Le Jour du Seigneur, étude sur le Sabbat

Introduction

Il conviendrait peut-être de compter dans les moyens de grâce confiés à l’Église, outre la prédication de la Parole de Dieu et les deux sacrements du baptême et de la sainte cène, le Jour du Seigneur. Si nous cherchons, en effet, les caractères communs à ces moyens de grâce, en tant que consistant dans la prédication de la Parole de Dieu et les sacrements, voici ce que nous trouvons :

  1. Une institution d’en haut ;
  2. Une tâche confiée par le Seigneur à son Église ;
  3. Un moyen par lequel l’Église peut étendre ou développer l’action de la grâce divine pour le salut des hommes.

Or, ces trois caractères se retrouvent dans l’institution du Jour du Seigneur :

  1. Il est d’institution divine ;
  2. L’Église doit travailler à la solennisation du dimanche ;
  3. Elle peut ainsi concourir efficacement à l’avancement du règne de Dieu.

Mais le premier de ces caractères du dimanche réclame de notre part des développements assez détaillés. La question n’est pas si simple qu’elle pourrait le paraître. Elle a été résolue assez diversement, et elle l’a été dans les temps modernes dans deux sens très différents. Jamais peut-être elle n’a été l’objet d’une étude aussi spéciale et aussi approfondie, et jamais, semble-t-il, on n’a été plus près d’une solution complète.

Avant d’arriver à cette solution sous forme de conclusion, il convient d’esquisser les grands traits de l’histoire du Jour du Seigneur, car ce Jour a son histoire, comme on l’a si bien dit. Aussi étudierons-nous d’abord la question du sabbat jusqu’au Seigneur Jésus, soit comme sabbat primitif, soit comme sabbat mosaïque, soit comme sabbat pharisaïque, puis la double question du sabbat depuis le Seigneur Jésus, et du dimanche, pour parler, enfin, peut-être de l’éternel sabbat ou éternel dimanche.

Traiter ainsi le sujet du dimanche dans une Dogmatique nous paraît une innovation. Mais, en la faisant, nous ne sommes point complètement sans devanciers : Nitzsch, dans son System der christlichen Lehre, s’occupe successivement de la véritable Église, de la prédication, des sacrements, de la prière de l’Église et du Jour du Seigneur, du pouvoir des clefs ou de la discipline ecclésiastique. D’après Oschwald, l’Église d’Ecosse désigne sous le titre d’institutions (ordinances) de Christ, les sacrements, le Jour du Seigneur et le culte divin. Dans la confession de foi baptiste adoptée à New-Hampshire en 1833, l’article XIV parle du baptême et de la sainte cène ; l’article XV, du sabbat chrétien. Signalons encore une parole d’Œhler disant que le sabbat a quelque chose de sacramentel.

A l’appui de cette qualification, nous nous bornerons à indiquer Exode 31.13, 16-17 ; Ézéchiel 20.20, où le sabbat est appelé un signe que l’Éternel est le Dieu d’Israël, une alliance perpétuelle, un signe qui devra durer à perpétuité. La circoncision était de même appelée un signe de l’alliance entre l’Éternel et son peuple (Genèse 17.11) ; le sang de l’agneau pascal, un signe auquel l’Éternel devait reconnaître les maisons des Israélites (Exode 12.13) ; les pains sans levain de la fête de Pâques, un signe et un mémorial de ce que l’Éternel avait fait pour Israël lors de la sortie d’Egypte (Exode 13.8, 9).

Littérature, ou plutôt indication de quelques ouvrages de notre siècle plus ou moins saillants, sur le Jour du Seigneur en général :

Tim. Dwight, deux sermons, trad. de l’anglais : l’un, sur la Perpétuité du sabbat ; l’autre, sur le Changement du sabbat, Lausanne, 1834. — Vinet : Le sabbat juif et le dimanche chrétien, Lausanne, 1877. Lettres écrites en 1837 à l’occasion des traductions susmentionnées. — Rob. Haldane : De l’obligation permanente d’observer le jour du Seigneur, trad. de l’anglais, Toulouse, 1843. — Victor Mellet : Le dimanche n’est pas un sabbat, Lausanne, 1843. Vinet faisait grand cas de cette brochure. (Voir Chrétien évangélique, 1877, p. 351. ) — Neander : Veber die christliche Sonntagsfeier, Deutsche Zeitschrift, 1850. — Oschwald : Die christliche Sonntagsfeier, Leipzig, 1850. Ouvrage couronné en première ligne et à l’unanimité, à la suite d’un concours ouvert en 1847 par un ami du royaume de Dieu. Le professeur Ebrard fut le rapporteur et, dans son rapport, mis en tête de l’ouvrage, exposa les principes qui avaient dirigé le jury. — Liebetrut : Die Sonntagsfeier, das Wochenfest des Volkes Gottes, Hamburg, 1851. Ouvrage couronné en seconde ligne dans la concours. — C. F. Schmid : Die Heilighaltung des Sonntags. Rapport présenté au Kirchentag de Stuttgart, en 1850, dans les Verhandlungen du Kirchentag, Berlin, 1850. — Hengstenberg : Ueber den Tag des Herrn, Berlin, 1852. — Frédéric Godet : Le jour du Seigneur et les meilleurs moyens d’en avancer la sanctification. Rapport présenté aux assemblées de l’Alliance évangélique tenues à Genève en 1861. (Les Conférences de Genève, 1861, 1er volume. ) Nouvelle édition, retravaillée et publiée à part sous ce titre : Le dimanche, Genève. 1889. — Hessey : Sunday. Its origin, history and present obligation considered in the Bampton Lectures, London, lre éd., 1860 ; 4e éd., 1881. En 1887 l’édition était épuisée. — Bersier : Le dimanche, discours, Paris, 1864 — Rob. Cox : The literatur of the Sabbath question, Edimburgh, 1865, 2 vol. très serrés d’impression et chacun de près de 500 pages. — Ern. Naville : La loi du dimanche au point de vue social et au point de vue religieux, discours prononcé au Congrès sur l’observation du dimanche, 1876, Genève. — Theod. Zahn : Geschichte des Sonntags vornehmlich in der alten Kirche. Vortrag, mais avec de savantes notes, Hannover, 1878. — Roger Hollard : Le dimanche, deux discours, Paris, 1884. — Rev. George Elliot : The Abiding Sabbath, an argument for the perpetual obligation of the Lord’s day. The Fletcher prize essay for 1884. American tract Society, New-York. — Henke : Zur Geschichte der Lehre von der Sonntagsfeier, Theol. Stud. und Krit., 1886. — J. N. Andrews : Histoire du sabbat et du premier jour de la semaine, trad. de l’anglais, Bâle, 1886.

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