Sonnets Chrétiens


Livre Premier — Sonnet XXXIII

Sur le Printemps

Jeune et cher favori de la sage nature,
Qui de l’âpre saison viens finir les rigueurs,
Qui parfumes notre air de tes douces odeurs,
Et qui rends à nos bois leur belle chevelure ;
Grands et riches tapis de riante verdure ;
Roses, jasmins, œillets, pompeux amas de fleurs ;
Incomparable émail des plus vives couleurs,
Qui, sans art, surpassez les traits de la peinture ;
Petits hôtes de l’air, qui, poussant vers les cieux
D’un concert naturel les sons mélodieux,
Charmez si doucement les âmes par l’oreille ;
Beau printemps, dont l’aspect fait un monde nouveau ;
Si du haut Paradis je conçois la merveille,
Ta face est sans attraits, et tu n’as rien de beau.


1 : Entre les Païens, Hébé, déesse de la jeunesse, représentait le printemps. 8 : La nature alors est un peintre, et dans la joie qu’elle a de sa fécondité, elle prend plaisir à se jouer ainsi en une infinité de manières. (Pline) 13 : Le jardin du Ciel est toujours vert et fleurissant. C’est le Paradis des beautés et des délices éternelles (St. Augustin). C’est-là que sont les prés toujours odorants, et les parterres toujours enrichis des divines fleurs (Épitaphe de St. Hilaire d’Arles.)

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