Sonnets Chrétiens


Livre Second — Sonnet XII

Sur la Servitude d’Egypte
Prosopopée

Foulés, meurtris de coups, accablés de misères,
Nous passons notre vie au travail des fourneaux,
Et sans cesse, avec l’eau de nos larmes amères,
Nous détrempons la terre, en ces ardents tombeaux.

D’enfants trop malheureux, inconsolables pères,
Dès leur naissance, hélas ! nous sommes leurs bourreaux.
Et du sang innocent de leurs faibles artères,
L’impitoyable Nil ensanglante ses eaux.

Portez, tristes clameurs, filles de la tristesse,
Portez au plus haut Ciel la douleur qui nous presse.
Juste Ciel ! souffres-tu ce spectacle odieux ?

Mais d’être sans autel, sans loi, sans sacrifices,
Sous la barbare main d’un tyran furieux,
C’est ce qui fait pour nous le plus grand des supplices.


6 : Ayant été prédit au roi d’Egypte qu’il naîtrait en ce temps-là un Israélite, qui affligerait extraordinairement son Etat, et rehausserait merveilleusement la condition du peuple d’Israël, s’il parvenait en âge d’homme, il fit cet édit cruel, que tous les enfants mâles qui naîtraient en Israël fussent jetés dans la rivière. Ce qui a quelque rapport au dessein de massacre des enfants de Bethléhem, qu’Hérode fit faire pour perdre l’enfant Jésus, dont Moïse était la figure.

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