Sonnets Chrétiens


Livre Troisième — Sonnet XI

Sur Saint Jean-Baptiste Décapité

Chaste persécuteur d’une impudique femme,
Tu combattis son vice, et ne le vainquis pas.
Le zèle, dont le Ciel embrasa ta sainte âme,
Irrita l’adultère et causa ton trépas.

Aux dépens de ta vie, une danseuse infâme,
Aux yeux d’un roi profane, étala ses appas,
Et d’un cruel bourreau la sanguinaire lame,
Fit un plat de ta tête, au tragique repas.

Mais pourquoi, si soudain, la mort précipitée
A-t-elle ta lumière à l’univers ôtée ?
Ta bouche, en se fermant, en marque la raison.

Du Soleil de justice, étoile avant-courrière,
Dois-je pas voir, dit-elle, éclipser ma lumière,
Au point que ce Soleil monte sur l’horizon ?


1 : C’était Hérodias, petite fille du grand Hérode, qui avait quitté Philippe son mari pour se donner à Hérode Antipas son beau-frère. St. Jérôme dit qu’elle perça, à coups d’aiguille, la tête de Jean-Baptiste, lors qu’elle lui fut apportée. Elle mourut en exil à Lyon. On récite que la fille Salomé, la danseuse, dansa dans l’eau à sa mort, et eut la tête coupée par la glace, qui rompit sous elle, comme elle passait une rivière. 14 : Jean-Baptiste fut décapité un peu après que Jésus-Christ eut commencé son ministère.

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