Sonnets Chrétiens


Livre Troisième — Sonnet XXII

Sur l’Agonie de Notre Seigneur
au Jardin des Oliviers

Mon Sauveur, apprends-moi le sujet de tes peines,
De tes vœux, de tes cris, du torrent de tes pleurs,
De tes sueurs de sang, de tes vives douleurs,
Et du mortel effroi qui se glisse en tes veines.

Je ne vois point ici de croix, de clous, de gênes,
De sergents, de bourreaux, ni de persécuteurs ;
Je n’y vois que respect, qu’amour, que serviteurs,
Et que du doux sommeil les appas et les chaînes.

Du monde et de l’enfer crains-tu les légions ?
Tu peux les anges saints armer par millions,
Et d’autant d’ennemis faire autant de victimes.

C’est toi, répond Jésus, qui causes mon tourment :
La colère du Ciel, que je sens pour tes crimes,
Est le terrible objet de mon étonnement.


3 : A parler généralement, une sueur sanglante peut arriver par de simples causes naturelles, comme la morsure d’un serpent, et la violence de la douleur ; mais cette sueur de Jésus-Christ est si extraordinaire, qu’elle doit passer pour miraculeuse. 13 : Comme plège des pécheurs. Celui qui n’avait aucun sujet d’être triste et affligé pour soi-même, a voulu l’être pour moi. O Seigneur ! tu es ici dans la douleur, non pour tes plaies, mais pour les miennes. (St. Augustin)

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