Précis de Patrologie

2. Principaux travaux sur la patrologie et l’histoire de l’ancienne littérature chrétienne.

L’histoire de l’ancienne littérature chrétienne n’étant qu’une partie de l’histoire générale de l’Église, tous les historiens de l’Église anciens et modernes ont touché plus ou moins à ce sujet.

Pour l’antiquité toutefois, la source principale est Eusèbe. Bien qu’Eusèbe n’ait point rédigé d’ouvrage spécial sur les auteurs chrétiens qui l’ont précédé, son Histoire contient sur eux et sur leurs écrits une foule de notices d’autant plus précieuses que beaucoup de ces écrits ont disparu et ne sont connus que par lui.

Saint Jérôme, le premier, à la prière du laïque Dexter, composa, en 392, un catalogue développé des anciens écrivains chrétiens et de leurs œuvres. C’est le De viris illustribus, qui comprend 135 notices. Il doit beaucoup à Eusèbe et, dans la partie propre à saint Jérôme, offre bien des lacunes et des erreurs. Mais il a le mérite d’être venu le premier, et d’avoir amorcé les travaux qui suivirent.

Le catalogue de saint Jérôme, en effet, fut continué sous le même titre par Gennadius de Marseille, qui le conduisit jusque vers la fin du ve siècle. Gennadius a ajouté 97 ou 98 notices, dont quelques-unes peut-être ont été interpolées.

Et enfin l’œuvre de Gennadius fut continuée à son tour, et toujours sans changement de titre, d’abord par saint Isidore de Séville († 636), puis par saint Ildefonse de Tolède († 667).

En Orient, il faut nommer le patriarche Photius († 891), dont la Bibliothèque contient 279 notices d’auteurs ou d’ouvrages lus par lui, et qu’il est parfois seul à nous faire connaître.

Le moyen âge n’a pas négligé l’histoire littéraire chrétienne. Entre tous, signalons le précieux Catalogue d’Ebedjésus, métropolitain de Nisibe, écrit en 1298 (édité dans Assemani, Bibliotheca orientalis, III, 1) et le savant ouvrage de l’abbé Jean Trithemius, De scriptoribus ecclesiasticis, écrit en 1494. Cependant, comme ce dernier livre s’occupe surtout des écrivains postérieurs à l’époque patristique, nous pouvons le négliger ici.

Du xviie et du xviiie siècle, outre les Mémoires de Tillemont, toujours à consulter, les histoires de l’ancienne littérature chrétienne le plus souvent citées sont celles de W. Cave, Scriptorum ecclesiasticorum historia litteraria, Londres, 1688, complétée par H. Wharton en 1689, édit. d’Oxford, 1740-1743 ; de Fabricius, Bibliotheca graeca, seu notitia scriptorum veterum graecorum, 1705-1728, rééditée par J. Chr. Harlez, Hambourg, 1790-1809 ; de L. Ellies du Pin, Nouvelle bibliothèque des auteurs ecclésiastiques, Paris, 1686-1714 (à l’index) ; du bénédictin D. R. Ceillier, Histoire générale des auteurs sacrés et ecclésiastiques, Paris, 1729-1763 ; réédition en 1858-1869.

Le xixe et le xxe siècle ont été féconds en travaux plus ou moins développés sur notre sujet. Pour ne citer que les principaux et les plus récents, toute la période des six ou sept premiers siècles a été traitée dans les ouvrages catholiques de J. Nirschl, Lehrbuch der Patrologie und Patristik, Mainz, 1881-1885, 3 vol. ; Fessler-Jungmann, lnstitutiones patr ologiae, Œniponti, 1890-1896, 2 vol. (excellent, surtout pour les Pères latins de basse époque, du v au viie siècle) ; O. Bardenhewer, Patrologie, 3e édit., Fribourg-en-Br., 1910, un vol. ; traduction française par MM. Godet et Verschaffel, Les Pères de l’Église, Paris, 1905, 3 vol. ; H. Kihn, Patrologie, Paderborn, 1904-1903, 2 vol. ; G. Rauschen, Grundriss der Patrologie, 3e édit., 1903 ; traduct. franc, par E. Ricard, Éléments de Patrologie et d’Histoire des dogmes, 2e édit., Paris, 1911, un vol. ; et dans l’ouvrage protestant (moins utile) de H. Jordan, Geschichte der altchristlichen Literatur, Leipzig, 1911, un vol. — D’autres œuvres également, ou même plus importantes, n’ont embrassé qu’une partie du sujet : A. Harnack, Geschichte der altchristlichen Literatur bis Eusebius, 2 parties en 3 vol., Leipzig, 1893-1904 ; G. Krueger, Geschichte der altchristlichen Literatur in den ersten drei Jahrhunderten, Fribourg-en-Br., 1895, supplément en 1897 : A. Ehrhard, dans K. Krumbacher, Geschichte der byzantinischen Literatur, 2e éd., Munich, 1897 ; O. Staehlin, dans W. von Christ, Griechische Literaturgeschichte, 5e édit., Munich, 1914 ; A. Ebert, Allgemeine Geschichte der Literatur des Mittelalters im Abendlande, 2e édit., 1889 ; trad. franc, par Aymeric et Condamin, 3 vol., Paris, 1883 ; P. Batiffol, Anciennes littératures chrétiennes : La littérature grecque, 4e édit., Paris, 1905 ; R. Duval, Anc. litt. chrét. : La littérature syriaque, 3e éd., Paris, 1907 ; P. Monceaux, Histoire littéraire de l’Afrique chrétienne, 5 vol. parus, Paris, 1901-1920 ; P. de Labriolle, Hist. de la littér. latine chrét., Paris, 1920.

C’est à quelques-uns de ces ouvrages qu’il se faut adresser dès que l’on veut entreprendre sur les Pères ou anciens écrivains ecclésiastiques une étude un peu complète. Le présent volume n’est qu’un manuel modeste qui fournira des indications précises, mais forcément restreintes.

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