Le Jour du Seigneur, étude sur le Sabbat

2.2.1 — Royaume d’Israël.

2 Rois 4.23 nous transporte au temps d’Elisée, dont le long ministère se déploya surtout sous les règnes de Joram et de Jéhu, c’est-à-dire dans le neuvième siècle avant Jésus-Christa. Une riche et pieuse femme de Sunem vient de perdre le fils unique dont la naissance inespérée lui avait été prédite par Elisée ; elle dit à son mari : « Envoie-moi, je te prie, un des serviteurs et une des ânesses ; je veux aller en hâte vers l’homme de Dieu. Son mari, étonné d’abord, répond : « Pourquoi veux-tu aller aujourd’hui ? Ce n’est ni nouvelle lune, ni sabbat. » On conclut généralement de cette parole, et avec raison, qu’Elisée tenait alors des réunions religieuses les jours de sabbat et de néoménie, auxquelles la Sunamite avait coutume d’assister.

a – D’après Thénius (B. der Könige, p. 468), Joram commença à régner en 896, Jéhu en 884. Winer place le ministère d’Elisée de 896 à 856. De même l’Encycl. des sc. rel. (IV, p. 401). D’après Bruston, Jéhu commença à régner en 850 ; d’après Hommel et Kamphausen, en 842 ; d’après Riehm, en 843 (Archinard, p. 397).

Amos 8.5 nous réserve une autre surprise, non moins agréable, dans un sens. Le berger de Thekoa dans le royaume de Juda, fut appelé à prophétiser en Israël, et il y prophétisa même à Béthel, principal sanctuaire de l’idolâtrie des veaux d’or (Amos 7.10-17). Comme l’indique la suscription du livre qui porte son nom, il exerça son ministère sous Osée (ou mieux Ozias ou Hozias, ou mieux encore Azaria-Uzzia), roi de Juda, et Jéroboam II, roi d’Israël. Or, comme ce dernier « a régné 41 ans, de 824 à 783, et pendant les dernières années simultanément avec Ozias, c’est vers la fin de ce long et glorieux règne que doit se placer l’activité de notre prophète ? », vers la fin du ixe siècle et le commencement du viiie. Amos 8.4-7 :

« Ecoutez ceci, vous qui dévorez l’indigent et qui ruinez les malheureux du pays ! Vous dites : Quand la nouvelle lune sera-t-elle passée, afin que nous vendions du blé ? Quand finira le sabbat, afin que nous ouvrions les greniers ? Nous diminuerons l’épha, nous augmenterons le prix, nous falsifierons les balances pour tromper ; puis nous achèterons les misérables pour de l’argent, et le pauvre pour une paire de souliers, et nous vendrons la criblure du froment. L’Éternel l’a juré par la gloire de Jacob : Je n’oublierai jamais aucune de leurs œuvres… »

Ici nous sommes loin des petits groupes spirituels qui se formaient en Israël autour des prophètes et des fils de prophètes ; nous sommes en présence de marchands avides, de spéculateurs sans conscience, qui, pour s’enrichir, ne craignent pas de ruiner les malheureux. L’interruption apportée par les néoménies et les sabbats au trafic de ces marchands leur pèse. Ils sont impatients de voir finir ces journées de repos, auxquelles ils ne peuvent se soustraire, non par crainte de Dieu, mais par respect humain, par intérêt. Ils solennisent donc le sabbat, mais d’une façon tout extérieure, en ayant au cœur des pensées aussi contraires à la piété qu’à l’amour du prochain. C’est du pur formalisme, une véritable hypocrisie, du pharisaïsme anticipé. Mais plus ces hommes sont criminels, plus aussi leur conduite extérieure prouve que dans leur milieu, c’est-à-dire en plein royaume d’Israël, il y avait encore généralement le respect du sabbat, commandé tout au moins par la coutume et l’opinion.

Le prophète Osée, le Jérémie des dix tribus, a été contemporain d’Amos, mais son ministère semble avoir été très long, puisqu’il s’est étendu jusque sous le règne d’Ezéchias, roi de Juda. Or d’après Osée 2.13, que dit, entre autres, l’Éternel au prophète, en commençant à lui parler (Osée 1.2), c’est-à-dire sous Jéroboam II ? Je ferai cesser (dans le royaume) toute la joie, les fêtes, les nouvelles lunes, les sabbats. Il s’y trouvait donc encore des sabbats et de joyeux sabbats. Tandis que 2 Rois 4.23 nous a montré comment le sabbat était observé dans les cercles les plus pieux du royaume d’Israël, Osée 2.13 prouve comme Amos 8.5, que l’observation extérieure de ce jour ne faisait pas défaut dans l’ensemble du pays.

[Osée 1.1. Thénius fait commencer la carrière prophétique d’Osée en 800 et dit qu’il a vécu jusques sous Achaz, monté sur le trône en 743. D’après Kleinert, son ministère aurait commencé dans la première moitié du viiie siècle et rien n’oblige d’admettre qu’Osée vécût encore lors de la campagne de Tiglat Piléser, en 734. « Les débuts du ministère d’Osée, dit la Bible annotée, nous placent à l’époque du règne de Jéroboam II (824-783) et, comme la vie du prophète s’est prolongée jusqu’au règne de son homonyme, le roi Osée (730-722), dernier souverain de Samarie, son ministère doit avoir embrassé une période de 60 ans au moins. » Schrader considère comme certain que l’expédition de Tiglat Piléser II en Palestine a eu lieu en 734. De même Bruston, Hommel, Kamphausen, Riehm. Selon Bruston, Ezéchias a commencé à régner en 723 ; selon Hommel, en 728 ; selon Kamphausen, en 714 ; selon Riehm, en 715.]

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