Explication du Psaume 51

§ 9. La racine du péché. L’énormité du péché de David.

Mais nous ne devons pas nous arrêter là et regarder seulement aux péchés grossiers et extérieurs ; il faut faire attention et envisager toute la nature du péché, sa source et son origine, car ce psaume parle du péché tout entier et de sa racine, et non pas uniquement des actes extérieurs qui sont comme les fruits qui naissent de la main et qui sont produits par l’arbre du péché ! Car ce que David confesse qu’il a été conçu dans l’iniquité, ne regarde pas son adultère et son homicide, mais toute sa nature qui avait été corrompue par le péché. Cependant, nous admettons volontiers que ce péché de David est ici proposé comme un exemple de la grande corruption de l’homme, car dans ce péché, on découvre beaucoup d’abominations, outre son adultère avec Bathsébah ; car à son adultère il ajoute l’homicide, et encore avec cela, il tombe dans l’aveuglement ; il prononce un jugement rigoureux de mort contre celui qui avait ravi la brebis à son voisin pauvre et indigent, et il ne voit pas le péché digne de mort qu’il avait commis dans l’homicide d’Urie (qui était sans doute un homme de bien et d’une grande fidélité envers son roi) et dans le rapt qu’il avait fait de Bathsébah ; il voulait encore paraître saint et ami de la justice et de l’équité, en faisant voir son zèle contre celui qui avait ravi cette brebis à son voisin : c’était là sans doute aggraver son péché ; d’ailleurs, il procure non seulement la mort d’Urie, mais il est aussi la cause que plusieurs autres Israélites meurent dans l’action où Urie est tué ; il est la cause que le nom de Dieu est blasphémé, et outre les péchés commis contre le sixième et le septième commandement, il pèche aussi contre le premier, le dixième et le troisième ; et il n’aurait pas manqué de violer aussi le cinquième commandement touchant l’honneur dû à père et à mère, s’il eût été de quelque obstacle à l’assouvissement de sa passion.

Et le péché que Dieu lui fait particulièrement reprocher, c’est celui-ci : tu as fait que les enfants de hammon ont blasphémé mon nom ; car par l’échec que les enfants d’Israël eurent dans cette rencontre où Urie fut tué, les ennemis du peuple de Dieu furent enflés de leur succès, ils crièrent sans doute victoire à l’honneur de leurs faux dieux et au déshonneur du Dieu d’Israël comme d’un dieu impuissant qui ne pouvait délivrer ses adorateurs. Ainsi David est ici un éclatant exemple d’un pécheur qui a violé presque tous les commandements de Dieu, et qui pourtant n’aurait pas reconnu son péché, si Nathan ne fut venu auprès de lui, mais il voulait encore passer pour un roi juste et saint.

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