Précis de Patrologie

9.5 — Historiens et hagiographes.

C’est à Césarée de Palestine, nous le verrons, qu’a commencé, avec Eusèbe, la vraie histoire ecclésiastique. Mais Eusèbe devait avoir des imitateurs et des continuateurs. Ce paragraphe en fera connaître quelques-uns appartenant aux régions que nous étudions.

Il ne subsiste que très peu de chose d’une Histoire chrétienne (Χριστιανικὴ ἱστορία) en trente-six livres, publiée vers 430 par le prêtre Philippe de Side en Pamphylie, œuvre assez mal ordonnée et peu critique. En revanche, nous avons en entier les deux Histoires de Socrate et de Sozomène, les deux vrais continuateurs d’Eusèbe.

Socrate était né à Constantinople vers 408 ; il y fit son éducation et y devint avocat. Son Histoire ecclésiastique, en sept livres, qui prolonge celle d’Eusèbe depuis l’an 323 jusqu’à l’an 439, a dû être achevée entre 439-443. Malgré quelques inexactitudes et de visibles préférences, l’auteur s’y montre bien informé, sincère et en somme assez impartial.

Sozomène, originaire de Gaza en Palestine, embrassa, comme Socrate, la profession d’avocat à Constantinople. Son Histoire en neuf livres, achevée en 443 ou 444, et qui va de l’an 323 à l’an 423 où elle s’arrête brusquement, n’est bien souvent qu’un plagiat de celle de Socrate. Cependant, comme il a consulté à nouveau les sources que celui-ci avait utilisées et quelques autres, il a pu, souvent aussi, en tirer de nouveaux détails et donner à son récit plus d’ampleur.

Philippe, Socrate et Sozomène ont voulu faire, dans leurs ouvrages, l’histoire de toute l’Église. Les écrivains suivants sont surtout des hagiographes.

Palladius, né en Galatie vers l’an 363-364 et devenu moine en 386, a visité les monastères de Palestine, d’Egypte et a séjourné au désert de Nitrie et aux Cellules. En 400, il est consacré évêque d’Hélénopolis en Bithynie, prend parti pour saint Jean Chrysostome au concile du Chêne et, en 405, se rend à Rome. Exilé de 406 à 412 à Syène, il revoit les solitaires d’Egypte et, à son retour en Galatie, est transféré au siège d’Aspuna. Sa mort doit se mettre probablement en 425.

On a de Palladius deux ouvrages, une Vie de saint Jean Chrysostome en forme de dialogue, écrite en 407 ou 408 dans l’exil de Syène, et l’Histoire lausiaque. L’Histoire lausiaque, ainsi appelée du nom de Lausus, grand chambellan de Théodose II, pour qui elle a été écrite, est un recueil de mémoires sur les moines et les femmes ascètes que Palladius avait connus ou dont on lui avait parlé dans ses voyages. L’ouvrage date de 419-420. Par la fraîcheur du récit et la vivacité simple du sentiment, c’est une des sources les plus importantes de l’histoire du monachisme. Le texte primitif, qui avait été altéré par l’adjonction d’une Histoire des moines, composée probablement par Timothée archidiacre d’Alexandrie, en 412, a été récemment dégagé par D Butler.

Palladius a parlé plusieurs fois, dans l’Histoire lausiaque, de sainte Mélanie la Jeune qu’il avait eu l’occasion de rencontrer. La vie de cette pieuse femme fut écrite, probablement vers 440-450, par son chapelain Gerontius, mort en 485. Le texte original en est perdu, mais le fond s’en est conservé dans deux Vies, l’une grecque, l’autre latine, dont la grecque paraît être plus près de la source.

A signaler enfin une Vie de l’abbé Hypatius, mort en 446 dans le monastère Rufinien près de Chalcédoine, écrite par un de ses moines nommé Callinicus en 447-450.

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