Explication du Psaume 51

§ 34. Dieu et l’homme pécheur sont deux choses bien éloignées ; il faut la foi pour les joindre.

Voici une théologie bien inconnue dans les écoles de nos adversaires ; voyez comment David s’écrie devant son Dieu à pleine bouche : Ô Dieu, aie pitié de moi ; comment il joint ensemble des choses infiniment contraires de leur nature, Dieu et lui, homme pécheur, le juste avec l’injuste ; il franchit, pour ainsi dire, la haute et horrible montagne de la colère de Dieu, qui sépare Dieu de l’homme pécheur, il la franchit par la confiance en la miséricorde de ce Dieu, et ose dans cette confiance se joindre avec Dieu. Et c’est là ce que notre théologie nous apprend qu’il faut joindre à la loi ; car de nommer un Dieu et de lui dire d’avoir pitié, il n’y a pas en cela beaucoup de peine, mais d’ajouter ces mots de moi, c’est ce qui ne s’apprend que par la doctrine évangélique, et que nous savons être fort difficile à une âme qui est dans le combat. Car ces mots, de moi, qui comprennent toute la masse de notre indignité, sont ce qui empêche le plus fortement nos prières, au lieu que c’est ce qui devrait nous pousser à la prière. Il faut donc apprendre dans cet exemple de David, cette première chose nécessaire, que ces mots, de moi, signifient le pécheur affligé et sensible à ses péchés, comme David s’explique ensuite plus clairement, quand il dit : J’ai été conçu en iniquité, et ma mère m’a échauffé dans le péché ; c’est en ces paroles qu’il montre que par ces mots, de moi, il entendait un grand et misérable pécheur.

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