Précis de Patrologie

1.3 — Saint Polycarpe et les Actes de son martyre.

Le souvenir de saint Polycarpe est intimement lié à celui de saint Ignace d’une part, de l’autre à celui de saint Irénée. Polycarpe est né très probablement en l’an 69 ou 70, d’une famille aisée, et a été disciple de saint Jean l’évangéliste (Eusèbe, H. E., 5.20.6). Il a conversé avec ceux qui avaient vu le Seigneur et a été établi, relativement jeune encore, évêque de Smyrne, puisqu’il a reçu en cette qualité saint Ignace allant à Rome. Saint Irénée relève avec insistance son amour de la tradition et de la saine doctrine. Vers la fin de sa vie, en 154, il vint à Rome trouver le pape Anicet, pour discuter avec lui la question de la Pâque et soutenir l’usage de son Église. Les deux évêques ne purent s’entendre, mais se séparèrent en paix. Un ou deux ans après, en 155 ou 156, Polycarpe mourait martyr.

Les détails de sa mort ont été conservés par une lettre, rédigée par un certain Marcion au nom de l’Église de Smyrne, et adressée, dans l’année même qui suivit le martyre de l’évêque, à l’Église de Philomelium « et à toutes les chrétientés du monde appartenant à l’Église universelle »a. Polycarpe fut brûlé vif, ou plutôt tué d’un coup de poignard sur le bûcher, et ensuite consumé par le feu. Les chrétiens purent « recueillir ses ossements d’une plus grande valeur que les pierres précieuses, plus estimables que l’or, pour les déposer dans un lieu convenable », auprès duquel ils se réuniraient plus tard pour célébrer l’anniversaire de son martyre (18.2).

a – Dans cette relation, les chapitres 21 et 22.1, peuvent être des additions contemporaines de l’écrit, les parties 22.2-3 et l’autre appendice tiré du manuscrit de Moscou sont de beaucoup postérieurs.

Au témoignage de saint Irénée (Eusèbe, H. E., 5.20.8), saint Polycarpe avait écrit un certain nombre de lettres. Nous ne possédons que sa lettre aux Philippiens, écrite à l’occasion du passage d’Ignace parmi eux. Celui-ci avait engagé les chrétiens de Philippes à écrire à ceux d’Antioche pour les féliciter d’avoir vu finir la persécution qui leur avait enlevé leur évêque. Les Philippiens s’adressèrent à Polycarpe pour le prier de faire porter leur lettre aux Antiochiens par le messager qu’il enverrait lui-même à Antioche, et lui demander en même temps de leur faire parvenir les lettres d’Ignace qu’il pourrait avoir. C’est la réponse de Polycarpe à cette missive des Philippiens que nous possédons. Elle a dû être écrite peu après la mort de saint Ignace.

Nous ne l’avons entière que dans une version latine médiocre. Tous les manuscrits grecs connus s’arrêtent vers la fin du chapitre 9. Heureusement Eusèbe a reproduit tout ce chapitre 9 et le chapitre 13, les deux plus importants (H. E., 3.36.13-15).

C’est en vain qu’on a attaqué leur authenticité, liée à celle des épîtres de saint Ignace. Cette authenticité, comme celle de toute l’épître, est assurée.

L’écrit de Polycarpe est du reste peu original et extrêmement terne de pensée et de style. L’évêque de Smyrne voulant exhorter les Philippiens, qu’il connaissait peu, a composé sa lettre de conseils empruntés au Nouveau Testament et surtout à l’épître de saint Paul aux Philippiens. Il ajoute qu’il leur envoie, conjointement avec cette lettre, toutes les épîtres de saint Ignace qu’il a en mains.

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