Sonnets Chrétiens


Livre Troisième — Sonnet XLI

Sur le Voyage de Saint Paul à Rome

Tes fers sont moins pesants, qu’ils ne sont salutaires,
Illustre prisonnier ; c’est par eux que tu dois
Arborer en tous lieux l’étendard de la croix,
Malgré tous les efforts des puissances contraires.

La mer, les vents, les flots, les écueils, les vipères,
Les hommes, les démons, les peuples, et les rois,
Unis pour arrêter les progrès de ta voix,
Paraîtront, contre toi, de faibles adversaires.

Marche, intrépide Paul ; affronte les hasards ;
Gagne à ton Rédempteur le palais des Césars ;
Et jusqu’aux bords du Tibre avance ta victoire.

Là, couvert de lauriers, et vainqueur des faux dieux,
Un char sanglant te porte au temple de la gloire,
Et la main du bourreau te fait voler aux Cieux.


4 : St. Jérôme dit que St. Paul, prisonnier à Rome, trouva moyen de faire une Église de Jésus-Christ dans le palais même de son persécuteur, et St. Chrysostôme assure que ce grand apôtre convertit même une des maîtresses de l’empereur. 14 : Allusion à ce qu’on dit, que la tête de St. Paul lorsqu’il fut décapité, fit trois bonds en l’air, comme pour marquer que son âme s’envolait au troisième Ciel. On tient qu’il était alors âgé de soixante-huit ans.

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