement du retour à l’orthodoxie. Mais à la question des rapports du Père et du Fils une autre venait justement de se joindre, celle de la divinité du Saint-Esprit et de ses rapports avec les deux autres personnes. Le problème était bien un problème trinitaire.

Arius et Eunomius, on l’a vu, regardaient le Saint-Esprit comme une créature du Fils : toutefois, ce côté de leur doctrine était jusqu’ici resté dans l’ombre. Vers 359-360, il émerge en deux points géographiques à la fois. Athanase s’est retiré au désert : il y reçoit des lettres de Sérapion, l’évêque de Thmuis, l’informant qu’un certain nombre de fidèles ou de pasteurs, détestant d’ailleurs l’impiété d’Arius sur le Fils, conservent sur le Saint-Esprit des sentiments erronés.

Ils en font une créature, un des esprits serviteurs, ne différant des anges que par le degré : λεγόντων αὐτὸ (τὸ ἅγιον πνεῦμα) μὴ μόνον κτίσμα, ἀλλὰ καὶ τῶν λειτουργικῶν πνευμάτων ἓν αὐτὸ εἶναι, καὶ βαϑμῷ μόνον αὐτο διαφέρειν τῶν ἀγγέλων. Pour réfuter cette erreur, Athanase écrit ses lettres i, iii, iv à Sérapion. Il y nomme les nouveaux hérétiques tropicistes (τροπικοί), parce qu’ils expliquent par des métaphores ou tropes les paroles de l’Écriture qui vont contre leur sentiment.

Au même moment, ou peut-être un peu avanta, des évêques du parti homoiousien ou semi-arien se prononçaient aussi contre la divinité du Saint-Esprit, et ne craignaient pas de le présenter comme un serviteur semblable aux anges. Leur doctrine se répandit rapidement à Constantinople, dans la Thrace, la Bithynie, l’Hellespont et les provinces voisines. Tous les semiariens ne l’adoptèrent pas d’abord : elle devint toutefois si commune parmi eux que le nom de semi-ariens devint, entre 360 et 380, synonyme de pneumatomaques. On appela encore ceux-ci macédoniens, du nom de l’ancien évêque de Constantinopleb, ou marathoniens, du nom de l’évêque de Nicomédie, Marathonius, un de leurs chefs.

a – On ne voit pas que le mouvement signalé par Sérapion en Égypte ait procédé de l’éclat des semi-ariens. Il semble plutôt lui avoir été parallèle.

b – Il est peu probable que Macedonius personnellement ait enseigné cette doctrine.

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