Le Jour du Seigneur, étude sur le Sabbat

1.2 — Traces de l’institution du sabbat primitif jusqu’au Décalogue.

1.2.1 — Ancien Testament.

§ 1. Genèse 4.3-4, 15, 24.

On lit dans les premiers de ces versets : « Au bout de quelque temps, Caïn fit à l’Éternel une offrande des fruits de la terre, et Abel, de son côté, en fit une des premiers-nés de son troupeau et de leur graisse. »

L’expression hébraïque traduite par : au bout de quelque temps, est assez étrange et singulièrement vague, ויהי מקּץ ימים signifie proprement : et il arriva à partir de la fin de jours ou : après des jours. On pourrait être tenté d’y voir une allusion à un sabbat dans lequel les deux fils d’Adam auraient offert simultanément leurs offrandes. Mais il ne faudrait point insister sur cette expression pour appuyer l’idée d’un sabbat déjà observé. Il vaudrait mieux sous ce rapport signaler la triple mention qui est faite du chiffre 7 dans ce même chapitre. D’abord au verset 15, dans une solennelle parole de l’Éternel lui-même, pour rassurer en quelque manière Caïn désespéré : « Si quelqu’un tuait Caïn, Caïn serait vengé 7 fois. » Puis au verset 24, dans le chant si sauvage de Lémec, où il rappelle avec impiété cette parole de l’Éternel et dit de sa propre autorité, c’est-à-dire avec un insatiable désir de vengeance : « Caïn sera vengé 7 fois et Lémec 70 fois 7 fois. » Cette menace ressemble à un de ces sinistres jurons, qui sont aussi condamnables que le serment est en lui-même une chose sacrée.

En tout cas, cette triple mention du nombre 7 montre que dans des temps encore si primitifs, ce nombre déjà connu, même marqué d’un caractère exceptionnel et religieux, et, à cet égard, elle confirme que la semaine ne leur était point étrangère.

§ 2. Genèse ch. 7 et 8.

On peut signaler dans le même sens le fait que le nombre 7 revient plusieurs fois dans le récit biblique du déluge. Genèse 7.2 : « Tu prendras auprès de toi sept couples de tous les animaux purs… sept couples aussi des oiseaux du ciel… Car encore sept jours et je ferai pleuvoir sur la terre… sept jours après, les eaux du déluge furent sur la terre… Le septième mois… l’arche s’arrêta sur les montagnes de l’Ararat… Noé attendit encore sept autres jours, et il lâcha de nouveau la colombe hors de l’arche… Il attendit encore sept autres jours et il lâcha la colombe… »

Il est digne de remarque que le même chiffre reparaît également plusieurs fois dans le récit chaldéen du déluge, récit extrêmement remarquable qui a été fourni par les inscriptions de la bibliothèque d’Assourbanipal. Il y aurait encore à mentionner sous ce rapport, tout au moins, une ancienne tradition de l’Inde provenant, non des Aryas, mais de la population primitive qu’ils subjuguèrent.

[Voici ce que dit Lenormant de cette tradition, dans une page qui ne manquera pas d’intéresser le lecteur (Les premières civilisations, 1874, II, p. 144) : « Il est à remarquer que dans les Pourânas ce n’est plus Manou Vâivasvata que le poisson divin sauve du déluge ; c’est un personnage différent, roi des pêcheurs, des Dâsas, nommé Satyavrata, l’homme qui aime la justice et la vérité, ressemblant d’une manière frappante au Sisithrus de la tradition chaldéenne. Et la version pourânique n’est pas à dédaigner, malgré la date récente de sa rédaction, malgré les détails fantastiques et souvent presque enfantins dont elle surcharge le récit. Par certains côtés elle est moins aryanisée que la version du Brâhmana et du Mahâbhârata ; elle offre surtout quelques circonstances omises dans les rédactions antérieures et qui pourtant doivent appartenir au fonds primitif, puisqu’elles se retrouvent dans le mythe babylonien, circonstances qui sans doute s’étaient conservées dans la tradition orale, populaire et non brahmanique, dont les Pourânas se montrent si profondément pénétrés. C’est ce qu’a remarqué déjà M. Pictet, qui insiste avec raison sur le trait suivant de la rédaction du Bhâgavata-Pourâna : « Dans sept jours, dit Bhâgavat à Satyavrata, les trois mondes seront submergés par l’océan de la destruction. » Il n’y a rien de semblable dans le Brâhmana ni dans le Mâhâbhârata ; mais nous voyons dans la Genèse que l’Éternel dit à Noé : « Dans sept jours je ferai pleuvoir sur toute la terre » ; et un peu plus loin nous y lisons encore : « Au septième jour, les eaux du déluge furent sur toute la terre ». Le poème d’Erech (le récit chaldéen) ne précise pas le nombre de jours écoulés entre l’annonce du déluge par Samas et le cataclysme lui-même ; mais la construction du vaisseau de Sisithrus y dure sept jours, la force du déluge sept autres jours, et enfin sa décroissance sept jours encore. »]

§ 3. Genèse 21.28-31.

Il y est dit d’Abraham qu’après avoir conclu une alliance avec le philistin Abimélec, roi de Guérar, il mit à part 7 jeunes brebis. « Et Abimélec dit à Abraham : Qu’est-ce que ces sept brebis… ? Il répondit : Tu accepteras de ma main ces sept brebis, afin que cela me serve de témoignage que j’ai creusé ce puits (dont s’étaient emparés de force les serviteurs d’Abimélec). C’est pourquoi on appelle ce lieu Beer-Scheba, car c’est là qu’ils jurèrent l’un et l’autre. »

« Ce témoignage qu’Abimélec consent à donner en acceptant les sept brebis, observe Delitzsch, est égal à un serment, car sept est le chiffre de Dieu se révélant, et נשׁבּע, jurer, équivaut à : s’engager par le nombre sept (sich besiebenen), c’est-à-dire soumettre la vérité de sa déclaration au regard de Dieu. De même sept choses, comme, par exemple, chez les Arabes, sept pierres aspergées du sang de ceux qui font alliance, et placées entre eux, peuvent en conséquence jouer dans les contrats le rôle de symbole de la sanction au nom de Dieu, ou de la déclaration par serment… Le lieu où se conclut l’alliance entre Abraham et Abimélec fut appelé plus tard באר שׁבע, le puits de la septaine ou du serment (Sieben-oder Eides-Brunnen). » Nous aurons du reste à revenir sur ce fait très significatif qu’en hébreu, et dans d’autres langues, le mot jurer est de la même racine que le mot sept.

§ 4. Genèse 17.11-12

Abraham reçut l’ordre de circoncire tout fils qui naîtrait dans la maison, à l’âge de huit jours, c’est-à-dire de sept jours accomplis. Tel devait être l’âge auquel tous les descendants mâles devaient recevoir ce signe de l’alliance. (Comp. Genèse 21.4 ; Luc 1.59 ; 2.21 ; Philippiens 3.5.)

§ 5. Genèse 29.27-80.

Dans ces versets, qui nous transportent à Charan en Mésopotamie, où était restée la famille d’Abraham après son départ pour le pays de Canaan, nous trouvons déjà l’idée qui devait être développée plus tard dans la législation mosaïque, d’une semaine d’années, et nous voyons aussi apparaître le nom de semaine appliqué à une série de 7 jours (שׁבוּע). Jacob avait dit (v. 18) : « Je te servirai sept ans pour Rachel. » Laban dit plus tard (v. 27) : « Achève la semaine avec celle-ci (c’est-à-dire Léa), et nous te donnerons aussi l’autre pour le service que tu feras encore chez moi pendant sept nouvelles années. » Il y a proprement : Achève cette semaine (שׁבוּע זוֹאת). Selon Delitzsch et Dillmann, c’est bien une semaine de jours, une semaine de nocesa. Ils citent Juges 14.12, où il est question du mariage de Samson et du festin de sept jours qui eut lieu à cette occasion. Ils citent aussi Tobie 11.16.

a – De même Keil, Bunsen, Riehm (Handwörterbuch des biblischen Alterthums, p. 1766), H. Carlisle, The Week of seven days. Contemporary Review, oct. 1886, p. 528.

§ 6. Genèse 50.3, 10.

Après ce qui précède, nous pouvons encore considérer comme un signe indirect de la pratique de la semaine, les deux données de Genèse 50.3, 10, en ayant soin de les rapprocher l’une de l’autre. Il est en effet parlé dans ces versets soit d’un deuil de 70 jours célébré en Egypte par les Egyptiens à l’occasion de la mort de Jacob, soit d’un nouveau deuil de 7 jours célébré par Joseph en l’honneur de son père, lorsque la caravane qui se rendait à Macpéla fut arrivée à « l’aire d’Athad… au delà du Jourdain. »

La première de ces données est du reste complètement d’accord avec ce qu’on sait par Hérodote (II, 86), de la coutume des Egyptiens de consacrer 70 jours à l’embaumement d’un mort.

§ 7. Job 2.13.

Il faudrait aussi tenir compte de ce verset, où il est dit des amis de Job arrivés pour lui rendre visite : « Il se tinrent assis à terre auprès de lui sept jours et sept nuits, sans lui dire un mot, car ils voyaient combien sa douleur était grande. » Le pays d’Uz, habité par Job paraît avoir eu une population foncièrement araméenne et avoir été situé au sud de Damas et au nord de l’Idumée, à l’est de la Palestine et à l’ouest de l’Euphrate.

En fait, nous venons de voir 7 jours de noces à Charan et chez les Philistins, 70, puis 7 jours de deuil chez les Egyptiens et dans la maison de Joseph, 7 jours de condoléance au pays d’Uz.

Des théologiens aussi différents que Jurieu, Œhler et l’évêque Carlisle, qui n’admettent pas le sabbat antémosaïque, admettent cependant l’existence de la semaine chez les patriarches. Œhler cite à l’appui de cette opinion Genèse 29.27 ; 7.4, 10 ; 8.10, 12 ; 17.12 ; 21.4 ; Carlisle, Genèse 29.27 ; Juges 14 ; Genèse 50.10 ; 7 ; 8.

§ 8. Institution de la Pâque.

Au sein du peuple d’Israël, au moment même où sa nationalité allait être affirmée de la manière la plus éclatante, la fondation de la fête de Pâques semble encore présupposer la connaissance de la semaine et même une solennisation particulière du 7e jour. Dans les prescriptions adressées par l’Éternel à Moïse et à Aaron concernant la Pâque, il est dit (Exode 12.15-20) : « Pendant sept jours vous mangerez des pains sans levain. Dès le premier jour, il n’y aura plus de levain dans vos maisons ; car toute personne qui mangera du pain levé, du premier jour au septième jour, sera retranché d’Israël. Le premier jour, vous aurez une sainte convocation, et le septième jour vous aurez une sainte convocation. On ne fera aucun travail ces jours-là ; vous pourrez seulement préparer la nourriture de chaque personne. Vous observerez la fête des pains sans levain. … Le premier mois, le quatorzième jour du mois, au soir, vous mangerez des pains sans levain jusqu’au soir du vint-et-unième jour. » — Comp. les instructions données au peuple par Moïse, Exode 13.3-7. — Voir encore Lévitique 23.5-8 ; Nombres 28.16-25 ; Deutéronome 16.1-8, etc.

Rappelons brièvement les principaux traits de l’institution. Le 14 nisan, au soir, c’est-à-dire, suivant la pratique officielle, vers la fin du 14, dans la seconde partie de l’après-midi, entre 3 et 5 heures de l’après-midi, l’agneau pascal devait être immolé (Exode 12.6). Au commencement du 15, c’est-à-dire peu après l’immolation de l’agneau, il devait être mangé en famille, avec des pains sans levain, ou azymes, et des herbes amères. Telle était la fête de Pâques dans le sens strict du mot (Exode 12.14).

Tandis que cette fête n’embrassait que le 14e jour et la nuit du 15e jusqu’à environ minuit, heure à laquelle tout ce qui était resté de l’agneau après le repas devait être brûlé (Exode 12.10), la fête des azymes commençait avec le commencement du 15, renfermait ainsi la seconde partie de la fête de Pâques proprement dite ou le repas pascal, et durait 7 jours, c’est-à-dire du 15 au 21 inclusivement.

Les deux fêtes, qui sont parfois distinguées (Marc 14.1, etc.), sont parfois identifiées, et alors les deux noms ont le même sens et désignent le même ensemble. Il est dit Luc 22.1 : « Or la fête des pains sans levain, dite la Pâque, approchait. » (Comp. Luc 2.41-43, etc.) C’est en vertu de cette identification qu’il pouvait être question de 8 jours de fête, le 14 nisan étant ajouté aux 7 jours de la fête des azymes. (Marc 14.12 ; Matthieu 26.17 ; Josèphe, Antiq. 9.1).

Le 14 nisan pouvait être considéré comme un des jours de la fête, non seulement parce que l’agneau devait être immolé à la fin de ce jour et qu’il fallait se préparer pour cette immolation (2 Chroniques 30.17 ; comp. Exode 19.10,14 ; Nombres 11.18 ; Josué 3.5 ; 7.13), mais encore parce que c’était le jour où l’on éloignait tout levain des maisons et où l’on commençait à cuire les azymes, pratique exécutée avec le plus grand soin par le judaïsme postérieurb. Le 14 et le 15 nisan pouvaient donc être envisagés chacun comme étant le 1er jour de la fête : le 15, comme jour du repas pascal et comme 1er jour de la fête des azymes ; le 14, comme jour de l’immolation de l’agneau et comme jour de la préparation des azymes. En fait, nous voyons le 15 désigné comme le 1er jour de la fête, Exode 13.3, et le 14, aux passages déjà cités : Marc 14.12 ; Matthieu 26.17.

b – Voir la Résurrection de Jésus-Christ, par L. Thomas, 1870, p. 70.

Des 7 jours de fête compris entre le 15 et le 21 nisan, deux étaient particulièrement solennels et devaient être célébrés comme des sabbats : le 15, au commencement duquel on mangeait l’agneau pascal, et le 21 ou dernier jour. Le 15 est même appelé un sabbat, Lévitique 23.11-15, comme le Jour des expiations, Lévitique 16.31 ; 23.32.

Il faut encore ajouter que le 16 devait être caractérisé par une cérémonie particulière, dès qu’Israël serait entré dans la terre promisec. On devait ce jour-là apporter une gerbe de blé au sacrificateur comme prémices de la moisson. Le sacrificateur devait agiter cette gerbe devant l’Éternel en faveur de celui qui l’avait apportée. Celui-ci devait en outre sacrifier un agneau et faire des offrandes de fine farine, de parfum et de vin. Ce n’était qu’après l’accomplissement de ces diverses cérémonies que la moisson pouvait commencer.

cLévitique 23.9-14 ; comp. Josèphe, Antiq., III, 10.

Quoi qu’il en soit, dans l’institution de la Pâque, d’un côté, nous voyons la fête des azymes proprement dite durer une semaine ; de l’autre, nous la voyons se terminer par la solennisation particulière du 7e jour de cette semaine. De plus, l’ensemble des détails dans lesquels nous sommes entré doit faire comprendre comment Vaihinger a pu dire, en faisant entrevoir une saisissante analogie entre le sabbat et la fête de Pâques, qui ferait de celle-ci comme une reproduction de celui-là : « Le grand jour de la délivrance de la servitude d’Egypte devint une sainte et joyeuse fête de 7 jours, dans laquelle Israël se repose de l’oppression et de l’agitation du monde, et célèbre l’avant-goût du bienheureux repos de Dieu. Par la célébration sabbatique du 1er et du 7e jour de cette joyeuse fête, elle devient tout entière une fête sabbatique, dont le but n’est pas tant le repos que la commémoration de l’œuvre de la création accomplie par la rédemption de la servitude d’Egypte, création d’où sortit Israël pour une nouvelle existence dévouée à Jéhovah. « Sachez que l’Éternel est Dieu ! est-il dit Psaumes 100.3. C’est lui qui nous a faits, et nous lui appartenons. Nous sommes son peuple et le troupeau de sa pâture, » — et Ésaïe 43.15-17 : « Je suis l’Éternel, votre Saint, le Créateur d’Israël (בוֹרא ישׂראל), votre Roi. Ainsi parle l’Éternel, qui fraya dans la mer son chemin…. » Mais comme l’ouverture de la moisson coïncidait avec la fête de Pâques et que la vie supérieure est intimement liée avec la bénédiction terrestre, Israël, avec l’offrande de la gerbe des prémices, consacre aussi la nourriture terrestre que lui donne Jéhovah, en confessant que le pain quotidien vient de Jéhovah, et il indique par les sacrifices sanglants ou non sanglants qui s’ajoutent à l’offrande de la gerbe, l’obligation qui lui incombe de fortifier ses membres par la nourriture corporelle pour le service de Jéhovah et afin de devenir saint, comme il est saint. »

§ 9. Exode ch. 16.

Il y a juste un mois qu’Israël est sorti d’Egypte (Exode 12.2, 6-12 ; 16.1), il vient d’arriver au désert de Sin, qui est entre Elim et Sinaï, et il murmure contre l’Éternel, regrettant la nourriture qu’il avait abondamment en Egypte et craignant désormais de mourir de faim. Exode 16.4 :

L’Éternel dit à Moïse : Voici je vais faire pleuvoir pour vous du pain du haut des cieux. Le peuple sortira et en ramassera jour par jour la quantité nécessaire, afin que je le mette à l’épreuve… Le sixième jour, lorsqu’ils prépareront ce qu’ils auront apporté, il s’en trouvera le double de ce qu’ils ramasseront jour par jour. Moïse et Aaron dirent à tous les enfants d’Israël : Ce soir, vous comprendrez que c’est l’Éternel qui vous a fait sortir du pays d’Egypte. Et au matin, vous verrez la gloire de l’Éternel… L’Éternel vous donnera ce soir de la viande à manger, et au matin, du pain à satiété… Le soir, il survint des cailles qui couvrirent le camp ; et au matin, il y eut une couche de rosée autour du camp. Quand cette rosée fut dissipée, il y avait à la surface du désert quelque chose de menu comme des grains… Moïse leur dit : C’est le pain que l’Éternel vous donne comme nourriture. Voici ce que l’Éternel a ordonné : Que chacun de vous en ramasse ce qu’il faut pour sa nourriture, un omer par tête, suivant le nombre de vos personnes ; chacun en prendra pour ceux qui sont dans sa tente. Les Israélites firent ainsi ; ils en ramassèrent les uns plus, les autres moins. On mesurait ensuite avec l’orner… Moïse leur dit : Que personne n’en laisse jusqu’au matin. Ils n’écoutèrent pas Moïse, et il y eut des gens qui en laissèrent jusqu’au matin ; mais il s’y mit des vers… Tous les matins, chacun ramassait ce qu’il fallait pour sa nourriture ; et quand venait la chaleur du jour, cela fondait. Le sixième jour, ils ramassèrent une quantité double de nourriture, deux omers pour chacun. Tous les principaux de l’assemblée vinrent le rapporter à Moïse. Moïse leur dit : C’est ce que l’Éternel a ordonné. Demain est grand jour de repos, sabbat consacré à l’Éterneld ; faites cuire ce que vous avez à cuire, faites bouillir ce que vous avez à faire bouillir, et mettez en réserve jusqu’au matin tout ce qui restera. Ils le laissèrent jusqu’au matin… et cela ne devient point infect… Moïse dit : Mangez-le aujourd’hui, car c’est aujourd’hui un sabbat pour l’Éternel ; aujourd’hui vous n’en trouverez point dans la campagne. Pendant six jours vous en ramasserez, mais le septième jour, qui est sabbat, il n’y en aura point. Le septième jour, quelques-uns du peuple sortirent pour en ramasser, et ils n’en trouvèrent point. Alors l’Éternel dit à Moïse : Jusqu’à quand refuserez-vous d’observer mes commandements ? … Considérez que l’Éternel vous a donné le sabbat ; c’est pourquoi il vous donne au sixième jour de la nourriture pour deux jours. Que chacun reste à sa place, et que personne ne sorte du lieu où il est au septième jour. Et le peuple se reposa le septième jour.

d – Le substantif שׁבּת jour de repos, sabbat, « mot très original, dit Dillmann et bien de formation très ancienne », vient du mot שׁבת, se reposer, chômer. — שׁבּתוֹן d’après Gesenius, le même sens que le substantif שׁבּת, mais à un degré plus intense. Il désigne un grand jour de fête. (Lévitique 23.24). On le trouve le plus souvent lié au mot שׁבּת. (Exode 31.15 ; 35.2 ; Lévitique 16.31).

Tel est le premier récit de nos saints Livres où il soit nommément question du sabbat. Ce récit n’est pas aussi clair qu’on pourrait le désirer. Si détaillé qu’il soit sur certains points, il semble fragmentaire sur d’autres. Aussi peut-on comprendre comment, selon certains théologiens, il suppose le sabbat comme étant déjà une antique institution, tandis que selon d’autres, même Hengstenberg, Keil et Œhler, il ne le suppose pas. Kurtz trouve que ce chapitre ne peut pas à lui seul trancher la question, mais qu’elle ne saurait demeurer indécise dès qu’on admet que l’histoire de la création racontée au début de la Genèse repose sur une antique et primitive révélation. Nous ajouterons qu’il faut interpréter le chapitre non seulement en regard de ce qui le précède dans nos saints Livres, mais encore de ce qui le suit, en particulier d’Exode 20.8-11 et de tous les passages subséquents de l’Ancien Testament qui rattachent expressément la loi du sabbat mosaïque au récit génésiaque de la création.

D’ailleurs, pour notre part, plus nous étudions le récit en lui-même, plus il nous semble supposer le sabbat comme une institution déjà connue. L’annonce de ce qui devait se passer au 6e jour (v. 5) apparaîtrait bien brusquement s’il en était autrement. Si lorsque le peuple a recueilli une double provision au 6e jour, tous les principaux de l’assemblée vinrent le rapporter à Moïse, cela peut s’expliquer par leur admiration et aussi, à cause de leur peu de foi, par la surprise dont ils étaient saisis en constatant que, selon la parole de l’Éternel, l’effusion de la manne avait été doublement abondante.

Les caractéristiques du 7e jour (v. 23, 25) : « demain est grand jour de repos, sabbat consacré à l’Éternel, aujourd’hui est un sabbat pour l’Éternel, » sont bien solennelles pour ne pas se rapporter à l’auguste institution du sabbat primitif. La parole du v. 29 : « Considérez que l’Éternel vous a donné le sabbat, » n’est pas moins significative dans sa brièveté, et ce qui suit cette parole : « C’est pourquoi il vous donne au sixième jour de la nourriture pour deux jours, » fait ressortir que le don du sabbat est antérieur à la largesse extraordinaire de l’Éternel au 6e jour, et que cette largesse n’est qu’une conséquence de ce don.

Mais il faut admettre que l’institution primitive était plus ou moins tombée en désuétude chez le peuple d’Israël pendant son séjour en Egypte, et qu’avant de promulguer dans toute sa plénitude l’institution du sabbat mosaïque, l’Éternel jugea bon d’y préparer le peuple d’une manière prolongée et admirablement miséricordieuse, en ne dispensant la manne que pendant les 6 premiers jours de la semaine et en la donnant au double le 6e. Comme le remarque Kurtz, « jamais Dieu ne commande sans donner auparavant, et ici aussi, Israël avait une promesse et une garantie de fait que la bénédiction de Dieu suppléerait richement à la suspension du travail commandée par la loi du sabbat. » Kurtz remarque encore que la durée extraordinairement longue (7 jours) de la halte du peuple dans le désert de Sin avait un double but : d’une part, accorder à Israël un repos prolongé après tant de fatigues et d’émotions ; d’autre part, donner une base historique au renouvellement de la loi du sabbat. Tout cela est bien dans l’analogie de la foi.

§ 10. La sortie d’Egypte et Deutéronome 5.12-15.

Oschwald dit qu’au jour du sabbat Israël devait se rappeler les grandes œuvres de grâce sur lesquelles se fondait l’Alliance : l’œuvre de la création de l’univers (Exode 31.17) et l’œuvre de la rédemption de la servitude d’Egypte (Deutéronome 5.15), qui s’accomplit un jour de sabbat, et, à l’appui de cette dernière assertion, il met en parenthèse : « Comp. Exode 12.1-6, avec Exode 16.1, 5… »

Ebrard, dans son énoncé de principes sur la question du dimanche, émet aussi cette dernière opinion, et il cherche à l’établir avec plus de précision. « Il ne faut pas oublier, dit-il, que lorsque Dieu réintroduisit la célébration du sabbat au sein d’Israël, qui en avait perdu l’habitude dans les années d’esclavage, la série des sabbats (d’après la comparaison d’Exode 12.1-6 avec Exode 16.1,5) comptait en arrière le jour de la sortie d’Egypte, de telle sorte que les sabbats depuis le temps de Moïse ne commémoraient pas seulement la Création, mais aussi la Rédemption typique comme cela est dit expressément Deutéronome 5.16. »

Puis vient cette note explicative : « La sortie d’Egypte eut lieu dans la nuit du 14 au 15 nisan (Exode 12.1-6). Au 15e jour du mois suivant (Exode 16.1), c’est-à-dire, puisque les Israélites avaient le mois lunaire synodique de 28 jours, précisément 4 semaines plus tard, Israël reçut l’ordre de recueillir pendant 6 jours la manne (v. 5) et de se reposer le 7e jour. Les jours de sabbat tombent ainsi dans le mois de nisan sur le 14, le 21, le 28, dans le mois d’isar sur le 7, le 14, le 21, etc. »

En suivant encore avec plus de précision le même raisonnement qu’Ebrard, on arriverait, ce me semble, à un résultat un peu différent et encore plus intéressant. En effet, d’une part, la sortie d’Egypte eut lieu, si l’on veut, dans la nuit du 14 au 15 nisan, mais plus exactement, d’après la manière israélite de compter les jours d’un coucher du soleil à l’autre, dans le cours du 15 nisan, car si l’immolation de l’agneau pascal tombait sur le 14, le repas pascal tombait sur le 15. D’autre part, en admettant que la parole de l’Éternel à Moïse (Exode 12.5) ait été prononcée, non le jour même de l’arrivée au désert de Sin, mais le lendemain, c’est-à-dire, non le 15 isar, mais le 16, on arriverait à déterminer les sabbats des mois de nisan et d’isar comme ayant eu lieu le 15, le 22, le 1, le 8, le 15, le 22, etc., de telle sorte que le 15 nisan et non le 14, aurait été un jour de sabbate.

e – Le théologien anglais Joseph Mede († 1638) avait déjà cru reconnaître par le calcul que c’était en un jour de sabbat que les Israélites avaient vu périr dans la mer Rouge l’armée de Pharaon. Voir Spencer, De legibus Hebræorum ritualibus, 1686.

L’institution du sabbat aurait ainsi reçu une nouvelle et éclatante confirmation, en coïncidant avec le grand jour de la sortie d’Egypte ; le rapport établi dans le Deutéronome 5.16 entre le sabbat et cette délivrance se fonderait même sur une coïncidence chronologique. Malheureusement le calcul d’Ebrard suppose que le mois ne comptait pour les Israélites que 28 jours. Or cela n’est point du tout aussi certain qu’il le dit.

[Riehm, dans l’article Jahr du Handwörterbuch, dit que le mois lunaire synodique (c’est-à-dire d’une nouvelle lune à la suivante) est exactement de 29 jours, 12 h., 44’, 29" et que dans l’usage du calendrier (israélite) il comptait tantôt 29 jours tantôt 30. Franz Delitzsch, dit d’autre part, dans l’article Monate du Biblisches Handwörterbuch : « De très bonne heure, lorsque les hommes observèrent le ciel, on constata que le cours de la lune était chaque fois de 29 jours et demi, et on divisa en conséquence le temps en années lunaires comptant un peu plus de 354 jours répartis en 12 mois lunaires, dont chacun commençait naturellement avec la nouvelle lune. Mais on constata plus tard, et c’est ce que firent surtout les Babyloniens, que le soleil après 12 parcours de lune revenait au même point du ciel. On constitua d’après cela une année de 12 mois de 30 jours chacun, et pour ramener l’accord entre cette année de 360 jours et l’année solaire véritable, astronomique, que les Babyloniens considéraient comme étant de 365 jours et un quart, on ajoutait de temps en temps un mois intercalaire. Les Babyloniens et les Assyriens avaient de tels mois solaires de 30 jours pour la vie civile, et vraisemblablement aussi les Cananéens. Les Israélites, devenus sédentaires, se rattachèrent aussi à la manière de compter des Cananéens. De là vient que les Hébreux admirent dans la vie ordinaire le mois de 30 jours. (Comp. Nombres 20.29 ; Deutéronome 34.8, à Deutéronome 31.13.) De là vient encore la division du mois en décades, division que nous trouvons fréquemment dans l’Ancien Testament (Comp. Nombres 11.19 ; Genèse 24.55, etc.). Mais à côté de ces mois les Hébreux conservèrent aussi des mois lunaires commençant avec la nouvelle lune. » Lepsius, dans son grand ouvrage sur la Chronologie des Egyptiens (1er vol., Berlin, 1849, p. 220), après avoir établi que chez ce peuple il y eut avant l’année solaire une année lunaire mobile (gebundenes) par opposition à l’année lunaire stricte (ganz freies), dit positivement qu’on ne peut rien dire de précis sur la longueur des différents mois de cette année. Ideler (I, p. 67) définit das freie Mondjahr (que nous avons appelée : l’année lunaire stricte), comme étant l’année lunaire pure, abstraction faite de toute considération du cours du soleil, — et das gebundene Mondjahr (que nous avons appelée : l’année lunaire mobile et que nous pourrions aussi appeler : l’année lunaire mixte ou modifiée), comme étant l’année lunaire déterminée à la fois par le cours de la lune et par celui du soleil.]

Il nous semble bien résulter de ces diverses citations, empruntées à Riehm, Delitzsch et Lepsius, que tout au moins on ne peut pas dire avec certitude que le mois de la sortie d’Egypte n’avait que 28 jours. On ne saurait donc affirmer que le mois de nisan dans lequel les Israélites sortirent d’Egypte n’eut que 28 jours. Mais nous observerons toutefois qu’en comptant 29 jours pour ce mois et qu’en admettant avec Ebrard que les Israélites reçurent le jour même de leur arrivée dans le désert de Sin l’ordre de recueillir la manne pendant 6 jours consécutifs, on arrive également à reconnaître que le 15 nisan était un sabbat.

Quoi qu’il en soit à cet égard, il nous semble qu’il ne faut point insister sur ces calculs de nature hypothétique et que c’est surtout d’une tout autre manière que doit être compris le rapport très intime et très réel qui existe entre le sabbat mosaïque et le grand exode. Déjà précédemment nous avons signalé le caractère sabbatique que reçut la fête de Pâques, maintenant il s’agit de l’événement même qu’elle devait commémorer.

Le rapport entre le sabbat mosaïque et la sortie d’Egypte est formellement établi dans un texte très remarquable : Deutéronome 5.12-15, où Moïse rappelle aux Israélites le 4e commandement (Exode 20.8-11), mais librement, en faisant une grande suppression ou abréviation, du reste indiquée, et en entrant dans de nouveaux détails et de nouveaux développements. Voici, sans tarder, comment nous sommes disposé à traduire le passage, en nous rattachant à de nombreuses autorités :

« Observe le jour du sabbat pour le sanctifier, comme l’Éternel ton Dieu, te l’a ordonné. Tu travailleras six jours et tu feras tout ton ouvrage. Mais le septième jour est un sabbat pour l’Éternel ton Dieu : tu ne feras aucun ouvrage, ni toi, ni ton fils, ni ta fille, ni ton serviteur, ni ta servante, ni ton bœuf, ni ton âne, ni aucune de tes bêtes, ni l’étranger qui est dans tes portes, afin que ton serviteur et ta servante se reposent comme toi, et que tu te souviennes que tu as été esclave au pays d’Egypte, et que l’Éternel ton Dieu t’en a fait sortir à main forte et à bras étendu. C’est pourquoi l’Éternel, ton Dieu, t’a ordonné d’observer le jour du sabbat. »

Je crois donc qu’il faut rattacher étroitement le demi-verset 15a (afin que tu te souviennes…) à 14b (afin que ton serviteur et ta servante se reposent comme toi) et considérer comme deux buts du sabbat mosaïque, parallèles, quoique intimement liés : 1° le repos des serviteurs comme des maîtres, 2° le souvenir de la rédemption d’Egypte. Je rattacherai aussi 15b (c’est pourquoi l’Éternel t’a ordonné d’observer le jour du sabbat) directement à 14b et 15a (afin que ton serviteur et que ta servante se reposent comme toi, et que tu te souviennes…) et d’une manière générale à versets 12-15a.

Comme l’a fait observer Schrœder, dans le verset 12 la phrase incidente et explicative : « comme l’Éternel, ton Dieu, te l’a ordonné, » renvoie à l’institution du sabbat telle qu’elle a été exposée Exode 20.8-11. Le même renvoi petit encore être renfermé dans verset 15 b : « C’est pourquoi l’Éternel, ton Dieu, t’a ordonné d’observer le jour du sabbat. »

Schrœder dit très justement : « Dans Exode 20.11 les mots : c’est pourquoi expriment pourquoi Jéhovah a béni le jour du sabbat et l’a sanctifié, tandis que les mêmes mots expriment dans Deutéronome 5.15, pourquoi le sabbat institué sur ce fondement est commandé à Israël. Au motif général de l’institution est ajouté le motif spécial au peuple d’Israël. Ce peuple doit ainsi confesser qu’il a été sauvé par Jéhovah et par là distingué de toutes les autres nations (comp. Deutéronome 4.34, 37, 20). »

Après avoir insisté sur ce que l’aspiration au repos de Dieu devint pour l’humanité déchue l’aspiration à la rédemption (Genèse 5.29), Œhler continue, en disant : « Israël aussi, quand il était accablé sous l’oppression égyptienne jour après jour, sans aucune bienfaisante interruption, apprit à soupirer après le repos. Lorsque Dieu, après la délivrance, accorda au peuple des temps de repos revenant régulièrement, ils devinrent en même temps des fêtes d’action de grâces en souvenir de la rédemption qui avait eu lieu. Aussi est-il dit, Deutéronome 5.15 : « Tu dois te rappeler que tu étais esclave au pays d’Egypte et que Jéhovah… t’en a fait sortir…, c’est pourquoi Jéhovah… t’a commandé d’observer le jour du sabbat. » Ce passage, en effet, ne veut pas motiver seulement l’obligation spéciale de respecter le repos des serviteurs au 7e jour et n’est pas simplement parallèle aux exhortations de Deutéronome 15.15 ; 24.22. Mais il ne faudrait pas non plus y voir le fondement propre, objectif, de la fête du sabbat, fondement indiqué Exode 20.11. Il faut plutôt l’envisager comme appliquant spécialement à la célébration du sabbat ce que la loi inculque dans l’introduction au Décalogue (Exode 20.3) et ailleurs, surtout dans le Deutéronome, comme le motif subjectif le plus profond pour tout l’accomplissement de la loi. Deutéronome 5.15 est à Exode 20.11 comme, par exemple, Deutéronome 26.8 est aux lois données antérieurement sur l’offrande des prémices. Mais assurément l’accentuation de ce motif subjectif convenait tout particulièrement au sabbat. Ce qui prouve encore combien cette institution se rattachait à la rédemption d’Egypte, c’est ce que disent les historiens romains sur le fondement de la fête du sabbatf. »

f – Voir Tacite, Hist. V, 4 ; Justin, Hist., 36, 2.

En nous demandant comment l’homme devait précisément sanctifier le sabbat en vertu de son institution primitive, nous avons trouvé qu’il devait :

  1. Suspendre son travail ordinaire pour se reposer, et cela afin d’accomplir un commandement de l’Éternel ;
  2. Profiter de ce repos pour commémorer ce commandement en le rattachant au motif que l’Éternel en avait donné, à savoir son propre exemple lors de la création ;
  3. Commémorer ainsi la toute-puissance créatrice de l’Éternel, le rapport de dépendance spirituelle absolu dans lequel l’homme se trouve constamment vis-à-vis de lui, et tous les devoirs liés à ce rapport ;
  4. Adorer Dieu, le prier, lui rendre grâces, invoquer la continuation de son secours, de ses bénédictions ;
  5. Vivre ainsi en ce jour d’une manière spéciale dans la pensée et dans la communion de l’Éternel.

Si maintenant nous rapprochons de ces devoirs, qui découlent de l’institution primitive du sabbat, les sentiments que devaient éprouver les Israélites à la double pensée de la terrible servitude qui avait pesé sur eux en Egypte, et de la magnifique délivrance qui leur avait été accordée par l’Éternel, nous comprendrons facilement combien le souvenir de l’exode était admirablement propre à se greffer sur l’institution primitive du sabbat et à lui communiquer une sève nouvelle.

Cette institution devait dès lors, en particulier, apparaître aux Israélites comme toute pénétrée, non seulement de sainteté et d’amour, mais encore de miséricorde. Elle devait proclamer, non seulement la toute-puissance créatrice de Jéhovah, mais encore sa toute-puissance rédemptrice ou libératrice, et même rapprocher cette seconde toute-puissance de la première. (Psaumes 106.3 ; Ésaïe 43.15-17) Elle devait remplir l’Israélite de reconnaissance et d’un nouveau zèle pour l’accomplissement de la volonté de Dieu. Elle devait enfin lui inspirer pour l’avenir une nouvelle confiance en sa bonté, et une inébranlable espérance en sa miséricorde.

Il vaut la peine de méditer sous ce rapport le Psaume 92, qui est intitulé : « Cantique pour le jour du sabbat, » et qui, s’il n’a pas été composé précisément pour la célébration de ce jour, a été tout au moins reconnu par les pieux docteurs d’Israël comme s’adaptant spécialement à cette célébration. Les Talmudistes confirment qu’après l’exil il était employé avec cette signification dans le culte du temple. La Bible de Paris, 1850, résume assez heureusement le contenu de ce Psaume en ces mots : « Le prophète exhorte les hommes à louer Dieu (v. 1), à cause de ses grands ouvrages (v. 4), de ses jugements sur les méchants (v. 6), et de sa bonté envers les justes (v. 10). »

Ajoutons seulement que dans le psaume, il est question de la manière la plus générale des œuvres et des pensées de l’Éternel, et qu’au bonheur passager des méchants est opposé le bonheur croissant des justes.

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